J 28 | OM-Amiens : braquer les braqueurs

Curieuse litanie que cette seconde partie de saison. À chaque fois que j’écris un avant-match, j’ai l’impression que les mêmes mots reviennent : « match décisif », « la fin de saison va se jouer sur ce match » etc. Comme la découverte, une épiphanie de la vérité du football : chaque match vaut trois points, chaque défaite n’en rapporte aucun. Dit comme cela, ça a toujours l’air idiot. Qu’est ce qui distingue, sur le plan comptable, une victoire face à un prétendant au podium ou face à un candidat à la relégation ? Rien ou presque…

Chassé-croisé

Ah, cette délicieuse expression que l’on entend à chaque période de congés, l’expression sans laquelle Bison Futé serait pratiquement vidé de sa substance, et qui désigne l’occupation des rubans d’asphalte autoroutiers mettant en cause ceux qui vont vers les plages et ceux qui les quittent… Et bien figurez-vous que notre bonne vieille Ligue 1, en cette vingt-huitième journée, risque d’y ressembler un peu. En effet, si le calendrier nous offre un adversaire à priori abordable et que nous jouons à domicile, en ce qui concerne nos poursuivants directs, ce ne sera pas la même limonade comme disait Audiard. Voyez plutôt :

  • Rennes, toujours troisième, mais seulement à la faveur d’un petit point par rapport à Lille, va recevoir Montpellier, actuel sixième, à égalité de point avec nos ennemis favoris, les Lyonnais.
  • Ces même Lyonnais se déplaceront quant à eux à… Lille.

Autant dire, donc, que nous tenons une occasion rêvée d’enfoncer le clou, car aucun des scénarii possibles ne saurait constituer une mauvaise opération. Si tant est que, de notre côté, nous fassions le boulot. Dans cette optique on en est même à se demander lequel nous plairait le plus. Sur le strict plan comptable, deux matchs nuls de nos adversaires nous satisferaient sans doute, mais nos bas instincts espèrent quand même une vilaine défaite de notre ex-bourreau/entraîneur/némésis (rayez la ou les mentions inutiles).

Et quel plaisir d’aller titiller leur orgueil bafoué à coup de montages photographiques impliquant une réunion du football et des arts du cirque…

Mais baste, car avant d’envisager ce genre d’hypothèses réjouissantes, nous allons d’abord devoir nous défaire d’un adversaire pas si abordable que sa dix-neuvième place pourrait le laisser penser.

Il faut commencer par se rappeler d’une chose : lors de la première partie de saison, l’OM n’aura connu que trois fois la défaite. En match d’ouverture d’abord, face à Reims, au cours d’une partie qui nous avait fait craindre une saison calquée sur la précédente (et au Vélodrome en plus…), face à Paris, dont l’armada nous avait passé quatre pions en moins d’une demi heure (ce qui m’avait d’ailleurs fait creuser un trou dans mon jardin pour procéder à l’enterrement de mes rêves de podium à ce moment… homme de peu de foi que je suis.), et entre ces deux défaites, il y en avait eu une autre… face à Amiens, au Stade de La Licorne, sur un cinglant 3-1 dans une apologie rare de pauvreté technique et de non-jeu pour nos Olympiens.

Laver l’affront !

Aujourd’hui, cette défaite, on en rirait presque. Solidement accrochés à la seconde place (directement qualificative pour la Champions League…) nous avions pris l’habitude de toiser nos adversaires depuis cette fameuse défaite à Paris, gonflés d’orgueil que nous étions par une impressionnante série de matches sans défaites. Las, désagréables, à l’image de leur président adepte des liftings et de la carotène, les Nantais étaient venus, il y a deux semaines, nous rappeler que toutes les bonnes choses ont une fin, et qu’il n’était pas encore l’heure de nous reposer sur nos lauriers.

