Tribilan

L’entraînement n’a pas encore repris, mais les joueurs sont revenus de vacances et passent des tests physiques. Profitons-en pour revenir sur la saison écoulée et nous projeter sur la prochaine sous la forme d’une cacophonie omlivienne à trois voix, lyonnaise (Torben Frank), parisienne (Travis Bickle) et marseillaise (fourcroy).

1) Après avoir été champion d’automne, l’OM a fini au pied du podium, avec la médaille en chocolat autour du cou.

a) Comment analyser cette deuxième partie de saison ? Était-ce prévisible ? 
T.F.
Pour ma part, ce n’était absolument pas prévisible, l’Ohème n’avait que le championnat à jouer (et la Coupe de France, mais celle-ci fut vite expédiée) contrairement à ses concurrents directs (excepté Lyon) et c’était un gros avantage, malheureusement gaspillé. Il était aussi impossible de prédire que la défense phocéenne deviendrait si perméable et que l’Ohème n’enchaînerait que deux victoires sur neuf matchs contre des équipes moyennes, ce sont les points perdus durant cette période qui coûtent cher. Un championnat se gagne contre les gros, mais se perd contre les petits.

T.B. Prévisible, non. On a lu ici où là des théories sur les deuxièmes parties de saison décevantes des équipes de MB, mais je n’y adhère pas. Vous n’aviez pas un calendrier démentiel, l’excuse de la l’usure physique ne tient pas. Celle de l’usure mentale non plus. Le match contre Lorient m’a conforté dans l’idée qu’une partie du vestiaire voulait faire sauter MB. J’y vois les restes d’un passé et de certaines présences…

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F. Par un supporteur marseillais, sûrement pas, ou alors un supporteur chauve expatrié en Afrique du Nord. Il y a eu un enchaînement défavorable, un creux physique, un manque de solidité mentale, une suite de décisions arbitrales défavorables décisives, des matchs perdus de très peu plutôt que gagnés d’un rien, bref, tout un tas de petites choses qui se sont accumulées et en ont entraîné d’autres. Cela dit, je suis d’accord avec mon ami lyonnais : un championnat peut se perdre contre l’OL.

b) L’OM pouvait-il espérer mieux ?
T.F. Bien entendu, il aurait dû finir à l’une des deux premières places.

T.B. Bien sûr. Être champion d’automne et finir quatrième est un échec. L’image renvoyée est mauvaise. On ne garde souvent en tête que l’impression laissée lors des deux derniers mois de compétition. À ce petit jeu, le PSG s’en est très bien tiré; vous, beaucoup moins.

 F. Les regrets font partie du sport. Champions d’automne, tout Marseille a cru au titre, des supporteurs aux joueurs. Comme nos adversaires directs n’ont pas non plus brillé début 2015, on a continué à espérer. En soi, le match contre Paris au Vélodrome n’était pas catastrophique, ni dans le contenu, ni même dans la défaite, mais il a assommé l’équipe, qui a dû se rendre à l’idée que le titre ne serait pas au bout. Le match perdu à Bordeaux dans les conditions que l’on sait l’a achevée. Il y avait clairement le potentiel pour terminer deuxièmes. On ne saura jamais si, face à un OM conquérant pendant la deuxième partie de saison, le PSG aurait encore haussé son niveau, comme il l’a fait dans la dernière ligne droite.

c) Que peut-on attendre pour l’an prochain ?

T.F. Tout dépendra du remplacement des cadres (Ayew, Gignac, voir N’koulou et Mandanda). Si c’est le cas et que la sauce prend, une place dans les cinq premiers est jouable. Si le recrutement n’est pas à la hauteur, alors une place dans le ventre mou est à craindre.

FOOTBALL : Marseille vs Saint Etienne - Ligue 1 - 29/09/2014

T.B.  Si Bielsa reste, plus ou moins la même philosophie de jeu, avec une pointe de constance en plus sur la longueur.

