Mercato estival 2013 : Analyse d’un mercato réussi

Contrastant avec le mercato estival 2012 où l’OM avait bradé ses cadres pour remplir les caisses, le mercato 2013 les a vidées, de près de 50M€. Comment expliquer un tel changement ? Quel type de joueurs recrutés ? Peut-on parler de mercato réussi ? Qui est à l’origine d’une telle réussite ?

1. Comment le club a t-il pu dépenser autant ?

Si le club a pu dépenser autant, c’est avant tout en raison de sa bonne saison sportive passée. Deuxième du dernier championnat derrière l’ogre parisien, l’OM s’est retrouvé directement qualifié pour la Ligue des Champions, offrant une manne de 25M€. Cette manne constituant, selon les termes de Vincent Labrune, seulement du « bonus ».

Autre bonne nouvelle pour l’OM : l’élimination de Lyon au tour préliminaire de la Ligue des Champions. La part qui devait revenir aux Rhodanniens était ainsi réattribué aux deux qualifiés : le PSG et l’OM ; soit près de 6 millions d’euros chacun.

Ces heureux revenus n’expliquent pourtant pas à eux seuls les exceptionnels moyens dont a bénéficié le club marseillais. Outre l’augmentation de la capacité du Vélodrome, deux autres éléments en sont à l’origine :

– Premièrement, la qualification en Ligue des Champions a eu pour effet collatéral d’augmenter les recettes liées au sponsoring ; les partenaires devant payer le prix fort pour s’associer à la plus prestigieuse des compétitions européennes.

– Deuxièmement et sûrement l’élément le plus important : le club s’est débarasssé des gros salaires. Adieu les Amalfitano à 210 000€ par mois, bienvenue Florian Thauvin et ses 90 000€ mensuels ! Le club a réalisé des économies considérables sur la masse salariale. Ainsi, alors que le club recrutait dans le passé des joueurs aux revenus mensuels compris entre 180 000 et 220 000€, l’OM se positionne désormais sur des joueurs entre 80 000 et 120 000€ (Payet excepté).
Pour illustrer : le seul départ d’Amalfitano a permis de payer les salaires de Florian Thauvin et de Mario Lemina.


OM: 2013/2014
Gignac 330 000€
Valbuena 300 000€
André Ayew 270 000€
Mandanda 250 000€
Payet 250 000€
Amalfitano 210 000€
N’Koulou 210 000€
Diawara 200 000€
Cheyrou 175 000€
Morel 120 000€
Thauvin 120 000€
Barton 120 000€
Fanni 116 000€
Imbula 110 000€
Jordan Ayew 100 000€
Kadir 90 000€
Romao 90 000€
Khlifa 90 000€
Mendes 80 000€
Bracigliano 80 000€
Sougou 50 000€
Abdallah 40 000€
Lemina et Mendy: non communiqués
Baup : 70 000€ + 40 000€

Si le club a pu recruter des joueurs performants avec des salaires si peu élevés, c’est précisément car il s’est tourné vers un profil bien particulier de joueurs.

2. Quelle stratégie de recrutement ?

« Si on veut exister dans le haut du tableau et pouvoir se battre contre ces deux clubs (Paris et Monaco) qui vont sans doute recruter la crème des crèmes européennes, l’OM a les moyens de bâtir une équipe en possédant les meilleurs talents français de Ligue 1. On essaie d’être raisonnable. On aura la possibilité de renforcer l’équipe pour rester dans les trois premiers, la place de l’OM, et pour essayer d’exister sur la scène européenne. Mais on ne va pas tout chambouler pour autant. On est sur un cycle, on se donne 2-3 ans pour faire quelque chose de très fort. » @ Vincent Labrune « 

A l’exception de Saber Khlifa, toutes les recrues marseillaises partagent deux caractéristiques : elles sont jeunes et françaises.

Pourquoi acheter jeune ?

