Dans le cadre de la trente et unième journée de championnat, l’Olympique de Marseille reçoit le Stade Rennais ce vendredi soir. Après six mois, six jours et quinze heures sans victoire à domicile, il serait temps de réjouir les supporters marseillais, même si cette équipe bretonne ne semble pas être le meilleur candidat pour mettre fin à une telle disette… Explications.
Le message des supporters est pourtant très clair…
Le treize septembre 2015, l’Olympique de Marseille gagnait son dernier match au Stade Vélodrome contre Bastia. Depuis, le bilan à domicile est effrayant : neuf points empochés sur un total de trente-six possibles, neuf matchs nuls et trois défaites, soit douze matchs consécutifs sans victoire pour un record avec série en cours…
Seul Troyes a fait pire sur la même période, c’est dire le niveau affiché par les Olympiens dès qu’il s’agit d’évoluer devant leur public.
Pour l’heure, les plus optimistes se rassureront en regardant ce que font Rennes ou d’autres clubs qui au bout du compte, ne sont pas réellement mieux lotis. On se rassure comme on peut bien sûr, mais est-il légitime pour un club du standing de l’OM d’envisager de tels débats ? La réponse est évidemment contenue dans la question.
Les magnats grippe-sous
Ils portent des noms différents et pourtant, on pourrait penser qu’ils ont des liens de parenté tant ils gèrent les clubs dont ils sont propriétaires avec la même incurie !
À Marseille, elle se nomme Margarita Louis-Dreyfus et dans les conversations, on ne l’évoque que par son prénom ou ses initiales, comme pour manifester une forme de mépris à son endroit.
À Rennes, on les appelle familièrement les Pinault, dans une attitude somme toute assez voisine, car en Bretagne personne n’a oublié qu’avant la finance, la presse, le marché du luxe ou Salma Hayek, tout a commencé dans une modeste scierie de la région.
La poupée russe de l’OM
À son arrivée à la tête du groupe Louis-Dreyfus et de l’OM après le décès de son mari et diverses luttes intestines, Margarita Louis-Dreyfus inspire immédiatement aux supporters le sentiment qu’elle ne fera pas renaître le club de ses cendres.
« Нравится ли вам футбол ? »
(¿ Le gusta el fútbol ?)
En effet, la businesswoman venue du froid et que beaucoup ont à tort sous-estimée, prend immédiatement conscience du peu d’intérêt d’investir dans une institution marseillaise souvent déficitaire, comme l’immense majorité des clubs professionnels et dès juin 2011, vend ses parts du Standard de Liège. Pour autant, son seul nom garantit l’avenir de l’OM malgré les dettes accumulées sous l’ère Jean-Claude Dassier.
Du reste, elle ne dispose pas des pleins droits sur l’énorme puissance financière de l’empire familial de négoce et de matières premières qu’elle a néanmoins considérablement modernisé et réorganisé afin que ses fils puissent, quant à eux, pleinement jouir de cet héritage.
Sa fortune personnelle est par ailleurs estimée à trois cents millions d’euros et il bien est évident que dans cette logique politico-économico-familiale, l’OM n’est qu’un décor secondaire. Une situation qui n’a aucune chance d’évoluer à moins d’une vente ou d’une passation de pouvoir entre Margarita et ses jumeaux, Kyrill et Maurice, nés en 1998 de son union avec Robert Louis-Dreyfus.
Actionnaire principale du club un peu par défaut, son rôle se borne à combler d’éventuels déficits et depuis trois ans, à cibler sévèrement les dépenses par le biais de son homme de confiance : Vincent Labrune. Il n’y a donc rien à attendre du côté de la « tsarine du foot » et avec sa nouvelle grossesse, il est bien possible que la période actuelle ne constitue qu’une énième transition, comme semblent l’indiquer les médias depuis quelques semaines.
Malheureusement, l’Olympique de Marseille est la victime directe de ces errances de gestion et se retrouve aujourd’hui à bout de souffle et même en mal de popularité après presque vingt années passées sous l’égide des Louis-Dreyfus. Les supporteurs qui se désespèrent ont donc envie de sang neuf.
Family business
Chez les Pinault, la vision d’un club de football est semblable : au mieux on sort le carnet de chèques, au pire on s’en contrefiche…
Quatre-vingt-quatrième fortune mondiale et président du groupe Kering spécialisé dans le luxe et le sport, François Pinault acquiert le Stade Rennais en 1998 par le biais de sa holding Artemis, dirigée par son fils, François Henri-Pinault. Un investissement comme un autre en somme.
Soixante millions d’euros sont rapidement dépensés sur le marché des transferts avec les résultats que l’on sait : la meilleure performance récente du club se résume, en effet, à une quatrième place de Ligue 1 en 2007 sous la houlette de Guy Lacombe…
Entretemps, le fils a pris la succession du père et la marque Puma est venue enrichir le catalogue Sport & Lyfestyle du groupe.
