Début des 8es de finale avec pour commencer une qualification tranquille pour l’Allemagne, et celle de la Norvège au bout d’un match intense et fabuleux face à l’Australie, conclu aux tirs au but. L’Angleterre imite l’Allemagne point par point dans un match surréaliste, et nos Bleues sortent le Brésil au bout de 120 minutes plus que difficiles…
Grenoble – Stade des Alpes – 17 988 spectateurs
ALLEMAGNE 3 – 0 NIGERIA
Les championnes olympiques 2016 avec Dzsenifer Marozsan de retour (sur le banc au coup d’envoi, elle n’aura pas à en sortir) affrontent les championnes d’Afrique, orphelines de leur star Asisat Oshoala, blessée, un coup très dur pour les Super Falcons.
Le match débute sous une intense chaleur avec une grosse occasion pour Lina Magull qui se retrouve seule devant le but adverse sur un coup-franc tiré de la gauche, mais elle se fait contrer (5’)… Un feu de paille, car le quart d’heure qui suit endormirait le plus dur des insomniaques. L’Allemagne domine, multiplie les corners, mais joue tous ses coups à l’envers… Et c’est pourtant sur un corner que la situation se débloque : Alexandra Popp, idéalement placée devant le but aux 5,50m, n’a même pas besoin de sauter pour dévier joliment le ballon au fond de la tête (25’, 1-0)… Un beau cadeau pour sa 100e sélection !
On pense que ce but va animer les débats et réveiller le Nigeria. Mais pas le temps. Quelques instants plus tard, la VAR intervient et sanctionne une faute de Nwuabuoku sur Magull (la Nigériane a pris le genou de l’Allemande pour le ballon) : pénalty ! Sara Däbritz transforme en coin (26’, 2-0)…
Les Nigérianes ont pris un coup sur la tête et ont du mal à la sortir de l’eau. Mais après une reprise acrobatique non cadrée de Huth (42’), elles se ressaisissent et poussent fortement dans les cinq à six dernières minutes de cette première période. En vain. À la pause, la NationalMannschaft a un très gros pied en quart de finale sans s’être beaucoup fatiguée, au bout de 45 minutes assez ennuyeuses et sans véritables occasions de buts…
La deuxième période commence sur un meilleur tempo, avec un Nigeria qui pousse d’entrée et se crée deux grosses occasions. Tout d’abord, un débordement d’Ajibade à gauche suivi d’un centre devant le but que Oparanozie, trop courte, n’arrive pas à reprendre de très peu (50’) ! Deux minutes plus tard, c’est l’autre attaquante, Ihezuo qui reprend un corner de la tête, mais sans cadrer (52’)… La chance du Nigeria est passée… L’Allemagne met alors le pied sur le ballon et reprend le contrôle du match. Popp effectue une talonnade en pleine course, toute d’intelligence, pour Gwin qui tire des 18m, mais ne cadre pas (58’)… Un bon centre plongeant de la Lyonnaise Simon (entrée après la pause) oblige la gardienne Nnadozie à dégager du poing (62’)… Puis c’est Gwinn qui déborde de l’autre côté et centre bien, une tête nigériane parvient à repousser le danger (65’)… Martina Voss-Tecklenburg fait entrer en jeu Lena Oberdorf, et c’est un peu une classe biberon allemande sur le terrain avec elle (17 ans), Gwinn (20 ans), Schüller (21) et Bühl (18)… Cela n’empêchera pas – bien au contraire ! – les Allemandes d’inscrire un 3e but. Un ballon perdu par les Nigérianes revient sur Lea Schüller qui frappe en première intention des 16 m et trompe brillamment Nnadozie (82’, 3-0)…
Le match se termine après une belle frappe enroulée sur coup-franc de la Guingampaise Désirée Oparanozie qui frôle la barre transversale de Schult (90+1’).
L’Allemagne se qualifie pour les 1/4 de finale en triomphant à sa main, avec maîtrise et efficacité, et en continuant à garder ses cages inviolées ! C’est la 7e fois en 7 participations que la Frauen NationallMannschaft rejoint (au minimum) ce stade de la compétition.
Lea Schüller (n°7) inscrit le 3e but de l’Allemagne, son 9e en 16 sélections.
