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Leyti N’Diaye, paroles d’un sage
Après de nombreux prêts et galères, le défenseur sénégalais se sent aujourd’hui beaucoup plus fort
Lorsqu’il discute avec quelqu’un,
Leyti N’Diaye le regarde toujours
droit dans les yeux. Aussi impressionnant
physiquement qu’attachant
humainement, le Sénégalais, très apprécié
à l’OM, a surmonté bien des épreuves
depuis son arrivée en... 2004. Prêté à
cinq reprises (Créteil, Strasbourg puis
Ajaccio trois fois), il est aujourd’hui le
plus ancien élément de l’effectif. "Si je
suis encore au club, c’est peut-être que je
mérite d’être là, lance-t-il. J’ai eu des moments
difficiles dans ma carrière, mais
ça ne m’a pas empêché de garder
l’envie."
Les verbes abandonner et capituler
ne font pas partie de son vocabulaire.
Pourtant, le mauvais sort n’a pas épargné
le défenseur, aujourd’hui âgé de
26 ans. Plusieurs graves blessures au genou
ont freiné sa progression. Mais il
n’a jamais renoncé. Des valeurs inculquées
par ses parents, au pays. "J’ai vraiment
été bien éduqué. Je ne pourrai jamais
assez leur rendre ça, confie-t-il.
Quand on vient d’Afrique, ce n’est pas facile.
J’espère avoir des enfants et leur
transmettre ces valeursàmon tour."
Chez les N’Diaye, on sait en effet que
seul le travail paye. Le frère de Leyti vit
ainsiàHouston, aux États-Unis. "Il donne
tout pour se faire une place dans la
restauration, comme tous les Sénégalais
qui partent à l’extérieur", précise
l’Olympien, au discours humble, courtois
et posé. Une attitude toujours positive
qui le ferait presque passer pour le
vieux sage du vestiaire. Lui qui a connu
quatre présidentsàMarseille - Bouchet,
Diouf, Dassier et maintenant Labrune -,
a traversé les époques avec toujours la
même philosophie. "Je me regarde dans
la glace et je me respecte. Je n’ai jamais
rien demandé à personne, précise-t-il.
Dans le football, il y a des bons et des
mauvais moments. Mais, après, ça fait
partie de la nature, je prends les choses
comme elles viennent et je crois au Bon
Dieu. Je sais que mon destin est déjà tracé."
Sur cette trajectoire, l’Île-de-Beauté
occupe une place très importante. Ses
trois prêts à l’AC Ajaccio, entre 2009 et
2012, l’ont en effet profondément marqué.
"Les Corses savent que la vie n’est
pas faite que de bonnes choses. J’ai
connu des moments difficiles là-bas (il a
notamment été blessé une grande partie
de la saison dernière, ndlr), mais ça
n’a pas empêché les gens de me soutenir,
autant sinon plus que lorsque ça allait
bien. Il y a là-bas des valeurs et un respect
que je n’avais jamais connus, même
au Sénégal. Les Corses, par leur histoire,
n’ont jamais rien attendu de personne.
Tout ce qu’ils ont eu, ils sont allés le chercher.
Et moi, j’ai été élevé comme ça.
Tant que j’aurai la santé, je donnerai le
meilleur de moi-même."
Ce qu’il compte bien faire à l’OM, où
il a donc connu les différentes ères du
club. "Quand on arrive du Sénégal et
qu’un an après (il est d’abord passé par
Louhans-Cuiseaux, ndlr), on partage le
même vestiaire que Fabien Barthez ou
Bixente Lizarazu (en 2004), c’est une belle
expérience, reconnaît-il. J’ai beaucoup
appris." Son parcours du combattant l’a
rendu beaucoup plus costaud mentalement.
"Aujourd’hui, je suis très, très fort,
insiste-t-il. Je ne connais pas les itinéraires
des autres joueurs, mais, en tout cas,
je sais que j’ai surmonté pas mal
d’obstacles. Désormais, je suis un homme,
j’avance... Je vois ce qui se passe dans
les clubs, avec les jeunes qui arrivent, et
je me dis que, peut-être, ils n’ont pas
connu certaines galères. Il faut savoir
d’où l’on vient et par où on est passé."
Un message que transmet Leyti aux
espoirs olympiens dès que l’occasion se
présente. "J’essaie de leur faire comprendre
que rien n’est facile, surtout dans le
monde dans lequel on évolue. C’est une
vraie chance d’être footballeur pro. Il
faut se rendre compte que ça peut
s’arrêter à n’importe quel moment. Dehors,
il y a des gens qui n’ont pas de quoi
manger. Nous, on a de la chance! Il ne
faut jamais rien lâcher et donner le
meilleur de soi-même."
Il l’a fait vendredi à Nîmes, en égalisant
(2-2). Touché au tendon plantaire,
le Sénégalais a en revanche été préservé
par Élie Baup mercredi à Carouge face
au FC Thoune (3-3) et le sera encore demain
contre Évian TG, à Thonon. "Je ne
vais pas forcer pour qu’après, ça me tue
la saison", conclut Leyti. Un sage sur qui
le technicien haut-garonnais compte
bien s’appuyer à l’avenir...
La Provence