Fiston et popa !
Puis, les investissements massifs cessent autour de cette période et dans la foulée, la stratégie globale change à l’instar de celle de l’OM après le titre de 2010. Les dirigeants bretons s’orientent alors vers une politique sportive assise sur une balance de transferts à l’équilibre – comprenez « vendre avant d’acheter » – et une grille salariale stricte.
C’en est fini des folies, le Stade Rennais rentre dans le rang et se contente de désillusions à répétition dans les coupes nationales…
Deux choix comparables, deux échecs similaires, car à Marseille comme à Rennes, ce sytème d’autogestion financière impose un véritable savoir-faire sur le marché des transferts tout en s’appuyant au maximum sur un bon centre de formation, source de plus-values futures le cas échéant.
Or, si la formation est depuis longtemps un des atouts du Stade Rennais, à l’OM c’est plus qu’une faiblesse, c’est une tare historique !
Pire encore. Bâtir prudemment une belle équipe en dépit de contraintes financières pleinement assumées sous-entend de disposer d’une cellule de recrutement performante articulée à une politique sportive clairement définie à moyen et long terme, soit en gros, tout ce qui fait défaut à chacun des deux clubs…
Le constat est donc simple : à force d’avoir voulu tout et son contraire sans jamais véritablement se donner les moyens de leurs ambitions respectives, l’Olympique de Marseille et le Stade Rennais doivent aujourd’hui faire face à des situations absurdes qui hypothèquent leur avenir tandis que les supporteurs veulent du rêve bien sûr, mais avant tout, de la cohérence et des résultats.
C’est la quadrature du cercle…
Playskool soccer center
Deux équipes composées de joueurs issus de la formation.
Si le club phocéen devait prendre exemple en matière d’apprentissage, cela pourrait être sur le Stade Rennais, sixième au classement des centres de formation saison 2014/2015. Régulièrement saluée et reconnue par ses pairs du fait d’un beau palmarès en équipe de jeunes, la formation est depuis longtemps un axe essentiel pour le club breton.
Faisant monter régulièrement ses espoirs dans le but de les intégrer à l’équipe première, Rennes a ainsi vu éclore de nombreux joueurs avec une réussite certaine, tels que Sylvain Wiltord, Mikaël Silvestre, Anthony Réveillère, Jimmy Briand, Yoann Gourcuff ainsi que Yann M’Vila et Stéphane Mbia.
Cette saison encore, les Rouge et Noir ont su mettre en avant leurs compétences de formateurs avec l’éclosion d’Ousmane Dembélé, qui du haut de ses dix-neuf ans, porte à lui seul toute l’attaque de son équipe. Une réussite d’un côté, mais un aveu d’impuissance de l’autre en regard d’un tout jeune joueur sans réel complément ou cadre pour le guider au sein du groupe et qui aurait déjà fait l’objet d’une offre de trente-cinq millions d’euros…
À Marseille, pour des supporters n’ayant que faire de notions comme la patience ou l’indulgence, l’immédiateté des résultats prévaut sur tout autre aspect des choses. C’est la contrepartie négative d’un club autrefois partie prenante du gratin européen…
Or, les éventuelles « pépites » ont besoin de terminer leur formation et prendre progressivement la mesure du haut niveau !
Par conséquent, il est clairement beaucoup plus difficile de réussir dans le contexte effervescent de la cité phocéenne que dans le calme provincial de la région rennaise.
Deux clubs wi… ouinner…
Au demeurant, les deux clubs oublient leurs contingences spécifiques et au lieu d’encadrer leurs jeunes convenablement jusqu’à leur envol, les vendent précipitamment ou au contraire les exposent dangereusement pour faire grimper leur valeur marchande faute d’avoir suffisamment de poids, de prestige et de puissance financière au quotidien pour pouvoir inverser le cours des choses…
C’est d’ailleurs une tendance nette en Ligue 1 depuis une dizaine d’années, tendance aggravée par le niveau global du championnat et le différentiel fiscal de la France avec ses voisins européens, deux facteurs parmi d’autres qui incitent les meilleurs éléments à partir le plus vite possible…
Dernièrement, certains réservistes phocéens ont montré toute la difficulté qu’ils éprouvaient pour s’imposer dans l’équipe fanion. On pensera bien sûr à Stéphane Sparagna, disparu aujourd’hui du groupe, malgré quelques apparitions prometteuses l’année dernière et qui est retourné jouer en CFA depuis. Et que dire de Bilal Boutobba, plus jeune joueur de l’histoire de l’OM à disputer un match officiel avec l’équipe première ?
