J 36 | OM-Lyon : la légende de Robin des Points

La saison va bientôt se refermer et emporter avec elle bon nombre de regrets, de rendez-vous ratés, de colères, et de ratages propres à provoquer des crises de rages chez beaucoup de supporteurs. Néanmoins, il reste quelques échéances à venir (qui a dit des purges à subir ?) en tentant de garder un semblant de dignité. Alors, encore une fois cet avant-match sortira des sentiers battus pour tenter de mettre un baume apaisant sur ces blessures d’orgueil !

Il était une fois, dans le Royaume de Ellefpée, un preux chevalier, du nom de Robin de Déain,  au passé jadis glorieux et auréolé d’une légende dont seuls les plus grands peuvent s’enorgueillir. Il avait en effet inscrit en lettres d’or son nom au mémorial des valeureux qui avait triomphé de la quête de Séhein ! Une quête longue et dont la difficulté n’a d’égale que la majesté qui découle de sa réussite, ne laissant que les plus opiniâtres et les mieux préparés passer, une à une, les dures épreuves vers la gloire ultime.

Nanti de son linceul de grandeur, plus brillant qu’un diamant, il comptait, le plus naturellement du monde, poursuivre son chemin en entraînant avec lui tous les sujets du Royaume pour lui permettre de gagner sa place à la table des Grands Royaumes. Las, dans sa quête de Séhein, ce brave Robin avait conclu un arrangement des plus mineurs mais des plus maladroits : avant d’affronter son ultime épreuve, il avait fait preuve de quelques filouteries en vue d’arriver en pleine possession de ses moyens face à l’ogre lui disputant la Coupe Sacré de Séhein.

Une incartade ridicule et, pour tout dire, assez courante en ces temps lointains, et dont d’aucun disent qu’elle serait tellement anodine de nos jours que l’on ne la relèverai pas tant le Royaume est gangrené. Malheureusement, et bien que la quête de Séhein fut complétée, dans l’ombre de nôtre Chevalier en armure, se tenait le vil shérif  de Le Grètam, dont la perfidie et la fourberie allait profiter du maigre écart de conduite de Robin de Déain pour le plonger dans les abîmes !

À peine le shérif eut-il connaissance de ce fait qu’il s’empressa de le déchoir de ses titres de noblesse. Arguant qu’il devait protéger le Royaume en raison de la venue prochaine des émissaires de l’ensemble des Royaumes connus. En guise de punition, il décida donc d’enfermer notre valeureux Robin dans les terribles et sombres geôles de Desdeu ! Pire, malgré le fait que le Chevalier s’acquitta honorablement de sa peine, le vil Le Grètam, pour satisfaire ses bas instincts et sa soif de pouvoir, décida de la prolonger !


Ainsi, quand Robin se vit enfin accorder le droit de quitter sa prison et de regagner le Royaume de Ellefpée, il n’était plus rien, ses titres lui avaient été retirés, ses terres avaient été spoliées, Robin de Déain n’était plus qu’un fantôme, évoquant une gloire passée tout autant qu’une trace indélébile de bassesse, le shérif ayant profité de son absence pour le salir dans des proportions propres à faire frissonner les plus résilients ! Robin de Déain  allait devenir Robin des Points.

Celui qui avait jadis été la lumière, le phare dans la nuit persistante d’un Royaume sur lequel jamais avant ses exploits, le soleil ne s’était vraiment levé, allait sombrer dans l’anonymat, pratiquement la clandestinité, pour se lancer dans une quête plus longue et plus ardue encore que celle de Séhein : laver son nom et son honneur pour regagner sa place et ses terres au pinacle au mépris des fourberies perpétuelles de l’odieux Le Grètam. Ce dernier, non content d’avoir éloigné Robin de ses terres, avait profité de l’absence de celui-ci pour installer à sa place des nobliaux fantoches aux bourses pleines qui n’hésitaient pas à payer grassement le shérif pour préserver leur place sur le trône !