Joueuse FIFA du match : Alex Popp (Allemagne)
Meilleure joueuse allemande : Alex Popp
Note global pour l’Allemagne : 6
Meilleure joueuse nigériane : Okobi
Note globale pour le Nigeria : 4,5
Note du match : 5,5
Qualifiée : ALLEMAGNE. Elle rencontrera en 1/4 le vainqueur de Suède-Canada.
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Nice – Allianz Riviera – 12 229 spectateurs
NORVÈGE 1 – 1 AUSTRALIE
4 tab 1
Que les absent/es ont eu tort, et que les présent/es se sont régalé/es ! Norvégiennes et Australiennes nous ont offert lors de ce deuxième 8e de finale un match somptueux, le plus beau jusqu’ici de ce mondial. Deux sélections multipliant les occasions, se rendant coup pour coup et jouant tous les coups à fond (quelle intensité !) dans un match qui ne pouvait qu’aller au bout de la nuit, en prolongation, puis aux tirs au but…
Dans un stade de l’Allianz Riviera même pas à moitié rempli et fortement pro-Australie (et à la pelouse toujours magnifique), les 22 protagonistes attaquent le match sans round d’observation. Ça va à 100 à l’heure, et ce sera ainsi jusqu’aux tirs au but !
On joue ainsi depuis 30 secondes seulement que Sam Kerr, trouvée dans la surface norvégienne sur la gauche, frappe juste à l’extérieur du poteau (1’)… La Norvège réplique par Risa des 18m, trop croisé (3’)… L’Australienne Raso déborde à gauche, repique dans la surface et frappe, Hjelmseth la gardienne bloque bien (6’)… Hansen – qui sera la superstar du match – part balle au pied comme elle adore le faire, crée une brèche dans la défense des Matildas, ouvre à gauche, mais personne n’a eu le temps de suivre (7’). Hansen va parfois trop vite pour ses coéquipières ! En attendant, tous les ballons norvégiens passent par elle, omniprésente… Côté australien, Kerr reprend à côté un centre de Yallop (13’)… Le ballon file d’un but à l’autre… Hansen centre, Van Egmond dégage (14’)… Mjelde doit concéder un corner devant la menace de Kerr, et sur celui-ci, Hjelmseth doit s’y prendre à deux fois pour bloquer (15’)… Hansen récupère le ballon dans la surface adverse, mais croise trop son tir (19’)… Un contre australien se conclue par un centre mal dosé de Yallop destiné à Kerr (21’)… Dans la minute suivante, un très bon centre de Saevik est bloqué par Lydia Williams (22’)… Nos têtes tournent à droite, à gauche, à droite, à gauche pour suivre les attaques, pour un peu on se croirait à un match de tennis ! On retrouve Hansen qui tire de l’angle droit de la surface, trop croisé (25’)… On change de côté : Raso s’enfonce bien dans la surface, mais vient buter sur Hjelmseth (29’)… La capitaine norvégienne et de Chelsea Maren Mjelde nous gratifie d’un somptueux geste défensif dans sa surface devant Kerr (31’)… Puis arrive un contre norvégien : une passe en profondeur pour Isabell Herlovsen qui se fait la malle entre Kennedy et Catley avant de fusiller Williams (32’, 1-0) !
Dans les minutes qui suivent, les Norvégiennes jouent un peu plus bas, laissant venir les Australiennes, et préférant partir en contres avec la vitesse ravageuse et les dribbles meurtriers de Hansen. Celle-ci nous offre un fabuleux déboulé qu’elle conclue par un tir dévié en corner (38’) ! Sur celui-ci, Moe Wold reprend de 25m, à nouveau contré en corner (39’). La défenseure de Lilleström récidive, encore contrée, encore corner (40’) ! Les Norvégiennes accumulent les coups de pied de coin espèrent faire le break, mais sur un centre de la droite de Kerr, Thorisdottir repousse le ballon du bras, et l’arbitre siffle pénalty pour l’Australie (42’) ! Mais après consultation de la VAR, elle annule sa première décision sous la bronca du public. À juste titre semble-t-il, car en revoyant les images, la faute parait évidente et volontaire…
Cette superbe première période s’achève après une sortie de Williams dans les pieds d’une (encore une fois) excellente Guro Reiten…
La deuxième période repart sur les mêmes bases un peu folles… Beau une-deux Raso-Kerr, mais la première ne cadre pas (50’)… Centre fort au deuxième poteau norvégien de Logarzo que Foord échoue à reprendre de peu (52’)… Superbe contre norvégien avec Hansen à la baguette qui, servie à droite, entre dans la surface et frappe sur Williams, parfaitement placée (56’) ! C’était une grosse occasion… Foord, dos au but, se retourne et tire en pivot, contrée, corner. Sur celui-ci, la reprise de la tête de Kerr est bien bloquée par Hjelmseth (58’)… Dans la minute suivante, un but est refusé à Kerr pour hors-jeu (59’)… Puis Hansen adresse un très bon centre devant le but, Herlovsen est devancée in extremis (61’)… On retrouve Hansen, magnifiquement servie par Sævik, qui butte encore sur une Williams décidemment en verve (64’)… Logarzo, au milieu d’un paquet de joueuses sur corner, voit sa frappe s’envoler au dessus du but norvégien (65’)… Alors qu’il reste moins de dix minutes à jouer, l’Australie égalise : un corner tiré de la droite par Elise Kellong-Knight surprend tout le monde et va directement au fond (83’, 1-1).
