Abou Diaby, le pari fou de l’OM

C’était dans l’air depuis quelques jours, c’est désormais officiel : l’ancien Gunner s’est engagé avec l’OM. Ce recrutement pourrait être considéré comme un pari insensé du fait des nombreuses blessures subies par le joueur lors de son passage à Arsenal, mais le talent ne s’efface pas du jour au lendemain et rejoindre un effectif prometteur est peut-être un bon choix pour tout le monde.

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Après voir avoir fait ses classes en Seine Saint-Denis  (au CM Aubervilliers, plus précisément), il rejoint l’INF de Clairefontaine lors de la saison 2001/2002, en compagnie d’une vieille connaissance des supporters marseillais, Hatem Ben Arfa.

En parallèle,  il joue avec les équipes de jeunes du PSG pendant les week-ends de matchs.

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Premier constat : un nouveau parisien vient renforcer les rangs de l’équipe marseillaise…

Le club de la capitale ne lui ayant pas proposé d’engagement en fin d’année, il se retrouve libre et rejoint dans la foulée l’AJ Auxerre alors entraîné par Guy Roux.

Sous ses nouvelles couleurs, il débute en Ligue 1 en 2004. Il n’a que dix-huit ans, mais on songe déjà à l’éclosion d’une future star mondiale. L’emblématique entraîneur auxerrois est alors remplacé par Jacques Santini, un technicien que le jeune footballeur  ne parvient pas à convaincre en dépit de ses évidentes qualités.

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En conséquence, il décide de quitter Auxerre en janvier 2006 afin de rejoindre Arsenal sous la houlette d’Arsène Wenger, réputé pour lancer régulièrement de jeunes espoirs dans le grand bain. Son choix semble être le bon.  

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Ses débuts sont très remarqués et son talent éclabousse le championnat de Premier League. Malheureusement l’euphorie est de courte durée. Au cours match contre Sunderland, le défenseur Dan Smith blesse Diaby sur un tacle assassin.  Le verdict est sans appel : fracture et dislocation de la cheville droite !

Immobilisé initialement pour un minimum de six mois il est finalement absent des terrains huit semaines supplémentaires et rate, de ce fait, la finale de Ligue des Champions face au FC Barcelone en mai 2006 (victoire de Barcelone, deux à un).

Anatomie de l’enfer

C’est le début d’un long calvaire pour l’ancien Auxerrois qui ira de blessure en blessure au cours des neuf années suivantes. Un vrai chemin de croix pour un joueur qui aurait dû faire partie des meilleurs mondiaux à son poste…

Malgré ses nombreux passages à l’infirmerie ou à l’hôpital, lorsqu’Abou Diaby est sur le pré et en état de jouer, tous les observateurs sont unanimes pour en faire le digne successeur de Patrick Viera : un physique comparable, une vision et un style de jeu très proches, mais avec une meilleure technique ! Un vrai joueur « box to box » comme les Anglais aiment à le dire.

Convoqué en équipe de France pour la première fois en mars 2007 (avec une première sélection face à la Lituanie), les blessures continuent cependant à le hanter et l’empêchent de s’imposer avec les Bleus. Un air de déjà vu en club, hélas ! 

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Le cauchemar dure pendant près de trois ans jusqu’à ce que son corps lui laisse enfin un peu de répit. En très peu de temps, il retrouve une place de titulaire et devient incontournable dans le onze de départ des Londoniens ! Ça peut paraître incroyable, mais lorsqu’on a autant de prédisposition pour le football de haut niveau, c’est finalement assez logique. 

En 2010 après une saison réussie (vingt-neuf matchs joués, son record), il est logiquement rappelé par Raymond Domenech pour disputer la coupe du monde en Afrique du Sud, celle dont tout le monde se serait bien passé…  Il a même l’espoir de lancer sa carrière et d’en finir avec les pépins physiques. Cependant, l’embellie touche à son terme et il ne parvient pas à se remettre de cette grave lésion à la cheville. La déferlante de plaies et de coups du sort s’acharne à nouveau sur lui. 

Pendant les quatre années qui suivent, le décompte de ses blessures est effrayant  : blessé cinq fois au mollet, quatre fois à la cheville, trois fois aux ischio-jambiers, deux fois à la cuisse, sans oublier bien évidemment le genou (arrachement du ligament croisé), les adducteurs, la hanche et une infection contractée lors d’un de ses nombreux séjours à l’hôpital. Il a même été victime d’un traumatisme crânien !  Quarante-deux lésions au total, c’est à peine croyable, mais son courage, sa détermination et sa volonté forcent l’admiration, car malgré toutes ces tempêtes lors de son périple anglais, Abou Diaby, n’a jamais renoncé à son rêve de football ! Un bel exemple pour les jeunes !