Lancé dans le grand bain par Bielsa la saison précédente, il n’est plus jamais réapparu dans le groupe au départ de ce dernier sans que l’on sache vraiment pourquoi. Malheureusement, il a annoncé dernièrement qu’il ne signerait pas de contrat professionnel avec l’OM et à l’image de Flamini, ira certainement faire le bonheur d’un autre club en laissant à nouveau des regrets dans nos têtes lorsqu’on le verra éclabousser les terrains de son talent…
Outre les éléments de réflexion que nous évoquions, assurer une bonne formation, pérenniser un groupe jeune avant de réaliser des plus-values conséquentes en temps et en heure suppose aussi d’impliquer dans un projet global un entraîneur-formateur chevronné et reconnu, capable de tirer le meilleur de ses jeunes pousses tout en leur permettant de mener à terme leur apprentissage sportif et éducatif.
Aujourd’hui, Rennes et Marseille sont entraînés respectivement par Rolland Courbis et Michel, deux hommes qui ne sont pas vraiment réputés pour savoir mettre en valeur le vivier de jeunes de leurs clubs respectifs ni s’occuper, in fine, d’autre chose que de leur ego…
Les rois du cirque
May the farce be with you !
« La vérité, je t’ai bien ni*** Loulou ! »
Ils ont leurs propres caractéristiques, leurs caractères, mais sont tous les deux très habiles dans l’exercice consistant à faire rire les autres.
Rolland Courbis, le clown aux multiples facettes et au parcours romanesque a fini par atterrir à Rennes grâce à des tours de passe-passe dont lui seul a le secret. D’abord footballeur professionnel – on a tendance à l’oublier du fait de son allure actuelle – il se tourne ensuite vers le métier d’entraîneur à la fin de sa carrière de joueur et des années quatre-vingt.
Insatisfait, il décide cependant d’exercer une deuxième fonction d’escroc patenté et finit par être condamné à deux ans de prison dans l’affaire des transferts suspects de l’OM entre 1997 et 1999. L’affaire de trop après celles de la caisse noire du SC Toulon, du baronnage du Palm Beach et le cas Rutily…
En 2005, il devient consultant pour RMC tout en cumulant son rôle de manager à Ajaccio.
Ses choix de vie sont parfois déconcertants. Il le prouve une nouvelle fois en décembre dernier où il prend à contre-pied son ancien président, Louis Nicollin, en déclarant qu’il démissionne de son poste d’entraîneur du MHSC. Il déclare à ce moment-là, avoir besoin de repos et de réflexion, dû à l’usure et la fatigue de ce début de saison 2015/2016.
Cette nécessité de se ressourcer ne durera que vingt jours jusqu’à ce que René Ruello, président du Stade Rennais, annonce aux médias sa nomination au poste de «conseiller du président»…
Une intronisation qui fait jaser alors que Philippe Montanier est encore en charge de l’équipe rennaise. Il ne lui faudra que huit jours après son arrivée en Bretagne pour prendre la place de l’ancien coach de la Real Sociedad et donc confirmer les rumeurs… Quel farceur ce Rolland, il nous surprendra toujours !
Jamais sans mon blazer
« Más que un cómic…»
Pas de jaloux, tout le monde aura sa part du dessert et Vincent Labrune, à défaut d’obtenir de bons résultats, a su aller chercher un très beau berger espagnol pour s’occuper du troupeau de chèvres mis à sa disposition.
Pas d’histoires judiciaires ou de trahison pour sa part, cependant, il a le mérite de provoquer l’hilarité par la biais de ses déclarations médiatiques consternantes, de son comportement vis-à-vis de ses joueurs ou encore, du « jeu » proposé par son équipe.
Arrivée en grande pompe pour prendre la relève de Marcelo Bielsa à l’issue d’une saison extraordinaire, il se livre à la presse en août dernier avec une philosophie teintée d’innocence pour les plus indulgents et de burlesque pour les autres.
Jugez plutôt.
• La pression du contexte marseillais ?
Ça ne lui fait pas peur, c’est un carburant à ses yeux. On comprend mieux pourquoi les résultats sportifs ne sont pas à la hauteur des espérances. Imaginez une équipe gagnant haut la main tous ses matchs à domicile, le pauvre Michel ne serait plus en mesure d’avancer sans cette « essence à pression » !