Tout est à refaire pour la Norvège, alors que les Matildas reprennent espoir. Mais ce sont pourtant les premières qui sont à deux doigts de tuer le match. D’abord par Reiten, à un cheveu de reprendre un joli centre de Utland (87’), et surtout par cette diablesse de Hansen dont la sublime frappe enroulée de la gauche de la surface vient frapper le poteau gauche d’une Williams battue (90+2’) !
Le public, chaud comme la braise, ne peut qu’être ravi de se voir offrir 30 minutes supplémentaires d’un tel match, puisque c’est l’heure de la prolongation… Il ne sera pas déçu… Les deux équipes continuent à jeter toutes leurs forces dans la bataille, mais à ce jeu les Norvégiennes semblent les plus fraîches, mais aussi les mieux organisée tactiquement, au jeu aussi quelque part plus intelligent. Quant à Caroline Hansen, non seulement elle ne fatigue pas, mais elle monte encore sa performance d’un cran ! Elle est partout et laisse ses adversaires sur place sur chaque prise de balle, chaque dribble chaloupé (quelle élégance !), chaque course… Pourtant, l’Australie se créée les premières opportunités : Kerr file au but, tombe dans la surface après s’être heurtée à Thorisdottir, mais l’arbitre ne bronche pas (92’)… Centre de Logarzo que Kerr, encore elle, ne peut reprendre (92’)… La Norvège réplique avec un une-deux Hansen-Reiten et un tir de la première de l’intérieur de la surface dévié en corner (93’) ! C’était chaud… La future star du Barça (Wolfsburg pleurera-t-il des larmes de sang d’avoir perdu Hansen ?) part en contre, frappe de l’entrée de la surface, Williams sort une grosse parade (99’) ! Quelques minutes plus tard, Utland part au but et Kennedy la retient en position de dernière défenseure juste avant la surface. L’arbitre n’hésite pas : carton rouge (104’) ! Sur le coup-franc qui s’ensuit – 16m dans l’axe – la spécialiste en la matière Maren Mjelde croit trouver la lucarne, mais Williams fait un superbe arrêt (105’) ! Peu avant le changement de côté, Risa, de 30m, trouve la transversale de cette même Wiliams (105+1’)… Puis Utland rate sa tête plongeante (105+2’)…
Les Norvégiennes ont fini cette première partie de prolongation très fort, elles vont confirmer en campant dans le camp australien, multipliant les occasions… Tir de Maanum non cadré (106’), frappe de Hansen des 18m trop croisée (110’), tir de Engen contrée en corner (114’), Utland reprend un corner, ça frôle le poteau de Williams (119’), Hansen tente encore sa chance des 18m, Williams bloque (120’)… La prolongation se clôt sur ce score de parité (1-1) et sous les ovations méritées d’un public enthousiaste.
C’est alors la toujours cruelle épreuve des tirs au but… Il n’y a quasiment pas de suspense. Les Australiennes, qui tirent en deuxièmes, ratent leurs deux premières tentatives (Kerr au dessus, Gielnik arrêté par Hjelmseth), tandis que Hansen, Reiten et Mjelde ont parfaitement transformé les leurs, permettant à la Norvège de mener 3 tab 0. Catley redonne un mince espoir aux Aussies, mais la première balle de match pour Ingrid Engen est la bonne ! La Norvège l’emporte au bout d’une partie remarquable survolée par une Caroline Hansen de gala. Mais il faut aussi louer le match de ses coéquipières Herlovsen, Reiten et Mjelde (celle-ci maîtrisant une Sam Kerr assez décevante), en tous points parfaites. En face, gros match de Lydia Williams.
