PSG-OM, classique au sommet

Le PSG n’a pas retrouvé sur le terrain l’allant qui était le sien l’an dernier et l’OM sort de son moins bon match de la saison. Pourtant, les deux équipes ont gagné. Pour ce choc entre les deux premiers du classement et les deux équipes les plus suivies du pays, OMlive a concocté un avant-match particulier sous la forme d’un question – réponse(s) entre Travis Bickle, omliveur Parisien supporteur du PSG et fourcroy, rédacteur d’OMlive supporteur de l’OM et né à Paris.

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Q. Que représente pour toi le PSG ?

Travis Bickle. Bonne question. Disons simplement que c’est une histoire d’amour commencée enfant, qui s’est prolongée à l’âge adulte. Avec ses petits bonheurs et ses grosses périodes de doute et de tristesse. Je me souviens qu’à l’époque, tous les gamins de mon village supportaient l’OM ( nous étions dans les 90’s, c’est logique). Je devais être le seul à supporter Paris. Volonté de se démarquer des autres ? Peut-être, mais pas que. Y a aussi ce truc indescriptible, qui fait que tu accroches pour une équipe plutôt qu’une autre. Ce truc qui fait que 20 ans après, t’es à genoux devant ta télé quand Cavani rate une occaz, que tu l’insultes copieusement, sous les yeux médusés de Madame et des petits.

fourcroy. J’ai grandi à Paris et connu le PSG de Daniel Hechter et de Borelli. Sur le terrain, il y avait de belles choses, je me souviens de Dahleb, de Sušić… J’aurais pu devenir supporteur, mais je n’ai jamais accroché ; même ado, je trouvais le club « bling-bling », comme on ne disait pas encore. Je trouve aussi que, pour une ville comme Paris, le PSG manque un peu d’histoire ; il y a eu le Red Star, le Racing… Mon père, pur Parisien, ne pouvait pas me parler du Parc ni du PSG. Je n’ai donc pas hérité de supportariat et je me suis fait tout seul sur ce point. Saint-Etienne, gamin (c’était l’époque), puis l’OM, adulte. Aujourd’hui, dans un foot aussi mondialisé que le reste du monde, je n’adhère toujours pas. Cela étant, le PSG est clairement le seul club français qui tente de se donner les moyens d’intégrer le gratin européen. Si les investisseurs persistent, je ne vois pas de raison qu’ils n’arrivent pas à leurs fins, car Al-Khelaïfi apprend le métier, est ambitieux, et ne fait pas n’importe quoi. Y parviendront-ils ? Comme on ne dit pas au Qatar, « qui vivra verra »…

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Q. Que représente pour toi l’OM ?

Travis. J’ai une relation particulière à l’OM. J’ai toujours pensé que l’OM devait être davantage une locomotive du foot français, du fait de son statut de club le plus populaire de l’hexagone. L’OM, c’est un potentiel mal exploité. C’est aussi un club qui, au-delà de son histoire riche, possède une vraie âme. Si Paris incarne depuis ses débuts le « bling-bling » et les dérives égocentriques de la capitale, l’OM a toujours été un club déchaînant les passions. Sur un plan plus personnel, l’OM, c’était le club de cœur de mon petit frère, parti trop tôt. Ça explique ma sympathie envers votre équipe.

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fourcroy. Peut-être le seul club de foot en France à la fois complètement identifié à une ville et porteur d’un certain rayonnement au-delà. Pour moi, qui ne suis arrivé à Marseille que pour terminer mes études, donc assez tard, c’est le club de l’acculturation. Comme supporteur, c’est un club éreintant. Versant souvent dans le mélodrame et l’excès. Instable, l’OM nous offre des épisodes minables et humiliants aussi régulièrement que des bouffées d’espoir et de bonheur avec un Gerets, un Deschamps, aujourd’hui Bielsa. C’est un club pour cyclothymiques adeptes de la douche écossaise.

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Q. Que représentent pour toi les rencontres entre l’OM et le PSG ?

