A quelques jours de noël, la cerise sur le gâteau, le cadeau au pied du sapin : l’avant match du match auquel vous n’allez pas assister !
Ah, la magie de noël. Dimanche à 14h, à l’heure où blanchit la campagne, vous partirez. Mais peut-être pas pour le Stade Vélodrome.
Peut-être préférerez-vous bénéficier de l’ouverture des magasins le dimanche (merci Monsieur le Préfet / à bas les syndicalistes) pour effectuer , un peu à la bourre, vos dernières emplètes ? Vous serez tout occupé à dépenser sans compter vos maigres économies pour offrir à vos proches des cadeaux exorbitamment chers, en mémoire d’un homme décédé il y a environ 2000 ans, trahi pour quelques pièces d’or seulement (comme quoi, trahir coûte moins cher que glorifier).
Je me demande si le petit Jésus de Nazareth (qui n’était pas réellement noble, malgré la particule, information vérifiée dans le who’s who) se doutait qu’un jour, on honorerait sa mémoire en offrant des PS4, des iphones 5, des fringues Christian Audigier, le tout en s’empiffrant de dinde, de truffes et de foie gras.
Mais peu importe. A 14h, tout occupé que vous serez avec vos paquets sur les bras, votre femme acariâtre (et beaucoup moins jolie que durant ses vertes années de lycée, où vous l’avez emballée sur une musique extraite de la BO de « la Boum ») et vos gosses pleurnichards nuls à l’école, vous marquerez une pause. Votre souffle se fera court et vous allumerez la radio de votre Mégane Scénic d’occasion pour écouter le match de l’OM contre Bordeaux.
Vous ne regarderez pas ce match. Pas la peine, avec l’OM, on connaît la musique :
Première minute : les équipes entrent sur le terrain. Capt’ain Mandanda motive les troupes en n’écoutant que son charisme légendaire. L’OM perd sur tapis vert le choix du terrain (normalement effectué à pile ou face), Steve ayant refusé de parler pour exprimer sa préférence.
Engagement / Diawara est saoul(é), Gignac veut sauver l’OM et marquer un grand coup en partant dans un slalom géant. Il s’excentre sur le côté gauche, repique dans l’axe, fait un demi tour sur lui-même, frappe de 35 mètres…touche.
17ème minute : gros plan sur Anigo et Spinosi qui discutent tactique. José se tient les parties à deux mains pendant que Spino insulte la famille de l’arbitre jusqu’à la 7ème génération.
22ème minute : oh, un rayon de soleil dans le ciel. C’est quand même beau, un soleil d’hiver
24ème minute : première occasion bordelaise, consécutive à un cafouillage étrange entre N’koulou et Mendy. Les deux olympiens se sont percutés en tentant tous les deux de couvrir Obraniak du piège du hors-jeu. Mandanda ferme les yeux, tend les bras, et arrête le ballon du ventre (n’aurait-il pas un peu grossi dernièrement ?)
45ème minute : mi-temps. 1 occasion pour les bordelais, 1 touche trouvée par Gignac côté olympien. Bilan bien maigre pour une première mi-temps terne, sans émotion, malgré le courage exceptionnel d’une équipe de marseille qui se bat avec ses armes, en hommage à José, venu sauver le club sans augmentation de salaire et à son corps défendant, le pauvre.
62ème minute : Jordan Ayew s’échauffe…avec une partie du public. Son frère descend de la tribune en béquilles pour défendre son cadet.
63ème minute : profitant du cafouillage général, Gignac part seul au but, raffute Carasso et pousse la balle au fond des filets : BUT DE MARSEILLE. Explosion de joie dans les tribunes où sont massés 2300 supporters habillés en orange, qui se tenaient jusque là sous une bâche de 50 mètres sur 40 à l’effigie de notre Directeur sportif. Une partie de la tribune présidentielle se réveille, Vincent Labrune sourit en songeant au coup de maître qu’il vient de réaliser.
Pourquoi aller chercher un entraîneur avec ses diplômes et une discipline tactique, alors que l’on tient dans ses rangs un homme d’expérience, qui a fait le tour des plus grands clubs européens durant ces dix dernières années pour glâner des conseils auprès des meilleurs ? Vincent est un génie.
72ème minute : Marseille ne ressort plus de ses 30 derniers mètres. Heureusement, les joueurs de Bordeaux refusent d’y aller pour ne pas se découvrir.
74ème minute : le stade tremble. Corner pour Bordeaux, N’koulou dégage de la tête sur Diawara qui lâche sa flasque, tente de dégager mais se fait contrer par Fanni, qui le filmait pour son reportage « les yeux dans les boeufs ». La balle s’élève, prend une trajectoire en courbe vicelarde qui lobe Mandanda, figé sur sa ligne, les larmes de détresse aux yeux.
85ème minute : Marseille ne lâche rien, Cheyrou engueule l’arbitre pour lui avoir refusé un pénalty. L’arbitre, plein de bonne volonté, lui explique qu’il pourrait au moins faire l’effort d’aller au contact avec les joueurs adverses pour bénéficier d’une faute. Le banc marseillais, Spinosi en tête, réclame la castration chimique de l’officiel.
88ème minute : incroyable but de Thauvin ! L’ancien Lillois, lassé du spectacle donné par ses partenaires, prend la balle au milieu de terrain, dribble 5 bordelais, se moque de Gignac qui lui demande le ballon et envoie une frappe imparable en lucarne des 20 mètres.
Fin du match, José Anigo est porté en triomphe par l’ensemble du staff et des joueurs. Benoît Cheyrou négocie une prolongation de contrat, un rôle de capitaine et une revalorisation salariale.
Vous coupez votre radio, jetez un regard désespéré à votre épouse qui se plaint de votre conduite, et vous préparez à de nouvelles fêtes de fin d’année passées avec votre belle famille exécrable. L’OM n’est même plus une bouffée d’oxygène dans ce monde de brutes.
Ne mettez pas fin à vos jours, en matière de sport comme ailleurs, demain ne peut qu’être meilleur.