I-rré-sis-tible ! Caroline Hansen a montré à l’Allianz Riviera pourquoi elle est l’une des meilleures joueuses au monde.
Joueuse FIFA du match : Caroline Graham-Hansen (Norvège)
Meilleure joueuse norvégienne : Hansen
Note global pour la Norvège : 8
Meilleure joueuse australienne : Williams
Note globale pour l’Australie : 7,5
Note du match : 8
Qualifiée : NORVÈGE. Elle affrontera en 1/4 l’ANGLETERRE.
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Valenciennes – Stade du Hainaut – 20148 spectateurs
ANGLETERRE 3 – 0 CAMEROUN
Match quelque peu surréaliste à Valenciennes entre une Angleterre sûre de sa force et un Cameroun quasi repêché par miracle lors du dernier match de poule. La raison ? Un but accordé aux Anglaises et un autre refusé au Cameroun pour hors-jeu après intervention de la VAR. Certes, l’Angleterre menait déjà 2-0 lors de ce deuxième incident, mais ce but inscrit dès les premières minutes de la deuxième période pouvait relancer le match et remettre les joueuses africaines dans la rencontre…
Avant cela, les Three Lionesses avaient dominé les 45 premières minutes de la même manière que les Allemandes la veille face aux championnes du monde nigérianes : sans génie, avec sérieux et réalisme, et au bout de cette première période le même score, 2-0.
La première occasion pour les Anglaises est la bonne. Grosse erreur de la gardienne Ndom qui prend à la main une passe en retrait de près d’une défenseure. Coup-franc indirect sur la ligne des 5,50m donc, et les 11 Camerounaises alignées sur leur ligne de but. Pas de quoi effrayer Mrs Free-Kick, la capitaine Steph Houghton qui trouve le trou de souris nécessaire pour ouvrir le score (14’, 1-0).
Quelques minutes plus tard, un bon mouvement Kirby-White place Toni Duggan en bonne position pour tenter un lob qui ne passe pas loin du cadre (21’)… L’Angleterre continue de dominer largement. Le Cameroun doit se contenter d’un coup-franc que Enganamouit envoie dans les nuages (31’)…Les Anglaises attaquent systématiquement par leur côté droit qui sera celui de Lyon la saison prochaine (Bronze-Parris). À quelques minutes de la pause, le Cameroun ne possède que 59% de réussite dans ses passes, beaucoup trop insuffisant à ce stade pour espérer quelque chose. Mais il montre un peu le bout de son nez dans les derniers instants de cette première période, sans grand danger pour la défense anglaise cependant. Et coup du sort lorsque dans le temps additionnel, Bronze sert Ellen White sur un plateau entre deux défenseures camerounaises. La future attaquante de Manchester City ne se fait pas prier et trompe Ndom (45+3’, 2-0). Le but est validé après contrôle de la VAR.. Les Camerounaises, réclamant un hors-jeu, renâclent à reprendre le jeu, très mécontentes de la décision, mais le font finalement après une longue interruption et sous le commandement de leur capitaine Onguené. La mi-temps est sifflée sur ce premier incident…
La 2e période a débuté depuis trois minutes seulement quand se produit un nouvel incident, évoqué déjà en introduction. Onguené effectue un superbe centre en retrait que Ajara Nchout reprend parfaitement, ne laissant aucune chance à Karen Bardsley (48’)… Mais le but est refusé pour un hors-jeu plus que contestable. Les Lionnes indomptables sont furieuses ! Nchout perd ses nerfs, hors d’elle, puis pleure, Ajangue est au bord des larmes elle aussi. Une fois de plus, Onguené, en capitaine exemplaire, garde son calme et tente d’apaiser ses coéquipières et de les ramener à la raison. L’interruption de match est longue, puis le match reprend après ce second épisode incroyable…
Taokounda profite d’une erreur de Greenwood, mais bute sur Bardsley (53’)… Le public, qui a pris fait et cause pour le Cameroun, siffle stupidement les Anglaises qui n’y sont pour rien… Le match donne l’impression d’être prêt à basculer dans la folie… et il tombe définitivement du côté anglais. Corner de la gauche de Duggan, Alex Greenwood reprend du gauche à hauteur du point de pénalty (58’, 3-0)…
Les Anglaises sont libérées et ne passent pas loin d’un 4e but lorsque White lobe Ndom, mais le ballon file hors cadre (62’), puis à la suite d’un énorme cafouillage devant le but adverse après une faute de main de Ndom (69’), laquelle se couche bien sur un centre de Parris (80’). C’est ensuite Taylor qui devance Ndom de l’extérieur du pied, mais Johnson revient et sauve in extremis (82’). Cependant, les Nigérianes sont loin de baisser les bras et vont jouer leur va-tout dans les sept minutes de temps additionnel en se créant pas mal d’occasions jusqu’à la fin, mais pêchent à la finition.
