OM (1-2) PSG : la loi des séries

Il y avait toute la mise en scène Canal à défaut de suspens. Et le « peuple Marseillais » espérait sans trop y croire un twist final du niveau de Usual Suspects (Fletcher, en fait c’était… Killer Sauzée) ou du Sixième Sens (« Je vois des gens morts… ils croient jouer au ballon, comme n’importe qui… ils ne se voient pas entre eux… »).

Mais de nos jours, le cinéma a du plomb dans l’aile, comme la L1, et ce sont les séries qui ont le vent en poupe. Et les succès du moment sont : « Throne of Games » (« Le QSG ne perd jamais» en VF, 24 loooongs épisodes pour la saison en cours) et « Massalian Horror Story » (alias « Pas de victoire à domicile pour l’OM » , 9 chapitres mortellement ennuyeux).

À un dimanche binge watching, on préférera une soirée binge drinking.

S’agissant d’un match de l’OM et plus encore d’un « clasicocorico » qui, depuis quelques saisons, cause au supporteur marseillais nausées, vomissements, aigreurs d’estomac et maux de tête, autant connaître un peu l’ivresse AVANT la gueule de bois. D’autant que la patte Thiriez, le showrunner à moustache et dentier de notre terribeul compétition, n’incite guère à l’optimisme.

Bouton lecture.

Notes (NEW)

Le Pitch

Un seul enseignement à attendre du match de nos forçats du centre au sixième poteau et du dribble compulsif : face à l’ogre capital, vont-ils sombrer dans le ridicule et subir une réfection de la rondelle, prouvant ainsi leur abyssale nullité ou bien vont-ils, comme à l’aller, se sortir les doigts de ladite rondelle et montrer qu’ils ont la capacité de jouer au foot en équipe ?


Mandanda

Mandanda

Manquillo

Manquillo

Nkoulou

Nkoulou

Rolando

Rolando

Dja DjeDje

Dja DjeDje

Isla

Isla

Diarra

Diarra

Nkoudou

Nkoudou

Cabella

Cabella

Barrada

Barrada

Batshuayi

Batshuayi

Le scénario de la première période

Tous les rebondissements sortent d’entrée de jeu. Déjà, contrairement à ce qui était annoncé, Barrada est à droite et Nkoudou à gauche. Belle feinte tactique du Machiavel des pelouses qui a dû passablement déstabiliser les pauvres Parisisens.

4© La Provence – Frédéric Speich

Ensuite, dès la deuxième minute, on apprend que les Marseillais ont oublié de mettre le réveil : Matuidi le long de la ligne de touche n’est pas attaqué. Il peut ouvrir tranquillement pour Maxwell, seul dans le dos de Dja DjéDjé, qui centre à son tour entre Rolando et Manquillo pour Ibra, dont la course parfaite lui permet de pousser le ballon au fond. Aucun de ces trois joueurs n’était marqué à moins de 1m50 !

Les ressorts dramatiques sont en place, à base de passes mal ajustées, de frappes dévissées (Barrada), de centres pour personne (DDD et GKNK), et la mécanique narrative semble implacablement en route dès la 10e, quand Di Maria part dans le dos de la défense mal alignée, mais rate heureusement le K.O. !

Dès lors, les parisiens lèvent le pied et voient venir en maîtrisant, croit-on. Isla en profite pour sonner la révolte en lançant des contre-attaques sur de grandes chevauchées (trois en vingt minutes). Le milieu marseillais s’arroge la possession de balle.

20e : belle frappe lointaine de DDD, cadrée. Trapp intervient.

21e : sur un beau mouvement collectif, David Luis renvoie dans la surface sur Barrada tout seul qui frappe… au-dessus.

26e : c’est symptomatiquement sur une chevauchée solitaire que Cabella va égaliser en tirant à travers une forêt de jambes parisiennes.

© AP Photo/Claude Paris

32e : sur un mauvais alignement de la défense, Lucas se présente seul face à Mandanda et rate le cadre.

40e : reprise de Michy sur corner, Maxwell sur la ligne est tout heureux d’être sur la trajectoire.

La paire Diarra / Isla s’impose, les latéraux apportent beaucoup. Se pourrait-il que le PSG ne maîtrise en fait plus rien ? On finit sur ce cliffhanger, la suite au prochain épisode.

Bouton pause. Direction les toilettes.

La deuxième partie et le climax

Dès la reprise, le PSG est asphyxié, poussé à la faute, commettant un nombre inhabituel d’erreurs techniques, au grand dam de Laurent Blanc. Diarra est impérial, lui et Isla éclipsent les étoiles du milieu parisien. À la 52e, la possession de balle est de 70% pour l’OM ! Mais tout cela demeure brouillon et imprécis, donc pas vraiment dangereux, à cause de mauvais choix et d’un déchet technique dommageable dans les dernier et avant-dernier gestes.

