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La soeur d'Antoine Griezmann revient sur sa terrible soirée au Bataclan
Paris Match | Publié le 26/06/2016 à 17h50
Le 13 novembre dernier, la soeur d'Antoine Griezmann sortait de l'anonymat. La jeune femme se trouvait au Bataclan lorsqu'il a été pris pour cible par les terroristes. Dimanche, elle est revenue sur cette épreuve qui a profondément marqué son frère et toute sa famille.
Cet Euro 2016 a été survolé par le jeune Antoine Griezmann. L'attaquant des Bleus a marqué les deux buts qui ont qualifié l'équipe de France pour les quarts de finale, dimanche à Lyon. Dans son édition dominicale, «L'Equipe» a donné la parole à sa soeur, Maud, qui est l'attachée de presse particulière du joueur. Elle revient notamment dans les colonnes du journal sur sa relation avec son petit frère, mais aussi sur les attentats du 13 novembre. Lorsque la capitale a été attaquée par les terroristes, Maud Griezmann se trouvait au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan, où 90 personnes ont perdu la vie.
Ce soir-là, Antoine Griezmann disputait un match contre l'Allemagne au stade de France, aussi pris pour cible par les djihadistes. Sans nouvelles de sa soeur, il avait partagé son inquiétude sur les réseaux sociaux. «Jusque-là, personne n'était au courant qu'il avait une soeur, ce qui ne m'embêtait absolument pas, au contraire. J'avais ma vie et lui la sienne, a-t-elle dit au quotidien. Dès le lendemain, Antoine m'a dit que pas mal de journalistes voulaient m'interviewer. (...) Ça m'a fait un peu peur. Du coup, je suis partie dix jours en Espagne chez Antoine, avec mes parents. Je me sentais en sécurité chez lui, loin de tout ce tapage médiatique».
Elle se rappelle les attentions du joueur à son égard après le drame. «Ces quelques jours où je suis restée avec lui, Antoine s'est comporté en grand frère (...) il ne me lâchait pas». La jeune femme explique ensuite comment elle a fait face après les attaques de Paris. Elle affirme avoir mis du temps à réaliser l'ampleur du drame qui s'était déroulé devant ses yeux. «Quand Antoine m'a revue pour la première fois, un peu moins d'une semaine après, il m'a dit : "J'ai l'impression qu'il ne t'est rien arrivé". En fait, je ne voulais pas montrer que j'étais affectée. Pour moi, je n'étais pas une victime, parce que je n'étais ni blessée, ni morte. Donc il fallait aller de l'avant».
Le 13 novembre est le jour que j'aimerais qu'il oublie, lui
Ce qu'elle a vécu ce soir-là, restera évidement à jamais gravé dans sa mémoire. «J'ai tiré le rideau, et d'une certaine façon j'ai un peu fait oublier à mon entourage ce qu'il s'était passé, alors que moi, bien sûr, je n'oublierai jamais. Je suis quand même restée plus d'une heure et demie coincée à l'intérieur. Je sais qu'au début mes parents et mes frères se sont fait beaucoup de souci (...) Par la suite, ils ont compris que je faisais ma propre thérapie tout seule en faisant la "con" et en parlant ouvertement aux potes».
Son seul regret est que son frère associe sa passion du foot à «un moment triste», ces heures où il attendait dans l'angoisse des nouvelles de sa grande soeur. «J'avais une amie présente au Stade de France. Elle m'a raconté qu'elle avait vu la réaction d'Antoine à la sortie du match. Il n'était vraiment pas bien alors qu'à ce moment-là il ne savait pas encore que j'étais au concert du Bataclan. Pourtant, instinctivement, il l'a senti. Il est ressorti tout blanc du terrain. Il a eu si peur. J'aurais préféré qu'il ne ressente pas ce qu'il a ressenti ce soir-là, d'autant qu'il jouait un match important. J'aurais voulu qu'il n'associe jamais le foot, son plaisir, à un moment triste. En fait, le 13 novembre est le jour que j'aimerais qu'il oublie, lui. Lui et tous les autres membres de ma famille».