Ce soir, l’OM recevra le Stade rennais pour le compte de la vingt-sixième journée du championnat et devra faire oublier la calamiteuse défaite du week-end dernier à Nantes. Si l’arrivée de Frank McCourt constitue déjà un véritable renouveau, les résultats se font attendre et les Marseillais doivent désormais montrer sur le terrain le même appétit qu’en coulisses !
Feux croisés
Depuis que l’entité sudiste a été rachetée par l’ancien propriétaire des Dodgers de Los Angeles, les nouveaux dirigeants clament haut et fort leurs ambitions pour l’« OM Champions Project ». De son côté, l’équipe tarde à valider les promesses affichées.
Mal comprise par les supporteurs et les observateurs, cette situation est pourtant très logique : reconstruire le plus grand club de football français prendra du temps et les aficionados que nous sommes devront patienter.
En effet, l’Olympique de Marseille revient de loin et a sans doute échappé à un ultime naufrage. Un sort effrayant qui, de toute évidence, menace aujourd’hui les Rouge et Noir, si l’on compare le passé récent de l’OM et la gestion actuelle du club breton.
Par ailleurs, malgré la signature de l’excellent Christian Gourcuff au poste d’entraîneur, le projet sportif du Stade rennais est au point mort. Explications.
Dernières lueurs
Considéré il y a encore quelques saisons comme un club en pleine ascension, Rennes peine à franchir le palier qui lui ouvrirait les portes du gotha de la Ligue 1.
Une rupture qui s’explique facilement.
Au début des années 2000, François Pinault devient le nouvel actionnaire principal du Stade rennais. Il dépense 58 millions d’euros sur le marché des transferts et constate avec stupeur que ça n’a aucun effet sur le plan sportif.
Face à un tel revers, il confie l’affaire à son fils.
François-Henri Pinault reprend alors les commandes du club avec pour nouvel objectif d’équilibrer la balance des transferts et de définir une grille des salaires très stricte.
Dès lors, les ambitions des supporteurs se heurtent à des impératifs budgétaires et à l’instar de Margarita Louis Dreyfus avec l’OM, la famille Pinault s’enlise avec le Stade rennais dans une logique d’échec.
Salma Hayek, seul atout charme du Stade rennais les soirs de matchs…
Par rapport au discours initial, ce revirement assumé froisse rapidement les aficionados de la formation bretonne et finit par provoquer un désaveu tacite de l’actionnaire comme de l’équipe dirigeante.
Depuis quelques saisons, le Stade rennais végète dans le ventre mou du championnat après avoir navigué sans réel cap entre la quatrième et la quinzième place au gré des péripéties de la L1. Un parcours douloureux pour les fans alors que le dernier titre remonte à… 1983 !
À l’ouest, rien de nouveau
En mai 2016, Christian Gourcuff retourne à Rennes (après un bref passage en 2001-2002). Ce recrutement longtemps promis suscite de l’excitation chez les supporteurs et l’intéressé se montre lui-même très enthousiaste à l’idée d’entraîner à nouveau le club breton :
« Le président Ruello m’a sollicité pour donner une identité de jeu, c’est un projet qui me passionne et il y a un climat relationnel dans lequel je suis bien. Après, parler d’objectif, c’est de la com’, ce qu’on veut, c’est se donner les moyens d’être le plus performant possible sans se donner de limites. Ce sera en fonction de ce qu’on produira, de ce qu’on aura comme qualités collectives et individuelles. »
Après des années de décisions contestables, de choix improbables et de revirements incompréhensibles, l’horizon s’éclaircit enfin pour les supporteurs du SRFC.
Réputé pour être un bâtisseur, le technicien breton offre en outre de nouvelles perspectives à l’excellent centre de formation du club (le seul en mesure de rivaliser avec ceux de Lyon et de Monaco).
Son projet est d’ailleurs assez simple : reconstruire en partant des fondations, et ce, sans effets d’annonce.
