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Ce réseau aurait généré des dizaines de millions d’euros de profit lors des trois dernières Coupes du monde…
De notre correspondant à Rio de Janeiro
Il n’y a pas que la Fifa qui gagne de l’argent avec les billets de la Coupe du monde. La revente illégale de ces mêmes tickets, fléau contre lequel l’organisation sportive internationale s’avoue impuissante, fait toujours autant recette, parfois de manière industrielle. Grâce à une opération baptisée «Jules Rimet», du nom de l'initiateur de la Coupe du monde, les autorités brésiliennes ont démantelé cette semaine un important réseau de trafic de billets, mais la Fifa pourrait ne pas y être totalement étrangère. 20 Minutes fait le point.
Quel a été le résultat de l’opération «Jules Rimet»?
Onze personnes interpellées entre Rio et São Paulo dont le chef du réseau, l’Algérien Mohamadou Lamine Fofana. L’enquête avait commencé bien avant la Coupe du monde, il y a environ trois mois. En activité depuis déjà trois Mondiaux, le réseau revendait des billets dits d’hospitalité, c’est-à-dire des places allouées aux partenaires de la Fifa (sponsors, fédérations, etc.) à près de 1.000 euros l’unité. Selon la police brésilienne, citée par l’AFP, l’organisation criminelle en vendait environ mille par rencontre et aurait ainsi gagné jusqu’à 70 millions d’euros lors de chacune des Coupes du monde durant lesquelles elle a œuvré.
La Fifa est-elle impliquée?
Elle pourrait l’être, mais pas pour tous les billets. La plupart étaient des packs d’hospitalité issus de sociétés opérant au Nigeria, en Russie, en Suède, en Norvège, aux Etats-Unis et en Inde. Il y avait aussi des billets appartenant à des fédérations, dont la brésilienne, l’espagnole et l’argentine. Mais d’après Globo, les autorités brésiliennes auraient des indices selon lesquels un membre de la Fifa faisait aussi passer des billets d’hospitalité à Fofana pour qu’il les revende. C’est là que l’organisation sportive pourrait être impliquée directement.
Il y a aussi le cas du fils de Julio Grondona, président de la Fédération argentine de football et vice-président de la Fifa, dont le nom a été retrouvé sur l’un des billets appréhendés, selon Globo. A la télévision argentine, Humberto Grondona a affirmé l’avoir revendu à un ami, mais il a donné une autre version à la Fifa, déclarant l’avoir donné à son ami. Or, la Fifa admet le don, pas la revente à un montant supérieur au prix du billet.
Quelle est la réaction de la Fifa?
Extrêmement prudente. Mis sous pression par la presse internationale ce samedi matin, Thierry Weil, le directeur marketing de la Fifa et chargé de la billetterie, a été mis sur le reculoir. Alors que les autorités brésiliennes évoquent des dizaines de milliers de billets concernés, celui-ci n’a parlé dans un premier temps que de 141 billets appréhendés - parce que ceux-ci ont été confiés à la Fifa pour analyse - avant de reconnaître qu’il pourrait y en avoir environ 900. «Aucun d’entre eux n’appartient à des membres de la Fifa», a affirmé Thierry Weil, précisant que tout contrevenant issu de l’organisation internationale serait sanctionné. Quant aux sociétés accréditées auprès de la Fifa, cette dernière attend de savoir qui a agi au sein de celles-ci avant de prendre une décision. Cela pourrait entraîner la suspension de leur accréditation.
Quels matchs sont concernés?
Sur les 141 tickets officiellement appréhendés lors des interpellations, Thierry Weil a indiqué que seulement deux étaient pour un match n’ayant pas encore eu lieu (le match pour la 3e place à Brasilia). Le plus étonnant est qu’une dizaine d’entre eux étaient des billets pour des matchs de la Coupe du monde 2010 et de la Coupe des confédérations 2013.