Ou comment Frank McCourt a déjà investi 243 millions d’euros dans l’OM en un an et demi.
Quels enseignements peut-on tirer des résultats financiers de la première année de l’ère McCourt (2016-2017) ? McCourt a-t-il vraiment mis la main à la poche ? Quel impact aurait une non-qualification en Ligue des Champions en fin de saison ? Quel avenir pour le club ?
MassaliaLive vous apporte les réponses que vous ne trouverez pas dans la presse. Les siennes !
I. Analyse des comptes et résultats financiers 2016-2017
À l’instar des grands médias, nous nous sommes procuré en toute légalité une copie des comptes officiels de l’OM auprès d’Infogreffe et nous vous en proposant une lecture inédite, attendu que la presse et les principaux acteurs d’Internet se sont fait l’écho des premiers résultats de l’OM version McCourt, il y a quelques semaines.
• Qu’en est-il ressorti ?
Que l’OM avait cumulé 42 millions d’euros de pertes lors de l’exercice 2016-2017.
• Est-ce vrai ?
Oui. L’OM a bien affiché une perte de 42 millions lors de la première année de l’ère McCourt. Le plus mauvais chiffre depuis une dizaine d’années.
2014/15 | 2015/16 | 2016/17 | 2017/18 (estimation) | |
Pertes | 2 286 000 | 1 186 000 | 42 422 000 | 65 000 000 |
• Qu’est-ce que cela signifie ?
Tout simplement que l’OM a eu beaucoup plus de charges entre le 1er juillet 2016 et le 30 juin 2017 que de recettes :
– 160 millions de charges, principalement les salaires des joueurs
– 118 millions de recettes sur l’année, notamment les droits TV, les sponsors et les recettes de la billetterie.
• Au passage, pourquoi ces résultats financiers s’analysent-ils du 1er juillet au 30 juin ?
Eh bien parce que l’exercice comptable d’un club de football correspond à la saison sportive. Il débute ainsi le 1er juillet de chaque année pour se clôturer le 30 juin.
• L’OM est-il donc déjà dans la panade ?
• Franck McCourt va-t-il nous mener en Ligue 2 à l’image de ce qu’est en train de faire Gérard Lopez avec Lille ?
• Qu’est-ce que cette perte de 42 millions mise en avant dans la presse et sur Internet ne montre pas ?
Eh bien, que Franck McCourt s’est déjà investi de manière spectaculaire pour soutenir le club et lui permettre d’avancer, et pas qu’un peu !
Je dirais que s’il y a une information qui, jusqu’à présent, n’a pas vraiment été mise en lumière auprès du grand public, c’est bien le fait que Franck McCourt a clairement commencé à « mettre les sous », et même beaucoup (c’est Jean-Claude Gaudin qui va être content) !
En effet, la société Eric Soccer (société holding mise en place par RLD afin de chapeauter l’OM), rachetée par le clan McCourt en octobre 2016, a apporté dans les neuf premiers mois suivants son arrivée (soit entre octobre 2016 et le 30 juin 2017), 95 millions d’euros sur le compte courant de l’OM dans le but pour financer divers postes.
1. le mercato d’hiver
2. les pertes d’exploitation
3. une partie des dettes passées
Grâce à cet apport majeur de McCourt et malgré les dépenses importantes auxquelles l’OM a dû faire face l’an passé (masse salariale en hausse, transferts du mercato hivernal de janvier 2017), le compte en banque du club était garni à hauteur de 61 millions à fin juin 2017 contre 13 millions l’année précédente…
Par ailleurs, entre les faibles résultats financiers des dernières années Louis-Dreyfus et le déficit de 42 millions d’euros de la saison 2016-2017, les capitaux propres de l’OM étaient dans le rouge à fin juin 2017 (négatifs à hauteur de – 47 millions d’euros).
• Que sont les fonds propres, me direz-vous ?
Ils sont constitués du capital d’origine, diminué des pertes, majoré des bénéfices distribués et d’éventuelles augmentations de capital.
Les fonds propres évoluent dans le temps en fonction des mouvements de capitaux et surtout des fluctuations des résultats, bénéfices ou pertes. Dit autrement, les fonds propres, c’est l’argent des actionnaires. Si l’entreprise fait faillite pour cause de pertes importantes, les actionnaires risquent de tout perdre.
• Pourquoi mettre les fonds propre en exergue ?