Pour le mener à bien, il faut dégraisser avant d’acheter. Avec quarante-quatre joueurs sous contrat professionnel – une folie pour un club de football – il s’agit même d’un impératif économique et sportif.
Le recrutement étant fondé sur un équilibre entre achats et reventes, un grand ménage préalable est donc réalisé, à commencer par le transfert d’Ousmane Dembélé au Borussia Dortmund.
Dans l’esprit de l’ancien sélectionneur algérien, le but est de composer un groupe solide accompagné par des jeunes, de façon à amener ces derniers à maturité.
« On ne fonctionne pas avec 35 joueurs. L’idéal, c’est 23-24 joueurs, avec dedans un socle de 16-18 joueurs complété avec des jeunes, de façon à ce qu’ils se forment, des joueurs positifs. »
Dix-huit joueurs quittent ainsi la Bretagne lors du mercato estival pour un montant estimé à vingt millions d’euros. Dans le sens des arrivées, Gourcuff, conscient des limites économiques du Stade rennais, privilégie un recrutement très ciblé : qualitatif et solide sur le plan tactique.
Au bout du compte, les investissements se limitent à deux millions avec à la clé l’arrivée de joueurs comme Chantôme ou le gardien monégasque Paul Nardi (en prêt). De plus, à l’hiver 2017, Paul-Georges Ntep et Kamil Grosicki, valeurs sûres de l’effectif, quittent le club…
Vous avez dit qualitatif ?
Christian Gourcuff ne semble pas s’en formaliser et continue sur sa lancée, même si son influence tarde à se manifester tandis que les travées Roazhon Park demeurent éparses..
Du reste, le deuxième axe du projet consiste à donner une identité bretonne au SRFC :
« L’identité bretonne, ce n’est pas de la com’, les Bretons, c’est tout sauf de la com’, c’est l’humilité, le travail et l’authenticité, c’est de moins parler et faire, donc on va d’abord faire et après on pourra parler. »
Ça ne vous rappelle rien ?
Au bout de six mois, le bilan est mitigé : l’équipe manque encore de constance et d’impact dans le jeu et il est évident qu’il faudra du temps pour que le club de l’ouest, actuellement dixième de Ligue 1, renoue avec le succès.
Par chance, les dirigeants bretons ne sont pas pressés et le public prend son mal en patience. Une qualité rare dans le sud…
Fiat lux
L’année 2016 ne restera pas gravée dans les mémoires des fans marseillais, mais elle marque tout de même le rachat et la renaissance de l’OM : que la lumière soit !
Soit ! Mais il reste des zones d’ombre à dissiper.
Car sur le terrain, les interrogations demeurent plus nombreuses que les certitudes depuis la reprise. Plus que la défaite à Metz qui résultait d’un manque de réalisme – et de réussite – lors d’un match par ailleurs maîtrisé, plus encore que la victoire étriquée face à Montpellier, la déroute nantaise a laissé des traces dans les esprits. Ceux des spectateurs et des observateurs, en tout cas.
De leur côté, Rudi Garcia et ses hommes en auront-ils tiré de profitables leçons ? C’est ce que nous verrons dans quelques heures, mais l’impression de grand « n’importe quoi tactique » face aux Canaris à ouvert de petites plaies sensibles dans le cœur des supporteurs. Gare aux conséquences en cas de défaite !
L’ombre du passé
Avec le recul, on peut affirmer que des erreurs marginales ont été commises par l’ensemble des acteurs. Des écueils mineurs en regard du travail accompli, mais potentiellement lourds de conséquences sur la suite de la saison. Preuve que l’OM revient de très loin et mettra sans doute du temps avant de retrouver l’essentiel de sa stature de club d’exception.
Un supporteur lors de la clôture du mercato hivernal.