L’Angleterre se qualifie comme l’Allemagne, même sorte de match (les incidents en plus), même score. Il faudra montrer plus et mieux contre la Norvège en quart.
Le Cameroun sort avec les honneurs et sûrement un drôle de sentiment au cœur, même si leur défaite ne souffre d’aucune contestation possible.
La grande Jill Scott, 18 matchs de CdM, record anglais battu !
Joueuse FIFA du match : Steph Houghton (Angleterre)
Meilleure joueuse anglaise : Jill Scott (qui jouait son 18e match en phase finale de CM, record anglais tous sexes confondus).
Note global pour l’Angleterre : 6
Meilleure joueuse camerounaise : Nchout
Note globale pour le Cameroun : 5
Note du match : 5,5
Qualifiée : ANGLETERRE. Elle affrontera en 1/4 la NORVÈGE.
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Le Havre – Stade Océane – 23 965 spectateurs
FRANCE 2 – 1 BRESIL (ap. pr. 0-0, 1-1)
Nul besoin d’attendre la canicule promise à partir de ce lundi pour ne plus arriver à respirer ce dimanche soir au Havre et devant les postes de télévision ! La faute à un bon Brésil et à une équipe de France balbutiant une fois encore son football. Il fallut attendre plus de deux heures d’un match ultra crispant pour être libéré d’un gros poids qui nous oppressait. Tudieu, que cette qualification aura été arrachée aux forceps ! Il n’est de belle victoire que dans la douleur, dit l’adage. On s’en serait passé. Bien sûr, en tant que supporter des Bleues on se réjouit de les voir éviter la véritable catastrophe qu’eût été une sortie dès les 8es de leur mondial, mais permettez à l’auteur de ces lignes d’avoir une pensée très émue sur celle de ces légendes du football que sont Marta – la plus grande joueuse de l’Histoire -, Cristiane (sortie blessée) et Formiga, le trio qui sut me convertir au football féminin lors de la CM 2007, puis des JO 2008…
On attendait et espérait un festival de beau football comme tant de France-Brésil nous en ont réservé chez les garçons (1958, 86, 98, 2006). On tomba de haut. Face à une Selaçao au complet et résolument offensive, les Bleues ne cessèrent de patiner dans la semoule. Ce sont elles pourtant qui obtiennent vite deux corners, mais à chaque fois la très solide Barbara s’impose, soit en captant, soit en bloquant (3’ et 5’). Le premier tir de la partie est pour Marta, des 18m, non cadrée (9’). Juste avant, Majri, puis Le Sommer sont venues s’empaler sur la défense brésilienne au lieu de passer le ballon (8’). Asseyi se bat (beaucoup défensivement), et Diani commence à faire parler sa puissance. Elle obtient un bon coup-franc à 30m dans l’axe après une belle percée. Henry le tire au dessus (11’)… Debinha répond par une frappe des 16m, Renard la contre, corner sur lequel s’impose Bouhaddi (15’)… Les Bleues pensent ouvrir le score au mitan de cette première période. Diani se joue de Tamires et adresse un centre aérien. Gauvin se jette, reprend de la tête, se heurte à Barbara et à Kathellen et le ballon file au fond. L’avant-centre du MHSC et la gardienne de Kindermann-Avai restent au sol, sonnées… L’arbitre doit consulter la VAR et décide d’annuler le but… alors que les ralentis montrent que le but aurait pu (dû ?) être accordé…
