Et voilà ! Comme chaque année, on aborde les derniers matchs, la dernière ligne droite, le fameux « sprint final »… Et si au lieu des commentaires oiseux des pseudo spécialistes de Canal+, BeIn, RMC et j’en passe des plus saumâtres, on rappelait, pour nous le faire vivre en direct, une figure du sport hippique et du paysage audiovisuel réunis, j’ai nommé Monsieur Léon Zitrone ? Le tiercé, c’est son dada après tout (ah, non ! ça c’était Guy Lux) .
« Et les voilà qui abordent la ligne droite des tribunes ! BELLE DU QATAR, la favorite du cheikh en blanc, des médias et des pronostiqueurs, superbe pur-sang arabe à la robe immaculée et paré d’une djellaba blanche et keffieh doré – pardon, je m’égare, de casaque et toque, bien sûr – est en tête de très peu à la sortie du dernier virage dit “du Vélodrome”.
Elle est suivie de près par LYONCEAU DES LUMIÈRES, le tout jeune poulain de l’écurie Jean-Twitte Hélas, qu’on n’attendait pas si performant, si tôt, et qui a négocié ce même virage avec beaucoup de réussite, mais de façon à peine moins efficace, ce qui lui a valu d’être passé.
À la lutte pour la troisième place, portant cosaque rouge, on retrouve MOCCOCO, la danseuse achetée au duty-free de l’aéroport de Monte-Carlo par le milliardaire russe RygoLovelace (en russe : “qui rit à gorge profonde et déployée” selon la traduction du Prince Albert, bijou de famille princière monégasque et grand connaisseur de gorges déployées).
Avec elle, l’homme d’affaires semble en avoir fait une bonne, malgré la revente de tous les cracks de son écurie. Elle est restée les sabots bétonnés à la mode portugaise dans les starting-blocks, mais, après avoir vigoureusement sauté Lahaie, finit à bride abattue.
Dans son sillage, casaque blanche et ciel, c’est OLYMPIQUE DE MARS, un étalon fougueux, mais capricieux et rétif, pas toujours très malin à qui la victoire semblait promise après un départ tonitruant. Mais à mi-parcours, il a pris le mors aux dents contre son driver, Marcel Loco à qui on reproche, il est vrai, d’avoir cravaché pour le faire galoper, alors que c’est plutôt un habitué des courses de trot.
Là, c’est la course de trop ! L’entraîneur a eu tort, et le tort tue, c’est bien connu. Les autres sont donc revenus sur lui, la bave aux lièvres. Depuis, celui qui a été la locomotive de la première moitié de course, traîne son train arrière à un train de sénateur en train de s’échiner sans entrain sur son train-train hebdomadaire.
MES VERTES ANNÉES pointe en cinquième position, encouragé par ses supporters aux cris de « St’Etienne, St’Etienne, oh ! Tiens-le bien », suivi de GROS ROUGE qui fait tâche. Lui non plus n’a pas abandonné tout espoir de finir placé, quoiqu’il ne risque guère d’être considéré comme un grand cru. À le voir courir, on l’imaginerait plus volontiers issu des écuries de Margnat-Village que des prestigieux haras bordelais…
Mais revenons sur la côte d’OLYMPIQUE qui n’a cessé de fluctuer. Avant le départ de l’épreuve, elle était de dix-neuf contre un. Les turfistes chevronnés lui trouvaient des faiblesses dans le train arrière, peu de certitudes sur ses antérieures ainsi qu’une colonne vertébrale un peu molle. Mais très vite, son train d’enfer lui a valu de remonter à deux contre un, juste derrière BELLE DU QATAR, favorite naturelle de la course.
Cependant, à mi-parcours, on a pu voir se confirmer les réserves quant à son intelligence et sa force de caractère. Toujours en difficulté face aux favoris, il a montré que quand on n’a pas les tripes, tout fout l’ Caen. On croit voir un ‘ros Minet quand on est coursé par un petit canari, et même un mauvais Bordeaux peut vous laisser la gueule de bois.