Face aux moyens illimités de Paris et Monaco, l’OM a fait le choix de la jeunesse et ce pour au moins trois raisons :

– Tout d’abord, le jeune joueur dispose, a priori, d’une marge de progression, laissant entrevoir une amélioration substantielle de ses performances.

– Ensuite, ce type de profil dispose en règle générale d’un salaire peu élevé. Ce critère rentre ainsi parfaitement dans la nouvelle politique économique. A titre indicatif, Florian Thauvin ne touche « que » 90 000€ mensuels et Gianelli Imbula 100 000€, les salaires de Benjamin Mendy et Mario Lemina n’ont pas été dévoilés mais ils ne doivent pas dépasser les 80 000€ mensuels.

– Enfin, il laisse entrevoir une forte plus-value. S’ils venaient à confirmer et progresser, il est parfaitement envisageable de revendre Florian Thauvin ou Gianelli Imbula pour une trentaine de millions d’euros, au moins.

Pourquoi acheter français ?

Afin de minimiser le risque inhérent à l’achat de tout jeune, l’OM a fait le choix du français. Outre une intégration plus aisée, le joueur français a déjà fait ses preuves en France, face au jeu français, et le risque d’une mauvaise adaptation est donc limitée.

Avec l’arrivée de Mario Lemina, Florian Thauvin et Benjamin Mendy, Jordan Ayew voit la concurrence se renforcer sur le terrain… capilaire.

3. Quelles lacunes à combler ?

Les victoires étriquées de la saison dernière n’avaient pas caché le manque cruel d’un joueur capable d’accélérer, de percuter ou d’élimer en un contre un, en plus d’un vrai titulaire à droite. C’est dans cette optique que se sont inscrits les recrutements de Dimitri Payet et de Florian Thauvin.

Au milieu de terrain, le départ de Joey Barton couplé à la perte de vitesse de Cheyrou appelaient la venue d’un joueur capable de faire le lien entre la défense et l’attaque, d’orienter le jeu et de perforer. Jeune, français, élu meilleur joueur de Ligue 2, Gianelli Imbula avait le profil idoine.

Par ailleurs, Romao accumulant les cartons et aucun autre joueur au profil véritablement défensif n’étant présent dans l’effectif ; face au risque élevé de suspension, s’est alors imposé la venue d’un nouveau joueur. Larry Azouni et Rafidine Abdullah ayant un profil plus de relayeur, c’est un autre jeune français qui est arrivé en provenance de Lorient : Mario Lemina, 20 ans. Avec seulement une dizaine de matchs de Ligue 1 dans les jambes, ce pur produit de la formation lorientaise s’était imposé comme l’homme fort du milieu de terrain de Christian Gourcuff. Fort physiquement, doué techniquement, Mario Lemina est polyvalent, en plus d’avoir la tête sur les épaules.

Sur le flanc gauche de la défense, Jeremy Morel, toujours en course pour le titre très honorifique de pire défenseur de l’histoire de l’OM, a vu arriver un concurrent. Bien que le Réunionais soit très sûr de lui – il a encore affirmé cette semaine que tout supporter le critiquant ne connaissait pas le football – Benjamin Mendy, capitaine des U19 français, devrait rapidement le mettre sur le banc. Il apportera surnombre offensif et centres de qualité, qui ont fait défaut la saison dernière.

Par ailleurs, afin de palier aux blessures de Gignac, Saber Khalifa est venu renforcer l’effectif marseillais. Capable d’évaluer à tous les postes à l’attaque, sa polyvalence s’avère un élément décisif.

On peut toutefois regretter le non-recrutement d’un arrière droit pour concurrencer Fanni et remettre dans son camion Kassim Abdallah.

4. Un homme à créditer de cette réussite : Vincent Labrune

Alors comment expliquer ce soudain changement dans la politique de recrutement marseillais ? Comment expliquer l’apparition d’une véritable stratégie de recrutement, à long terme ? Comment expliquer la disparition du quota traditionnel de joueurs estampillés Aklil ou Hutteau ?