Le match ne décolle toujours pas. Sur un coup-franc de la droite de Bussaglia, Renard ne parvient pas à remettre de la tête (32’)… Tandis que le public étale sa bêtise chauvine en huant systématiquement (et jusqu’au bout de la rencontre) chaque intervention de la pauvre Barbara – pour rien dans l’annulation du but de Gauvin, et elle-même bien secouée -, Bouhaddi doit sortir au pied devant Tamires (33’)… Renard prend un carton jaune justifié pour une grosse semelle sur Debinha (35’). Le match est très tendu, nerveux, heurté. Sur un corner concédé par Torrent devant Marta, une belle tête croisée de Cristiane est bien bloquée par Bouhaddi (38’)… De l’autre côté, Asseyi glisse au moment de reprendre dans la surface un centre de Majri (39’)… Puis Bouhaddi se met à nouveau en évidence. Suite à une erreur de M’Bock, Cristiane récupère et tire angle fermé au premier poteau. Parade de la gardienne des Bleues qui dévie en corner (44’) ! Au tour ensuite de Tamires de récolter un jaune pour antijeu sur Asseyi qui avait pris le dessus. Dans la foulée, Bussaglia sert idéalement Majri à gauche dans la surface, mais la Lyonnaise rate complètement son tir qui s’enfuit loin du cadre (45+2’)…. La pause intervient sur ce 0-0 et aucun tir bleu cadré, ce qui était déjà le cas à la pause du match précédent contre le Nigeria… Les Françaises n’y sont pas, et donnent l’impression de jouer à 10, tellement Le Sommer est invisible.
La deuxième période va mieux commencer. C’est d’abord Asseyi qui met le feu en éliminant trois Brésiliennes aux 30 mètres, avant de servir Le Sommer qui rate complètement son centre (50’)… Deux minutes plus tard, c’est la délivrance ! Diani enrhume une fois encore Tamires sur son côté droit, déborde jusqu’çà la ligne de but et centre devant les cages. Valérie Gauvin surgit et tacle le ballon fond (52’, 1-0). Une très jolie réalisation, et un vrai but d’avant-centre !
13, un numéro porte-bonheur pour Valérie Gauvin… buteuse à 12 reprises avec les Bleues. Le 13e en 1/4 ?
Le Brésil réagit vite. Cristiane effectue une superbe tête que Bouhaddi dévie du bout des gants sur sa barre transversale (55’) ! Le match s’anime quelque peu. Le Sommer repique dans l’axe et frappe, mais son tir heurte le dos de Gauvin (62’)… Une minute plus tard, Debinha déborde à gauche et centre en retrait pour Thaisa qui trompe Bouhaddi. L’égalisation brésilienne est refusée pour un hors-jeu… inexistant, avant d’être accordé avec logique après consultation de la VAR (63’, 1-1)…
Tout est à refaire pour les Bleues ! Alors, Diani repart au combat et nous sort un grand numéro. Formiga n’a d’autre solution que de commettre une faute sur sa partenaire de club au PSG, récoltant un jaune au passage (70’)… Le match est toujours aussi crispant et indécis… M’Bock perd un nouveau ballon et Debinha en profite pour frapper, mais Bouhaddi veille et bloque (74’)… Formiga quitte le terrain de ce qui sera son dernier match de Coupe du Monde, son 25e en 7 éditions, record mondial ! On est en droit de douter qu’elle puisse être encore là à la prochaine, à 45 ans… Mais allez savoir avec la formigable fourmi !
La tension grandit. Un centre de Henry est capté par Barbara (76’). Torrent défend magnifiquement sur Debinha, alors que la situation était dangereuse (78’). Un coup-franc de Bussaglia (79’), puis un centre de Diani (83’) sont encore saisis par Barbara. Bouhaddi fait de même avec un coup-franc d’Andressinha (85’). Un but est refusé à Tamires pour un très net hors-jeu (86’). La dernière occasion est pour le Brésil. Bussaglia perd le ballon, Renard commet une erreur profitant à Beatriz en position de but, mais la puissante attaquante brésilienne frappe au dessus (90+3’) ! 1-1 à la fin du temps réglementaire, on va jouer la prolongation.
Celle-ci commence assez vite avec un coup de théâtre. Cristiane tente une frappe de 45 mètres et s’écroule, blessée à la cuisse. Elle doit laisser ses partenaires continuer sans elle et sort en pleurs, soutenue par ses soigneurs. Triste fin pour une énorme championne qui, à 18 ans, avec Marta (17 ans) et Formiga, affrontait… Corinne Diacre lors de la CM 2003 !
