En s’imposant dans le nouveau stade de Rennes, l’OM confirme son (léger) regain de forme et son aisance à l’extérieur. De retour dans la première partie du classement, les Olympiens se prennent à rêver mieux. Faute de confirmation, les supporters attendront un peu pour rêver à leur tour…
Pourtant, que la Montanier belle…
Au coup d’envoi, Michel maintient son 4-2-3-1. Alessandrini de retour de blessure, Ocampos rejoint le banc pour le plus grand plaisir de tous. Au milieu, en soutien d’un Cabella que l’entraîneur espagnol semble avoir définitivement installé au poste de meneur de jeu, c’est de nouveau Isla – préféré à Lucas Silva – qui accompagne le monstre Lassana Diarra.
En défense, Michel reconduit son quatuor des derniers matchs. À la charnière Rekik / N’koulou s’ajoutent les latéraux Mendy à gauche, et Dja Djédjé à droite, ce dernier ayant vraisemblablement pris le dessus sur Manquillo.
Le début du match confirme l’impression donnée par l’équipe ultra-défensive de Philippe Montanier. Les joueurs rennais sont de toute évidence plus déterminés à agresser leurs homologues marseillais qu’à produire du football de qualité, et après seulement quelques secondes de jeu, Moreira reçoit le premier carton jaune de la rencontre pour une faute sur Nkoudou !
Montanier, entraîneur rennais et ingénieur en BTP
Petit à petit, Rémy fait son nid
Autant le dire tout de suite, sur le plan du jeu cette rencontre fut, à l’image du Championnat : sans grand intérêt.
En première période notamment, les erreurs techniques et les mésententes se sont multipliées. Et puis objectivement, quand Michy et la nouvelle coqueluche Nkoudou ne sont pas au niveau de leurs dernières sorties, le secteur offensif de l’OM ressemble à une belle galère. Une galère dont s’est extrait Rémy Cabella.
Auteur de prestations de plus en plus convaincantes, l’ancien Montpelliérain s’est enfin libéré du blocage statistique qui le caractérisait depuis le début de la saison. Mieux, en inscrivant son premier but avec l’OM sur une frappe détournée dès la 21e minute, il a offert un avantage important à son équipe dans un match pauvre et fermé.
À la mi-temps, les Olympiens menaient donc 1-0, malgré les nombreuses tentatives de Benjamin Mendy – porté disparu depuis plusieurs semaines – pour remettre les Rennais dans le match.
Clean sheet !
Une avance forcément insuffisante, car l’OM a encaissé cette saison plus d’un but par match en championnat. Une statistique déjà stressante en temps normal, mais qui devient susceptible de filer des crises d’angoisse quand, au retour des vestiaires, Romao est apparu sur le pré à la place d’un Lassana Diarra muselé par un marquage extrêmement serré de la part du milieu rennais, et surtout… blessé (légèrement) !
Également touché, Alessandrini a cédé sa place à Ocampos qui a pu ainsi disposer de quarante-cinq minutes pour tenter son traditionnel retourné plus ou moins acrobatique…
Bref, ce deuxième acte ne fut pas aussi dramatique que le premier (on se demande dans quelle mesure pour être franc), notamment en raison des changements rennais. Renonçant à l’aberrante frilosité érigée en dogme par Montanier depuis quelque temps, les Bretons se sont projetés plus vers l’avant, et ont enfin tenté de… jouer !
Une « tactique » qui aurait pu être payante face à la coutumière fébrilité défensive des Marseillais. Oui, mais voilà, il faut appeler un chat un chat et dire enfin que le Stade Rennais incarne « la loose ». De fait et malgré la répétition des efforts d’un Mendy décidément au fond du trou, la charnière centrale Nkoulou-Rekik, complétée par un Steve Mandanda de retour à son plus haut niveau a permis à l’OM de tenir jusqu’au bout ce résultat ! Un clean sheet dont la rareté rend bien compte de la valeur : l’OM n’a réussi cette performance qu’à quatre reprises cette saison en championnat, dont une seule fois à domicile (Troyes, 6-0).
