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Andrade : "Ce n'est pas fini avec l'OM"
Libre depuis la fin de son contrat à l'OM, le gardien de but brésilien entretient sa condition physique à Marseille en attendant de trouver un club. En exclusivité, il se livre sur sa situation, son avenir et ses souvenirs marseillais.
En fin de contrat avec l'OM, après ses vacances au Brésil, le gardien brésilien est revenu à Marseille où il s'entraîne seul sur les terrains du centre d'entraînement Robert-Louis-Dreyfus pendant que le groupe olympien est en Suisse. Il a laissé sa femme et son petit Bernardo (3 ans) au pays dans l'attente de connaître son sort. Lui rêve de poursuivre à Marseille dans un club et une ville qu'il adore. Contacté la veille, Elinton Andrade n'a pas hésité une seconde au moment de répondre à notre sollicitation. Souriant, détendu et affable, le fantasque portier se porte comme un charme. "Je vais très bien ! Comme toujours !", lance-t-il en préambule avant de répondre à nos questions avec sincérité.
Que faîtes-vous encore à Marseille ?
Elinton ANDRADE : Je m'entretiens physiquement pour la saison. Je passe trois ou quatre heures par jour à bosser car je sais qu'un club va arriver. Je suis seul ici… avec Dieu. C'est lui mon coach ! A 33 ans, je me connais très bien. Je sais ce que j'ai à faire.
C'est l'OM qui vous a autorisé à profiter de ses installations ?
Oui. Je suis revenu à Marseille le 1er juillet car j'avais des affaires à régler. Si j'étais resté au Brésil, c'était plus compliqué pour travailler.
Où en êtes-vous avec l'OM ?
Mon contrat a pris fin le 30 juin. Mais je n'ai jamais annoncé mon départ. Et le club non plus ! Personne ne m'a dit "Ciao !" Alors pour l'instant, entre l'OM et moi, ce n'est pas fini ! En fin de saison, j'ai entendu des choses positives. Mais je ne sais pas comment ça va se passer avec le nouveau coach.
"Mon salaire ? C'est rien du tout !"
Avez-vous des discussions en cours avec les dirigeants marseillais ?
Non. J'attends le retour du stage. Avant de partir en vacances, un haut dirigeant m'avait dit qu'il y avait une possibilité. Et puis, les supporters ont aussi réclamé mon maintien car ils sont contents de ma mentalité de guerrier. Tout le monde sait que Marseille est dans mon coeur. Je pourrais y rester jusqu'à la fin de ma carrière ! Si l'OM veut me faire un contrat de sept ans pas de problème ! Je veux jouer jusqu'à quarante ! (Rires)
Est-un problème financier qui vous empêche de resigner ?
Non. Je ne crois pas… Mon salaire par rapport aux grands joueurs, vas-y ! C'est rien du tout.
Les départs de Heinze, Lucho, Hilton ou Brandao vos proches ne vous incitent pas à partir aussi ?
Je reste un peu seul… Mais je suis bien avec tout le monde, toujours prêt à aider. En trois ans, je n'ai jamais eu le moindre problème avec quelqu'un.
Avez-vous d'autres contacts ?
Oui. J'ai reçu une offre ferme d'un club grec qui va disputer l'Europa League. Il y aussi un club italien.
Avez-vous suivi l'intersaison de l'OM marquée par le départ de Didier Deschamps ?
Bien sûr. C'est comme dans un mariage. Au fil des années, certaines personnes ont eu des visions différentes. Mais peut-être que c'est une bonne chose pour tout le monde car la saison dernière a vraiment été dure.
Deschamps vous aurait-il prolongé ?
Je ne sais pas. Lui-même ne savait pas s'il allait rester ! Mais Deschamps a beaucoup compté pour moi. Il m'a fait venir ici. Il m'a fait prolonger en 2010.
"Grâce au titre 2010, j'ai acheté ma maison !"
Comment expliquez-vous la saison passée ?
Il n'y a pas d'explication ! Je ne comprends pas. Pourtant, nous avions un groupe de qualité. Mais beaucoup de gens rêvent de voir l'OM descendre en Ligue 2 ! Notamment à Paris.
