Alors que d’aucuns attendent peu ou prou le faux pas marseillais bien tapis dans l’ombre de leur médiocrité de chapelle, nos olympiens enchaînent les victoires et affolent les compteurs. Même Menès ou Riolo, ces derniers jours, y sont allés de leur couplet presque dithyrambique à l’endroit de la formation conduite par Marcelo Bielsa.
On redoutait surtout le fameux match piège face au Téfécé, mais fort heureusement il n’en fut rien, car l’Olympique de Marseille a non seulement remporté ce match sur le score de deux buts à zéro, mais il y a une fois de plus ajouté la manière. Mieux encore : entre des joueurs émoussés après leur intermède en équipe nationale et d’autres rouillés par le manque de compétition dû à cette trève, la rencontre victorieuse face à Toulouse a servi de remise en jambes salutaire. Et la semaine qui vient de s’écouler a pu permettre à Marcelo Bielsa de resserrer les vis et d’insuffler un nouvel élan à ses ouailles.
Mais ce Lyon-OM revêt surtout un aspect symbolique à bien des égards. Tout d’abord, un succès marseillais en terre lyonnaise permettrait au club phocéen de pulvériser un nouveau record : celui du nombre de victoires de rang en championnat, le dernier en date remontant à l’automne 1998, avec huit victoires consécutives en Division 1 (eh oui, à l’époque, cela s’appelait la D1 et nous avions encore des francs en poche ! Ca ne me rajeunit pas tout ça, moi…), la série s’arrêtant abruptement un soir de novembre à…Lyon (défaite 2-1 de l’OM de Courbis). Un petit clin d’œil de l’histoire, qui donne l’opportunité aux olympiens de briser un sacré signe indien.
Ensuite, il s’agit actuellement, au vu du classement arrêté après dix journées, de la meilleure équipe à l’extérieur ( invaincue, avec quatre victoires et un nul en cinq matchs, pour quatorze réalisations) qui s’en va défier la meilleure à domicile (15 points glanés, pour cinq victoires en six matchs, et seize buts inscrits). Et, de surcroît, de la confrontation des deux meilleurs artificiers du moment en Ligue 1, avec Alexandre Lacazette (8 buts) pour les Gones et André-Pierre Gignac (10 buts, soit un par match) pour Marseille. De plus, quatre des cinq meilleurs passeurs du championnat sont Lyonnais (Jordan Ferri et Clinton N’Jie, quatre offrandes chacun) et Marseillais (Dimitri Payet et Benjamin Mendy, quatre passes chacun également). Autant dire que cela promet du spectacle, et surtout du beau jeu…
Enfin, il s’agira du second grand test offert aux Phocéens après celui de l’AS Saint-Etienne fin septembre, lequel n’avait semble-t-il convaincu qu’à minima les plus fins observateurs du ballon rond. Une victoire marseillaise en terre rhodanienne saura-t-elle convertir les derniers sceptiques, sachant que le club cher à JMA parait plus que jamais faire partie du big five de notre bon vieux championnat de France ?
L’adversaire of the day
Après un cycle de trois saisons avec Rémi Garde, ancien joueur du cru, à la tête de l’équipe lyonnaise, c’est une autre ex-gloire locale, Hubert Fournier qui est venu poser son séant sur le banc de Gerland, arrivant tout droit de Reims. Si ses débuts dans le Rhône ont été assez poussif, force est de constater que la suite des événements lui fut davantage souriante. En témoigne cette dernière victoire prolifique obtenue face à Montpellier (5-1), même s’il faut se souvenir que la rencontre était à l’origine prévue au stade de la Mosson, puisqu’il s’agissait initialement de Montpellier-Lyon et non l’inverse (les récentes intempéries dans la région languedocienne en ayant décidé autrement). En aurait-il été de même quant au résultat si le match s’était disputé dans l’Hérault ? Pas si sûr, lorsque l’on s’aperçoit que, hors de leurs bases, les Gones ne sont plus les mêmes, puisqu’ils sont bons derniers avec deux points, soit deux matchs nuls et deux défaites en quatre rencontres. Cependant, en y regardant d’encore plus près, on constate que les deux résultats nuls – obtenus à Nantes et à…Paris – sont les plus récents et que les deux fameuses défaites (sur le même score de 2-1) concédées à Metz et à Toulouse datent du mois d’août, tout comme la seule défaite enregistrée à domicile (0-1 contre Lens).
Tout cela met évidemment en lumière (aucun rapport avec les frères…) le bon redressement lyonnais, qui voit l’escouade de Fournier pointer désormais au quatrième rang du classement général, talonnant Paris et Bordeaux à un petit point, et en étant crédité de la deuxième meilleure attaque avec vingt buts inscrits, derrière…l’OM, pardi ! Néanmoins, rien ne dit que nous assisterons à une orgie de buts comme ce fut le cas lors de la saison du titre, en 2009/10, lorsque les équipes de Claude Puel et Didier Deschamps s’étaient quitté sur le score nul de 5-5. Car Lyon et Marseille font également partie des toutes meilleures défenses actuellement, avec respectivement neuf et huit buts encaissés.