Une anomalie et une preuve supplémentaire de la frilosité rennaise.
Ne vous enflammez tout de même pas : les Olympiens ont craint d’être rejoints jusqu’au coup de sifflet final ! Le club marseillais propose ainsi à ses supporteurs de se forger un corps d’athlète en serrant les fesses pendant les vingt ou trente dernières minutes de chaque rencontre. Une attention touchante, mais dont on se passerait bien si les joueurs faisaient le nécessaire pour évacuer tout suspense quand ils en ont l’occasion… Là en revanche, on peut rêver.
L’image même de la sérénité
Confirmer à domicile
Sur le plan comptable, cette victoire est une très bonne opération. Ce que ce cher Stéphane Guy appelle « le match de la bascule » a enfin eu lieu, et l’OM est de nouveau dans la première partie du classement. Mieux encore, selon l’expression consacrée les Marseillais « regardent désormais devant »… Une perspective à laquelle on ajoutera toutefois une condition : celle de gagner enfin à domicile. Et pourquoi pas dès ce week-end face au Montpellier de Rolland Courbis ?
La tâche n’est pas aisée tant le « Coach de RMC » est passé maître dans l’art de venir s’imposer face à l’OM, même avec l’étiquette d’outsider. Une victoire permettrait pourtant à l’OM de conforter cette nouvelle dynamique et de recommencer à compter les points le séparant des places européennes (trois en l’occurrence, c’est dire si les choses vont vite en L1)…
Faut-il préserver Lass, quitte à subir Romao ?
Sans collectif, parlons des individualités
Une nouvelle dynamique oui, mais déterminée par les prestations de certains joueurs. Le cas Mendy notamment commence à être très préoccupant.
Le latéral marseillais est de ceux qui ont le plus progressé sous Marcelo Bielsa et si l’on peut envisager que la transition d’El Loco à Michel fut plus douloureuse pour lui que pour un Alessandrini par exemple, l’ancien Havrais doit impérativement se reprendre. Alors que certains en début de saison l’envisageaient en équipe de France, il semble aujourd’hui être à des lieues du niveau international, voire même du niveau requis en L1.
Son remplaçant, Paolo de Ceglie n’a certes convaincu personne, mais Benjamin ferait bien de prendre conscience de l’inanité de ses prestations au risque de voir Manquillo dépanner sur le côté gauche de la défense olympienne !
Le cas Lassana Diarra est lui aussi angoissant. Non pas d’un point de vue qualitatif, tant l’ancien Madrilène est au-dessus du lot, mais bien sur le plan quantitatif : Diarra est indispensable à son équipe et son temps de jeu s’en ressent. Que ce soit en club ou en sélection, le milieu international enchaîne les rencontres à un rythme frénétique. Or, c’est peut-être trop pour un footballeur qui a dépassé la trentaine et qui n’a quasiment pas joué la saison dernière…
Forza Cabella !
Touché à un genou jeudi soir, il a dû sortir à la pause et si son absence n’a pas coûté de points à l’OM, nul doute qu’une belle fin de saison ne se fera qu’avec un Lass titulaire au milieu ! Une « Lass’ dépendance» qui devrait probablement pousser Michel a faire tourner ponctuellement son effectif. Face à Bourg-en-Bresse en Coupe de la Ligue par exemple.
Au chapitre des satisfactions, les performances d’Isla sont de plus en plus convaincantes. Mieux encore : aux côtés de Diarra, il a enfin commencé à rayonner. Pour preuve, en première période au Rohazon Park, et face à l’étau qui entourait constamment son partenaire, c’est lui qui a pris des initiatives. Parfois risquées ou brouillonnes bien sûr, mais souvent pertinentes puisqu’il a récupéré le cuir et lancé Cabella pour le seul but de la rencontre.
Un Cabella dont le rôle de meneur de jeu s’affirme de match en match et dont l’OM aura besoin pour cesser de dépendre de fulgurances individuelles et construire, enfin, un jeu offensif efficace et convaincant.
So long Ken ! 🙂 🙁