51e : Nkoudou joue trop personnel alors que Barrada est mieux placé à sa droite. Son tir passe à la Trapp.

54e : Aurier lancé par Ibrahimovic déborde à droite, mais veut rendre le ballon au suédois alors qu’il peut finir l’action seul.

60e : Gros manqué de Zlatan sur un débordement de Matuidi.

65e : Cabella oublie un partenaire mieux placé (refrain connu).

Cavani remplace Lucas bien discret à la 68e. On ne le verra guère plus.

70e : Mandanda sort de façon hésitante au devant d’Ibrahimovic, le ballon parvient à Di Maria qui marque.

_31r3354_89288780756b7cbab404d60.38653486© La Provence – Frédéric Speich

L’entrée d’Alessandrini à la place de Barrada transparent redonne un peu de tonus à l’attaque. Fletcher remplace Michy, puis Sarr entre en lieu et place de DDD pour un va-tout offensif.

89e : Nkoudou bien décalé par Cabella mais, pressé par Aurier, il déclenche un tir trop croisé frôlant le poteau parisien…

91e : Chevauchée et frappe d’Alessandrini qui passe à vingt centimètres à gauche des cages de Kevin Trapp…

Voilà, après juste ce qu’il faut de suspens et de certitudes bousculées pour faire naître l’espoir, on se quitte sur le happy end convenu, du moins si vous êtes supporteur parisien ou commentateur de Canal. La seule série interrompue ce soir, c’est celle de onze matchs sans défaite pour l’OM (qui ne gagne plus au vélodrome depuis septembre)…

MVP

Diarra 5/6 ★★★★★☆ 

Si DjéDjé ou Isla auraient pu lui disputer cette distinction pendant les quarante-cinq premières minutes, sa seconde période étincelante le replace d’office au sommet. Même Zlatan semblait hésiter à aller s’y frotter et il a muselé presque à lui seul le milieu adverse, taclant à tout va, relançant et orientant le jeu. Matuidi a souffert de la comparaison, c’est dire ! Le grand petit bonhomme du match.

1© La Provence – Frédéric Speich

Le boulet

Batshuayi 2/6 ★★☆☆☆☆ 

Je l’ai longtemps défendu, mais là, c’est difficile. Mauvais placement (Michel lui avait demandé de jouer plus bas, certes), hors jeu chronique et un nombre de ballons perdus rédhibitoire ponctuent une soirée ratée pour l’international belge.

D’accord, il est difficile de s’exprimer seul au milieu d’une défense hors-norme, surtout quand personne ne vous alimente en ballons, mais les mauvais choix de courses d’appel sont de sa responsabilité. Course vers l’intérieur quand en se rapprochant de son partenaire sur l’aile il aurait éliminé le défenseur interposé entre eux, ou à l’inverse course vers l’extérieur permettant au défenseur de s’intercaler et d’intercepter le centre.

À son crédit, il continue à faire de vrais efforts pour être plus collectif, mais avec un taux de perte de balle qui pose problème.


Le groupe

Mandanda 2.5/6 ★★½☆☆☆ 

Il a mal choisi son soir pour avoir un trou d’air. Sortie hasardeuse et hésitante sur Zlatan engageant sa responsabilité sur le second but, temps de réaction peu rassurant sur d’ autres situations chaudes. Surtout relances et dégagements médiocres, presque toujours contre-productifs (directement en touche, sur Ibra à l’entrée de la surface). Un match indigne de ses prestations explosives du mois dernier.

Manquillo 4.5/6 ★★★★½☆ 

Plein de jus et de tonus, il prend ses marques sur ce côté gauche au point qu’on voit mal Mendy retrouver sa place s’il ne resserre pas sérieusement les boulons quant à son sérieux sur et en dehors du terrain. Interventions pleines d’à-propos, bon apport offensif bloquant Aurier, Lucas invisible… Bravo !

Un point de moins quand même pour le marquage élastique sur le premier but, mais c’est toute l’équipe qui était absente au marquage sur les deux premières minutes, alors…

Rolando 3/6 ★★★☆☆☆ 

En progrès ces derniers temps, il nous a fait une rechute ce soir, avec des soucis d’alignement / couverture qui ont offert de bien inutiles situations dangereuses aux parisiens. Sans compter sa part de responsabilité sur le but d’Ibra… Bon au duel par ailleurs.

Nkoulou 3.5/6 ★★★½☆☆ 

A fait le job dans la discrétion. Pas aussi brillant qu’il peut l’être quand il le veut, mais solide. Une protection du ballon intelligente devant Matuidi lancé dans la surface, un sauvetage sur le centre d’Aurier vers Ibra comme faits d’armes.

