Les Phocéens se déplacent en terre basque pour valider une qualification en quarts de finale d’Europa League. À l’heure où certains se morfondent sur leurs échecs récurrents en C1, l’OM a l’occasion de poursuivre son parcours européen à condition de se montrer à la hauteur de l’enjeu sous peine de subir un revers cruel.
Le « monde à l’envers »…
Si le Vélodrome peut à nouveau être considéré comme une forteresse, San Mamés – que l’on surnomme aussi « la cathédrale » – peut se targuer d’être un superbe écrin accueillant à chaque match le douzième homme de l’Athletic Bilbao.
Il y a deux ans, achevant sa mue en paillasson, l’OM de Michel avait été battu sur ses terres* avant de se rendre en Espagne et de s’accrocher à un score nul, malheureusement insuffisant pour se qualifier.
À cette époque, alors que l’OM enchaînait les désillusions et terminait son championnat à une piteuse treizième place, les Basques, sous l’égide d’Ernesto Valverde (actuel entraîneur du FC Barcelone), se hissaient à la cinquième place derrière les monstres intouchables de la Liga.
En Europa League, ils s’inclinaient sans démériter face au FC Séville en quarts de finale.
Valverde appelé à une plus grande destinée, c’est José Angel « Kuko » Ziganda qui lui a succédé sur le banc des Zuri-Gorriak (traduction basque des « Blancs et Rouges »). Hélas, la greffe n’a pas vraiment pris, tant Bilbao donne aujourd’hui l’impression d’évoluer sans réel plan de jeu, se contentant de s’appuyer sur sa rudesse et les talents de buteur d’Aduriz.
Or, ce dernier, âgé tout de même de trente-sept ans, ne saurait à lui seul être au four et au moulin et amener le club à une place plus conforme à son pedigree…
Du reste, comment trouver meilleur symbole de l’évolution récente de l’OM que cette curieuse inversion des rôles entre les deux adversaires du jour ?
Fourbir ses armes !
Toutefois, réduire les capacités offensives de l’Athletic Bilbao à la seule personne du « Totti » local serait inepte.
L’ambiance nous sera d’ailleurs infiniment moins favorable que lors du match aller, théâtre d’un soutien sans faille ainsi que d’une énorme bronca à l’occasion du penalty injustement accordé par l’arbitre à l’équipe espagnole…
Ce penalty, est précisément ce qui rend ce déplacement nettement plus périlleux que ce qu’il aurait dû être, car un but précoce pourrait galvaniser les Basques et réveiller un public ayant tendance se morfondre cette saison.
D’autant plus que parmi les Rojiblancos, quelques éléments sont capables de faire souffrir l’arrière-garde marseillaise, notamment Iñaki Williams. Lors du match aller, le vif ailier, avait ainsi donné quelques sueurs froides à Jordan Amavi (très moyen depuis son retour de blessure), et si l’une de ses offrandes avait trouvé preneur, l’abord de cette rencontre aurait été sensiblement différent.
Cela étant, l’OM ne doit pas uniquement son avantage de deux buts à la chance, mais bien à la qualité de jeu développée lors du premier acte. Une partie enthousiasmante au point que la combinaison conduisant au second but marseillais ait fait le tour des médias européens !
Même s’il y a fort à parier que les joueurs de Bilbao se montrent moins passifs que lors de leur séjour au Vélodrome, il appartient à la formation olympienne de fournir la même prestation qu’au match aller pour juguler au plus vite les offensives adverses.
Frapper le premier ou gérer ?
L’importance de cette rencontre européenne ne saurait être remise en cause (tant les épopées continentales font partie de l’ADN du club phocéen), mais le calendrier en championnat et notamment le choc de dimanche contre Lyon risquent de peser lourd dans les choix tactiques de Rudi Garcia…
L’occasion de repousser à huit points un prétendant sérieux au podium – et à une éventuelle participation à la prochaine Ligue des Champions – pourrait ainsi infléchir les choix de l’entraîneur, quitte à jouer la prudence pour ce match retour de C3.
Pour autant, est-ce vraiment la bonne solution sachant que les Lyonnais joueront aussi ce jeudi ?