Au vu de ce mercato et d’après de nombreuses rumeurs de couloir, José Anigo aurait été mis au placard par Vincent Labrune, qui lui s’est prêté au jeu du mercato.

Politique claire et intelligente de recrutement, joueurs de talent, non-surpayés, pas (ou peu) de magouilles d’agent.. tout cela mérite d’être applaudi. Vincent Labrune s’est enfin montré à la hauteur du poste. Ambitieux, il a su faire preuve de fermeté et d’audace pour s’imposer comme l’un des acteurs majeurs de ce mercato.

Preuve en est, sur toutes les photos des recrues, pas de José Anigo mais seulement Labrune, coiffure parfaite, chemise ouverte et sourire enchanté.


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Florian Thauvin et Vincent Labrune adressent leurs plus sincères salutations à Michel Seydoux et tous les supporters lillois.
Le bilan que l’on peut tirer de ce mercato est donc, a priori, largement positif, ce qui constitue une vraie nouveauté après les échecs des dernières saisons.

Si la jurisprudence du mercato de 2004 nous invite à être prudents avant toute conclusion précipitée, le talent avéré des recrues, leur marge de progression… invitent à l’optimisme.
Plus encore, le mercato de qualité de l’OM mérite d’être souligné puisque tous les autres concurrents, exceptés les « deux gros », se sont affaiblis, obligés vendre leurs meilleurs éléments.

Ce mercato judicieux, intelligent et porté sur l’avenir, tant en termes de performances que de reventes, constitue un pari. Miser sur de jeunes joueurs représente en effet un risque, dans la mesure où leur progression n’est pas assurée mais présumée. S’il y a risque, il est cependant limité au vue de deux éléments : leur faible salaire qui ne s’avérera pas trop encombrant si le joueur échoue et une possibilité de revente aisée.

Deux autres critiques peuvent être également dressés sur ce mercato :

– La première, qui accompagne tout recrutement jeune, est le manque d’expérience. Ce manque d’expérience, dont les supporters d’Arsenal pourraient parler pendant des heures, est pourtant la clé pour gagner les matchs au couperet particulièrement en Ligue des Champions, pour gagner des trophées. La possible arrivée d’Anthony Réveillère allait dans ce sens.

– La deuxième critique que l’on peut porter sur ce mercato est d’avoir recruté seulement français. Si l’investissement sur un joueur français est moins risqué, il est bien plus coûteux. L’expérience Mendes aurait dû encourager les dirigeants à plus regarder à l’étranger, où les conditions peuvent se révéler très intéressantes autant sportivement qu’économiquement. Encore faut-il une cellule de recrutement performante… sûrement l’un des prochains chantiers de Vince.

On a aimé :

– La disparition des magouilles de José.
– Un mercato intelligent avec un objectif de long terme.
– Emmerder Arsène à recruter tous les futurs talents français.

On n’a pas aimé :

– Recruter trop jeune, ce qui augure quelques branlées en coupe d’Europe.
– Mendes a peut-être été recruté comme latéral, ça ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas de bons joueurs à l’étranger.
– Devoir conserver Gignac, ce qui augmente de facto le budget cantine de La Commanderie.

Le discours du mercato :

«  Pour la dernière fois, je confirme que Florian Thauvin ne rejoindra ni l’OM ni aucun autre club. Il est un joueur du LOSC, intransférable. » @ Michel Seydoux, le 10 juillet 2013, dans un communiqué officiel du LOSC.
«  Je ne suis pas vendeur, ce n’est pas une question d’argent mais de principe.  » @ Michel Seydoux, le 27 août 2013, au micro de RTL.

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Article lu 1718 fois, écrit le par bibpanda Cet article a été posté dans Edito. Sauvegarder le lien.

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