L’heure n’est donc pas (encore) à la gaudriole dans les rangs olympiens, si l’écart qui nous sépare d’une chute du podium est conséquent, il n’est pas encore définitif, loin de là.

C’est tout le paradoxe de cette Ligue 1, dont les suiveurs et les consultants n’ont de cesse de railler le niveau, la médiocrité et la pauvreté. Si tant est que cette analyse de comptoir soit porteuse d’une quelconque vérité, cela ne pourra être que celle de son incapacité à être décryptée : normalement, au soir de la vingt-septième journée, les positions doivent être plus ou moins figées.

Pas chez nous ! C’est l’exception française messieurs dames ! En effet, quatre petits points séparent le cinquième (Lyon) du treizième (Angers), et en ce début mars, vous pouvez encore passer de la dixième place à la cinquième à la faveur d’une unique victoire comme l’ont fait les Lyonnais le week-end dernier…

Certes, une défaite face à Amiens ne changerait rien ni au classement des deux équipes, mais là n’est pas la question. Il est question d’honneur ! D’une part parce que le Vélodrome, après la mésaventure Nantaise, a besoin de retrouver la victoire, mais surtout parce qu’avoir été giflé trois buts à un par une équipe qui a remporté autant de matchs que nous en avons perdus jusqu’ici, c’est douloureux. Alors oui, Dimitri Payet était suspendu, tout comme Kamara, que ceci, que cela… Stop ! Ce match avait été un ratage, une faillite, un naufrage.

Partant de ce douloureux constat, tout autre résultat qu’une victoire nette, autant dans le jeu que sur le tableau d’affichage, ne sera pas un bon résultat, moralement s’entend. Après comme le disait un célèbre philosophe-funambule résidant maintenant dans le Rhône « si on gagne tous nos matchs en étants pourris, ça me va aussi ! » sic transit gloria mon cher Rudi !

En feu !

Après des semaines, des mois de creux, notre avant centre grintesque semble avoir enfin retrouvé l’essence de ce pourquoi nous l’avons engagé : marquer des buts ! Il avait tenté de limiter la casse face aux Nantais et il a surtout cassé les Nîmois à lui tout vendredi dernier en signant son premier triplé en Ligue 1. L’enflammade étant un sport dans lequel nous excellons encore bien plus qu’en football (c’est simple, s’il y en avait une Champions League nous serions candidat au titre tous les ans… ne faites pas les innocents, on reparle de Andrés « El Condor » Mendoza ou ça ira ?), nous sommes d’ores et déjà disposé à le voir réitérer le même match face aux Amiénois. Après tout, qu’est ce qui pourrait bien l’en empêcher ?

Cependant, il ne faut pas croire que les joueurs de l’ASC vont se présenter sur la pelouse du Vélodrome à quatre pattes et les postérieurs à l’air en attendant que nos joueurs les fessent ! Contrairement à Toulouse, ils peuvent encore sauver leur place dans l’élite la saison prochaine. Ils sont à cinq encablures de Nîmes, barragiste, et de Dijon, premier non-relégable. Autant dire que leur saison n’est pas plus finie que ne l’est la notre.

En effet, si, quelle que soit l’issue du match, nos classements respectifs n’évolueraient pas, il faut bien admettre que cela ferait un dessin assez précis de nos fins de saisons respectives : en cas de victoire olympienne nous maintiendrions, voire accroitrions, notre matelas de points par rapport à nos poursuivants direct. En cas de défaite nous serions sous la menace de cuistres aux dents longues quand tintent les deniers de la Champions League.

C’est d’autant plus vrai que nous affrontons l’ogre parisien lors de la trentième journée, et qu’il ne faut pas se mentir : nous n’avons pas gagné face à eux depuis novembre 2011, et il y a peu de chances que cela change. Aussi il est absolument capital d’engranger le maximum de points possibles avant cette complexe échéance, de manière à l’aborder avec le plus de décontraction possible.

