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Lorsqu'il a franchi les grilles de La Commanderie, tôt hier matin, peut-être que les souvenirs ont dansé dans son esprit. Ce n'était pas la première fois que Medhi Benatia retrouvait le siège de l'OM. Mais dix-sept ans après avoir été exfiltré par une sortie dérobée, il revenait par la grande porte, prêt à endosser un nouveau costume, celui de conseiller sportif d'un club qui ne lui a jamais donné sa chance en pro pour une sombre histoire d'agent. Le nouveau dirigeant olympien, qui ne sera pas salarié mais consultant, ratera le fameux match des Minots au Parc, en 2006. Il s'est construit patiemment loin de Marseille, étape après étape, habité par une farouche envie de vivre ses rêves.
"On était des petits branleurs qui avaient du mal à accepter les règles de l'INF Clairefontaine, mais on était déterminés, sourit son ami de toujours, Issiar Dia, rencontré dans la fabrique à champions des Yvelines. On voulait changer de statut social pour aider nos familles, ne pas retourner dans notre quartier, grâce au don que le bon Dieu nous a donnés. Medhi n'a jamais rien eu dans la facilité. Il se pète deux fois le genou, ça ne se passe pas trop bien à l'Udinese. Mais il finit dans les plus gros clubs italiens (Roma, Juventus) et allemand (Bayern), devient international marocain. Bravo." "Il n'était pas voué à réussir, renchérit Sabri Lamouchi qui l'a connu aux extrêmes de son parcours, d'abord comme apprenti à l'OM avant de le diriger au Qatar. Un garçon exemplaire, très intelligent, travailleur, déterminé, ce qui se ressent à travers ses attitudes ou les questions qu'il pose. Il sait exactement ce qu'il veut. Il n'aurait pas fait une telle carrière s'il n'avait pas pris les bonnes décisions."
La dernière en date, il l'a mûrie. Même si, au fond de lui, il mourait d'envie de rejoindre Pablo Longoria et de relever ce nouveau défi, alors qu'il a seulement raccroché les crampons en 2021 et qu'il s'était lancé dans le métier d'agent (notamment d'Azzedine Ounahi), une activité qu'il a mise en sommeil pour éviter tout conflit d'intérêts. Le dirigeant espagnol imagine un grand avenir à Benatia, avec qui il s'est lié lors de leur passage à la Juventus. Et peu importe son manque d'expérience. "C'est un autodidacte", décrit un proche de l'ancien défenseur, 36 ans. "Il prend des risques en venant à l'OM mais des risques calculés, décrypte Florent Houzot, le directeur des antennes de beIN Sports pour lesquelles Benatia a campé les consultants lors de la coupe d'Afrique des nations 2021 et du Mondial 2022. Il l'a préparé depuis un certain temps. Je ne crois pas que ça arrive trop tôt. Il est formaté pour réussir."
Peu de voix s'élèvent contre ce choix, si ce n'est sous couvert d'anonymat. Certains de ses détracteurs lui reprochent son absence d'expérience à une fonction aussi stratégique et cernée par la pression ; d'autres vont fouiller dans un passé plus lointain, le rendant comptable des erreurs de son père (*). Mais ces reproches pèsent de peu de poids face aux convictions de ceux qui le connaissent. Lamouchi, d'abord : "Ce poste va parfaitement lui convenir. Il est structuré, a une bonne vision du foot moderne, un relationnel important ; il a aussi laissé une belle image partout où il est passé, est encore très lié aux joueurs et connaît le très haut niveau. Il va ressentir plus de pression, aura moins le droit à l'erreur. Mais il va réussir, j'en suis persuadé."
Nicolas Marin prend le relais : "Grâce à sa faculté d'adaptation et sa connaissance du foot, il peut exercer tous les métiers : agent, entraîneur, directeur sportif. C'est un très gros bosseur qui ne fait pas les choses à moitié. Il a peut-être la réputation de quelqu'un qui se la raconte mais ce n'est pas le cas. Quand il se lance dans un projet, il s'investit à fond, même quand il a fini sa carrière en Turquie dans un club en carton. Il a les épaules pour être directeur sportif de l'OM qui réussit un très gros coup. Il aime vraiment le club, il peut rassurer le peuple marseillais", pose celui qui est devenu son ami depuis leur expérience lorientaise et avec qui il collaborait jusqu'à récemment.
