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Fanni, simplement naturel
L’Olympien parle de ses vacances, de ses projets, avec une sincérité souvent égarée dans ce milieu
Rod Fanni n’est pas garçon à se cacher
derrière le petit doigt, ni interlocuteur
à trop pratiquer la langue
de bois. Avec une ironie toute personnelle,
il s’amuse de la légèreté dont il
aime parfois s’imprégner, histoire de se
détacher des contraintes et exigences inhérentes
à sa profession.
Avec un naturel à la fois désarmant et
réconfortant, Rod explique ses écarts
de vacances. Ceux de Monsieur
tout-le-monde en somme. On apprécie
cette sincérité tant elle colle au caractère
du personnage.
Rod Fanni le clame. Il a oublié certains
principes du sportif de haut niveau:
"Ne me demandez pas pourquoi,
mais j’ai éprouvé le besoin de me laisser
aller. C’était un ressenti personnel, un besoin
humain. J’ai mangé, je suis sorti,
j’ai bu un petit verre de temps en temps.
Pendant près de deux semaines, je n’ai
rien calculé, peut-être en raison de la rigueur
que je m’impose depuis longtemps.
Je savais que j’allais souffrir à la
reprise. C’est le cas et je l’assume. Je subis
les entraînements, j’ai un peu plus de
courbatures, mais l’important est d’être
prêt pour la reprise."
Et il le sera.
Pour cette raison, Rod avoue ne pas
être trop affûté pour mettre l’ambiance :
"D’abord, je me réconcilie avec moi-même,
après je m’occuperai des autres, plaisante-
t-il. Il y a quand même de la bonne
humeur."
Pour s’aérer complètement l’esprit,
Rod s’est envolé vers les États-Unis :
"Je connaissais la Floride, dont j’avais déjà
fait le tour, mais là je me suis fixé à
Miami. Je suis passé à New York aussi :
j’adore." Il y a multiplié les rencontres,
capté une énergie extraordinaire pour
profiter de ses vacances et ramener quelques
idées qu’il ressortira un jour ou
l’autre : "La vie newyorkaise me branche
bien. On peut tout faire dans cette ville,
tout est à portée de main: ce mélange de
cultures, de restaurants, de galeries, de
magasins facilite les rencontres : j’ai croisé
des gens de l’art, de la peinture, du
sport. Il y a un échange permanent, une
dynamique enrichissante sur le plan humain.
Malgré les gratte-ciel interminables,
on ne sent pas à l’étroit."
La tête bien vidée des choses du football,
il en revient à la réalité du terrain
sans véritable interrogation sur demain.
La réussite des objectifs collectifs facilitera
la réalisation des ambitions personnelles.
Il avoue une gourmandise pour
les trophées "avec deux coupes et le
championnat". Son envie de revenir
chez les Bleus: "Je ne maîtrise rien. Ceci
dit, la porte n’est pas fermée, mais ce
n’est pas évident. Arriver à l’OM n’est pas
forcément un tremplin pour réintégrer
la sélection."
Avant de rêver en bleu, place au blanc
avec en toile de fond une saison où on
attend de lui la confirmation des états
de service rendus depuis son arrivée.
Il se sent bien au club et devra cohabiter
avec Azpilicueta lorsque celui-ci tapera
à la porte de l’équipe : "J’ai l’impression
que ça crée un débat à l’extérieur, tant de
gens m’en parlent, mais c’est toujours pareil.
Ne pas être confronté à une concurrence
dans un club n’existe pas. Les gens
attendent de moi une déclaration fracassante
sur la situation, une phrase extraordinaire
susceptible de déclencher une
rivalité entre Azpi et moi. Il y a tellement
de paramètres que nous ne maîtrisons
pas: la forme, la méforme, les blessures,
les suspensions..."
Rod évoque plutôt sa relation avec
l’international espagnol : "En fait, je
l’adore,même si je ne le connais pas encore
sur le bout des doigts. Ça me rappelle
un peu ma rencontre avec Bacary Sagna
en équipe de France, quand j’étais sa doublure.
Le courant est immédiatement
passé entre nous. J’aime cette concurrence
saine, elle permet de s’exprimer avec
loyauté. C’est de plus en plus rare dans le
foot, où beaucoup parlent dans le dos,
adoptent un comportement hypocrite.
Lui et moi ne sommes pas atteints par ce
syndrome."
Tant mieux pour l’équipe dont chacun
espère qu’elle en tirera profit : "Il y a
tellement de solutions aussi. Azpi peut
jouer à gauche, moi dans l’axe. Tous les
deux on a une seule motivation: disputer
le plus de matches, si possible les
plus beaux, pas de se tirer dans les pattes…"
La vérité apparaîtra avec le temps.
Rod se donne encore cinq ou six ans au
plus haut niveau. Il ne renonce pas à
une aventure à l’étranger "car la façon
dont mes amis m’en parlent me donne
envie d’y goûter." Ce sera pour plus tard
car il lui reste une histoire à embellir à
Marseille. Ce sera peut-être alors avant
de tourner la page de sa carrière :
"J’ai plein de projets en tête. Je veux innover
dans certains domaines, ramener des
concepts découverts ou approchés en Europe,
au Japon, aux States aussi, mais
non développés en France. Encore faut-il
trouver les bonnes personnes. Vous savez,
j’adore le foot, mais le milieu n’est
pas très sain. Gérer le caractère des uns et
des autres, ce n’est pas mon truc. Entraîneur
est certainement un très beau métier,
mais cela me paraît trop compliqué
pour moi et je n’en ai pas trop envie."
Il ne dirait pas non à une expérience
de consultant, le métier à la mode
aujourd’hui. Or, d’ici sa retraite, beaucoup
d’eau aura coulé sous les ponts.
Et ses projets l’accapareront peut-être
plus qu’il ne le pense…
La Provence