Je m’appelle Serge Karamasov. Aucun lien, je suis fils unique…
Mais on s’aperçoit également que les Gones se comportent plutôt très bien face aux poids lourds supposés de l’élite. En effet, en plus du bon match nul arraché dans la capitale (1-1) lors de la sixième journée, les hommes de Fournier ont battu Monaco et Lille – respectivement 2-1 et 3-0 – dans leur Jardiland jardin de Gerland. Ils y ont aussi étrillé Lorient (4-0), mais cela ne semble guère être une référence cette saison.
En ce qui concerne l’effectif, on peut dire que celui-ci s’est considérablement renouvelé ces dernières années, comme en témoigne la kyrielle de départs, notamment ceux de Bafétimbi Gomis ou Jimmy Briand cet été. Il s’est surtout fortement rajeuni, puisque la moyenne d’âge est de 23,3 ans, avec pourtant une bonne dizaine d’éléments de plus de vingt-cinq ans comme Maxime Gonalons (25 ans), Bakary Koné (26), Mouhamadou Dabo (27), Yoann Gourcuff (28), Arnold Mvuemba (29), ainsi que les trentennaires Henri Bedimo, Christophe Jallet (30 ans), Milan Bisevac (31 ans), Gaël Danic (32) et Steed Malbranque (34 printemps), doyen de cet effectif.
Hormis cette ossature expérimentée, le club de la troisième ville française peut compter sur son goléador attitré Alexandre Lacazette, lui-même épaulé sur le front de l’attaque par le très prometteur Yassine Benzia, ainsi que par le non moins prometteur Mohamed Yattara ou encore le jeune Camerounais Clinton N’Jie. Le milieu de terrain est sans nul doute le compartiment de jeu le plus pléthorique de cette formation rhodanienne, avec l’international tricolore Clément Grenier, les deux pépites Jordan Ferri et Nabil Fekir, Gueïda Fofana, Rachid Ghezzal, sans oublier le véloce Corentin Tolisso (1,65 m pour 56 kg). Quant à la défense, il s’agit là du secteur le plus chevronné, même si des jeunes comme Samuel Umtiti ou Lindsay Rose s’y sont fait une place. Enfin, chez les gardiens de but, Anthony Lopes (24 ans), lui aussi un pur produit du centre de formation lyonnais, a réussi à faire oublier Lloris – et surtout Vercoutre ! – aux supporters du stade Gerland.
Quoiqu’il en soit, il conviendra de briller de mille feux à l’occasion de ce match dimanche, afin de poursuivre cette belle série et – pourquoi pas – s’ouvrir une voie royale. Et ne surtout pas donner l’immense satisfaction à Mister « Hole-Ass » de briser le bel élan olympien.
Enfin, rappeler qu’il n’y a qu’un seul Olympique : l’Olympique de Marseille !
Ils l’ont dit cette semaine
« C’est un grand entraîneur, très important dans la carrière de jeunes entraîneurs comme nous en Ligue 1.» Alain Casanova (entraîneur de Toulouse)
« Quand Bielsa est arrivé, je me suis dit : « Tiens, il est pire que moi, celui-là ». Il ne parle pas, ne veut pas de journalistes aux entraînements et, quand l’OM marque, on dirait qu’il fait la gueule. Je me suis dit qu’il allait se faire fracasser. Mais les résultats l’ont remis en grâce ». Francis Gillot (entraîneur qui fait sans banc)
« L’OM n’est pas parti pour finir dixième ! Le PSG va avoir du fil à retordre » Just Fontaine (oui oui, c’est Just son prénom…)
Ils auraient pu le dire
« Pourquoi il a arrêté les Bigmacs, Gignac ? » L’ensemble des gardiens de but et défenseurs adverses
« Pourquoi ce n’est plus Spinosi l’entraîneur de Mandanda ? » L’ensemble des attaquants adverses + Hugo Lloris… et éventuellement Ruffier et Costil
« En fait, je vais tout avouer : c’est Labrune qui m’a obligé à recruter Kadir, Sougou et Khalifa. Heureusement que j’ai pu imposer Payet, Thauvin, Mendy et Imbula à l’été 2013. Et pour Bielsa, l’idée venait aussi de moi ». José Anigo, désormais exilé en Afrique et frappé, lui, du virus ébalourd
QUOI QU’IL EN SOIT, PORTEZ ENCORE HAUT ET FORT NOS COULEURS CE DIMANCHE
ALLEZ L’OM !