Le 23 septembre dernier, l’OM étrillait le Stade de Reims à l’extérieur, avec une flamboyante victoire 5-0 à la clé. Ce fut probablement l’un des matchs les plus aboutis qu’ait accompli le club depuis des années. Une force collective impressionnante renforcée par une réussite totale. Un peu moins de 5 mois se sont écoulés, et tout a changé. Au moment de retrouver les Rémois, les hommes de Bielsa sont en cale sèche depuis un moment déjà. La faute a une équipe qui ne répond plus collectivement, là où le premier Gignac venu se sublimait à l’automne.
Cette faillite a quelque chose de beaucoup plus désespérant que la perte de 2 points. Face à un has been du foot français, et sur un but inscrit par un never been du foot. On va être clairs : individuellement cette équipe a les même qualités et les mêmes limites depuis des mois. Ayew est toujours un leader mental et physique, Payet toujours mi-maestro au dessus du lot mi-fantôme mou du rectum, Gignac toujours un empoté qui court beaucoup. Morel et Fanni ne sont pas plus devenus d’horribles chèvres en quelques semaines qu’il n’étaient devenus autre chose que d’honnêtes joueurs de L1 en surrégime. C’est pour ça que les « Notes » que vous avez envie de lire ne serviraient à rien. Le premier imbécile anisé serait capable de glorifier Ayew pour mieux vomir sur tous les autres joueurs de l’effectif. On pourrait ressortir l’éternel débat sur la valeur d’un Mandanda ni coupable ni décisif. Mais en vrai, c’est vers Bielsa que tous les regards se tournent. Vous savez, l’entraîneur qui a réussi à transformer Marseille en une machine collective, à tel point que certains l’ont pris à tort pour un mage capable d’évacuer la bêtise d’Imbula ou d’alimenter le cerveau de Benjamin Mendy.
Comme depuis des semaines, l’OM a peiné à proposer quoi que ce soit en tant qu’équipe. Le but encaissé dès la sixième minute du match en est l’illustration. Sur une passivité effarante de l’ensemble du bloc équipe. Les olympiens laissent tout le temps du monde à Oniangué, probablement favorable au mariage pour tous les légumes, de placer une bonne frappe de 30 mètres. Vous savez, LE cauchemar de notre bon vieux capitaine. Et ledit capitaine, aidé par son poteau, ne se plante même pas sur le coup. Il est juste complètement abandonné par une défense immobile, qui laisse dans la foulée le sombre avant-centre adverse marquer dans le but vide. 0-1 à domicile. Il reste du temps, mais ça craint. Les carences, celles qui nous coûtent des buts, celles qui nous coûtent des points, sont globales. Et a contrario, les initiatives restent personnelles. Ici, un Payet va délivrer un caviar. Là, Ayew va faire parler sa hargne dans la surface pendant que Gignac y étalera sa maladresse. Thauvin compensera de temps en temps ses imprécisions par une activité parfois utile à l’arrivée. Cela donne quelques occasions de solistes, et une équipe transparente, démissionnaire dans l’entre jeu, et par conséquent exposée aux contres.
« El Loco » rectifie le tir à la mi-temps. Pour réveiller un entrejeu exsangue il y fait reculer le supplément d’âme Ayew, et lance Ocampos. La volonté et la justesse technique de l’argentin montrent à la classe biberon recrutée par Vincent Labrune que l’intelligence n’est pas qu’une question d’âge ou d’expérience. Ces choix s’avèrent payants : l’OM reprend le contrôle du ballon et pousse. Toujours maladroit à la finition cependant, puisque Gignac n’a été ni remplacé ni touché par la grâce. A force d’insister, les phocéens égalisent sur un tir contré de Payet, avant de prendre l’avantage grâce à la présence d’Ayew qui score de près après un air retourné ridicule de Magic Gignac. 2-1 pour l’OM. A ce moment-là, on commence à penser au retour prochain de Nicolas Nkoulou. On se dit que même avec des contre-performances à l’extérieur, prendre deux points par match ça reste une moyenne correcte. On regarde le classement dont les marseillais occupent virtuellement la première place, et on se dit qu’on a peut-être paniqué un peu. Que les trous d’air, ça arrive dans une saison, que la machine va repartir, comme elle était partie contre Guingamp en début de championnat. Sauf qu’on se goure. On a kiffé la mi-saison non pas pour les résultats mais pour le projet de jeu, et Marseille est en crise non pas de résultats mais d’identité et d’objectif sur le pré.
De la même manière que l’entraîneur mérite d’être célébré quand il fait des miracles, il est critiquable quand il se plante. Le football est peut-être aussi simple que ça. A 2-1, Bielsa désorganise une troupe fébrile avec des changements défensifs qui vont enfoncer une équipe qui recule déjà trop. L’égalisation du cadavre David Ngog à la 90éme est rageante, mais ce qui l’est davantage, c’est qu’elle était globalement méritée, les visiteurs s’étant procurés plusieurs grosses occasions. Les 3 points auraient pu relancer Marseille, on ne le saura jamais. Ce qu’on sait avec certitude en revanche, c’est que les entrées d’Aloé et Tulloma n’ont servi qu’à éloigner Ayew d’un entrejeu qu’il tenait à lui tout seul, pendant que l’autiste Imbula était occupé à perdre tous les ballons qu’ils touchait en s’obstinant à ne jamais les donner. Ce n’est pas parce que la médiocrité politicienne qui anime beaucoup de suiveurs de l’OM les incitent à souhaiter que Bielsa se plante qu’il faut se garder de le dire quand c’est le cas. Il se plante, depuis des semaines, en surestimant l’intelligence de jeu de son groupe. En maintenant sa confiance à des joueurs en méforme comme Thauvin et Gignac qui, malgré l’absence de banc, possèdent une vraie concurrence. Il se plante enfin en privilégiant à tout prix la capacité à attaquer alors que marquer deux buts n’a pas évité à Marseille de perdre à nouveau des points.
Si l’on regarde le classement, il n’y a pas le feu au lac pour l’instant. Par contre si l’on regarde les matchs ces dernières semaines, il y a de quoi se jeter à la mer depuis longtemps Et Bielsa ne peut pas récolter les louanges à juste titre tout en passant à travers la moindre critique. Mais il ne sera pas toujours là, et le problème de base, pourtant, restera le même. Des Thauvin, des Mendy ou des Lemina ne peuvent pas être propulsés titulaires à l’OM. Il ne s’agit même pas de prendre des briscards pour les encadrer ; mais simplement de cesser cette folie qui consiste à recruter des puceaux complets. Les Nkoulou, Payet, Mandanda ou Ayew qui surnagent aujourd’hui ont un minimum de vécu en L1. Pour cela, pas besoin d’avoir 36 ans. Mais c’est certainement compliqué quand on n’ en a que 20. Dans le fameux contexte marseillais, le celèbre « Projet Dortmund » est de la merde en branche, pour parler élégamment. Qui ne saurait convaincre qu’un amateur de jeu vidéo mal éclairé. Que ce soit avec Antonetti, Gerets, ou José Mourinho, Vincent Labrune ne pourra pas faire l’économie d’une remise en question de son modèle bancal. Sauf s’il veut que le club qu’il préside finisse comme le Stade de Reims.