 

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F. On peut effectivement répondre sur les résultats, comme sur le jeu (c’est toujours pratique de parler en dernier). Sur le jeu, il y a de l’espoir. Les déceptions du premier semestre 2015 vont être digérées et les joueurs vont réattaquer l’entraînement dans de bonnes dispositions. On peut espérer qu’ils vont progresser et mieux assimiler les exigences tactiques d’El Loco et qu’on verra du beau football. La grosse interrogation concerne l’effectif. On a souvent dit cette saison que les qualités intrinsèques de l’effectif, tant sur le plan technique, sur celui de l’intelligence de jeu et de la discipline tactique, que de la capacité à accepter une répétition inlassable d’efforts très intenses, avaient mené l’équipe dans le mur. Le jeu prôné par Bielsa est superbe, mais énergivore et risqué : il déstabilise l’adversaire, mais chaque erreur ouvre des brèches. Un joueur comme Dja Djédjé va-t-il progresser  tactiquement ? Se pose aussi la question des départs et de leur remplacement. Ayew était un joueur important, tant dans le vestiaire que sur le terrain. Si Payet et Imbula s’en vont, ce qui semble le cas pour le premier, le talent technique disponible risque d’être bien insuffisant. Quant aux résultats, il est difficile de se projeter. On ne connaît pas le potentiel d’une équipe en reconstruction partielle et le football est un art où l’aléa joue un rôle important.

2) Après une première partie de saison assez quelconque, le PSG a terminé le championnat en trombe et n’a finalement pas vraiment tremblé pour le titre. S’ajoutent au palmarès les deux coupes nationales. Sur le plan européen, c’est une nouvelle élimination en quarts, mais aussi une victoire en A/R contre Chelsea.

a) Est-ce une grande année pour Paris ?
T.F. Évidemment. Par contre ce n’est pas une année exceptionnelle, juste le strict minimum attendu au vu des moyens colossaux du club de la capitale.

T.B. C’est une très bonne année. Il ne faut pas banaliser le triplé, même si nous avons des moyens financiers très conséquents. Gagner le championnat était le plus simple car, sur la longueur, il y a une forme de logique implacable à voir le PSG passer devant. Triompher dans les deux coupes, par contre, c’était moins attendu, car les surprises sont inhérentes à ce genre d’épreuve, millions ou pas. Et cette année, le tirage ne nous a pas été aussi favorable qu’il a pu l’être par le passé. C’est donc une très belle année sur le plan national, magnifiée par la très bonne impression laissée depuis la défaite face au Barça.

Au niveau européen, il faut relativiser cet échec contre le Barça, imbattable en cette fin d’année. Le fait d’avoir battu le leader de Premier League est à ajouter au crédit du PSG. Par contre, l’impression laissée par la défaite face au Barça est que le fossé s’est encore creusé entre les monstres européens et le reste. Gagner la LDC semble paradoxalement plus difficile pour nous aujourd’hui qu’il y a trois ans.

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F. C’est le paradoxe du PSG : les deux analyses ci-dessus sont complémentaires. Un triplé national est forcément un grand résultat et l’on ne doit pas minimiser la double victoire en coupes, qui montre que le PSG a tenu à tout gagner, assumant son statut de leader du football français. En Angleterre, où la concurrence est certes d’un autre niveau et d’une autre intensité, le champion Chelsea n’a pas eu la même attitude… C’est dans ce triplé et aussi, un peu, dans leur fin de championnat conquérante, que réside la très bonne année parisienne, malgré une première partie de saison bien décevante. Ce triplé n’est donc pas tout à fait la moindre des choses, même si le titre de champion l’est. Sur le plan européen, il y a des années où un club est irrésistible, le Barça cette saison, le Bayern il y a deux ans. Le PSG semble loin encore de ce niveau. Il trouvera une légitimité européenne quand il parviendra à être l’Atletico de 2014.

b) Était-ce prévisible ?
T.F. J’ai toujours fait du PSG mon favori pour le titre, même quand Marseille et/ou Lyon étaient devant. Je savais que tout dépendait du parcours européen et que dès que l’élimination parisienne serait effective alors le PSG reviendrait à un objectif plus « à la hauteur de son talent ». Pour les Coupes Nationales cela dépendait beaucoup des tirages au sort, sur un match les clubs de L1 peuvent créer la surprise.

