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DJIBRIL CISSÉ; "Je voulais fouler la même pelouse que Papin"
Racontez-nous le jour où vous avez signé à l'OM.
Ce jour-là, je suis encore en béquilles (à l'été 2006 après une nouvelle fracture tibia-péroné lors de France-Chine avant la coupe du monde, Ndlr). Ça se passe à La Commanderie. Je signe et je fais ma conférence de presse. Ce qui était spécial, c'est que je suis venu et je suis reparti pendant quatre ou cinq mois (il a rejoué en décembre 2006, à l'occasion d'un OM-Monaco). J'étais blessé, en rééducation. J'ai le souvenir d'être hyper content et satisfait de réaliser un rêve de gosse. Je voulais fouler la même pelouse que Jean-Pierre Papin, porter ce numéro 9 et marquer au Vélodrome. Une carrière réussie, ça passait par là.
Votre meilleur souvenir à l'OM ?
Il y en a eu tellement. Un but contre le PSG à Marseille (1-1, en février 2007). C'est un rêve de gosse aussi. On connaît la rivalité entre l'OM et Paris. C'était assez spécial de marquer et de battre Paris aussi (il y a notamment eu une victoire au Vélodrome la saison suivante). Encore aujourd'hui, c'est une fierté de pouvoir dire que j'ai marqué contre le PSG. Il y a plein de trucs (dans la tête). Je me dis que c'est bien d'avoir marqué mais aussi qu'il reste du temps. Après le match, tu réalises ce que tu as fait, que tu entres dans l'histoire de l'OM et dans le coeur des gens. Tu réalises quand tu vas faire tes courses, à l'entraînement, le match d'après... Les gens se comportent autrement avec toi. C'est là que tu vois que c'est un match spécial et que tu as fait quelque chose d'assez important pour l'équipe.
Votre pire souvenir à l'OM ?
La période où ça n'allait pas trop (au printemps 2007). Quand le public te prend en grippe, ce n'est jamais cool. Il y a eu des insultes, ma mère qui ne voulait plus venir au stade parce que ça lui faisait mal. En même temps, c'est mal me connaître parce qu'en général, je suis beaucoup plus fort quand je suis en bas. Ça m'a réveillé et j'ai décidé que ça allait durer quelque temps, que je n'allais pas leur laisser la chance d'aller plus loin et de faire un peu plus de mal à mes proches. Moi, ça ne me touchait pas trop. On est avant la demi-finale de coupe de France contre Nantes (3-0, le 18 avril 2007). J'étais remplaçant, j'entre et je marque (à la 76e minute). C'est là que tout se débloque. Même ce match-là, je crois qu'il y a des sifflets quand je rentre. C'est mon tempérament : quand ça va, je suis fort, et quand ça ne va pas, je suis encore plus fort.
Le coéquipier à l'OM qui a vous a le plus impressionné ?
Celui dont on parlait le moins parce qu'il était calme, Micka Pagis. Techniquement, il était très très doué ! Il était efficace devant le but. J'ai rarement vu un joueur aussi technique que lui ! On avait un jeu complémentaire. Il était technique, j'aimais bien la profondeur, on s'entendait bien.
Le joueur qui vous a le plus déçu ?
Non, je n'ai jamais été dans cette optique-là. Si un joueur n'est pas à son maximum, c'est qu'il y a une raison : il ne s'adapte pas au club ou c'est une période compliquée pour lui. Il y a toujours une raison.
Le joueur le plus drôle ?
On avait un bon groupe ! Beaucoup de déconneurs, Franck (Ribéry), Samir (Nasri), Mamad' (Niang), moi... Le groupe vivait bien.
Le joueur le plus méchant sur le terrain ?
Ju Rodriguez, c'était pas mal ! En entraînement et en match, il se donnait tout le temps à fond. Et il ne fallait pas le chercher.
Le joueur le plus fêtard ?
On s'entendait bien, on faisait souvent des restos ensemble, je les invitais de temps en temps à la maison, mais il n'y avait pas tant de fêtes que ça. J'étais souvent avec Franck, Mamad', Samir, Lorik (Cana). C'était un peu ça. Mais il n'y avait pas de clans. On s'entendait tous bien dans le groupe, après tu as plus d'affinités avec certains qu'avec d'autres. Mais je le redis, on avait vraiment un bon groupe.
Le ou les joueurs qui sont devenus des amis ?
Mamad', Samir... Cédric Carrasso, je le connaissais de quand on était petits. (Gaël) Givet est l'un de mes meilleurs amis dans le football, on a joué ensemble à Arles à 7 ans. Bolo Zenden (avec lequel il a joué à Liverpool), j'ai beaucoup participé à sa venue. C'est vraiment un mec que j'adore. Il est super intelligent, avec une carrière de fou ! Il est super gentil. J'étais content d'avoir participé à sa venue.
Un joueur que vous avez perdu de vue et avec qui vous aimeriez renouer le contact ?
Wilson Oruma. Je n'ai plus de nouvelles. C'était un bon gars, on rigolait bien.
La plus grosse embrouille ?
Le coach Gerets avec Karim Ziani à Nantes pour le match de coupe de France qu'on perd contre Carquefou (en 2008). Ça a chauffé un peu à la mi-temps, mais ce sont des choses qui arrivent, c'est rentré dans l'ordre. Tu perds contre une équipe qui est normalement inférieure à toi. La preuve que non, ils nous ont tapés ! Les esprits s'échauffent, ça se brouille un peu...
Le joueur de l'OM qui vous ressemble le plus aujourd'hui ?
Aubame (Pierre-Emerick Aubameyang) peut-être. On a les mêmes qualités. On aime bien aller droit au but.
L'ambiance la plus folle que vous ayez connue au Vélodrome ?
Paris. Quand on gagne 2-1 (en 2007-2008), c'est pas mal.
Votre match le plus abouti ?
Contre Caen (6-1, en janvier 2008). Je mets un triplé. C'est compliqué de faire mieux que ça en tant qu'attaquant.
Est-ce que vous vous êtes déjà demandé ce que vous faisiez là ?
Non. Il y a eu des moments où j'étais déçu et énervé du comportement des supporters. Mais de là à se demander ce que je faisais là et à vouloir partir, non.
L'entraîneur que vous avez le plus apprécié à l'OM ?
Je n'en ai pas eu beaucoup, je n'en ai eu que deux (Albert Emon puis Éric Gerets). Ce sont deux différents. Quand je suis arrivé, Albert m'a aidé à me mettre en place. Et Gerets, il y a eu cette rigueur, à la fois offensive et défensive, qui a fait que j'ai dû travailler sur d'autres points. Franchement, les deux. J'ai eu des bons moments et j'ai progressé avec les deux.
Le dirigeant qui vous a le plus marqué à l'OM ?
Pape Diouf, sans hésitation. Le binôme avec José (Anigo). Quand ça allait tu savais, quand ça n'allait pas tu savais aussi. Ce sont des mecs droits, qui disent ce qu'ils ont à dire et, en général, ça se passe bien avec des gens comme ça. Pape, paix à son âme, a vraiment tenu parole. On s'est mis d'accord avant que je me blesse. Il y a eu son appel et son message, en me disant que j'étais un enfant de Marseille, de l'OM et qu'il n'y avait rien qui changeait. Ce message-là, c'est à jamais. C'est quelqu'un de très fort.
La Provence