Vous êtes un peu parano non ?
Pas du tout ! C'est la réalité.
L'effectif très court a-t-il pénalisé l'OM ?
Oui. C'est très dangereux de n'avoir que vingt joueurs. Car à cause de ça, tu as peur des blessures. Donc les entraînements sont plus légers.
L'OM va s'appuyer sur les jeunes à l'avenir. Croyez-vous en ce projet ?
Le mercato finit le 4 septembre. Il va se passer beaucoup de choses. Au Brésil, on fait beaucoup confiance aux jeunes et ça marche. Mais vous avez vu les résultats du centre de formation ici ? En trois ans à l'OM, je n'ai jamais entendu quelque chose de positif dessus. Un jour, je regardais la sélection française des U17. Il n'y avait pas un jeune marseillais ! C'est impossible ça ! Il devrait y en avoir trois ou quatre. Pourquoi on ne va pas chercher les meilleurs jeunes des petits clubs ?
Si vous deviez quitter l'OM, quels souvenirs conserveriez-vous ?
Les trois ans ont été magnifiques. Mais je retiens surtout mon premier match à Saint-Etienne en coupe de la Ligue et puis mon premier au stade vélodrome contre Valenciennes où on gagne 5-1. Il y avait toute ma famille dans les tribunes. Le titre de champion 2010 est dans ma mémoire. Grâce à ça, j'ai prolongé mon contrat pour deux ans et j'ai pu acheter ma maison ! (Rires)
"Je ne me suis jamais considéré comme N°3"
Ce fut dur de voir arriver Gennaro Bracigliano l'an dernier ?
Je vais vous raconter comment ça s'est passé. En fin de saison 2011, je dis à Deschamps et Dehon que j'ai envie de jouer. Mais pas à la place de Mandanda ! Ils ont mal interprétés mes propos. Ils ont pensé que j'avais perdu la motivation alors ils ont recruté un gardien. Mais sans m'en parler. Pourtant, j'étais le seul joueur qui avait été sur toutes les feuilles de match car jamais blessé.
Vous avez décidé de rester…
Oui. On ne m'a pas dit de chercher un club. Je me suis dit : "Laisse-les venir." Pour la presse et les supporters, il était automatique que Gennaro soit numéro deux. Mais moi, je n'ai jamais pensé ça. Je n'ai rien contre Gennaro qui est un grand ami. Mais on ne gagne pas sa place en parlant mais avec le coeur sur le terrain ! Pourquoi j'ai été titularisé contre le Bayern ? Parce que je ne me suis jamais considéré comme le troisième gardien. J'ai travaillé très fort tous les jours.
"Le Bayern, un grand souvenir"
Ce quart de finale face au Bayern Munich (0-2) vous reste-t-il en travers ?
Pas du tout. C'est fantastique, un très grand souvenir. Après l'expulsion de Mandanda contre l'Inter, à l'aéroport de Milan, je suis allé voir Dehon et Pintus et j'ai dit : "Vous allez voir, c'est moi qui vais jouer en quart !" Ils ont souri mais Dieu m'a offert ce cadeau pour me récompenser de tout le travail de la saison. Vous ne pouvez pas imaginer la confiance impressionnante que j'avais en entrant sur le terrain.
Avec le recul, comprenez-vous pourquoi Deschamps vous a fait confiance ?
Durant quinze jours, tout le monde parlait de Gennaro. Mais le match de Quevilly a pesé énormément. S'il avait sorti un grand match ou des penaltys sur une séance de tirs au but, c'est lui qui aurait joué. Mais le foot te donne et te reprend... C'est comme ça.
Vous pensez encore à ce but de Mario Gomez ?
Sur ce but, je suis en mouvement et le ballon m'échappe. C'est dommage. Quelques secondes avant, je regardais l'horloge. 44e minute, je me voyais rentrer aux vestiaires sans prendre de but… A la mi-temps, les supporters ont même scandé mon nom. Preuve que ce n'était pas ma faute. Et je suis revenu gonflé à bloc.