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Les grands chantiers de la défense
Nayef Aguerd proche du forfait, Romain Saïss d’une extrême fragilité, le Maroc pourrait compter sur d’autres gaillards derrière : un colosse rigolard évoluant au Real Valladolid, Jawad El-Yamiq, et une promesse en difficulté à Brest, Achraf Dari. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
MATHIEU GRÉGOIRE (avec H. De. et L. D.) DOHA – Samedi, Jawad El-Yamiq s’est occupé de tout. De la gestion des attaquants portugais – qu’ils s’appellent Joao Felix, Gonçalo Ramos ou Cristiano Ronaldo – comme de l’ambiance dans le bus du retour vers l’hôtel Wyndham, où cette tour de contrôle de 1,92 m s’est chargée de blaguer sur chacun de ses coéquipiers.
Défenseur central du Real Valladolid depuis 2020, après des passages mitigés au Genoa, à Saragosse ou à Pérouse, il ne cesse d’épater sur cette Coupe du monde, avec des entrées vigoureuses contre la Belgique (2-0, le 27 novembre) ou l’Espagne (0-0, 3–0 aux t.a.b., le 6 décembre) avant cette titularisation en quarts de finale face au Portugal (1-0). Même le propriétaire de Valladolid, un certain Ronaldo, est agréablement surpris. El-Yamiq a-t-il une prime s’il gagne la Coupe du monde ? « S’il ne l’a pas, on la mettra, parce qu’il le mérite !, confie le Brésilien, vainqueur de la compétition en 1994 et en 2002. Il joue très bien et on est enchantés de ce qu’il fait. Cette équipe est la révélation du Mondial, pas seulement lui. C’est une belle histoire comme le foot peut nous en offrir. »
Les Marocains vont essayer d’ajouter un nouveau chapitre face aux Bleus et El-Yamiq va devoir encore se montrer. Les deux patrons de la défense centrale, Nayef Aguerd et Romain Saïss, sont aux abois. Sorti avant la fin du temps réglementaire contre l’Espagne, il y a huit jours, l’ancien Rennais de 26 ans désormais à West Ham a une lésion de grade 2 à la cuisse et il a été victime d’un coup de froid ces derniers jours. Forfait contre le Portugal, il ne devrait pas pouvoir tenir sa place, même si le staff a tout fait pour le remettre dans le bain. « Nous sommes pessimistes », explique-t-on au sein de la délégation marocaine.
Pour son acolyte, le capitaine Saïss, le physique est précaire. Après avoir fini le match contre l’Espagne en étant touché, il a été remplacé avant l’heure de jeu samedi. Le joueur de 32 ans souffre d’une petite élongation à la cuisse. « On verra pour la demie, disait-il samedi soir en zone mixte. Je vais tout faire pour être là, mais il y a des moments où il faut savoir être raisonnable et ne pas devenir un poids pour son équipe par pure fierté personnelle. »
L’association El-Yamiq - Dari travaillée à l’entraînement
Alors que son forfait paraissait acté dimanche, la tendance, depuis deux jours, est à un retour sur le terrain, l’équipe nationale voulant tenter le tout pour le tout. « On a beaucoup de blessés, mais on a un staff médical de haut niveau, on reçoit des bonnes nouvelles en ce moment, a expliqué hier Walid Regragui, en mode roublard. À ce stade, il n’y a personne qui est “out”, personne qui est “in”. On mettra la meilleure équipe possible demain, avec des joueurs à 100 %. »
Si Saïss débute, il ne sera clairement pas à ce pourcentage-là, mais il pourrait guider les siens sur la première période, avant de laisser sa place à Achraf Dari. L’association El-Yamiq - Dari a été travaillée à l’entraînement lundi matin, lors de l’opposition à huis clos. Le Brestois de 23 ans est la grosse cote de cette fin de Mondial. Il est arrivé comme quatrième choix au Qatar, après avoir perdu sa place en Bretagne, à la suite d’un match catastrophique contre Nantes, le 16 octobre (4-1). « Il a joué blessé, il était touché au genou », précise son entourage.
Après des débuts intéressants en août, contre Lens, l’OM ou Angers, Dari, papa d’une petite fille depuis peu, a étalé beaucoup de fébrilité sur les terrains de Ligue 1. Sans être transcendant, il a fait une entrée courageuse contre le Portugal, tentant de freiner l’épouvantail Rafael Leao.
Pour renforcer sa défense en fin de match face à la sélection de Fernando Santos, Regragui a terminé avec trois centraux, comme lors des ultimes minutes des matches contre la Belgique et le Canada (2-1, le 1er décembre). Ce système apparaît peu probable au coup d’envoi. En revanche, si le Maroc mène et qu’il y a besoin de protéger le score en seconde période…
L'Equipe