T.B. Pour ma part, oui.

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F. On l’a dit plus haut, la bonus de Paris, c’est la double victoire dans les coupes nationales. Le titre était plus que prévisible et le parcours en coupe n’a rien d’étonnant. On savait Paris capable de sortir une équipe de Chelsea d’ailleurs passée à côté de son sujet tactiquement, comme on savait que contre un Barça au top, ils se feraient manger.

c) Que peut-on attendre pour l’an prochain ?
T.F. Une nouvelle désillusion en LdC, c’est tout ce que je leur souhaite. En championnat ils seront encore devant, mais il sera plus compliqué de réaliser un nouveau triplé… mais pas impossible pour autant.

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T.B. Un tirage clément en LDC, et ce dès les poules, car le nouveau système de têtes de séries laisse présager des groupes bien costauds.

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 F. Un nouveau titre national (c’est une prédiction facile, pas un souhait…) Quant à franchir un pallier au plan international, il me semble difficile de parier dessus.

3) L’OL a encore plus mal débuté le championnat que Paris, mais est bien remonté et s’est détaché pour prendre la deuxième place, retour en LDC à la clef.

a) L’OL pouvait-il espérer mieux ?
T.F. Non, c’est un classement inespéré, une place dans les cinq premiers était déjà inespérée au début de saison.

T.B. L’OL a encore plus mal débuté le championnat que Paris, mais est bien remonté et s’est détaché pour prendre la deuxième place, retour en LDC à la clef.

F. Si Paris est champion avant que la compétition ne commence, personne ne peut, a priori, espérer mieux qu’une deuxième place. Sur le déroulement de la saison, même si l’OL, à un match près, fait une dernière ligne droite de bon aloi, Paris a montré qui était le patron. Le résultat est donc optimal pour Lyon, qui a quand même réussi à distancer Monaco, ce que personne ne prévoyait en août, et l’OM, ce que personne ne prévoyait en décembre.

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b) La LDC, le nouveau stade qui va arriver, la qualité de la formation, est-ce l’amorce d’un retour de l’OL triomphant des années 2000 ?
T.F. Non. Peut être un OL plus pérenne, mais il ne reste plus qu’une seule place directement qualificative pour la LdC (j’en compte une pour le PSG) et trop de clubs sur les rangs (Lyon, Marseille, Monaco, voire des clubs comme Bordeaux, Lille, Sainté ou même une équipe surprise). Lyon vivotera donc entre LdC, tour préliminaire et Europa League. Pour revenir au premier plan il faudrait un investisseur fortuné, il n’y a plus que ce modèle de viable dans le football moderne.

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 T.B. Le plus dur sera de confirmer. Le mercato qui arrive sera également délicat à gérer pour Aulas. L’OL peut enclencher une spirale positive, mais rien n’est acquis. Le recrutement d’un médiocre comme Morel n’est pas un signe encourageant, je trouve.

F. L’OL se positionne sur le long terme comme un prétendant annuel aux podium. Mais l’investissement, même prévisible dans les années à venir, reste incomparable avec ce qui se fait à Paris. Le modèle de l’OL me semble être Arsenal (à un niveau inférieur, dans un championnat inférieur). Toujours placé, pas gagnant depuis des lustres.

4) Parlons du jeu. Qu’avons-nous vu d’intéressant sur le terrain ?

T.F. Avec l’OM, le secteur offensif impressionnant du début de saison. Avec l’OL, les millions d’euros que l’on va tirer des futures ventes des « pépites » de centre de formation. Avec Paris, la somme d’individualités qui permet de faire basculer une rencontre.