Travis. Pour moi qui ai découvert le foot dans les 90’s, c’est évidemment le match à gagner (même si la rivalité est montée de toutes pièces). C’est le match qui te fout la boule au ventre la semaine précédente, celui qui te fait prendre des rendez-vous à l’extérieur la semaine suivante pour ne pas subir les railleries des collègues…

fourcroy. Pas grand-chose, même si je suis sensible à l’ambiance électrique qu’elles déclenchent. On sait tous que cette rivalité a été artificiellement construite par Tapie et Denisot. À Marseille règne un certain anti-parisianisme, que je ne partage pas, ayant en quelque sorte la double nationalité. Pour moi, le match de dimanche prochain est une rencontre entre le favori du championnat et son leader actuel, entre aussi les deux clubs les plus suivis du pays, donc quand même un match au sommet à tout point de vue.

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L’OM

Q. Bielsa, c’est Dieu ?

Travis. Dieu, non, mais un apôtre du football certainement. C’est une chance que peu de monde mesure que de l’avoir en L1. Autant qu’un Zlatan à mon avis.

fourcroy. Peu s’en faut, et encore, je prends mes précautions pour ne pas être taxé de blasphème. Bielsa, c’est à la fois un intellectuel, un esthète et un monomaniaque. J’adore ce que l’on sait de ses entraînements, son obsession du jeu, son sens tactique, le discours qu’il tient aux joueurs, même si ce n’est que par des vidéos réalisées par la cellule de communication de l’OM, la façon dont il répond aux journalistes… Avant Bielsa, une conférence de presse, c’était quelque chose d’ennuyeux, que je ne suivais jamais en entier. Maintenant, je n’en rate pas une. Et puis, bien entendu, j’adore la façon dont il réussit à faire jouer l’équipe, même si l’on se dit que les joueurs ne sont pas toujours à la hauteur du message. Certaines phases de jeu sont de véritables œuvres d’art.

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Q. Après huit victoires consécutives, l’OM a semblé marquer le pas. Comment vois-tu les semaines à venir du côté de l’OM ?

Travis. Décisives. La défaite au Parc va enflammer les médias qui n’attendent que ça. L’OM a signé un excellent début de saison. Tant sur le plan comptable que sur le plan du jeu. Hormis le match contre Lens, médiocre dans son contenu. Il y a là une base solide pour renouer avec la LDC en fin de saison. Vous avez une chance inouïe de pouvoir repartir sur des bases saines avec Bielsa. Ne la gâchez pas !

fourcroy. Les médias ne lâcheront pas l’OM. Certains sites bien connus peuvent à deux jours d’intervalle publier un article expliquant que l’OM va être champion et un autre annonçant le début de la fin. C’est pourquoi je me focalise sur le groupe olympien. Les individualités ne me semblent pas forcément toutes très saines – on retrouve pas mal de joueurs ayant lâché Deschamps pendant sa dernière année – ni très mûres. Toutefois, Bielsa me fascine tellement que j’imagine facilement que son emprise sur le groupe soit réelle et qu’elle le restera encore au moins cette année. L’OM n’est pas favori pour le titre et une défaite à Paris ne serait pas la fin des haricots. Je suis plutôt optimiste à court et à moyen terme.

Q. Crois-tu que l’OM puisse sérieusement menacer le PSG pour le titre ?

Travis. Non. Même si le mauvais début de saison et les nombreuses absences ont plombé notre parcours initial. Il y a une différence de moyens trop importante, que seuls l’aléa sportif et tout le talent de Bielsa ne peuvent combler.

fourcroy. Sur le papier, non. Sur le terrain, je ne serais pas supporteur si je n’y croyais pas. L’Atlético a été champion d’Espagne l’an dernier. Sur le papier, c’était tout aussi impossible. D’autant que Paris n’a rien montré jusqu’à présent ; enfin, si, que malgré les dissensions internes, la blessure d’Ibrahimovic, le retour tardif de Thiago Silva, et une qualité de jeu en régression, ils ont quand même deux points de moyenne par match et sont invaincus. Donc méfiance. Mais je crois l’OM capable de dépasser les quatre-vingts points et d’aller chercher le titre. Bon, je ne te dis pas non plus que c’est dans la poche, c’est pas une rodomontade…

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Q. Défendre à trois, c’est une bonne idée ?