On comprend ainsi un peu mieux les risques pris par l’OM, puisque le club l’a fait signé pour deux ans avec un salaire fixe raisonnable et des primes importantes au match joué (on ne connaît pas encore les montants précis). Et puis, hormis un possible problème au pubis, les risques de nouvelles blessures semblent être très limités comme le laisse penser Renaud Longuèvre, entraîneur d’athlétisme et proche du joueur : « Il a eu des problèmes de récupération et d’insuffisance musculaire, il ne peut plus s’entraîner comme un gamin de 20 ans. Il a besoin d’un accompagnement, d’un gros travail sur tous les membres inférieurs. Mais avec toutes les investigations qu’on a pu faire ensemble, les experts disent qu’il n’a aucun problème. Je peux vous assurer qu’il a consulté des professeurs qui voient des cas beaucoup plus graves que le sien en dehors du sport ». 

Je vous invite à lire l’article ci-dessous afin de comprendre à quel point ce joueur a une énorme force mentale et qui sans cela, ne serait certainement pas à l’OM aujourd’hui, mais plutôt à la retraite. 

« Récit d’un interminable come-back » : https://arsenalfrenchclub.wordpress.com/tag/abou-diaby/

5« Arrête ton char, tu ne seras blessé que 8 mois ! »

Ses statistiques

Au bout du compte, le milieu de terrain sera apparu 166 fois avec Arsenal pour un total de 10743 minutes jouées (soit quand même près de 179 heures passées sur un terrain). Le tout pour dix-neuf buts et seize passes décisives  toutes compétitions confondues. En neuf ans de présence au club, il aura disputé en moyenne un peu plus de dix-huit matchs par saison avec un pic en 2008/2009 et 2009/2010, où il prendra quand même part respectivement à vingt-quatre et vingt-neuf rencontres. Une lueur d’espoir qui pourrait nous faire croire en un miracle possible au sein du club phocéen, qui plus est en étant suivi par l’un des meilleurs staffs médicaux en France, si ce n’est le meilleur. 

Pourquoi l’OM ?

On serait en droit de se demander pourquoi Diaby a fait le choix de retourner en France en signant à l’OM où la pression et l’impatience des supporters font souvent rage. Pourquoi prendre un tel risque et devenir éventuellement la risée d’un club réputé pour sa rudesse ?

Si on se fie aux déclarations du joueur, son choix paraît avant tout être médical. Très surprenant. Il explique néanmoins dans une interview donnée à RMC, que les garanties médicales présentées par le club phocéen ont emporté sa décision : « Tout ce qui motivait mon choix, c’était de savoir quel club allait le mieux m’assister médicalement. C’était vraiment ma priorité. J’avais effectivement d’autres propositions. J’ai eu des contacts très, très poussés avec West Bromwich. Les autres clubs avec qui j’ai également discuté me mettaient aussi dans de bonnes conditions, mais je trouvais que Marseille était mieux. ». 

Diaby fait preuve d’honnêteté, même si c’est certainement la première fois qu’on entend un joueur justifier sa destination en invoquant la qualité et les compétences d’un staff médical. Mais après tout,  pourquoi pas tant que tout le monde y trouve son compte ?

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Au reste, Marseille est un choix pertinent pour un joueur souhaitant se relancer et retrouver le plaisir des terrains : un club ayant un minimum d’ambition (même si les plus sceptiques ne se seront pas d’accord), un nouvel entraîneur prônant le beau jeu tout comme son prédécesseur, un stade refait à neuf et une météo très clémente comparée à l’Angleterre. De plus, Diaby aura la joie de retrouver un ancien partenaire à Arsenal en la personne de Lassana Diarra. Comme il le déclare, peut être en extrapolant un peu : « On  a joué ensemble à Arsenal, en équipe de France également et c’est un ami. Ça faisait partie d’un de mes rêves de pouvoir rejouer avec lui. » 

L’ancien Gunner n’arrive pas en terrain inconnu, puisqu’en plus de connaître certains joueurs marseillais, il connaît parfaitement la Ligue 1 pour y avoir joué un an et demi. Il est vrai que celle-ci a évolué en près de dix ans, mais comme il l’a mentionné, il connaît l’OM et son jeu pour l’avoir régulièrement suivi et n’aura donc aucun mal à s’adapter à son nouvel environnement.

En résumé, et même si son choix semble avant tout médical, Abou Diaby arrive dans un nouveau club où toutes les conditions sont réunies pour lui permettre de retrouver le plaisir de la compétition, et relancer une carrière qui aura été freinée par de trop nombreuses blessures, malgré un talent extraordinaire. 

La chance finit toujours par tourner et si cette dernière pouvait aller de pair avec l’OM, le joueur et le club auront réussi un mariage parfait.

On rêve un peu certes, mais il le faut bien de temps en temps…

Dr Baudot, vous êtes sûr je peux m’accroupir sans risque ?

Pourquoi Diaby ?

Limité dans son budget transfert du fait d’un déficit initial de vingt millions au terme de l’exercice précédent, et ce malgré la vente de Dimitri Payet et de Giannelli Imbula (pour un montant avoisinant les quarante millions), l’OM devait faire en sorte de recruter à bon prix en tentant des paris à l’instar de celui de Lassana Diarra. 