Très attentif aux réseaux sociaux (il compte près d'un million d'abonnés sur Twitter, plus de 4 millions sur Instagram), Benatia s'attaque à un chantier colossal avec, notamment, le prochain mercato en ligne de mire. Sa vie est réglée comme un papier à musique et il continue de s'astreindre à une discipline très précise. Le padel, qu'il pratique assidûment, lui permet de s'oxygéner. Le reste de sa vie tourne essentiellement autour du football. Il ne laisse rien au hasard, comme quand il intervenait sur beIN Sports et "préparait avec minutie les matches" (Houzot).
Baluchon, stylo et iPad
"Ce n'est pas un mec de bureau, dépeint Issiar Dia. Il va prendre son baluchon et son stylo, et faire ses propres stats, notamment. Agent, il passait beaucoup d'heures avec ses joueurs, il les choyait, regardait tous leurs matches. Il va faire pareil à l'OM. Il ne se trimballe jamais sans son iPad. Il suit tout : la Belgique, le Portugal, le Danemark, le Brésil... L'autre jour, il m'a parlé d'un jeune Danois à fort potentiel. Ce poste est taillé pour lui, d'autant que ce projet le motive vraiment et qu'il connaît la maison et ses problématiques."
Benatia passe pour s'asseoir sur un vaste réseau, alimenté par ses expériences de joueur et son sens aiguisé du relationnel. On lui prête, notamment, une proximité avec Nasser Al-Khelaïfi. L'intéressé préfère rester mystérieux. "Son réseau est monstrueux, s'amuse Dia, tout aussi sibyllin. Les gens ne peuvent pas s'en rendre compte. Il est proche de beaucoup de personnes, a une influence sur elles. Il est écouté et beaucoup lui demandent son avis. Partout où il passe, il laisse une empreinte. Il est droit, dit la vérité en face, ce qui est en voie de disparition dans ce milieu. Que tu sois (Francesco) Totti ou le balayeur de Dubaï Mall, il te respecte de la même manière. Celui qui en dit du mal est un jaloux."
Lorsqu'il a franchi les grilles de La Commanderie, tôt hier matin, peut-être que les souvenirs ont dansé dans son esprit. Ce n'était pas la première fois que Medhi Benatia retrouvait le siège de l'OM. Mais dix-sept ans après avoir été exfiltré par une sortie dérobée, il revenait par la grande porte, prêt à endosser un nouveau costume, celui de conseiller sportif d'un club qui ne lui a jamais donné sa chance en pro pour une sombre histoire d'agent. Le nouveau dirigeant olympien, qui ne sera pas salarié mais consultant, ratera le fameux match des Minots au Parc, en 2006. Il s'est construit patiemment loin de Marseille, étape après étape, habité par une farouche envie de vivre ses rêves. "On était des petits branleurs qui avaient du mal à accepter les règles de l'INF Clairefontaine, mais on était déterminés, sourit son ami de toujours, Issiar Dia, rencontré dans la fabrique à champions des Yvelines. On voulait changer de statut social pour aider nos familles, ne pas retourner dans notre quartier, grâce au don que le bon Dieu nous a donnés. Medhi n'a jamais rien eu dans la facilité. Il se pète deux fois le genou, ça ne se passe pas trop bien à l'Udinese. Mais il finit dans les plus gros clubs italiens (Roma, Juventus) et allemand (Bayern), devient international marocain. Bravo." "Il n'était pas voué à réussir, renchérit Sabri Lamouchi qui l'a connu aux extrêmes de son parcours, d'abord comme apprenti à l'OM avant de le diriger au Qatar. Un garçon exemplaire, très intelligent, travailleur, déterminé, ce qui se ressent à travers ses attitudes ou les questions qu'il pose. Il sait exactement ce qu'il veut. Il n'aurait pas fait une telle carrière s'il n'avait pas pris les bonnes décisions."
La dernière en date, il l'a mûrie. Même si, au fond de lui, il mourait d'envie de rejoindre Pablo Longoria et de relever ce nouveau défi, alors qu'il a seulement raccroché les crampons en 2021 et qu'il s'était lancé dans le métier d'agent (notamment d'Azzedine Ounahi), une activité qu'il a mise en sommeil pour éviter tout conflit d'intérêts. Le dirigeant espagnol imagine un grand avenir à Benatia, avec qui il s'est lié lors de leur passage à la Juventus. Et peu importe son manque d'expérience. "C'est un autodidacte", décrit un proche de l'ancien défenseur, 36 ans. "Il prend des risques en venant à l'OM mais des risques calculés, décrypte Florent Houzot, le directeur des antennes de beIN Sports pour lesquelles Benatia a campé les consultants lors de la coupe d'Afrique des nations 2021 et du Mondial 2022. Il l'a préparé depuis un certain temps. Je ne crois pas que ça arrive trop tôt. Il est formaté pour réussir."
La Provence