J 34 | OM-LOSC : les dogues aux abois ?

Samedi après-midi, l’OM accueille une équipe lilloise au bord de la crise de nerfs. L’occasion pour les Olympiens d’engranger trois points dans le sprint final et de rester au contact de leurs concurrents. Les nordistes jouent, eux, leur survie en Ligue 1 et sont dans l’obligation de faire un résultat… malheur au vaincu !


Si on se fie aux pronostics de début de saison, ce match aurait pu être le théâtre d’une lutte sans merci pour le podium, avec un titre que le tout Hollywood nous aurait envié : OM-LOSC, Champions versus Unlimited. Ajoutez à cela deux ou trois aliens, quelques vaisseau spatiaux et des moustachus en peignoir… l’Oscar n’était pas loin !

Pourtant, tandis que l’heure des bilans est proche, la réalité est implacable, cruelle pour des Lillois qui se voyaient déjà en haut de l’affiche, mais qui sont aujourd’hui bien plus proches de la Ligue 2 que de la Ligue des Champions. Leur saison est un fiasco sur toute la ligne, mais il y avait des signes avant-coureurs que beaucoup ont préféré ignorer.

Gérard l’enchanteur

S’il n’est nullement question de faire une analyse poussée de la situation du LOSC, il est quand même intéressant de rappeler que le projet lillois était initialement prévu… pour l’OM ! Comment oublier qu’il y a dix-huit mois, la rumeur d’un rachat du club olympien par Gérard Lopez embrase la toile, surtout qu’il promet d’amener dans ses bagages un certain « Marcelo Bielsa ». Le dossier semble solide (apport conséquent de capitaux), ambitieux (axé sur la formation et le retour du club au premier plan hexagonal puis Européen) et un célèbre journal a même annoncé l’accord de vente avant tout le monde.

Dans la cité phocéenne, les gens dansent dans les rues, sautent sur les tables, et accessoirement font planter les serveurs des plus gros réseaux sociaux, incapables de résister à la pression exercée par la passion –parfois excessive– qu’ont les Marseillais pour leur club. Cette fois c’est sûr, l’OM est bel et bien de retour !

Pourtant quelques heures plus tard, la rumeur d’un démenti se répand comme une traînée de poudre, confirmée par un communiqué officiel. Il semble qu’une source anonyme se soit fait un malin plaisir de divulguer le déroulement des négociations, provoquant le courroux de Margarita Louis Dreyfus, fragilisant de ce fait Gérard Lopez et son projet magique. Il se murmure même qu’un candidat de dernière minute est entré dans la danse, et qu’il est favori pour l’emporter… la suite vous la connaissez !

Dix-huit mois plus tard, on ne peut dire qu’une seul chose à Margarita, c’est merci ! Elle a été insultée, l’objet de toutes les rancœurs, mais contre vents et marées elle a tenu bon. C’est surtout qu’elle l’avait vu venir le Lopez, avec son look de vrp et son projet bancal : pas de fonds propres, rachat à crédit, négociations sur l’intégralité de la reprise de la dette du club, et un sourire qui en dit long sur sa capacité à s’introduire là où on ne s’y attend pas. Si elle ne voulait plus investir, elle avait promis qu’elle laisserait le club entre de bonnes mains –c’est ce que son mari aurait souhaité– et elle a tenu parole.


Erreur de casting

Mis hors-jeu dans la course au rachat de l’OM, Lopez parvient tout de même à vendre son projet à un pigeon club et à réaliser le rêve qui est le sien en acquérant un club de football. Ce sera le LOSC, club sérieux s’il en est, présidé par le très compétent Michel Seydoux, mais en proie à des difficultés financières et qui cherche son second souffle afin de démarrer un nouveau cycle. De plus, Lopez a dans sa manche un atout non négligeable en la personne de Marcelo Bielsa. Réputé pour sa psychorigidité, son sens de l’honneur et surtout sa compétence, le coach argentin est un gage de sérieux, et personne n’imagine qu’il puisse s’engager dans une aventure s’il n’a pas toutes les garanties nécessaires.