Travis. La bonne idée, c’est d’adapter le système aux joueurs disponibles. L’intelligence de jeu est la qualité la plus rare chez le footballeur à mon sens. Le système Bielsa en demande beaucoup. L’entraîneur doit s’adapter continuellement. Sur ce terrain, je pense que Bielsa a pas mal de choses à apprendre à Blanc.

 fourcroy. Je vois que tu échangerais volontiers deux barils de Blanc contre une glacière de Bielsa… Je suis d’accord avec toi. Bielsa est réactif pendant les matchs, ce qui est excellent, mais l’équipe a parfois un peu de mal à suivre et ce système à trois semble donner des migraines à nos latéraux. En soi, l’adaptabilité aux circonstances est un truc qui permet de gagner des matchs, notamment dans des circonstances délicates (par exemple à l’extérieur chez un adversaire a priori meilleur…). L’adaptabilité aux joueurs est évidemment fondamentale, comme tu le soulignes ; je pense qu’elle viendra avec le temps, car Bielsa fait énormément travailler la répétition et les automatismes.

Q. Le Président du FC Nantes a dit en substance que la chance de Bielsa, c’était de ne connaître ni la ville, ni le club, ni la langue. Tu approuves ?

Travis. La chance de Bielsa c’est surtout de bosser comme un dingue.

fourcroy. Aussi. Bielsa semble avoir de toute façon la capacité de s’abstraire de l’environnement. Ce qui n’est pas sans lien avec sa propension à s’immerger dans le travail.

Q. Y a-t-il des joueurs parisiens que tu verrais volontiers dans le onze de départ à l’OM ?

fourcroy. Sur le papier, les Parisiens, si l’équipe est au complet, sont supérieurs aux Olympiens à chaque poste. Ibrahimovic était l’an dernier, et de loin, le joueur le plus talentueux de L1 ; pour autant, je ne suis pas sûr
qu’il marcherait mieux avec Bielsa qu’avec Guardiola. Sur ce début de saison, je prendrais bien Marquinhos, Pastore… Et puis, bien sûr, le petit Rabiot, qui nous avait fait du mal l’an dernier au Vélodrome et qui a l’air d’avoir bonne mentalité.

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LE PSG

Q. Comment interprètes-tu le début de saison assez moyen du PSG éu égard à son statut ?

Travis. Je pense que les causes sont multiples. Sans ordre d’importance, je pense qu’on peut citer pêle-mêle l’absence de préparation physique de haut niveau, une forme de suffisance et d’usure. Je pense aussi que le départ de Makélélé a sérieusement entamé le peu de crédit de Blanc auprès du vestiaire.

fourcroy. Comme une chance pour l’OM. Pour ce qui est des blessures, ça n’a qu’un temps. Thiago Silva est revenu, Ibra va revenir… En ce qui concerne le manque de confiance en l’entraîneur, ça peut durer, mais le PSG compte des joueurs d’expérience qui sont capables de mettre en place une sorte d’autogestion. Ça suffira en L1, sauf saison exceptionnelle de notre part. En revanche, je ne vous vois pas aller loin en LDC.

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Q. On parle dans les médias d’une préparation de saison quasi inexistante et il est insinué que cette défaillance ne serait pas uniquement due au fait que Paris compte de nombreux mondialistes. Est-ce
pertinent ?

Travis. Je ne suis pas un spécialiste de la chose, difficile d’avoir un avis tranché. Mais il semble clair que le groupe n’est pas au niveau physique attendu. Après, à qui la faute, je n’en sais rien.

Q. Qu’attends-tu du retour d’Ibrahimovic ?

Travis. Un triplé contre l’OM. Mon avis sur Zlatan n’a pas changé depuis qu’il est au PSG. Il a un côté « gâcheur d’équipe ». Il t’aide a grimper les neuf premières marches en faisant tout le taffe, mais son omnipotence empêche l’équipe de franchir la dixième. Je veux pas donner l’impression de cracher dans la soupe. C’est un joueur merveilleux, un génie. On avait besoin de lui pour crédibiliser le projet. Je mesure à chaque match la chance de le voir porter notre maillot. Son talent suffit à faire gagner des titres sur des compétitions longues comme un championnat. Mais si on se projette sur l’objectif du club qui est de gagner la LDC, je pense que ce n’est pas le joueur qui nous permettra d’y arriver.

fourcroy. Il n’est pas impossible que sa meilleure saison ait été la précédente. Ibra est spectaculaire à voir jouer et il possède une véritable aura. Mais son énorme melon a les défauts de ses qualités.

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Q. Pastore a été très critiqué et il est l’un des meilleurs Parisiens cette saison. Comment l’expliquer ?