Parce qu’ils sont l’indice d’une certaine indépendance de l’entreprise face à ses créanciers et parce qu’ils sont aussi souvent l’indice de sa bonne ou mauvaise santé financière.
Là encore, Frank McCourt a décidé de remédier à la situation via une spectaculaire augmentation de capital. Celle-ci, décrite dans les faits postérieurs à la clôture des comptes de l’OM arrêtés au 30 juin 2017, se serait élevée à 103 millions d’euros (prime d’émission incluse).
Arrêtons-nous une seconde sur le montant de l’augmentation de capital, car l’Équipe, France Football et de nombreux sites internet ont évoqué une augmentation de capital de 36 millions d’euros.
• Ce chiffre est-il le bon ?
Pas exactement.
Le montant de 36 millions représente en fait la hausse de capital en numéraire (c’est-à-dire au prix d’une action OM au montant nominal ou pour être plus clair au montant historique d’une action OM lors de la création du capital).
Or, l’OM a bien précisé dans ses comptes que le prix des nouvelles actions émises était trois fois supérieur au prix historique ou nominal, car le total du prix de souscription des nouvelles actions était de 103 millions d’euros.
Ce qui fait tout de même une différence de 67 millions d’euros et explique comment les fonds propres de l’OM vont normalement pouvoir repasser dans le vert en 2017-2018 ! Ainsi, selon le Procès-Verbal de l’Assemblée Générale du 29 décembre 2017, les capitaux propres du club étaient déjà positifs à hauteur de + 56 millions d’euros.
Par conséquent, la lecture de la presse se révèle au mieux rapide ou évasive, au pire, erronée ou partiale…
En réalité, Frank McCourt a apporté en tout 243 millions d’euros en à peine un an et demi, soit la somme du montant de rachat du club (45 millions), à laquelle s’ajoutent l’apport en compte courant de 95 millions lors de la saison 2016-2017 et la souscription de 103 millions d’euros liée à l’augmentation de capital en juin 2017.
Pour ceux qui douteraient de la solidité financière du bonhomme, voilà de quoi les rassurer !
Rachat du club | Apport en compte courant | Augmentation de capital | Total | |
Total des investissements réalisés par F. Mc Court début juillet 2017 | 45 000 000 | 94 900 000 | 103 008 000 | 242 908 000 |
Au vu des éléments apportés ci-dessus, il apparaît même clairement que sans les apports de McCourt, l’OM aurait connu des difficultés identiques à celles du LOSC face à la Direction Nationnale du Contrôle de Gestion et du fait des pertes de la saison 2016/2017, n’aurait jamais été en mesure de mener les transferts constatés par la suite…
II. Horizon du club à court et moyen terme
• Recettes
Ces détails précisés, tentons maintenant de comprendre de quoi ont été constituées les recettes du club entre le 1er juillet 2016 et le 30 juin 2017 afin de mieux appréhender ses perspectives.
1. Majoritairement des droits TV.
L’OM a ainsi récupéré 50 millions d’euros de droits audiovisuels en Ligue 1 (contre 49 millions d’euros l’année précédente).
2. Des ventes de joueurs.
L’OM a réalisé une plus-value de 10 millions d’euros sur la vente de ses joueurs en 2016/2017 (principalement grâce au transfert de Nkoudou à Tottenham fin août 2016), contre 49 millions d’euros la saison précédente (correspondant notamment aux transferts de Michy à Chelsea et Benjamin Mendy à Monaco).
L’absence de ventes importantes explique aussi l’échec relatif de l’exercice 2016/2017 en comparaison du précédent où Vincent Labrune avait réussi à équilibrer ses comptes en raison des ventes importantes réalisées en fin d’année, au mépris de toute ambition sportive et nonobstant des charges d’exploitation dépassant très nettement les recettes d’exploitation (là aussi)…
3. Du sponsoring
L’OM a enregistré 23 millions d’euros de contrat, notamment avec Adidas et Intersport. Les recettes sponsoring ont donc peu évolué par rapport à 2015/2016 (les partenaires en question n’ayant pas changé).
4. La billetterie du stade
Elle a généré 14 millions d’euros auxquels il faut rajouter 6 millions d’euros de prestations VIP. Ces dernières sont en forte augmentation par rapport à l’année précédente (dans doute est-ce le premier effet du duo McCourt-Eyraud).
5. Le merchandising
Il a rapporté 9 millions d’euros au club (stable par rapport à 2015/2016).