En dépit d’un recrutement majoritairement salué en janvier, les amoureux du club olympien restent en effet sur leur faim. Certaines lacunes de l’effectif n’ayant pu être comblées, notamment sur le front de l’attaque, Marseille s’expose même à de cuisants revers dans les semaines à venir du fait de la blessure de Bafétimbi Gomis…
En conférence de presse, Rudi Garcia a néanmoins souhaité minimiser ce handicap. Un exercice de communication osé sachant que Rabillard et Iseka, incapables de briller suffisamment en CFA, n’ont aucune chance de venir jouer les sauveurs au sein du groupe pro…
Par ailleurs, le niveau technique du collectif olympien ne permet pas de jouer sans avant-centre de métier. Nous n’avons que la CGT – et pas la MSN – diraient les mauvaises langues…
Dans le même ordre d’idée, le transfert avorté d’un défenseur central susceptible de compenser les carences de l’arrière-garde olympienne risque de peser lourd sur les prestations de l’équipe et donc sur ses résultats.
Le jeune Boubacar Kamara aurait pu être ce chaînon manquant, mais, indépendamment de la blessure dont il souffre actuellement, la signature éventuelle de son premier contrat professionnel se fait attendre et bloque fort logiquement toute intégration à l’équipe première (comme l’a d’ailleurs spécifié Rudi Gracia)
L’enjeu est de taille et personne ne doit plus jamais prendre le pas sur l’institution marseillaise. Le récent départ de Lassana Diarra et les présentes difficultés du club rappellent à quel point l’OM a été bafoué par ses anciens dirigeants.
Fort heureusement les choses ont changé et il est temps de regarder vers l’avenir quitte à serrer les dents pendant quelques semaines encore. En attendant, il y a un match à gagner ce soir, et les Olympiens doivent à tout prix engranger trois points.
OM vs Rennes
Trois points seulement séparent les deux formations respectivement sixième et dixième du classement. Autant dire que l’OM se retrouve face à un grand tournant de sa saison et doit s’imposer.
Outre le fait de mettre à distance un concurrent direct pour les places qualificatives en Europa League, une victoire permettrait de rester à quatre points des Lyonnais, quatrièmes (mais avec un match en retard), ou de leur reprendre trois points le cas échéant.
Cette année, le stade vélodrome est redevenu une forteresse imprenable. Une dynamique qui permet d’espérer. En effet, l’équipe n’a perdu qu’une seule confrontation à domicile depuis le début de la saison et ce contre l’AS Monaco.
A contrario, le Stade rennais voyage très mal avec une seule victoire à la clé et il serait très préjudiciable d’offrir un deuxième succès à nos visiteurs d’un soir.
Toutefois, il faudra pour cela montrer un autre visage que celui affiché depuis début 2017. Éprouvant d’énormes difficultés à enchaîner les bons résultats depuis la reprise, l’escouade marseillaise tourne à un point de moyenne par match. Un ratio très insuffisant pour espérer décrocher une place européenne.
Pour couronner le tout, l’OM devra non seulement se passer de Gomis, blessé, mais aussi de Fanni et Sakaï, tous deux suspendus…
Pas très rassurant pour Garcia puisqu’il lui faudra à la fois remanier sa défense et trouver une solution de remplacement en attaque. Ces absences pourraient offrir la possibilité aux nouvelles recrues de prendre leurs responsabilités. On pense en particulier à Dimitri Payet et Grégory Sertic.
Pour sa part, Clinton Njie aura peut-être l’occasion de briller enfin. Très décevant depuis le début de la saison, mais galvanisé par la victoire finale du Cameroun lors de la CAN, le jeune attaquant pourrait créer la surprise.
Espérons-le, car l’OM ne dispose plus d’aucun joker.
Conscients qu’il s’agit d’une phase de reconstruction, les supporteurs seront sans doute aussi impatients qu’indulgents. Néanmoins, pour que le Vélodrome s’emplisse de nouveau, les hommes de Rudi Garcia devront donner plus. Beaucoup plus.
Plus d’implication, plus de spectacle, plus de détermination et surtout, plus d’efficacité !
Seule la victoire est belle… Allez L’OM !