Au-delà de ces considérations, la forme des troupes s’avère cruciale.
Du côté de la défense centrale, les mêmes points, bons ou mauvais, subsistent (forme et solidité d’Adil Rami, interrogations sur la meilleure association possible, etc). En revanche, le milieu de terrain de l’OM, jusqu’ici motif de satisfaction, pourrait bien se muer en une source d’inquiétude.
En effet, la condition physique de Luiz Gustavo semble s’être dégradée au fil des dernières oppositions. Le brésilien a même donné l’impression de gérer ses efforts bien plus qu’à l’accoutumée et en ce sens, les spéculations quant à sa participation à ce match retour vont bon train, étant donné l’importance de ce joueur sur le terrain comme les vestiaires.
Toutefois, un pendant plus rassurant existe en la personne de Maxime Lopez, qui, s’il bénéficie d’assez peu de temps de jeu en Ligue 1, est fréquemment utilisé lors des joutes européennes où il a rarement déçu.
Au match aller, en dépit de la rudesse de l’adversité et de son petit gabarit, il a su répondre au défi physique tout en apportant une touche technique de fort belle facture. Par conséquent, une association avec Franck Zambo-Anguissa, toujours aussi précieux à la récupération, pourrait très bien être envisagée et permettre de reposer notre métronome brésilien.
Le droit au but !
Sur la ligne offensive, là encore, un choix devra être fait, notamment pour Florian Thauvin.
Passablement malmené par les Basques la semaine passée, sa sortie sur civière à l’heure de jeu a provoqué un frisson dans les travées du Vél’. Si les nouvelles ont été rassurantes, il est évident qu’un peu de repos serait bénéfique à notre homme fort.
Malheureusement, son remplaçant naturel s’appelle Clinton Njie, et ce dernier ne se distingue que trop rarement par la qualité de ses choix et son intelligence de jeu… Sa vitesse pourrait cependant fatiguer une défense basque en souffrance sur les appels en profondeur.
Payet, qui de son côté semble avoir retrouvé son football, s’affirme de plus en plus comme un rouage essentiel de la machine olympienne et en l’absence hypothétique de Luiz Gustavo, il serait scabreux de se priver d’un autre maître à jouer. Surtout en tenant compte des multiples essais de positionnement de Morgan Sanson en qualité de meneur de jeu…
Sur la gauche, Ocampos, allégorie footballistique du lapin Duracell, devrait probablement être reconduit, tant sa grinta et son engagement furent déterminants jeudi dernier.
L’ultime question viendra donc du choix de l’avant-centre.
L’apport dans le jeu de Valère Germain est fort louable, mais son efficacité lors des dernières sorties est problématique et le retour de Kostas Mitroglou dans le groupe offre une nouvelle possibilité à Rudi Garcia : celle d’utiliser un pivot pour fixer la défense adverse.
Cela devrait sans doute ouvrir des espaces vers le but de Bilbao et au regard de l’engagement physique entrevu au Vélodrome, opposer le solide attaquant Grec à une défense en difficulté pourrait être une bonne solution.
En somme, et en dépit des inquiétudes quant à la forme de certains membres de notre effectif, les solutions ne manquent pas pour ramener la qualification sans se compliquer la tâche.
Mieux. Loin de devoir proposer une équipe bis, Rudi Garcia pourra tenter une composition hybride afin de garder son banc concerné, tout en évitant des risques inconsidérés (la victoire de Bilbao le week-end dernier face à Léganès leur aura sans doute redonné un peu de confiance).
Nul doute que l’OM jouera gros ce soir, tout comme dimanche prochain. Dans cette perspective, s’offrir deux victoires avant la trêve internationale, aura un goût d’achèvement. Tant pour le prestige que pour l’affirmation de nos ambitions.
Néanmoins, si l’on en croit la formule consacrée : « le match le plus important est celui qui arrive ! »
De fait, souhaitons que tous les ingrédients soient là pour que nos Olympiens se qualifient et atteignent, pour la première fois depuis 2012, les quarts de finale d’une compétition européenne !
ALLEZ L’OM !
* sur un somptueux coup de canon d’Aritz Aduriz