Le match devient irrespirable. Torrent prend sa chance de 30m, au dessus (96’), puis Diani des 20m, idem (96’). Bouhaddi doit plonger dans les pieds de Geyse (97’) et se blesse au genou. Les Françaises souffrent en milieu de terrain, et on se demande – en tout cas, votre serviteur – pourquoi Corinne Diacre ne remplace pas Bussaglia par Geyoro… Un corner de Thiney trouve la tête de Le Sommer au second poteau qui remise au premier où M’Bock est un poil trop court (100’). La Bordelaise du Brésil Kathellen commet une faute à 30m de son but (qui lui vaut un jaune), mais Majri rate complètement son coup-franc (101’)… Quelques instants plus tard, seule à gauche dans la surface, elle est oubliée par Le Sommer qui frappe au but, est contrée. Sur le corner, la tête de Diani est captée par Barbara (103’)… Deux minutes plus tard, M’Bock sauve les Bleues ! Au bout d’un contre brésilien, Debinha parvient à devancer la sortie dans ses pieds de Bouhaddi et à glisser le ballon au fond… sauf que Griedge avait anticipé. Elle se jette sur la ligne et tacle au loin le ballon (105+1’) !
Sainte-Griedge, sauveuse de la patrie
Dès le changement de côté, les Bleues reprennent l’avantage. Un coup-franc de Majri tiré de la droite arrive devant le but de Barbara où Amandine Henry se jette avec toute sa détermination et propulse le ballon dans les filets de Barbara qui ne peut rien y faire (106’, 2-1) !
Allez donc arrêter une Amandine Henry…
Il faut maintenant tenir un quart d’heure… Les Bleues ont l’occasion de tuer le match. Un contre Cascarino (qui a remplacé Gauvin)-Diani se termine par un tir de la Parisienne que Barbara détourne du bout des doigts en corner… que l’arbitre n’accorde pas (114’)… Puis Thiney, après un une-deux avec le Sommer, ne cadre pas (116’)… Geyse, elle, la remplaçante de Cristiane, évite Renard et centre au cordeau, Bouhaddi bloque (117’)… Frayeur à la 119e minute, lorsque sur un corner pour la France, Le Sommer préfère centrer et perd le ballon, plutôt que de le garder tranquillement au chaud. Le souvenir d’un certain Ginola et de son « crime contre l’équipe » un certain soir de 1993 nous traverse la mémoire… Heureusement, cette perte de balle est cette fois sans conséquence funeste, et les deux minutes de temps additionnel ne changeront rien. La France l’emporte sur le Brésil (2-1) et se qualifie pour les quarts de finale. Contrat rempli. Mais bon sang, que ce fut difficile et laborieux face à un Brésil tel qu’en lui-même, à savoir joueur, rude, pétri d’individualités de talents, mais en permanent déficit organisationnel et, surtout, incapable de concrétiser ses occasions. Deuxième sortie consécutive en 8e pour la Selaçao après 2015, un échec.
Si, comme le pronostic le plus élémentaire le promet, ce sont les USA que les Bleues doivent affronter au tour suivant le 28 juin au Parc des Princes (plutôt que l’Espagne), il faudra montrer un tout autre visage. Mais alors, vraiment, vraiment, un tout autre…
Joueuse FIFA du match : Amandine Henry (France)
Note des Bleues
Bouhaddi – Très rassurante dans ses interventions, y compris les plus délicates. Un très bon match. 7
Torrent – Un très bon début de rencontre, constamment à la lutte, accrocheuse. Sa bonne performance a duré toute la première mi-temps. Un peu plus en difficulté après la pause. A nettement pioché en prolongation, où elle est remplacée par Périsset à la 109’. 5
M’Bock – Griedge sauve littéralement les Bleues de l’élimination à la 105e minute. Cette simple action lui vaudrait un 10. Mais le reste de son match fut loin d’être aussi parfait, avec trop de ballons ou de duels perdus, en nombre inhabituel pour l’ex-Ballon d’or de la CM U17 2012 et Ballon d’Argent de la CM U20 2014. En dehors de son sauvetage, sa prestation ne mériterait qu’un 4,5. 6
Renard – Dans un tel match, on aurait aimé voir la grande Wendie s’imposer davantage, aussi bien défensivement qu’offensivement sur les coups de pied arrêté. Mais aussi, en tant que cadre, secouer son équipe. Elle a trop donné l’impression d’assurer le minimum, avec parfois des placements défensifs un peu hasardeux et des duels perdus. Pas vraiment rassurante. 4,5