On peut, de plus, s’interroger sur l’impartialité de l’organisation de la course depuis qu’on a vu le gérant de l’hippodrome cirer les babouches du cheikh à grands coups de sa magnifique brosse faciale intégrée et, à sa suite, plusieurs starters officiels braquer leur arme droit dans les pattes d’ OLYMPIQUE DE MARS au lieu de tirer en l’air.
Cela n’a pas manqué de casser la belle allure du potentiel champion qui n’en demandait pas tant, étant déjà susceptible de se faire intoxiquer et coller des coliques par un HURLU MERLU pourtant pas de la dernière fraîcheur et ayant l’oeil plus mort que vif !
Cela n’a pas l’air de perturber outre mesure son régisseur M. Laprune, occupé en tribunes V.I.P. avec la propriétaire de l’écurie, robe blanche et chapeau à fleurs qui ne déparerait pas lors d’un Prix de Diane ou d’Amérique, à boire des Margaritas avec le Cheikh et M. Hélas.
Tout ce beau monde est élégant et a l’air de bien s’amuser, plus en tout cas que les parieurs du dimanche. Il faut dire qu’eux n’ont pas misé leur paye mensuelle sur les performances de leur canasson, alors tant qu’il y a du champagne en loge, les résultats sportifs, hein… Allez donc leur expliquer que l’on peut peu, avec des moyens moyens, surtout en espagnol traduit par un dyslexique !
Quand on refuse le jeu…
En tout état de cause, si OLYMPIQUE veut encore finir placé, il va devoir avaler QUICHE LORRAINE, asphyxier MOCCOCO comme une moule à marée basse sur son rocher, prendre DOGUE DU NORD à la gorge et épuiser TÊTE DE MAURE pendant l’heure de la sieste. Et tout cela sans driver pour le guider puisque Marcel Loco, en dépression depuis plusieurs mois, vient de sauter en marche et de se faire piétiner par le peloton plutôt que de devoir à nouveau négocier avec Laprune pour une monture digne de ses talents !
On note, au passage, l’attitude de Joe Dalton, le tout petit jockey coléreux de MINÉRALE D’EVIAN qui n’a pas hésité à se désintéresser de la course et à faire faire des allers-retours à sa monture pour bien piétiner tout ce qu’il restait de son grand aîné. Ce monsieur a décidé de se moquer du sport hippique.
Ça n’est certes pas cela qui va éviter à son canasson d’être envoyé à l’abattoir à la fin de l’épreuve – sa seule place étant sur l’étal d’une boucherie chevaline – ni lui-même d’aller pointer au Pôle Emploi le plus proche de son domicile, ce qui fera des vacances à tout le monde.
…on est puni !
Pendant qu’en tête de la course, BELLE DU QATAR se dirige tout droit vers la victoire prévue, avec le seul LYONCEAU à une longueur pour encore lui disputer la suprématie, ce qui conclut une épreuve riche en émotions de toute sorte, mais qui relève, une fois encore, du faible niveau de nos compétitions nationales.
D’ailleurs, je vous laisse suivre seuls les derniers mètres de la course, on m’attend sur mon nuage pour le Grand Prix d’Europe qui met aux prises FLAMENCO CATALAN et BAVAROIS AUX FRAMBOISES (qui n’est pas aux fraises, lui) ce qui, vous en conviendrez, est quand même autrement alléchant.
Mesdames et Messieurs, bon dimanche ! À vous Cognacq-Jay ! »
Vous êtes trop bons, les gars. J’espère être dans les meilleurs. Je tiens à finir dans le tiercé de tête, moi, au moins. 😉
Mais les illus’ j’y suis pour rien, c’est Toti, comme d’hab’.
C’est clair, vraiment bon. Me suis régalé à la lecture. Et les illustrations sont de toute beauté et correspondent vraiment au texte.
Pouce levé pour SelfmadeFootix !
Mouais je suis sur que tu a surtout kiffé la petite blonde et que tu regrettes que la photo soit si mal cadrée par Toti. 🙂
JeanFred, « la petite blonde » c’est Brigitte Lahaie quelques années avant qu’elle ne bosse sur RMC et la photo est très bien (re)cadrée ! 🙂
Bravo Selfmade. Article de qualité comme toujours avec ton ton décalé que j’adore.
le « Jean-Twitte Hélas » m’a tué.