2015/2016 | 2016/2017 | |
Sponsors | 24 595 000 | 23 150 000 |
Billetterie et sièges VIP | 19 833 000 | 20 402 000 |
Plus-value transferts joueurs | 49 144 000 | 10 434 000 |
Merchandising | 9 094 000 | 9 139 000 |
Autres produits | 7 579 000 | 6 063 000 |
• Dépenses
Du côté des charges importantes auxquelles le club a dû faire face lors de la première saison de l’ère McCourt, la répartition est assez claire.
1. Salaires
C’est le poste le plus important. La masse salariale du club s’élevait à 82 millions d’euros au 30 juin 2017 (charges sociales comprises). À titre d’exemple, le salaire de Payet pour une demi-saison seulement représente environ 4 millions d’euros dans ce total (soit environ 3 %).
2. Dépenses notables
On décompte les commissions aux agents (7 millions d’euros), les frais d’organisation de match (9 millions d’euros), la subvention annuelle versée à OM Association et la formation (7 millions d’euros), ainsi que le financement d’OMTV et om.net (2 millions d’euros).
3. Restructuration globale
Enfin, le plan de licenciement lancé par Jacques-Henri Eyraud en 2017 va coûter environ 11 millions au club (ce qu’il a provisionné à fin juin 2017). Cet élément, non récurrent, n’impactera pas les résultats financiers de la saison 2017-2018.
• Quelles autres informations retirer des comptes du club ?
– D’une part que le total des acquisitions estivales 2017* a été de 58 millions, hors bonus et d’autre part, que Margarita Louis-Dreyfus – et non son fils – détient toujours 4,9 % du capital du club.
* Thauvin, Njie, Gustavo, Germain, Mandanda, Rami et Mitroglou
2015/2016 | 2016/2017 | |
Salaires | 87 433 000 | 82 485 000 |
Amortissements transferts | 12 930 000 | 12 626 000 |
Provision risques sociaux et licenciements | 11 287 000 | |
Frais d’organisation des matchs et loyer Vélodrome | 10 005 000 | 9 005 000 |
Commissions d’agents et honoraires | 9 639 000 | 7 526 000 |
Subvention OM Association et formation | 8 290 000 | 6 907 000 |
Autres charges | 32 063 000 | 31 502 000 |
2015/2016 | 2016/2017 | |
Total recettes | 159 174 000 | 118 916 000 |
Total dépenses | 160 360 000 | 161 338 000 |
III. Possibilités offertes et défis à venir
a. Peu de nouvelles recettes dans l’immédiat hors Coupe d’Europe
Même si Puma fera légèrement augmenter les recettes sponsoring dans un an, le total des recettes 2017-2018 ne devrait pas être significativement différent de celui de 2016-2017.
La fréquentation du stade est certes légèrement plus assidue que ce qu’elle était, mais ce n’est encore suffisant pour générer des produits beaucoup plus importants, d’où les négociations en cours afin de tenter de récupérer l’exploitation de l’enceinte (nous y reviendrons).
Qui plus est, les partenariats de l’OM n’ont pas évolué, sachant que le contrat liant le club à Puma ne prendra effet qu’en 2018-2019 et que celui passé avec Orange en tant que sponsor maillot s’est avéré moins important qu’attendu.
Quant aux droits TV de la Ligue 1 qui pourraient augmenter très légèrement si l’OM finissait troisième du championnat (comparativement à la cinquième place de l’an dernier), ils dépendent du parcours sportif du club et, par essence, demeurent imprévisibles.
• Combien l’OM peut-il espérer de son parcours en Europa League ?
Même si on est loin de la lucrative Ligue des Champions, l’Europa League va permettre aux Olympiens de toucher des revenus supplémentaires. À titre de comparaison, Saint-Étienne avait récupéré 13,5 millions d’euros en s’arrêtant aux seizièmes de finale de la compétition.
Nous avons sorti la vieille calculette de la rédac’ et conclu que l’OM peut déjà compter sur environ 14 millions d’euros (et ce malgré des performances moindres en phase de poules que celles de l’ASSE l’an passé).
Il y aura même 2,6 millions de plus pour peu que l’OM atteigne les demi-finales, 6,1 millions pour la finale et 9,1 millions en cas de succès ! Le club peut ainsi espérer 23 millions de gains potentiels en cas de victoire finale (hors recettes supplémentaires provenant de la billetterie les soirs de rencontres européennes).
