OL – OM, fin de série

Beethoven s’était arrêté à neuf, et après lui Schubert, Dvořák, Bruckner et Mahler. Pour s’éviter le risque d’une peu glorieuse défaite à domicile contre Lens, l’OM a préféré éviter de défier la malédiction en s’arrêtant à huit.

Contexte

Ce ne fut pas évident, car il fallut pour cela acheter le poteau, l’arbitre, marabouter Gignac et ‘démarabouter’ Gourcuff, blesser Morel et Dja Djédjé et faire suspendre deux joueurs essentiels contre Paris. Qu’on se le dise : si c’est la fin d’une série, l’OM n’est pas en mode soldes et n’est pas vraiment passé à côté de la rencontre. En revanche, il va falloir réagir vite pour ne pas laisser le doute s’installer.

L’avant-match exhalait une odeur de tactique. Dja Djédjé en avait parlé dans son interview, les Lyonnais en parlaient. Fournier savait comment contrer l’OM et Bielsa préparait la contre-contre-offensive pour juguler le 442 belliqueux de l’équipe de la troisième ville de France. La réponse du tacticien argentin était diabolique : repasser en 3331, donc revenir à la formule qui avait amené l’OM à un point au bout de deux journées de championnat en abandonnant celle qui lui avait ensuite permis d’aligner huit victoires consécutives. Cela afin d’endormir la méfiance adverse, de bloquer l’axe aux attaquants Lyonnais en passant par les ailes en phase offensive.

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Première période, un combat tactique et un combat tout court

Le match débute par un pressing de fou des joueurs lyonnais. Pendant cinq minutes, les Marseillais ne voient pas le ballon. Lyon joue très haut, gêne considérablement la relance, y compris celle de Mandanda. Bien que prévenus, les Marseillais semblent un peu surpris et ne se trouvent pas. Mendy et Dja Djédjé ont du mal à gérer leur différence de positionnement.  La première offensive marseillaise n’a lieu qu’au bout de six minutes et il faut en attendre quinze à vingt pour voir l’OM mettre la tête hors de l’eau. Ce qui est réconfortant, c’est que les Lyonnais, s’ils empêchent les Marseillais de jouer, ne se créent pas d’occasion nette, malgré une bévue de Mendy qui rate le ballon dans sa surface.

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Le jeu se rééquilibre, tout en se poursuivant à un rythme très élevé, mais les joueurs des deux camps ont un peu de mal à suivre techniquement et commettent de nombreuses fautes, déclenchant des coups francs généralement fort mal tirés par Gourcuff, Payet ou Thauvin dans les gants du gardien adverse, et quelques cartons jaunes, mais surtout, eux, pour les joueurs marseillais. Dès la huitième minute avec Morel, qui sait à ce moment qu’il ne jouera pas contre Paris.

La première grosse occasion est marseillaise suite à une superbe ouverture dans l’intervalle qui élimine quatre Lyonnais d’un coup, un bon travail de Payet, Ayew enroule une frappe que Lopes va chercher. Dans la minute suivante, Bedimo, du bras, bloque Thauvin dans la surface, mais le ballon n’ayant pas touché le bras en question, Jaffredo ne siffle logiquement pas de penalty.

Dans un choc, Tolisso démolit Dja Djédjé, qui sort sur une civière et est remplacé par Lemina, puis Thauvin rate une reprise de volée sur un excellent centre de Mendy. À la 39e minute, c’est Morel qui est à la réception d’une belle action collective lyonnaise, puis Mendy qui trouve le genou de Lopes. À la mi-temps, on se dit qu’on a peu vu Imbula, marqué par Gourcuff, qui rate ses coups francs, mais fait un match efficace en neutralisant le dynamiteur marseillais.

Deuxième période, dominer n’est pas marquer

La  deuxième période s’ouvre sur un ballon relâché par Mandanda, heureusement sans danger. Romao, auteur par ailleurs d’un match plus que solide, se chauffe avec Lacazette, très bon, lui aussi.À la 53e minute, Lopes repousse un tir de Gignac. À ce moment du match, l’OM est dans un temps fort d’une très grande qualité. Jeu à une touche, possession, occasions qui s’enchaînent, Lyonnais dépassés, on pense que les Marseillais vont ouvrir le score tant ils semblent irrésistibles. On se croirait dans une rediffusion du match contre Reims. Mendy trouve le poteau alors que Lopes, pour une fois, était battu, puis Gignac trouve le hors-jeu. L’OM a retrouvé son positionnement habituel et ça se sent dans les automatismes et le jeu. Ayew, peut-être le Marseillais le plus en vue avec Mendy, sollicite à nouveau Lopes, qui, bien que pris à contre-pied, repousse le ballon.

Andre AYEW

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Deuxième période, la fin des haricots

Les Lyonnais, qui n’ont pas vu le ballon depuis un bon quart d’heure, enchaînent un mouvement brillant ; à la conclusion de l’action, Lacazette sert Gourcuff, qui efface Imbula, rappelle à Mandanda le temps où il avait des kilos en trop et ouvre le score.

On se dit que ce n’est pas rédhibitoire, au vu de la domination marseillaise. Il n’en est rien, car ce but désorganise l’OM. Peu habitués à devoir courir après le score, les Marseillais se trouvent dès lors plus difficilement et la rentrée d’Alessandrini pour Morel n’y change rien. Ils produisent quelques rares bon mouvements, mais se heurtent à une défense lyonnaise alors très regroupée et agressive et prompte à déclencher des contres très rapides. Thauvin aurait pu à nouveau bénéficier d’un penalty, mais deux penaltys sifflables ne font pas un penalty sifflé. De plus, Ayew récolte un carton jaune qui, comme Morel, le prive du déplacement à Paris et de ses après-matchs sympathiques. Côté marseillais, la volonté y est toujours, mais la coordination y est moins ; il se crée des espaces entre les lignes. Ultime signe que ce n’était pas le match de l’OM, Mandanda, après avoir livré un match très moyen, réalise sa première parade, anecdotique, dans la dernière minute du temps additionnel

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Pourquoi il faut être optimiste

Parce que l’OM est défait après s’être procuré, et de loin, les meilleures occasions, a su reprendre le dessus tactiquement face à l’OL après un début de match difficile, n’a pas abdiqué et est encore leader du championnat.

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Pourquoi il faut être méfiant

Parce que ce match montre ce qui peut arriver quand l’OM se retrouve confronté à un adversaire opposant un pressing très haut (heureusement que les attaquants lyonnais ont été maladroits), que l’équipe n’a pas su réagir tactiquement quand elle a été menée, s’irritant et attaquant sans garder sa cohérence, que l’OM doit absolument battre Lens et éliminer Rennes pour retrouver une spirale de confiance vertueuse.

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Article lu 3448 fois, écrit le par fourcroy Cet article a été posté dans Compte-rendu et taggé , , , . Sauvegarder le lien.

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