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TAYE TAIWO; "Je n'ai jamais voulu partir de l'OM"
Racontez-nous le jour où vous avez signé à l'OM ?
Je suis arrivé en France fin 2004, Pape Diouf m'a amené dans un hôtel de Marseille et m'a dit : "Tu restes ici." Quelques jours plus tard, je signe un contrat, pas professionnel, mais pour moi, qui viens du Nigeria, c'est comme un contrat pro. Je n'aurais jamais imaginé commencer ma carrière à l'OM.
Le meilleur souvenir de votre passage à l'OM ?
Chaque année a été magique, qu'on joue mal ou bien. Mon objectif était la qualification en Ligue des champions ou de gagner des titres. Le match contre Lyon, durant lequel je marque le deuxième but (victoire 2-1 de l'OM le 21 mars 2010) est l'un de mes meilleurs souvenirs. Je me souviens de Didier Deschamps, durant la semaine, qui nous dit : "Si l'on ne gagne pas, on oublie le titre." Cela m'a marqué et je pense que c'est le match qui nous a fait gagner le championnat.
Votre pire souvenir à l'OM ?
Le match contre Paris en finale de la coupe de France (défaite 2-1 de l'OM, le 29 avril 2006). Après la rencontre, je n'étais pas bien car cela faisait longtemps que le club n'avait rien gagné et je voulais remporter mon premier trophée avec l'OM.
Le joueur qui vous a le plus impressionné ?
Hatem Ben Arfa. C'est dommage... Je n'ai jamais vu un tel joueur, Hatem c'est comme un joueur sur la Playstation, c'est magique. Parfois, quand il était remplaçant, je me disais : "Rentre, on a besoin de marquer mon petit." Il aurait dû jouer dans les plus grands clubs.
Le joueur que vous avez trouvé le plus drôle ?
Modeste Mbami. Il m'a beaucoup aidé. Il y avait Stéphane Mbia aussi.
Le joueur le plus méchant ?
Il y en a deux. Tout d'abord Lorik Cana. Il est gentil en dehors mais sur le terrain il ne rigole pas. Gabriel Heinze, c'était pareil.
Le joueur qui aimait le plus la fête ?
Souleymane Diawara ! Quand on finissait un match, tout le monde rentrait chez soi. Lui, il ne rentrait jamais. Le lendemain, il arrivait à La Commanderie avec le survêtement de l'OM porté la veille, je lui disais : "Oh tu ne dors pas chez toi ?"(rires) Avant les matches, on lui disait : "Il faut que tu sortes." Et à chaque fois il répondait présent sur le terrain même s'il avait fait la fête la veille. Souleymane, je ne l'oublierai jamais !
Le ou les joueurs qui sont devenus des amis ?
À Marseille, j'ai toujours été ami avec tout le monde. Avant les matches, j'étais toujours avec Benoît Cheyrou, on s'échauffait ensemble dans les vestiaires. Donc je retiendrai Benoît.
Le joueur que vous avez perdu de vue et avec qui vous aimeriez reprendre contact ?
Bakari Koné. On rigolait beaucoup ensemble. C'est dommage car je n'ai plus de nouvelles de lui.
La plus grosse embrouille ?
Avec Charles Kaboré. À la mi-temps d'un match où je n'étais pas bon, il a commencé à m'insulter alors que moi je ne parle jamais, je rigole seulement. Je ne suis pas dans mon match, ça arrive. Je n'ai pas accepté sa façon de parler. Au final, Souleymane (Diawara) m'a fait rigoler et on a oublié cette embrouille.
Une ambiance qui vous a marqué au Vélodrome ?
Le match contre Paris, lorsque Lorik Cana a marqué (victoire 1-0 de l'OM, le 16 octobre 2005). Avant le match, je suis allé manger à La Valentine avec mon frère. Il y a un supporter qui crie : "Oh Taye, écoute-moi bien ! Dimanche, on va taper Paris ! Allez, bon match." Je suis rentré chez moi et j'y ai repensé. Lorsque Lorik a marqué, le stade a explosé. Je me suis dit : "C'est exceptionnel."
Au contraire, vous souvenez-vous d'une ambiance glaciale au stade ?
Oui, lorsque Albert Emon était entraîneur (saison 2006-2007). Nous n'étions pas trop bien (une victoire lors des cinq derniers matches, deux défaites consécutives) et nous recevons Lorient (défaite 0-1). À un moment les supporters ont commencé à chanter "Allez les chèvres". Ils avaient raison.
L'adversaire qui vous a le plus embêté ?
Je dirai (Jaouad) Zaïri, l'ancien joueur de Sochaux. Il était très fort techniquement.
Votre meilleur match avec l'OM ?
La finale de la coupe de la Ligue remportée contre Montpellier (1-0, le 23 avril 2011). Je marque (à la 81e minute) mon premier but du pied droit. Le week-end précédent, on avait déjà joué contre Montpellier et j'avais marqué, sur penalty (également à la 81e minute). Deschamps m'avait convoqué dans son bureau pour me féliciter et me dire qu'il espérait que j'allais faire le même match en finale.
La défaite la plus douloureuse ?
Je me souviens d'un match contre Lille (le 6 mars 2011), il y avait encore Eden Hazard (défaite 1-2, l'OM avait encaissé le deuxième but lillois en toute fin de rencontre). On aurait dû gagner et je pense que si on l'avait fait, on aurait remporté le championnat une deuxième fois d'affilée.
Le jour où vous avez ressenti la plus grosse humiliation ?
Contre Liverpool (saison 2007-2008). Lors du match aller, Mathieu (Valbuena) marque et on gagne (0-1). Avant le retour, Julien Rodriguez a beaucoup parlé : "Moi contre Fernando Torres je vais faire ça..." Je lui ai répondu : "Ce n'est pas comme ça le football, ils sont forts !" Lors du match, Torres marque et on perd (0-4).
Est-ce que vous vous êtes déjà demandé ce que vous faisiez là ?
Non, et d'ailleurs je n'ai jamais voulu partir de l'OM. Même si Deschamps m'a mis sur le banc, je voulais rester ici. Je suis finalement allé à l'AC Milan mais je n'en avais pas envie.
L'entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Eric Gerets. Il m'a accordé beaucoup de confiance et il me parlait énormément pendant les matches, que ce soit positif ou négatif. C'était un peu comme mon papa.
Le dirigeant qui vous a le plus marqué ?
Pape Diouf ! Il y avait plusieurs Africains dans le club et il nous comprenait, il nous aidait beaucoup.
Votre plus grand regret à l'OM ?
Pour revenir sur le match contre Lille (au Vélodrome en 2011), je dirais que c'est le fait de ne pas avoir gagné le championnat une deuxième fois.
Une anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
Je me souviens d'un match au Vélodrome. Dans les vestiaires, avant la rencontre, Gerets fait la causerie. Il parle français mais il utilise certains mots différents vu qu'il est belge. J'ai commencé à rigoler seul et Modeste Mbami a dit : "Même Taye ne comprend pas ce que le coach a dit !" C'est vrai en plus, je ne comprenais pas quand il parlait trop fort (rires).
La Provence