Le Grètam ne recula devant rien pour tenter de faire briller le Royaume de Ellefpée tant ses voisins le toisaient avec mépris, le voyant uniquement comme un janissaire où était formés les meilleurs soldats  qu’ils pouvaient s’offrir contre quelque piécettes négligemment étalées devant les yeux des seigneurs de ce petit domaine exsangue ! Oh bien sûr, la victoire de Ellefpée aux joutes mondiales avait bien entretenue l’image d’un Royaume fort, mais peu s’y trompaient : la victoire n’était que celles de ces soldats vendus aux ennemis. Ainsi, de l’obséquieux Marquis Aulas Coeur de Fion, aux très argenté Duc de Kataressegé, le shérif installait ses pions sur le trône au gré de ses intérêts en veillant à ce que le brave Robin éprouve les pires difficultés à remonter dans la hiérarchie !


Mais Robin n’était pas du genre à abdiquer, et sa personnalité à nulle autre pareille allait bientôt lui valoir de recevoir un soutien aussi inattendu que porteur d’espoir : venu du lointain nouveau monde, un inconnu mais fortuné seigneur allait mettre à sa disposition ses conséquents moyens pour lui permettre de lever une armée capable de partir à la reconquête du trône. C’est ainsi que le Seigneur Macourte, pour s’assurer que son investissement porterait ses fruits, décida, pour palier à la distance entre son Royaume et celui de Ellefpée, de placer auprès de Robin des Points, un homme de confiance, un marchand de chevaux et de rêve avec lequel il avait noué connaissance lors d’une visite en Ellefpée : Jakenri Blaireau !

Bien que ce dernier n’eut aucune connaissance du monde de la Chevalerie, il sembla, au premier abord, être le compagnon idoine pour Robin, lui apportant un soutien logistique qui permit à ce dernier de glaner quelques succès d’estime et d’attirer à nouveau la lumière à lui, bien que le Duc de Kataressegé continue, à grand renfort de faste, à garder la faveurs de courtisans aveuglés par les armures diamantées de ses troupes, lesquelles, malgré leur puissance terrible manquaient de tout ou presque pour parvenir à succéder au noble Robin dans la quête de Séhein !

Pire, le Duc n’avait même pas eu l’occasion de se livrer à la bataille finale ne serait-ce qu’une fois, malgré des moyens toujours plus conséquents mis en oeuvre après chaque échec. Il était en effet, à chaque campagne, prématurément défait, souvent de manière ridicule, par des adversaires qui étaient parfois en bien mauvaise posture, mais qui, contrairement à lui, savaient puiser dans leur expérience de ce genre de quête, ainsi que dans les ressources insoupçonnées que cachent le cœur d’un vrai chevalier, pour sortir victorieux de la bataille !

Ainsi, quand en cet An de Grâce deux mil dix-huit, Robin des Points, fort de sa nouvelle puissance et du soutien de plus en plus conséquent du Seigneur Macourte, et sous la férule de Jakenri Blaireau, se sentit enfin prêt à repartir à la conquête du trône, bien peu auraient prédit que bien loin d’une épopée épique sa route ne serait qu’un long chemin de croix. Pourtant, les motifs d’espoirs étaient nombreux. L’an précédent, avec une armée moins forte Robin avait échoué, à la faveur d’événements défavorables, lors de la dernière joute dans sa quête de Cétroyes. Alors quand il décida de marcher, avec une armée renforcée, sur le trône, beaucoup savaient que ce serait compliqué, mais l’échec allait pourtant être retentissant, le faisant reculer (assez peu au demeurant) dans la hiérarchie des prétendants au titre suprême de Ellefpée, mais surtout lui faisant perdre (considérablement) du lustre qu’il avait eu, après de longues années de vache maigre, tant de mal à reconquérir !

De plus, il eut à subir l’affront des moqueries persiflées par les courtisans fidèles au Duc de Kataressegé, lesquels prenait plaisir à se repaître des échecs répétés du pauvre Robin, en soulignant, à chaque fois, l’écart de classe existant avec ses armées et celles du Duc. Du reste, peu importait que ces derniers mentent éhontément, déforment la vérité, ou la dissimule pour donner plus de corps à leurs propos. Ce qui comptait avant tout pour eux était de faire bonne figure et de montrer allégeance au Duc. Rares étaient ceux qui dépeignaient son parcours avec justesse en pointant avec la bienveillance nécessaire, les défaillances du pauvre Robin et de son armée.