En gardant en tête une possible élimination en quarts de finale d’Europa League, on peut donc imaginer que l’OM pourrait générer une quinzaine de millions de nouvelles recettes sur l’année 2017-2018 par rapport à 2016-2017, mais pas de quoi contrebalancer la forte augmentation que l’on peut prévoir sur les charges relatives à la même période, comme nous allons le détailler plus avant.
b. De nouvelles dépenses à assumer
– L’OM va voir ses dépenses augmenter en 2017-2018, principalement en raison des transferts estivaux de 2017 qui vont générer entre 10 et 20 millions de charges en plus sur l’exercice (amortissement des transferts réalisé sur la durée des contrats des joueurs achetés).
– On peut s’attendre à un gonflement de la masse salariale – qui était déjà de 82 millions d’euros sur 2016-2017 – suite aux arrivées de Gustavo, Rami, Mandanda, Germain, Mitroglou, Abdennour et Amavi. En réalité, la masse salariale devrait atteindre, voire dépasser les 100 millions d’euros sur l’exercice.
– Enfin le loyer du Vélodrome sera désormais de 5 millions par an contre 4 auparavant.
• Face à la forte augmentation prévue des dépenses du club et en parallèle de la faible hausse des recettes, quel sera le déficit marseillais à la fin de cette saison ?
Jean-Michel Aulas l’a évoqué assez précisément dans l’Équipe : « Que va faire Marseille avec 60 M€ ou 70 M€ de déficit ? »
• Est-ce réaliste ?
Indépendamment de l’art consommé de l’homme fort de l’Olympique Lyonnais pour détourner la pression médiatique sur ses adversaires, la réponse est malheureusement oui.
Si le dernier exercice s’est achevé sur une perte nette de 42 millions d’euros, on peut aisément envisager une perte bien supérieure cette saison avec les dépenses en hausse que nous avons détaillées. Et à moins de réaliser de grosses ventes sur certains joueurs avant le 30 juin – ou de remporter l’Europa League, issue très improbable, convenons-en – le club devra effectivement faire face à une situation complexe.
De fait, la question soulevée par JMA est cruciale pour l’avenir du club à court terme et amène d’autres interrogations plus spécifiques.
• L’OM est-il menacé par la DNCG ?
Non, et nous l’avons vu précédemment : grâce aux apports de Frank McCourt dès 2017, l’OM n’avait déjà pas été inquiété en dépit d’un déficit de 42 millions d’euros.
L’actionnaire principal ne se contentant pas de combler les pertes du club via ses différents apports, l’OM ne sera donc pas à en porte-à-faux vis-à-vis de la DNCG à la fin de la saison et aura normalement les coudées franches pour continuer ses investissements.
• L ’OM court-il des risques opérationnels à court terme, comme par exemple ne plus être en mesure de payer ses transferts ou ses dettes vis-à-vis des tiers ?
Là encore, la réponse est non. On l’a noté malgré le déficit, le compte en banque de l’OM était bien garni à fin juin 2017 et il le sera sans doute encore en fin de saison grâce aux différents apports de Frank McCourt.
À ce propos, la situation est d’autant plus claire que dans les comptes 2016-2017, le club a glissé une information capitale permettant d »annihiler d’éventuelles craintes :
« La Société a reçu le soutien financier de sa société mère Eric Soccer, via son actionnaire majoritaire […] avec l’engagement de subvenir aux besoins de trésorerie de la Société pour la saison 17/18. »
Néanmoins, on imagine mal McCourt combler 60 millions de pertes tous les ans pendant des décennies, ou remettre 100 millions sur le tapis chaque année.
L’OM va donc devoir assainir sa situation en agissant simultanément ou alternativement sur deux dynamiques.
1. trouver d’autres ressources
2. diminuer ses dépenses
Les ressources disponibles étant rares, le club doit absolument participer chaque saison à la Ligue des Champions et si possible, dès l’an prochain. Ce qui sous-entend évidemment de terminer systématiquement sur le podium de Ligue 1…
• Quel en serait l’impact ?
Sans doute pas loin de 50 millions de recettes supplémentaires (sans même parler d’un bon parcours européen), car dès la saison 2018-2019 les revenus provenant de la Ligue des Champions vont d’augmenter d’environ 40 % par rapport aux revenus actuels.
Les clubs français devraient ainsi se partager un pactole de l’ordre de 150 millions d’euros selon Jacques-Henri Eyraud dans une interview donnée aux Échos en janvier 2018.
De quoi équilibrer les comptes donc. Pour autant, et le dernier choc avec Lyon l’a démontré, rien n’est acquis pour la saison prochaine…
• Y a-t-il d’autres pistes ?