De leur côté, les Picards, s’ils venaient à gagner, frapperaient un grand coup auprès de leurs supporteurs, garderaient le contact avec Dijon et se rapprocheraient peut-être de Nîmes qui va devoir faire un difficile déplacement à Metz. À l’inverse, une défaite signerait pratiquement la fin de leur aventure en Ligue 1.

Ainsi, sous ses airs de match tranquille et sans grand intérêt, cette opposition recèle bien plus d’enjeu qu’on ne pourrait le croire.

Pas trop tôt vint le messie

Côté bonnes nouvelles, à l’exception de Nemanja Radonjic (pubalgie) et de Sakai, dont l’indisponibilité semble s’étirer sans que l’on ait des précisions à son sujet, il se pourrait bien qu’André Villas-Boas dispose enfin de son effectif au complet. En effet, Thauvin doit normalement être sur la feuille de match, lui qui n’a joué que dix petites minutes cette saison, victime d’une aggravation de sa chondropathie à la cheville.

Si l’on doute de le voir jouer (peut être quelques minutes seulement), on ne peut que savourer le fait de retrouver celui qui est notre meilleur buteur sur les deux dernières saisons, notre meilleur buteur en activité, pour le sprint final de cette saison. Au delà de cette bonne nouvelle il subsiste tout de même une légère incertitude quant à la présence de Dimitri Payet sur la feuille de match, mais André lui-même, se montrait assez confiant sur son état de forme.

Face à Nîmes notre entraîneur a innové, sortant de son habituel 4-3-3 pour nous proposer une sorte de 4-2-3-1 avec un Sanson en meneur. En phase défensive il retrouvait un positionnement plus classique dans un milieu à trois. Cette approche a permis un jeu avec plus de fluidité face à une formation nîmoise, certes limitée, mais accrocheuse. Reverra-t-on ce dispositif face à Amiens ? Là est toute la question.

Notre technicien lui même est conscient que les adversaires qui viennent au Vélodrome ont souvent tendance à être regroupés en défense. Et dans ce cas de figure, une présence supplémentaire aux avants postes peut à la fois présenter des avantages, mais aussi un risque de déséquilibre en cas de contre éclair. Reste à savoir où situer le curseur, et comment envisager ce match : frapper d’entrée et frapper assez fort pour éteindre toute velléité, ou se montrer plus attentiste ? AVB est un pragmatique et il mettra en place le dispositif qu’il jugera le plus apte à lui garantir une certaine flexibilité dans le déroulement du match.

Alors, oui, et n’en déplaise aux chantres du beau jeu, ceux-là qui constellent les plateaux de télévision en poussant des cris hauts perchés, l’OM n’est pas le plus beau à voir jouer, parfois même franchement moche.

Oui on repense souvent à l’OM version Bielsa pour sa beauté, sa folie. Oui mais l’OM gagne, l’OM est second de Ligue 1, l’OM va se qualifier pour la prochaine Ligue des Champions, et l’OM l’aura mérité ! La Ligue n’est pas si médiocre qu’on veut bien le dire, et conserver ainsi sa place dans un championnat où les plus forts trébuchent si fréquemment face aux plus faibles, est un bel exemple de régularité. Dans cet OM là, nous n’avons même pas vu qu’un autre avait pris place sur le banc et fait des merveilles avec encore moins de moyens que MacGyver.

La route est encore longue, mais on en voit maintenant la fin. Des embûches subsistent, mais rien, absolument rien ne devra nous faire douter !

Allez l’OM !

 

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A propos de Ragnarok


Juriste de raison, confiseur de métier, ancien habitant du bassin parisien repenti en Marseillais pur sucre qui n'a toujours vibré que pour l'OM. Joueur occasionnel au Z5 (option « pieds carrés et contrôles aléatoires » incluse), et désormais fier rédacteur de MassaliaLive !
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Une Réponse pour J 28 | OM-Amiens : braquer les braqueurs

  1. Bel avant match, merci et ALLEZ OM !!!