Travis. Il est bien physiquement, et quand il joue dans un rôle d’électron libre derrière les attaquants, son sens de la passe fait mouche. Le fait d’être affûté le rend moins dilettante ; ça participe beaucoup à sa rédemption. C’est un joueur d’un autre football, le Javier. Celui des « shorts courts » et des moustaches, des chaussettes sur les chevilles… Un vrai romantique, une élégance rare… Je l’adore ! Même s’il m’exaspère souvent.

Q. Y a-t-il des joueurs du onze de Bielsa que tu échangerais contre les titulaires parisiens ?

Travis. Dans le onze type, non. Mais je prendrais bien dans un ou deux ans Imbula et Thauvin quand Bielsa aura fini de les polir.

Q. Avec le recul, regrettes-tu le départ d’Ancelotti ? Qu’en as-tu pensé au moment où Blanc lui a succédé ?

Travis. Non, il ne faut pas regretter le départ de quelqu’un qui voulait partir. Je comprends aisément son choix. Il faut le remercier pour son passage. C’est un grand monsieur, c’est un honneur de l’avoir vu sur notre banc. Les regrets portent davantage sur le choix de son successeur.

fourcroy. Il est aussi parti parce que les dirigeants n’ont pas su le garder. En tout cas, c’est ce qu’il laisse entendre.

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LE MATCH

Q. Ta compo de départ pour Paris, Travis ? Ta compo de départ pour l’OM, fourcroy ?


Sirigu

Sirigu

Maxwell

Maxwell

Silva

Silva

Luiz

Luiz

Aurier

Aurier

Pastore

Pastore

Matuidi

Matuidi

Verrati

Verrati

Lavezzi

Lavezzi

Zlatan

Zlatan

Lucas

Lucas
 

Mandanda

Mandanda

Mendy

Mendy

N’Koulou

N’Koulou

Fanni

Fanni

Dja Djédjé

Dja Djédjé

Imbula

Imbula

Lemina

Lemina

Alessandrini

Alessandrini

Payet

Payet

Thauvin

Thauvin

Gignac

Gignac

Q. Question Nostradamus : comment vois-tu le déroulement du match ? Ton pronostic ?

Travis. Un bon 2-0 pour Paris, sans être brillant.

fourcroy. Ça, c’était bon l’an dernier… Pas de bis repetita cette année. Mandanda va sortir un grand match, l’OM va ouvrir le score assez tôt par Imbula, vous allez vous énerver, Verrati se fera expulser et on gagnera 3-1, avec Gignac d’abord et Alessandrini en fin de match.

Q. Quels sont les enjeux du match ?

Travis. Pour nous c’est simple, éviter la crise. Pour l’OM, savoir la gérer.

fourcroy. Pour nous, reprendre une dynamique euphorique et vous maintenir dans le doute. Pour vous, retrouver un peu de suffisance, d’ailleurs déjà de retour après la double épopée face à Nicosie et la victoire convaincante à Lorient.

Travis. Je pense que le match se gagnera sur les côtés, et notamment dans le rapport de force entre nos ailliers et vos latéraux. Notre milieu sera amputé de Motta, le votre de Romao et d’Ayew, je pense qu’on assistera à une forme de neutralisation dans ce secteur du jeu. Par contre, vu l’importance du rôle des latéraux dans le projet de jeu de Bielsa, si nos ailliers arrivent à allier suffisamment de percussion offensive et un rempli défensif de qualité, ils useront vos latéraux, qui ne bénéficieront pas sur ce match de l’abattage de vos deux suspendus. Si j’étais Blanc, c’est sur ce point que j’insisterais fortement.

fourcroy. À cet égard, la présence de Dja Djédjé est une bonne nouvelle ; Fanni jouera DC et on bénéficiera de la rapidité de l’Ivoirien. Au milieu, l’absence d’Ayew, très bon depuis le début de la saison et certainement l’un des Olympiens les plus talentueux intrinsèquement, risque de peser lourd, je ne peux malheureusement pas te donner tort, mais Alessandrini est aussi quelqu’un qui est capable de faire les efforts, de redescendre et de tenir son côté. Il va falloir aussi voir comment l’OM va (essayer de) juguler Ibra et les forces que cela va monopoliser… J’ai un peu peur du rendement de Lemina face au milieu Parisien.

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La rédaction d’OMlive remercie Travis Bickle pour ce travail en commun. 

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Article lu 4278 fois, écrit le par fourcroy Cet article a été posté dans Avant-match et taggé , , , , , . Sauvegarder le lien.

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