Oui, et les dirigeants marseillais doivent sans doute tabler à moyen terme sur une augmentation significative des droits TV de la Ligue 1. Le prochain appel d’offres pourrait engendrer une hausse significative de cette manne financière, mais cela ne sera pas effectif avant quelques années (2021).
Du reste, les clubs français profiteront d’ores et déjà d’un apport annuel global de 20 millions d’euros supplémentaires à partir de 2018-2019, suite à un accord annoncé par la LFP en février 2018 concernant la diffusion de la Ligue 1 en Afrique subsaharienne (en attendant d’autres accords plus juteux comme avec l’Amérique du Sud par exemple).
Enfin la direction marseillaise cherche à récupérer l’exploitation du Stade Vélodrome pour augmenter ses recettes en organisant des évènements hors OM comme des concerts, des séminaires ou des matchs de gala (équipes de France, finales de coupe), en menant des opérations couplées avec les abonnements classiques.
À titre d’exemple, en dehors des matchs de Lyon, le Groupama Stadium – Stade de l’OL – a ainsi généré pratiquement 10 millions d’euros de recettes supplémentaires pour l’exercice 2016-2017. À cela s’ajoutent des recettes de billetterie ayant permis de récupérer autour de 30 millions l’an passé rien qu’en championnat (là encore 10 millions d’euros de plus de recettes par rapport à l’OM)…
Concernant la diminution des dépenses, l’OM n’aurait pas d’autre choix que de céder certains de ses joueurs les mieux payés (citons notamment Luiz Gustavo ou Dimitri Payet tous deux à 500 000 euros mensuels, ou Florian Thauvin dont le salaire s’élève à 410 000 euros par mois). Cette hypothèse-là, relève, pour l’heure, du mauvais polar.
Pour autant, si Lyon devait passer devant l’OM en fin de saison, il faudrait absolument s’affranchir d’un scénario cauchemardesque mêlant faibles investissements sur de nouveaux cadres* et ventes de joueurs dits « bankables » tels Morgan Sanson ou Florian Thauvin.
Tout dépendra de la volonté de l’actionnaire principal, des énormes efforts déjà consentis et des sanctions éventuelles de l’UEFA…
* sachant qu’à moins de départs importants, l’OM ne serait pas réellement en mesure de proposer les mêmes rémunérations à de nouveaux éléments…
c. L’OM et le fair-play financier
• Le club doit-il réellement craindre des sanctions de la part de l’Union des Associations Européennes de Football pour non-respect des règles établies ?
Malheureusement la réponse est oui, les seuils autorisés par l’UEFA ayant été dépassés dès l’année dernière.
L’OM franchit en effet la barre de 30 millions d’euros de déficit cumulé sur les trois dernières saisons, soit le maximum autorisé (même si le dépassement se limite à 10 millions d’euros). Hélas, le pire est à venir avec la perte importante prévue pour la saison en cours (60 à 70 millions d’euros).
À court terme, c’est le vrai risque encouru par le club.
Que l’UEFA inflige une amende ou prenne de plus lourdes sanctions avec obligation pour l’OM de ne pas dépasser le déficit autorisé constitue une véritable épée de Damoclès !
Dans les faits, et si les choses tournaient mal, cela se traduirait par des ventes de joueurs comme Thauvin ou Sanson et surtout par une incapacité à investir de manière significative lors des prochains mercati (scénario catastrophe).
L’OM a bien compris le problème comme le révèlent les comptes du club :
« Compte tenu des pertes observées sur les trois dernières saisons et au regard des règles du Fair Play Financier UEFA, la Société a commencé les démarches pour se rapprocher de l’UEFA dans le but de rentrer dans un processus de Voluntary Agreement ou de Settlement Agreement. »
Si l’OM veut continuer à pouvoir investir librement l’été prochain, cet accord avec l’UEFA sera important. Et pour trouver un accord, là encore, une qualification pour la lucrative Ligue des Champions aiderait beaucoup l’an prochain afin de donner des gages de viabilité financière à moyen terme. Si jamais Lyon passait devant l’OM en fin de saison, ce serait un nouveau signe négatif à ce niveau-là.
C’est dire à quel point le match de dimanche était important…
Néanmoins, pour illustrer la situation de l’OM de McCourt, et en regard des investissements réalisés, il est évident qu’il tient bien plus du capital-risqueur aux reins financiers solides ou du fils à papa dépensier que du flambeur qui a les poches vides sans personne pour l’aider (non nous n’avons pas parlé du LOSC…).