Majri – En dehors de son coup-franc sur le but d’Henry, Amel n’a rien réussi offensivement, a perdu beaucoup de ballons par mauvais choix ou dans les duels, et n’a pas rassuré défensivement. 4,5
Henry (c) – La capitaine des Bleues a toujours (ou presque) tiré – ou du moins essayé – son équipe vers le haut et vers le but adverse. Très isolée au milieu, elle a eu le mérite de ne jamais baisser les bras, et de se comporter comme la guerrière que l’on connait. Le but de la qualification ne pouvait venir que de Diani ou d’elle. Ce fut elle. Bravo et merci ! 8
Bussaglia – Difficile de comprendre pourquoi Corinne Diacre l’a gardé jusqu’au bout sur le terrain, plutôt que de faire entrer Geyoro à sa place au moins à l’heure de jeu. Elise a joué beaucoup plus au courage et à l’arrache qu’autre chose. Dépassée par l’activité du milieu brésilien. 4
Asseyi – Un excellent début de match devant son public (elle est Normande), dans la lignée de sa performance face au Nigéria. Percutante et disponible devant, et abattant un gros travail défensif. A eu un peu plus de mal après la pause. Remplacée par Thiney à la 81’. 6
Diani – On a retrouvé la Kadidiatou Diani des matchs de préparation qui avait fait notre régal toute la saison. Tamires et toutes ses partenaires de la défense en feront sans doute des cauchemars. Kadi était intenable, multipliant les percussions et les dribbles, y compris les plus improbables. Elle aurait mérité un but. S’il vient, décisif, en quart, ce ne sera que du bonheur ! 8
Gauvin – Il est bon d’entendre Bixente Lizarazu louer constamment les qualités de la Montpelliéraine, notamment son énorme travail de harcèlement sur les défenses adverses, tant la discrète Valérie est encore aujourd’hui contestée par beaucoup (le mimétisme avec Giroud jusqu’au bout !). Terriblement déçue après son but refusé, elle a su revenir petit à petit dans son match (qu’elle avait fort bien entamé) pour finir par marquer à nouveau, et fort joliment. Un but à la Gauvin, un but d’avant-centre qui va au charbon. La deuxième fois dans cette CM qu’elle débloque la situation, après la Norvège. Bravo. 7
Le Sommer – Le vrai gros flop des Bleues ce dimanche soir. Mais où était la dynamiteuse de défense que l’on connait ? L’une des meilleures attaquantes au monde qui a tellement su, depuis deux ans, gommer ce qui entachait encore son jeu. Eugénie n’a rien réussi, ou a tout raté, comme on voudra, y compris les gestes les plus simples. Difficilement compréhensible. Elle nous doit une revanche en quart. 3
Thiney – Sur le banc au départ du match, elle n’a foulé la pelouse que tardivement (81e minute), mais plus longuement que prévu et… qu’espéré ! Finalement, elle aura joué presque une cinquantaine de minutes. Si son entrée au milieu du terrain derrière les attaquantes a permis de repositionner favorablement l’équipe et de l’équilibrer, elle a connu quelques difficultés dans les duels, et n’a pas beaucoup pesé sur le cours de la rencontre. 5
Cascarino – Entrée juste avant la prolongation, Delphine n’eut guère l’occasion de se mettre en évidence. On attendait que sa vitesse fasse exploser une défense brésilienne déjà bien fatiguée par les coups de butoir de Diani. Mais non. Elle ne perdit pas de ballons, ce qui – et vu le contexte dramatique d’une prolongation – était déjà pas mal. Mais sans plus. 5
Périsset – Entrée à une douzaine de minutes de la fin de la prolongation à la place de Torrent, et alors que les Bleues venaient de prendre l’avantage au score, Ève s’est efforcée à allier simplicité et détermination. Mission accomplie. 6
Karchaoui – non notée, entrée à la 118’.
Kadidiatou Diani, cauchemar de Tamires et des Brésiliennes.
Meilleure joueuse française : Diani et Henry (8)
Note global pour la France : 5,5
Meilleure joueuse brésilienne : Debinha (7)
Note globale pour le Brésil : 6
Note du match : 6
Qualifiée : FRANCE. Elle rencontrera en 1/4 le vainqueur de Espagne – USA.