T.B.  Avec l’OM, de l’envie, du jeu offensif ; un Payet séduisant ; une philosophie de jeu plaisante, à défaut d’être forcément gagnante. Avec l’OL, un duo d’attaque flamboyant, et un petit Njie qui va très vite. Jallet a également fait de très belles choses. Fournier a réussi sa 1ere saison sur un banc d’un club huppé, il devra confirmer la saison prochaine avec une attente encore supérieure. Avec Paris, comme d’hab’, des choses superbes, et toujours cette nonchalance qui gave au plus haut point. Il n’y a pas eu de progression à ce niveau-là.

F. Bielsa nous a redonné envie d’aller au stade. On a vu, quand l’OM était au top de la confiance, des phases de jeu exceptionnelles. Il y a eu une petite demi-heure à Gerland d’un niveau que je n’avais jamais vu en Ligue 1 sur le plan de l’organisation, du pressing et du jeu vertical… et qui s’est terminée par le but de Gourcuff. Je n’ai pas beaucoup vu jouer Lyon et Paris. Lacazette n’a pas été très bon contre nous, mais il est clair qu’il a fait une grande saison en association avec Fékir. Paris, je crois, a été impressionnant quand il a décidé de l’être.

5) Quelles sont les satisfactions et les déceptions individuelles cette année :

T.F. Pour l’OM, Michy, la bonne surprise. Thauvin, s’il ne redresse pas la barre, va finir comme Sinama-Pongole ou Nolan Roux… A Lyon, Lacazette est à distinguer pour la confirmation de son potentiel; Jallet, que personne n’attendait vraiment à ce niveau, Fékir et Tolisso à titre de révélations. Gourcuff, pour sa fin de saison à l’image des quatre saisons précédentes a joué son rôle de boulet et la triplette défensive Bisevac/Koné/Rose qui mérite un Oscar du rire. A Paris, j’ai été impressionné par Verrati. Ce joueur est juste énorme. Cavani, lui, est juste un cadavre.

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T.B.l’OM : Bielsa, Payet, Mandanda coté satisfaction. Thauvin coté déception. A Lyon : Lacazette Fékir Njie Jallet et Fournier sortent du lot. Gourcuff, lui, n’est pas beaucoup sorti de l’infirmerie, malgré quelques belles promesses lors de ses rares apparitions. A Paris, Verrati et Marquinhos sont de loin les deux meilleurs parisiens. Pastore a enfin mis de la constance. Ce sont les satisfactions. La grosse déception pour moi c’est Aurier. J’attends vraiment de lui qu’il démontre toutes ses qualités sous notre maillot. Je crois vraiment en lui.

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F. Bielsa, bien sûr, nous a fascinés. Payet a justifié son transfert, sans doute bien aidé par le départ de Valbuena, qui lui a laissé les clefs du jeu. Ses matchs moyens contre Paris, Monaco et Lyon ternissent un peu son année, mais il a fini meilleur passeur de L1, l’un des meilleurs en Europe et il nous a régalés plus d’une fois par ses ouvertures et son à-propos. Imbula a été parfois exceptionnel, mais ce joueur semble insaisissable. Il est en lutte avec Thauvin pour le concours du plus gros melon. Thauvin, d’ailleurs, est la plus grosse déception. Pourtant, il mouille le maillot, il défend, bien qu’il n’aime pas ça, mais on n’a pas l’impression que Bielsa l’ait fait progresser en termes de vision du jeu. Lyon semble avoir un bon potentiel offensif s’ils conservent leur duo. A Paris, comme tout le monde, j’ai noté les performances de Verratti et de Marquinhos. Thiago Silva, sans avoir complètement remonté la pente, est toujours décisif (l’OM et Chelsea s’en souviennent), Pastore a trouvé son rythme de croisière. Je pensais Sirugu meilleur ; il est passé à côté de son année. Quant à Ibrahimovic, il a souvent plus ressemblé à un boulet qu’à un grantattaquant.

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Article lu 3711 fois, écrit le par fourcroy Cet article a été posté dans Edito et taggé , . Sauvegarder le lien.

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