Et c’est là qu’il est malin le Gérard, car il réussit à vendre du rêve à un personnage aussi méfiant que Bielsa : main mise sur la formation, achats de jeunes joueurs à fort potentiel (ce qui a été en partie réalisé), investissements conséquents et surtout du temps pour appliquer sa méthode. D’aucuns voient déjà le LOSC tutoyer les sommets de la Ligue 1, sur la base des principes de jeu mathématiques mais souvent spectaculaires prônés par El Loco. Quelques consultants avisés se risquent même à comparer les projets lillois et marseillais, opposant la rigueur et le sérieux nordiste, à la fantaisie et l’instabilité méditerranéenne.

Le rêve –ou la supercherie– dure en tout et pour tout treize journées. Le temps pour les Lillois d’enchaîner les déconvenues (sept défaites, trois victoires et trois nuls), de voir le coach argentin abandonner le navire en réclamant la modique somme de dix-huit millions d’euros au club, et de se retrouver dans le viseur de la DNCG avec menace de relégation à titre conservatoire. Les supporteurs des dogues, abasourdis, ont vu en quelques mois leurs rêves de grandeur s’envoler aussi vite qu’une frappe de Taye Taiwo un soir de grand vent !

Aujourd’hui, le club est dix-huitième en championnat, barragiste et aux portes de la Ligue 2… mais surtout à quarante et un points de la fameuse seconde place qui lui était promise par beaucoup de médias spécialisés.


Jusqu’ici tout va bien… 

Encore enivrés par le doux parfum qu’exhale la coupe d’Europe, les Olympiens sont, eux, lancés dans le sprint final d’une saison excitante à souhait, et qui pourrait s’avérer historique à plus d’un titre. L’équipe, toujours dans le coup pour l’accession au podium de Ligue 1, se trouve surtout à deux matchs d’une cinquième finale européenne, récompense d’un exercice 2017-2018 riche en rebondissements, mais où les Olympiens n’ont jamais lâché. La victoire à Troyes (2-3) la semaine dernière résume à elle seule la saison que nous sommes en train de vivre : des erreurs défensives évitables, mais qui obligent l’équipe à courir après le score, une solidarité de tous les instants qui aide à revenir dans la partie, et ce supplément d’âme qui permet d’y croire jusqu’au bout et de sortir vainqueur.

Pour la première fois depuis longtemps, les supporteurs se reconnaissent dans leur équipe, ce n’est donc pas un hasard si les résultats suivent. Quand les décisions tournent régulièrement en votre faveur, c’est souvent le signe qu’il y aura une récompense au bout.

 … mais gare à la chute !

Pour cela, il faudra d’abord terminer le travail ! N’ayant plus leur destin entre leur main, les Marseillais n’ont d’autre choix que de remporter leurs cinq derniers matchs, et d’espérer un faux pas des leurs concurrents directs Lyonnais et Monégasques. Le moindre point perdu sonnerait probablement le glas des ambitions phocéennes pour une qualification en C1, par le biais du championnat. La victoire finale en Europa League fait rêver tous les supporteurs, mais semble bien trop incertaine pour tout miser dessus.

Les Lillois joueront probablement leur survie samedi, et nul doute qu’ils vendront chèrement leur peau sur la pelouse du Vélodrome. Quand on connaît la propension de l’OM à relancer les équipes en difficulté, cela promet quelques sueurs froides si on n’y prend pas garde.

Il est cependant un élément déterminant qui pourrait jouer en notre faveur, c’est le retour des absents. La cascade de blessures du mois de mars, conséquence de la surexploitation d’un effectif trop juste quantitativement, semble ne plus être qu’un lointain souvenir. Thauvin revient en forme, Rami peut jouer sans pectoral ni mollet, Rolando semble remis de sa blessure au tendon d’Achille et Sarr a l’épaule solide (ils sont même présents sur la feuille de match). C’est donc un effectif quasi complet que Rudi Garcia aura à sa disposition, où, sauf catastrophe de dernière minute, seuls Kamara (cheville) et Mandanda (quadriceps) manqueront à l’appel.

Sur le papier, avec son équipe type et sa dynamique actuelle, l’OM est logiquement favori et a toutes les chances de l’emporter, renvoyant des dogues à leurs études et aux portes de la relégation. Sauf qu’on sait que le football ne se joue pas sur du papier, sinon les remontadas n’existeraient pas. Il faudra donc remettre le bleu de chauffe et ajouter les ingrédients habituels : pressing, efficacité, détermination et justesse technique… le public du Vélodrome se chargera du reste !


