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Taiwo, marqué à vie
Le défenseur nigérian dispute ce soir son dernier match avec l’OM avant de rejoindre l’AC Milan. Souvenirs.
IL EST ARRIVÉ en provenance du Nigeria en janvier 2005. Depuis, Taye Taiwo, vingt-six ans, a tout connu à l’OM avec qui il jouera son dernier match ce soir, à Caen, avant de rejoindre l’AC Milan où il a signé, libre, pour trois saisons. Le défenseur latéral gauche conservera de son passage à Marseille des amitiés inoxydables comme celle qui le lie à Modeste Mbami, son « gars à vie », côtoyé ici entre 2006 et 2009, ou à Stéphane Mbia – « Si Milan veut un solide derrière, il peut venir. » Un ultime rire et le voilà plongé dans ses souvenirs.
AU DÉBUT, LA SOLITUDE À L’HÔTEL. – « Quand je suis arrivé du Nigeria, c’est Michel Chatron (l’intendant) qui est venu me chercher à l’aéroport et m’a amené dans un hôtel. J’étais seul, je me suis dit : “Mais c’est quoi ça ” Au Nigeria, j’étais toujours entouré. On m’explique : “Monsieur vient te chercher à 8 h 45.” À 8 heures, j’étais dans le hall… Je me revois devant mes spaghettis, toujours seul. Je mettais la télé dans ma chambre. Quand j’étais fatigué de tout ça, je faisais un tour autour de l’hôtel… Cinq mois comme ça. Ensuite, je suis allé au centre de formation. Enfin avec des gens. M. Chatron venait aussi me chercher le week-end, je faisais des promenades avec sa femme, je mangeais chez eux. Je n’oublierai pas ça. »
LA SIGNATURE ET LES PHOTOS. – « J’ai signé mon premier contrat en janvier 2005 au Vélodrome. Il y avait un match avec Barthez dans les buts. Je suis descendu dire bonjour et j’ai fait des photos avec Fabien et ceux qui me plaisaient dans le vestiaire. Je suis retourné au Nigeria avec toutes ces photos et d’autres de la région. Ma famille n’en revenait pas : “Que c’est beau là-bas !” J’ai commencé avec la réserve. On bossait sur les terrains du haut et je regardais les gars s’entraîner en bas, Pedretti, Batlles, Marlet, Luyindula…. Je me disais : “Un jour peut-être, Taiwo sera avec eux !” »
LENS, LA FATIGUE ET L’AUTOROUTE. – « J’ai débuté contre Lens (2-1, le 12 mars 2005) au Vélodrome. Il y avait eu des blessures. À quinze minutes de la fin, j’ai dit : “Coach (Philippe Troussier à l’époque), change-moi, je suis cuit.” Je n’en pouvais plus physiquement ! J’avais des problèmes tactiques. Au début, je ne savais pas comment ça marchait : fermer, coulisser… Je me suis accroché et j’ai beaucoup travaillé. Je regardais seul dans ma chambre les DVD de mes actions, pour voir ce qu’il fallait faire ou pas. Et j’ai progressé. Les adversaires se disaient : “Taiwo, il recule pas !” D’entrée, je mettais de l’impact, sinon ils se seraient dit : “Ce couloir, c’est une autoroute…”
AGÜERO, LE TITRE ET DESCHAMPS. – « Mon plus mauvais souvenir, c’est le match de Ligue des champions contre l’Atletico Madrid là-bas (défaite 1-2, le 1er octobre 2008 en phase de groupe) où je prends un jaune en taclant Agüero à la 21e minute (sur ce coup franc concédé stupidement, les Espagnols marquèrent leur second but). Les victoires en Coupe de la Ligue (2010 et 2011) et en Championnat (2010) restent les moments les plus forts car l’OM n’avait rien gagné depuis longtemps. Chapeau à Deschamps, même si j’étais en colère contre lui au début car je ne jouais pas. C’est un entraîneur qui a tout gagné. Je lui dis merci. J’espère qu’il va rester. L’OM a besoin d’un entraîneur de cette trempe, de la trempe de Gerets. »
PARTI LIBRE… – « Je sais, je sais… Mais quand j’ai vu les propositions, j’ai dit que je m’en allais. Je ne voulais pas signer à nouveau trois ans à Marseille. Le salaire ne me convenait pas. Je suis là depuis longtemps et j’ai vu arriver des joueurs qui gagnaient plus que moi. Ce n’est pas normal car j’ai toujours été présent pour l’équipe. J’aurais aimé que l’OM gagne de l’argent sur moi mais c’est la vie... Vraiment, je ne veux pas m’arrêter à ça, j’ai connu des entraîneurs formidables, Jean Fernandez, un deuxième père, Gerets, Émon, Troussier, Deschamps, des joueurs super. Ils sont partis, je suis encore là. Je devais partir aussi, non ? Et j’espère que Marseille trouvera un arrière gauche qui joue bien comme Taiwo ! »
LE CLAP DE FIN. – « C’est mon dernier match, ça va faire bizarre mais quand Milan vous contacte, vous n’avez pas le choix. Marseille m’a tellement donné. Au Nigeria, quand vous entrez chez moi, vous tombez sur un maillot de l’OM encadré au mur. Je placerai aussi celui de Caen dans l’entrée. Capitaine ce soir ? J’espère… (Rires.) »