Les mauvaises années, une rencontre OM/Saint-Etienne, c’est le sommet pour les quinquagénaires et plus si affinités. Un match qui sent bon le catalogue de Manufrance et la culture ouvrière de la fin des Trente Glorieuses, la rivalité entre la province où il fait beau et celle on l’on se pèle le jonc les trois quarts de l’année, un match entre le kir et le Ricard, entre la commémoration d’une défaite sur les Champs-Élysées et celle d’une victoire sur la Canebière, l’une remontant aux Calendes grecques, l’autre à celle où Bernard Tapie n’avait pas l’air d’être le grand-père aigri de Belmondo. On ne va pas cracher dans la soupe, on a aimé, mais faut avouer, c’était un truc de has been.
Cela fait quelque temps maintenant que l’ASSE est revenue sur le devant de la scène. Pas tout à fait devant, mais dans les cinq premiers, à l’affût des places européennes, et se montre un client toujours sérieux, sauf parfois à Paris, mais c’était un accident, il paraît. De son côté, l’OM, depuis l’arrivée de Bielsa, rejoue au football et semble être prêt à revivre une grande aventure, forcément nationale cette année. Après un nul malheureux à Bastia et des débuts ratés au Vélodrome contre Montpellier, le club a aligné cinq victoires sans bavure, avec des scores globalement croissants. Premier de la L1 avec une différence de buts stratosphériques de +13, le meilleur buteur de L1, l’OM plane.
Les commentaires versent dans l’hyperbole, l’euphorie teintée d’incrédulité superstitieuse et de dithyrambe, quand ceux qui ont sottement moqué Bielsa à son arrivée attendent le faux pas avec une gourmandise de vieillard atteint d’hypersialorrhée voyant s’approcher la purée pour le dîner de 17h30. Ce match, pas loin d’être au sommet, leur offre la perspective d’étrenner un nouveau bavoir.
L’adversaire
Ramené de la 17e place à la cinquième par Galtier (Perrin avait déjà joué la coupe d’Europe non sans succès avec les Verts), Sainté sort d’une quatrième place en championnat, dispute la coupe que ses supporteurs appellent coupe de l’UEFA et que les autres nomment Europa League et a gagné une Coupe de la Ligue, un trophée improbable et très moche que les Marseillais méprisaient avant le séjour de Deschamps sur le banc olympien. L’équipe est troisième, à deux points des Marseillais. Elle sait être redoutable, a sorti de gros matchs contre Paris – euh, bon, pas cette année – et vient de jouer jeudi un bon match mal payé d’un nul contre Bordeaux.
Galtier n’a pas la réputation d’aligner des équipes très offensives, surtout à l’extérieur, et sa défense est très solide, avec seulement 7 buts encaissés, dont 5 en une seule journée, ce qui rend la contre-performance quelque peu anecdotique. On murmure qu’à quelques jours de recevoir les Ukrainiens de Дніпропетровськ, Galtier aurait fait une croix sur le match de dimanche contre des Olympiens « injouables en ce moment ». Comme disait l’Horace de Corneille, librement adapté par un légionnaire d’Astérix, « À vaincre sans péril, on évite les ennuis ». Mais il n’y a pas de raison de croire Galtier sur parole. Alors, certes, il y a l’Europe, certes, Hamouma, Perrin et Théophile-Catherine sont à l’infirmerie et certes, « gagner au Vélodrome serait un exploit », comme l’a affirmé Galtier. Mais rien ne dit qu’il ne tentera pas tout pour y parvenir.
Bielsa pointait récemment que l’OM devait encore apprendre à être efficace face à une équipe regroupée jouant très bas. Ce match pourrait être l’occasion de tester cette nouvelle corde à un arc olympien qui semble s’enrichir chaque semaine. On comprend pourquoi Galtier a l’air quelque peu blasé.
Le match de l’Équipe : l’OM, le titre ou la crise ?
« Au sortir d’une série de cinq victoires consécutives, ponctuée par un succès d’anthologie en terre champenoise, l’OM de Marcelo Bielsa a récidivé contre Saint-Etienne, maîtrisant son match pour l’emporter 2-0. Le PSG, désormais distancé en Ligue 1 et au bord de la crise avant de rencontrer Barcelone en Ligue des Champions, va tenter de conserver la deuxième place qualificative pour celle-ci. Laurent Blanc ne l’avoue pas, mais le vestiaire parisien gronde et le Président [le vrai, celui qui a les sous] broie du noir. » Il n’a pas recruté la défense titulaire de la Seleçao pour se faire voler la vedette par Morel.
« On l’attendait, il est arrivé : le coup d’arrêt est violent pour l’équipe de Marcelo Bielsa. L’OM s’incline deux buts à un sur sa pelouse, avec un but hors-jeu et un penalty imaginaire. Le pressing n’a pas payé ; Gignac a perdu sa précision, touchant huit fois les montants des buts de Ruffier, impeccable auteur de vingt-huit arrêts décisifs. Le soufflé est donc retombé. Vincent Labrune va-t-il mettre fin à l’escroquerie Bielsa ? »
Le foot, ça va vite, quand même…
Et l’OM dans tout ça ?
L’OM va bien. Ça rigole au score et même Marcelo Bielsa se marre.
Incertitude à cette heure sur la participation de Morel, transformé lors de ses dernières prestations, et de Romao, lesquels seraient remplacés le cas échéant par Fanni et Lemina. Doria est dans le groupe pour la première fois, mais ne devrait pas débuter le match ni même entrer en jeu. La stratégie globale ne fait guère de doute, vu que c’est toujours la même : attaquer sans relâche, presser haut, harceler les défenseurs adverses, anticiper leurs relances, récupérer haut pour créer des décalages, se replier rapidement (« sinon, le coach n’est pas content et crie très fort, ce qui fait mal à la tête » a expliqué Mendy), s’appuyer sur une solidarité défensive aussi complète qu’organisée. Il va être intéressant de voir comment l’OM arrive à défendre face à des Stéphanois rapides et adroits en contre-attaque. Le repli sur les ailes sera crucial et il faudra avoir bouché les no man’s land défensifs latéraux pour ne pas s’exposer à de désagréables surprises.
Finalement, tout le monde attend ce match avec impatience. Bielsa, les joueurs, qui sortent d’une dure semaine, les supporteurs et les observateurs. Allez l’OM.