Pourtant, il n’était pas dur de prendre conscience de l’abominable vérité : l’incompétence du déplorable Jakenri Blaireau, lequel s’était attaché les services d’un tacticien aux compétences notoirement exagérées bien que douteuses, Roudi de Nemours, dit « Garcimore » ou encore « Francis Labrèle », allait enfin se révéler aux grand jour. Le regrettable Blaireau semblait en effet plus attaché à transformer le noble Robin en objet de propagande au service d’on ne sait quelle ambition, qu’à lui permettre d’enfin honorer son blason ceint d’une étoile d’or, signe de sa réussite dans la quête de Séhein.

Ainsi, ce diable de marchand avait laissé à « Francis » la direction d’une armée forte sans réellement se soucier de la capacité de ce dernier à la mener à la victoire. Les récents succès d’estime avaient en effet conforté le tacticien dans ses idées, et notamment celle qui consistait en le fait de croire qu’il était un des généraux les plus habiles de son temps, et qu’il n’avait qu’à prendre la tête d’une armée pour voir celle-ci courir vers la gloire. Mais comme souvent, la vanité ne fut que prélude à la chute, et « Francis Labrèle » perdit contact avec la triste réalité, sans doute plus préoccupé à dorer son blason qu’à lustrer celui de son armée, laquelle, subissant un Général hautain, lointain, et tactiquement dépassé.

Si puissante soit-elle, une armée dirigée en dépit du bon sens ne sera vouée qu’à se briser bruyamment sur les remparts ennemis, et c’est malheureusement ce qu’il advint de celle du pauvre Robin qui eut pour seul tord de prêter trop de confiance aux déclarations de bonnes intentions de ses acolytes sans se montrer trop attentif à ce qu’il en était réellement.


Ainsi, les défaites se sont enchaînées, parfois accompagnées par un vent d’humiliation, au point que Robin des Points, dont l’histoire se nourrit de quêtes légendaires, se verra probablement, d’ici à la fin des joutes, privé, pour un an au moins, de se lancer dans une nouvelle quête. Il y perdra de sa dignité, mais aussi de ses moyens, car entretenir pareille armée sans avoir ni l’attrait, ni le trésor octroyé par la quête de Séhein va se révéler plus que complexe. Ses espoirs sont bien minces, au moment où doit affronter les troupes du vil Coeur de Fion, qui bien que n’étant pas plus fortes que son armée, semblent savoir trouver la vaillance nécessaire pour se défaire des situations défavorables.

Le combat se déroulant sur ses terres, Robin devra aussi composé avec un soutien très distancié de ses fidèles, qui, s’ils seront présents en nombre, auront à cœur de faire entendre leur voix quant à Robin autrefois si noble et vaillant, est devenu une parodie de lui même. Bien loin de donner l’espoir de jours meilleurs au Royaume de Ellefpée, il s’est offert une belle armure étincelante qui lui a fait oublier les valeurs de combat et d’honneur qui furent, il y a peu encore, les siennes.

Certains argueront que le shérif de Le Grètam et ses laquais n’auront, à force de punitions iniques, pas aider le pauvre Robin, mais celui-là ne devra pas s’en plaindre car il ne doit ses échecs qu’à son incapacité à profiter de tout ce que lui offrait le soutien du Seigneur Macourte en raison de la confiance indûment donnée à des incompétents plus avides d’argent et d’intitulés ronflants qui auront précipité sa chute.

Même si la fin exacte de cette triste histoire est encore inconnue, le trop peu de temps qu’il reste pour l’écrire ne laisse rien augurer de bon quant à l’avenir prochain de Robin et de ses partisans. Néanmoins, la fidélité sans faille de ces derniers est, et restera, au bout du compte, la seule chose sur laquelle le Chevalier pourra compter ! Les cris qui résonnent à sa gloire dans son arène devront le pousser à reprendre enfin ses esprits pour livrer la bataille de sa vie et reprendre ce qui lui fut volé il y a bien trop longtemps déjà  : son honneur !

Bon courage à tous pour dimanche et allez Robin !

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A propos de Ragnarok


Juriste de raison, confiseur de métier, ancien habitant du bassin parisien repenti en Marseillais pur sucre qui n'a toujours vibré que pour l'OM. Joueur occasionnel au Z5 (option « pieds carrés et contrôles aléatoires » incluse), et désormais fier rédacteur de MassaliaLive !
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Une Réponse pour J 36 | OM-Lyon : la légende de Robin des Points

  1. Ahhhhhhhhhhhh, ces héros de séries, quelles vies trépidentes , de plus, ils semblent souvent immortels, résistants à tout . merci