Information
MATHIEU VALBUENA,
l’attaquant de l’OM,
reconnaît que son passage
de trois matches
sur le banc, en novembre,
l’a beaucoup touché.
Après un mois de novembre déprimant, durant lequel il était remplaçant pour les rendez-vous importants à Montpellier (0-1, le 19) et devant Paris (3-0, le 27), Mathieu Valbuena a retrouvé le sourire. D’abord à Dortmund (3-2), il y a deux semaines, où il a marqué le but décisif pour la qualification en huitièmes de finale de la Ligue des champions. Puis samedi face à Lorient (2-1), en signant un but et une passe décisive. Avant de s’envoler avec l’OM vers Nancy, l’attaquant international (27 ans, 9 sélections) a mis fin, pour L’Équipe, à presque deux mois de silence.
MARSEILLE –
de notre envoyé spécial permanent
« EN L’ESPACE de deux semaines, vous venez de passer du statut de remplaçant à celui de sauveur…
– Ma non-sélection en équipe de France (contre les États-Unis et la Belgique, les 11 et 15 novembre) m’a touché. Dans la foulée, on ne m’a plus fait jouer avec mon club. C’est difficile à digérer. J’étais en colère, énervé. Ça n’a pas non plus duré une éternité. À peine un mois, ce n’est pas long, comparé à il y a deux ans par exemple (trois titularisations lors de la phase aller). De toute façon, mentalement, je suis blindé, prêt à renverser les situations les plus compromises. Parfois, on peut avoir des coups de blues. J’en ai connu un. Voilà.
– Vous vous êtes renfermé sur vous-même. Ça ne vous ressemble pas.
– Le malaise Valbuena, c’est une polémique pour rien, dans laquelle je ne voulais surtout pas entrer. J’ai bien fait. Je n’ai été que trois matches sur le banc. Il n’y avait pas le feu au lac. Maintenant, si vous voulez savoir, bien sûr que je voulais jouer contre le PSG, qu’être sur le banc pour ce match-là quand tu joues à l’OM, c’est difficile à digérer, à accepter. Ce choix, je l’ai trouvé dur. Oui, j’étais en colère. Mais je n’oublie pas l’essentiel. Ce match, on l’a gagné.
– Et puis, vous n’aviez pas été bon contre Olympiakos (0-1), le match précédent…
– Toute l’équipe n’avait pas fait un bon match, je crois. On ne me pardonne rien, on ne me pardonnera rien. Je le sais. De toute façon, j’ai connu des situations bien plus périlleuses. Ce n’est pas un souci.
– Franchement, ça ne vous lasse pas ?
– Je n’ai pas le droit d’avoir des périodes où je suis moins bien. Pourtant, ça arrive même aux meilleurs joueurs du monde. J’entame ma sixième année à l’OM. J’ai des responsabilités. Tout en restant à ma place, je ne suis plus le petit jeune qui arrive de Libourne-Saint-Seurin. Ça, c’est fini. Même si je n’oublie pas d’où je viens.
– Didier Deschamps a bien fait de vous sortir. Vous n’êtes jamais si bon que dos au mur…
– Des choix ont été faits. Je les ai respectés même si ce n’était pas facile. J’ai été piqué au vif, touché dans mon orgueil. J’ai réagi. Il en faut beaucoup pour me mettre à la cave.
– Vincent Labrune, le président marseillais, veut faire de vous le Maldini de l’OM. C’est jouable ?
– Je ne sais pas. Vincent Labrune a voulu s’entretenir avec moi (après OM-Bordeaux, 0-0, le 10 décembre). Certaines choses resteront entre nous. Mais ce qu’il m’a dit m’a beaucoup touché. Ça m’a fait du bien, car j’ai senti de la sincérité chez lui.
– Que vous a-t-il dit ?
– Je ne veux pas entrer dans les détails. Mais il m’a fait comprendre que l’OM et lui avaient énormément confiance en moi.
– Donc, vous allez rester à l’OM ?
– J’ai eu une discussion très positive avec Vincent Labrune. J’ai un contrat jusqu’en 2015. Pour le moment, je suis ici, je continue l’aventure. Sur le terrain, je pense que je montre mon implication. On verra le moment venu.
– On a parlé de votre départ en janvier…
– C’est vous qui en avez parlé. Moi, je n’ai rien dit, rien revendiqué.
– Pendant deux mois, vous n’avez rien dit du tout.
– Parler à la presse après mes buts, c’était très facile. Je voulais continuer à rester sur ce que je fais actuellement. Bosser, tranquillement. À un moment, il faut savoir se concentrer sur l’essentiel. Et l’essentiel, c’est le terrain.
– Avez-vous eu une discussion avec Didier Deschamps ?
– Non.
– Comment qualifieriez-vous vos relations ?
– Professionnelles, comme depuis le début.
– Que pensez-vous du jeu que vous déployez ?
– Dans l’état d’esprit, on y est. On se bat. Mais dans le contenu, c’est bien, bien insuffisant. Le jeu que l’on propose n’est pas à la hauteur. On est capables de faire de très bonnes choses mais aussi de laisser-aller. Il va falloir s’investir plus.
– Y trouvez-vous votre compte ?
– Mais tous les joueurs aimeraient qu’il y ait plus de fluidité dans le jeu. On manque de mouvement, de rapidité dans les échanges. On sait qu’on est capables de bien mieux. On a les joueurs pour.
– Les trois premières places, c’est encore jouable ?
– On a pris un départ catastrophique. À Nancy, il faut prendre les trois points pour se rapprocher un peu plus. Devant, ça ralentit un petit peu.
– À Nancy, vous vous attendez à quel match ?
– Nancy est une formation difficile à jouer. On joue sur un synthétique, on n’en a pas l’habitude. Pourtant, il faut enchaîner. On passerait les fêtes tranquilles.
– Croyez-vous toujours à l’équipe de France ?
– Mais bien sûr. Ce n’est pas parce que je n’ai pas été pris pour deux matches amicaux qu’il faut tout remettre en question. Même si ça m’a fait chier. Le sélectionneur avait besoin de voir d’autres joueurs. La deuxième partie de la saison sera aussi importante. Pour revenir, je sais ce que j’ai à faire. Être bon avec mon club. Avec l’équipe de France, il me semble que je m’en suis bien sorti quand on a fait appel à moi.
– Un mot pour finir sur le deuxième but, samedi contre Lorient (2-1). Le coup franc que vous obtenez à l’origine a beaucoup fait parler. Avez-vous cherché à simuler ?
– Pas du tout. On est dans le temps additionnel. Mon objectif, c’est d’aller au bout de l’action. Je passe ma jambe devant le défenseur. Je tombe. L’arbitre peut siffler comme ne pas siffler. Il est juste à côté.
– Cette action va encore amplifier votre réputation de simulateur.
– Je comprends que l’on puisse croire que c’est volontaire de ma part. Ce n’est pourtant pas ma volonté. J’ai d’ailleurs consenti beaucoup d’efforts depuis de longs mois pour ne pas donner cette impression. »
RAPHAËL RAYMOND