Cependant, la situation est délicate et les enjeux réels.
1. Respecter les règles du fair-play financier européen
2. Vouloir, à terme, ne pas dépendre de son actionnaire
Pour ce faire, l’OM doit profiter des recettes de la lucrative Ligue des Champions, nouvelle formule, et/ou également commencer à réaliser une à deux ventes importantes par an (le trading joueurs semblant nécessaire si l’OM n’arrive pas à générer d’autres recettes ou à se qualifier régulièrement pour la Ligue des Champions).
IV. Les hypothèses de MassaliaLive
• Que va devenir l’OM à moyen/long terme à la lumière de ce que nous venons d’énoncer ?
Pour y répondre, nous devons aborder un point important et d’emblée, soulever une autre interrogation.
• McCourt attend-il un retour sur investissement ?
La réponse est sans doute oui. Au-delà des discours récurrents dans les médias, un élément majeur semble le confirmer dans les comptes 2016/2017 : McCourt a en effet inclus une clause de retour à meilleure fortune.
• Qu’est-ce que cela signifie pour l’OM ?
Eh bien, que lorsque le club se remettra à faire des bénéfices, il devra rembourser les apports de son actionnaire majoritaire au compte courant. En ce sens, l’OM a donc enregistré une dette de 95 millions dans ses comptes au 30 juin 2017, vis-à-vis de la société Eric Soccer (soit le montant de l’apport de Frank McCourt au compte courant sur l’exercice 2016-2017).
Par conséquent, Frank McCourt n’est pas un propriétaire philanthrope. En comparaison, feu Robert Louis-Dreyfus, puis sa veuve Margarita Louis-Dreyfus avaient bel et bien abandonné certaines de leurs créances envers l’OM, ne récupérant pas la totalité des sommes avancées pour financer les dettes et pertes du club au fil des saisons.
Jacques-Henri Eyraud avait de son côté annoncé deux exercices déficitaires à son arrivée à l’OM (en raison des investissements initiaux pour rebâtir une équipe), puis un retour à l’équilibre à partir de 2018-2019.
Eu égard à la situation financière actuelle de l’OM, on peut désormais affirmer que cette étape sera intimement liée à une participation à la Ligue des Champions.
En pratique, pour que l’OM ait les moyens financiers de ses ambitions sportives (et extrasportives), s’autofinance à terme et engendre une dynamique positive, prendre part à cette compétition constitue dès à présent une obligation absolue.
Une obligation qui nous met directement sur le chemin, du PSG, de l’ASM, et surtout sur celui de l’OL…
Du reste, Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud avaient proclamé un investissement de 200 millions d’euros sur les joueurs afin de convaincre observateurs et supporteurs.
On peut penser qu’ils vont arriver à ce chiffre lors des prochains mercati (on en serait déjà à 118 millions d’euros selon JHE), mais on voit qu’entre l’apport au compte courant (95 millions d’euros), et l’augmentation de capital décidée à l’été 2017 (à hauteur de 103 millions d’euros), que les 200 millions d’euros sont d’ores et déjà sur les comptes de l’OM.
• Quelle conclusion peut-on en tirer ?
Nous ne sommes pas devins, mais du fait des pertes prévues en fin d’année (et de l’éventuel manque à gagner lié à une non-participation à la Ligue des Champions), Frank McCourt devra très probablement remettre la main à la poche, même s’il pense sans doute récupérer tout ou partie de son investissement à moyen terme.
Un écueil définitif ? Non, certainement pas.
En effet, retirer ses billes aujourd’hui ou interrompre à brève échéance un effort initié il y a tout juste vingt mois n’aurait pas plus de sens que de sauter d’un train en marche pour rejoindre au plus vite la prochaine gare… Tout investisseur sérieux le sait.
Cela étant, et ça vaut pour pour n’importe quel club (PSG excepté), l’OM devra évoluer vite et bien, sous peine de déraillement définitif en cas d’échecs répétés…
Reste à savoir comment.
Gageons que ce sera enthousiasmant et que nous y reviendrons !
Grand merci pour la qualité de cet article !
Superbe article ! Bravo !!! Merci !!!
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Merci pour cette analyse, claire et précise. La presse sportive n est guère capable de produire un te… https://t.co/qtjNXw1KQU
Toujours une sacrée somme de boulot. Merci.