Dja Djedje 3/6 ★★★☆☆☆ 

Une prestation schizophrénique : au four et au moulin en phases offensives, dépensant une énergie qui doit lui valoir un bilan carbone supérieur à celui de la ville de Marseille toute entière. Débordant, dédoublant, repiquant au centre pour orienter le jeu (!) quand Cabella s’excentrait, frappant de loin…

Il aurait pu postuler au titre de MVP sur ce compartiment de jeu s’il apprenait à centrer correctement. Mais avant tout, un défenseur se doit d’être irréprochable… défensivement. Or, Brice oublie Maxwell dans son dos sur le premier but et ne maîtrise pas son intervention sur le deuxième. Positif et négatif s’annulant, il reste sur la moyenne.

© REUTERS/Jean-Paul Pélissier

Isla 4.5/6 ★★★★½☆ 

Excellent ce soir, surtout en première période après le but parisien. Alternant avec Diarra les montées pour relancer le jeu vers les attaquants, perforant les lignes, coupant un nombre impressionnant de passes, il a été le deuxième poumon de l’équipe. Discret mais efficace, sa grinta a précipité le retour de l’OM dans la partie après l’ouverture du score.

Barrada 2.5/6 ★★½☆☆☆ 

Lui et Cabella ont dézonné voire permuté de façon intéressante pour l’organisation du jeu. C’est à peu près tout. Des frappes ridiculement loin du cadre. Transparent et peu influent, il a de plus manqué un but qu’il n’avait pas le droit de rater dans ces circonstances.

Nkoudou 3/6 ★★★☆☆☆ 

Comme toujours très actif mais brouillon. Pas assez altruiste mais combatif en diable… Il a mis Aurier au supplice tant offensivement qu’en bloquant ses montées. Confirme son ascension hiérarchique dans l’effectif olympien désormais pléthorique dans ce compartiment de jeu.

Cabella 3.5/6 ★★★½☆☆ 

S’il apprend à épurer son jeu des grigris superflus – passements de jambes et roulettes de frimeur – pour donner plus vite la balle à ses partenaires d’attaque, il deviendra un des cadres de cette équipe, à la façon d’un Valbuena. Il en a les facilités techniques. Jamais sa vison du jeu ne lui permettra cependant d’être un meneur de jeu à la Payet. Percutant en première, puis quelque peu éteint en seconde période.

Les remplaçants

Alessandrini

Entré à la place de Barrada dont on avait oublié la présence sur le terrain, il a apporté de l’envie, de la combativité. Mais son complexe du sauveur qui le pousse à vouloir systématiquement tenter l’exploit personnel plutôt que de jouer avec et pour les autres lui fait toujours faire les mauvais choix. À peine de retour et déjà lassant…

Fletcher

A dû toucher deux ballons, dont un de la tête en faisant faute pour l’obtenir. Isolé comme Michy en pointe, il n’a pas eu le temps de montrer grand-chose.

Sarr 

A trop peu joué pour montrer quoi que ce soit.

L'environnement

L'adversaire 4/6 ★★★★☆☆ 

L’équipe presque type, Rabiot remplaçant Verratti, a globalement maîtrisé les débats. Poussés à jouer plus bas qu’à l’accoutumée, à abandonner la possession de balle, à déjouer quelque peu et perdre des ballons inhabituels, les leaders incontestés du championnat n’ont quand même jamais semblé réellement en danger. Et à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

Au sein de l’armada, on distinguera encore et toujours Zlatan, qu’on annonce régulièrement carbonisé mais qui, replacé plus en pointe depuis que Di Maria prend le jeu à sa charge, fait preuve d’une efficacité toujours aussi redoutable, et Thiago Silva, le boss de fin de niveau qu’on peine à passer.

L'arbitre 4.5/6 ★★★★½☆ 

Pas grand-chose à reprocher à M. Buquet, bien aidé par l’état d’esprit exemplaire des vingt-deux acteurs. Quelques petits oublis sur des fautes vénielles. Il s’avère par contre que la touche amenant le second but était bien en faveur du PSG.

Supporters 5/6 ★★★★★☆ 

Une seule supplique sur une banderole en virage : « ne nous faites pas honte ! »

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Souhait exaucé par nos joueurs, passé les dix premières minutes. Et de fait, même après le but, les encouragements n’ont jamais cessé et quand les ogres Parisiens ont été bousculés le Vél’ a résonné comme aux belles heures. Des applaudissements à la fin pour saluer les efforts de l’équipe. Quelques crétins jetant des projectiles sur les corners, mais rien de bien grave.

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A propos de selfmade footix


Artiste sur le terrain, viril mais correct dans la vie. Ou le contraire, ça dépend. Amoureux de la vie, de l'amour, du beau jeu et de l'amour du beau jeu. Accro aux parenthèses et autres digressions. Loisir : Lapins crétins spotting sur les pelouses de France et de Navarre.
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