• L’entraîneur est comme un père de famille…
Vraiment ? Un père tirerait à vue sur ses enfants pour les critiquer et les rabaisser publiquement face à des résultats indigestes ? On ne sait pas quels sont les critères d’éducation au Real, mais les gamins doivent déguster…
Bon évidemment, s’il propose une séance de ball-trap…
• Les coachs européens sont très bons…
Tous ? Ah bon, comme ça par décret personnel ? On veut bien faire des efforts, néanmoins, ses fameux talents d’entraîneur européen n’ont pas suscité l’émoi des observateurs, des journalistes ou des supporteurs jusqu’à présent…
• J’ai refusé beaucoup d’argent…
Zut, lui aussi alors ! Pas de bol… Devant cet inimitable côté « chouineur », on est en droit de se demander pourquoi il n’a pas signé dans ces fameux clubs évoluant devant 2.000 personnes et qui lui offraient un « gros » salaire ? La réponse est simple : il affabule, car personne ne voulait de lui…
Les prémices de son arrivée à l’OM auraient pourtant dû nous mettre la puce à l’oreille : après avoir, soi-disant, démarché Klopp et Spalletti notamment, Vincent Labrune faisait signer un entraîneur n’ayant rien prouvé si ce n’est dans des clubs de seconde zone pour des résultats très mitigés, voire médiocres…
Saluons toutefois notre cher* président qui, à défaut de nous avoir incités à encourager un sympathique cheptel, malgré les énormes efforts déployés, aura au moins eu le mérite de nous faire rire ; à gorge déployée également.
* ah si quand même, il coûte des ronds…
Touchables
Réalisé sans trucage.
Nous n’entrerons pas dans les détails. En effet, d’aucuns parmi nous s’en désintéressent et à force, on ne sait plus vraiment quoi raconter, sinon ce qu’on dit depuis le début de saison. De fait, contentons-nous de quelques chiffres certainement plus prégnants.
- Marseille a gagné le match aller sur la plus petite marge possible, 1-0 (but de Cabella)
- Rennes a empoché la majorité de ses points à l’extérieur, à savoir 24 (même total que l’OM). Pour la petite anecdote, les deux clubs éprouvent les mêmes difficultés à gagner à domicile, les Rennais n’ayant pris que 21 points sur 48 possibles. Toujours mieux que les Phocéens…
- Michel n’a gagné que 28% des matchs qu’il a dirigés. Soit le plus faible ratio depuis la saison 1999/2000 où l’équipe était alors emmenée par Bernard Casoni…
- Courbis fait un peu mieux avec 44% de victoires depuis son intronisation sur le banc rennais (et en excluant quelques coups de bol ahurissants après neuf défaites consécutives)…
- Mais n’a gagné que 27% des matchs disputés face à l’OM depuis qu’il est entraîneur pour un bilan de 29 matchs (8V, 7N, 14D)…
- Marseille pourrait revenir à deux points de son adversaire du soir en cas de victoire et à quatre points du podium, avant les matchs du week-end (ça va on peut rigoler quoi) !
- Gourcuff 6-Diaby 0, l’affaire du mercato est pour le moment à mettre sur le compte du Stade Rennais.
- Michel a raison lorsqu’il dit que les deux premières journées de championnat ont tué l’OM : sans prendre en compte ces deux premières manches, l’OM serait aujourd’hui huitième de la ligue 1… Quel boute-en-train alors !
Ils l’ont dit
• Allez petit Dembélé, claque-nous un triplé ! @TonyO
Si même les rédacteurs se mettent à retourner leurs vestes…• Imaginons Diaby taclant Gourcuff au milieu de terrain…@Etienne
Ben, on pourra déclencher l’alerte attentat.• Du coup, on peut renommer ce match ‘l’handicapito’@Dlb1664
Ah ouais bien ! Et puis pour éviter les procès, c’est nickel. 🙂• Courbis va nous la mettre bien profond…@Aristote2
Comme nous venons de le démontrer avec brio, ce n’est pas si évident que cela pour lui ; même s’il a Anal + en clair, tout comme notre sympathique forumiste…
Allez l’OM.
Well done ^^
Bravo Jeanfred. C’est lassant de toujours dire que les articles sont bons !
Petite note négative, tu m’as fait peur avec la photo de Margarita ! Ca va pas non ? Y a des enfants qui peuvent regarder !
Quant à « Fiston et popa », espérons que ce soit pas « fistons » ce soir @Fistinière
Le montage de Diaby et Gourcuff ! Vilains !
Houla, je te laisse à ce genre de références. 😐 😛
En revanche, le montage n’est pas de moi, c’est un truc que Jeanfred a trouvé sur le Net, sinon, il y aurait le logo MassaliaLive. J’ai juste ajouté les phylactères. 😉
Enfin, tu as raison, les articles sont bons, je trouve qu’on cajole nos lecteurs !
En effet on le trouve sur le net. Ca fait beaucoup parler sur twitter. Comme quoi l’humour…
Cajole, cagole… ^^
Plus qu’un article… 😉
tu veux dire trop long?
Non, « trop bien » plutôt. 😉
Merci Boss. 🙂
Le travail d’équipe permet toujours de fournir de la qualité à nos lecteurs, qui je l’espère, sauront apprécier le travail effectué au sein de la team.