En fin de Bail avec Arsenal, Diaby a signé à l’OM un contrat spécifique avec un salaire fixe relativement bas et des primes importantes pour chaque match joué. Le club marseillais limite ainsi les risques avec l’international français. 

Hormis cette perspective qui pourrait devenir une belle réussite si le joueur parvenait à enchainer les matchs, il était important que les dirigeants puissent combiner jeunesse de l’effectif et expérience. Avec ce recrutement ainsi que celui de Diarra, c’est désormais chose faite. Ces deux joueurs seront écoutés et respectés dans le vestiaire et devront absolument partager leurs vécu sportif avec les plus jeunes qui ont aujourd’hui besoin d’être encadrés pour progresser vers le haut niveau.

Pari audacieux – mais investissement raisonnable – l’arrivée de Diaby permet également de reconstituer le fameux duo qui, il y a encore quelques années, promettait de devenir la plaque tournante du jeu de l’Équipe de France. Si les espoirs entraperçus en sélection venaient à se confirmer tout au long de la saison, il est possible que l’OM fasse mieux qu’un bon parcours en Ligue 1 en 2015-2016. Néanmoins, avant de rêver à des lendemains qui chantent, la route sera longue pour reconstruire une équipe sur les ruines de l’après Bielsa. Le camouflet d’hier soir face à Guingamp déçoit autant qu’il agace.

Marseille multiplie les paris, reste à savoir si la réussite sera au rendez-vous…

 Ils ont dit…

Suite à la signature de Diaby, les observateurs sont plus que dithyrambiques envers le joueur (anciens entraineurs, anciens joueurs, commentateurs) :

« Je pense que Diaby est le plus grand regret de ma carrière » @Arsene Wenger (éleveur)

« Top top player » @ Tony Pulis (manager de West Bromwich qui convoitait également le joueur).

« C’est un joueur fantastique, vraiment fantastique » @Pierre Ménès (poids-lourd du paf)

« Je ne sais pas ce qui s’est passé entre les deux parties, mais c’est un très bon élément. Il ne faut pas regarder toutes les blessures. Je crois qu’aujourd’hui c’est un joueur qui peut apporter beaucoup de choses. Surtout, il a cette envie et cette rage de prouver à tout le monde que c’est un grand joueur. Je l’ai vu plusieurs fois à l’entraînement, messieurs les dirigeants de l’OM, il faut signer Abou Diaby »  @Robert Pirès (bon copain)

« S’il est en état, l’OM aura sûrement fait la meilleure affaire de l’année, voire qu’il n’ait jamais faite […] ; je le vois faire l’Euro. S’il ne se blesse pas, vous pouvez déjà l’inscrire dans les 23. » @Guy Roux (voyant/astrologue)

Pourquoi ne fallait-il pas le prendre ?

• Dix-huit matchs joués sur les trois dernières années. C’est… comment dire ? Très peu…

• Il coûtera cher à la sécurité sociale qui a déjà un énorme trou à combler.

• Il vient pour nos médecin, pas pour nous supporters.

• Il est trop vieux pour s’insérer dans le projet « Dortmund »

• Imiter l’OL avec Gourcuff, c’est ballot…

• Y a-t-il un président de club à l’OM ?

Pourquoi fallait-il le prendre ?

• L’équipe avait besoin d’un joueur expérimenté. C’est fait avec lui et avec le recrutement de Lassana Diarra.

• Lemina est intéressant, mais n’a pas sa place dans le 11 de départ si Diaby est à 100%.

• Réussir à arracher un joueur à un club anglais est un bel exploit en ce moment…

• Parce que guy roux (http://www.maxifoot.fr/football-rss221652/om-guy.php)

• Si avec un nom comme le sien, on ne se fait pas racheter par un riche émirat, on peut d’ores et déjà se faire une raison : MLD restera au club ad vitam aeternam.

Bon retour en France Abou. Fais-nous rêver, on en a besoin !

http://www.mercato365.com/infos-clubs/marseille/abou-diaby-bonne-pioche-ou-bide-assure-1253686.s

html http://www.footmercato.net/ligue1/transferts/abou-diaby-livre-une-curieuse-explication-au-choix-om_158804

http://www.omlive.com/forum/effectif/topic30472-440.

htmlhttp://www.omlive.com/forum/effectif/topic30472-440.html

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A propos de jeanfred


Footeux du dimanche pour la gagne et la troisième mi-temps, mais aussi passionné de l'OM au quotidien, il trempe sa plume dans le vitriol des stats et fait saigner WordPress pratiquement sans assistance. Le plus tendre de tous et donc le plus féroce aussi ! Plutôt aboyant que mordant.
Article lu 4517 fois, écrit le par jeanfred Cet article a été posté dans Edito et taggé , , . Sauvegarder le lien.

4 Réponses pour Abou Diaby, le pari fou de l’OM

  1. Merci chef. 😉

  2. avatar De selfmade footix le 29 août 2015 à 21h03

    Bravo ! On croise les doigts… et tout ce qu’on peut croiser.

  3. Joli portrait ! 😉