Javier Manquillo : rattraper le temps perdu

Présent la saison dernière sur la fameuse liste de Bielsa, Javier Manquillo rejoint l’OM sur les bases d’un prêt d’une saison avec option d’achat. Ancienne valeur montante du football espagnol, le jeune défenseur porte désormais sur ses épaules l’espoir des supporteurs marseillais de voir Brice Dja Djédjé enfin relégué sur le banc !

Portrait

Formé au Real, puis à l’Atlético Madrid, Javier Manquillo apparaît très tôt comme l’un des plus grands espoirs espagnols à son poste. Promu en équipe première dès l’âge de 18 ans, il dispute ses premiers matchs lors de la saison 2012-2013.

Après une entrée en matière particulièrement encourageante, le jeune défenseur connaît un premier coup d’arrêt en début d’année 2014 au cours d’un match de Copa Del Rey face au voisin honni, le Real Madrid. Lors d’un duel aérien avec Cristiano Ronaldo, Manquillo retombe mal, et se blesse au dos. Homme de symbole, c’est la vertèbre C7 qu’il se fracture…

Immobilisé seulement pendant un mois, le jeune homme s’en sort bien, les images de sa chute ayant un temps fait craindre une interdiction définitive de la pratique du football.

Revenu de blessure, Manquillo fait face à la concurrence d’un Juanfran revenu en grâce et dont la solidité et la sobriété sécurisent une arrière-garde aux figures de forteresse imprenable sous l’influence de l’entraîneur argentin Diego Simeone.

Dès lors, et face à la nécessité pour un aussi jeune joueur d’enchaîner les matchs afin de progresser, son club formateur décide, de le prêter à l’aube de la saison 2014-2015.

Présent sur la liste de Marcelo Bielsa, le joueur fait alors l’objet d’approches de la part de l’OM.

Des contacts qui ne suffiront pas à convaincre le jeune latéral de venir faire ses classes au sein du club olympien, car Manquillo choisit finalement de rejoindre le mythique club anglais de Liverpool dans le cadre d’un prêt de deux saisons.

Naufrage collectif

À Liverpool, Manquillo fait partie d’une campagne de recrutement phénoménale. Luis Suarez vendu, le club anglais souhaite faire sa révolution et investit énormément d’argent dans des profils jeunes à fort potentiel (ça vous rappelle quelque chose ?). Cet été-là, débarquent ainsi Lallana pour 31 millions, Markovic et Lovren pour 25 millions chacun ou Balotelli pour 20 millions.

La saison des Reds sera pourtant un échec. La mayonnaise ne prend pas et Brendan Rodgers peine à trouver son équilibre tactique, oscillant entre une défense à quatre ou à trois.

Si le début de saison de Manquillo au sein d’un quatuor de défenseurs est encourageant, notamment sur les plans défensif et physique, c’est le passage définitif de Liverpool en 3-4-3 qui va lui coûter son statut de titulaire. Son apport offensif jugé insuffisant, Brendan Rodgers va longtemps tâtonner pour trouver le joueur capable d’animer le flanc droit. Y seront testés, Emre Can, Glen Johnson, Jordan Ibe, Lazar Makovic, et même Raheem Sterling ponctuellement !

Javier Manquillo, quant à lui, ne sera plus jamais titulaire à compter du mois de décembre.

Cet été, le départ de Glen Johnson pouvait lui permettre d’espérer une nouvelle chance, néanmoins la signature de Nathaniel Clyne, le latéral droit anglais de Southampton, pour 17M€ a définitivement changé la donne.

Si certains supporteurs de Liverpool espéraient voir Manquillo rester dans l’effectif, en raison de sa jeunesse et du potentiel affiché en dépit de ses rares sorties avec le maillot des Reds, Brendan Rodgers a, pour sa part, décidé de mettre fin au prêt du jeune latéral espagnol. La présence dans l’effectif de Clyne, Flanaghan (anglais lui aussi), et des polyvalents Can et Markovic semble avoir sonné le glas de l’aventure britannique de Javier Manquillo.

Nouveau départ

Un terrible désaveu pour le joueur, mais une magnifique opportunité pour l’OM, eu égard aux départs dans secteur défensif (Morel, Fanni, Doria).
Face aux limites affichées par Mario Lemina dans son positionnement à droite et aux prestations volontaires, mais insuffisantes de Brice Dja Djédjé, l’OM se devait en effet de se renforcer avant d’attaquer une nouvelle saison.
L’opportunité de rouvrir le dossier Manquillo, toujours présent sur la fameuse liste de Marcelo Bielsa, n’est donc pas passée inaperçue auprès des équipes de Vincent Labrune, et l’opiniâtreté a fini par porter ses fruits.

Le recrutement du jeune joueur espagnol vient enfin combler un vide dans l’effectif marseillais, même si la plupart des supporteurs rêvaient depuis plus d’un an de voir arriver Mauricio Isla, le polyvalent latéral chilien. Mieux encore aux yeux des décideurs marseillais, Javier s’inscrit à la perfection dans le « Projet Dortmund » de par sa jeunesse et son potentiel. Inaudible il y a encore quelques mois, cet argument est nettement plus parlant depuis la vente de Gianelli Imbula…

En outre, si les débats s’inscrivent dans la lignée du précédent exercice, les joueurs de côté y auront un rôle prépondérant. Un rôle dont on espère que ce nouveau casting saura prendre la mesure, et ainsi dignement succéder au dernier latéral droit ayant marqué le club, un certain César Azpilicueta.

Ses qualités 

• Techniquement, il y a un monde entre lui et Brice Dja Djédjé.
• Au niveau de la qualité de centre, là encore, Manquillo peut offrir des solutions dont nous ne disposions pas ces dernières saisons.
• Son QI foot ne peut pas être plus bas que celui de notre titulaire actuel. C’est impossible, même avec de l’entraînement.
• Il offre une présence physique souvent décisive dans les duels (il a tout de même fait ses classes dans l’Atletico Madrid de Diego Simeone)…

Ses défauts

• Peu sollicité au cours des deux dernières saisons, il devra faire preuve d’abnégation et de résistance au cœur du système Bielsa – dont on connaît l’exigence – et supporter l’enchaînement des matchs.
• « Gégé Caramba », c’était un peu notre mascotte au fond…
• Il a visiblement perdu pied dans le club le plus populaire d’Angleterre, espérons que cela ne présage pas d’un échec dans le club le plus populaire de France.

Pourquoi ne fallait-il pas le prendre ?

• Dix-huit matchs joués sur les deux dernières saisons. C’est peu.
• Il est déjà comparé à Azpilicueta. Pour autant, ce dernier, avant de venir chez nous, avait plus de cent matchs de Liga dans les jambes, et était capitaine des espoirs espagnols…
• Il ne s’est imposé ni dans la défense à quatre ni dans la défense à trois de Liverpool.
• Isla restera donc un simple fantasme.

Pourquoi fallait-il le prendre ?

• Dix-huit matchs joués sur les deux dernières saisons… C’est peu, mais c’est toujours un de plus que Lassana Diarra, et dix-huit fois plus qu’Abou Diaby !
• Parce qu’il fait partie de la liste de Bielsa depuis l’année dernière, c’est rassurant que cette liste serve enfin à quelque chose.
• Parce que grâce à lui, DDD titulaire à l’OM peut n’être qu’un mauvais souvenir.
• Aulas le voulait. Il ne l’aura pas.

Bienvenido a bordo, Javier !