Les raisons d’y croire

• Le LOSC a la chkoumoune qui accompagne souvent les futurs relégués.

Zambo aurait cadré quatre frappes à l’entraînement, dont deux auraient fini au fond (@source anonyme).

• Yohann Pelé n’utilise plus ses mains pour stopper les tirs adverses… c’est plus sûr ! 

• Payet marche sur l’eau, la Ligue 1 et accessoirement sur la concurrence en équipe de France.

 Adil Rami vient de tenter la treizième position du Kamasutra avec la science… et elle en redemande !

 Ce que l’on peut craindre

• Une grève de la faim de Sakai qui exige désormais de jouer avant-centre.

• Une idée lumineuse du coach qui repositionnerait Luiz Gustavo gardien de but.

• Une équipe lilloise faisant le match de sa vie (et qui perdra la semaine d’après contre Metz).

• L’alinéa 7 de la loi 14 du football, qui stipule qu’il n’y a pas penalty pour l’OM.

• Des joueurs ayant peur de se blesser et le regard tourné vers la demi-finale d’Europa League.


Pour terminer, nous rendrons hommage à un philosophe visionnaire

« Pour le moment, à Lille, on ne sait pas ce que ça va donner. On a juste en face de nous des gens qui rachètent un club et ce qui me plaît, c’est qu’il y a une méthode claire. Quand je vois ce qu’il se passe à Marseille, avec des mecs qui sont en place depuis dix mois, on a l’impression que c’est un bordel sans nom. Garcia n’est pas d’accord avec Zubizarreta, on veut des joueurs qu’on ne prend pas, on rappelle des anciens… à Lille, le projet est réfléchi depuis des mois. Ils ont une vision. » @Christophe Dugarry, SFRSport*

 

Les marseillais vous saluent bien bas… Allez l’OM !


*Retrouvez l’intégralité de la séquence ici

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A propos de fayçaldinho


Manchot- analphabète - susceptible. Le spécialiste de l'aigreur et de la mauvaise foi. Supporter de l'OM de 1986 à 1999 et depuis je subissais, jusqu'à ce que JHE m'achève, puis soit éjecté du poste de président.
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3 Réponses pour J 34 | OM-LOSC : les dogues aux abois ?

  1. avatar De Benito De Soto le 21 avril 2018 à 15h45

    Oublié de dire également que la folie du projet, et là M. Bielsa a de grosses responsabilités, c’est d’avoir changé à 100 % le team, d’avoir viré ou mis au Loft les cadres importants de l’équipe, et d’avoir constitué une équipe de minots venant des quatre coins du monde, totalement inexpérimentée. Avec des cadres jamais le LOSC en serait (sportivement du moins) là aujourd’hui. Enfin vouloir viser le top 5 pour ne pas dire le podium était plus que présomptueux. Et dire que des « spécialistes » y croyaient.

    Que cela serve de leçon !

  2. avatar De Benito De Soto le 21 avril 2018 à 13h30

    Très bel article.

    Un démol toutefois: du projet Lopez avec Bielsa, je n’en voulais personnellement pas le moins du monde pour ma part ! MB, C’était l’unique « caution » si l’on peut dire de son projet, avec peut être Campos. Après tout le reste fleurait bon le supermarché Intermarché (achats/reventes de joueurs rapide, super !), et sur le plan financier, dès le départ cela sentait le souffre. D’ailleurs il n’a fallu que quelques semaines à l’automne pour que le pot au rose du financement à crédit soit mis au jour. Et l’expérience Lotus avec Genii était encore très récente. lotus, qui si Renault n’avait pas accepté de reprendre ses dettes, aurait été purement et simplement liquidé par la justice britannique.

    Bref je sentais le truc bien foireux avec ce mec, et force est de constater dix-huit mois après que le résultat est…au delà de toute mes espérances !

    Dugachis à la fin…bien vu champion ! T’en as d’autres en stock des pronostics ou analyses de ce genre ?

  3. Super article, je regrette que vous n’apparaissaient pas en première pages des recherche sur « OM ». Vous méritez vraiment d’être en haut de l’affiche avec ce type d’article.

    Bravo a celui qui à écrit ça!