Une guerre avec Jean-Michel Aulas, un contrôle anti-dopage de dernière minute effectué dans des conditions douteuses, des points perdus dans un match en pays d’Anjou la faute à des joueurs flambés et à quelques uns à côté de leurs crampons (ou peut-être bien dans leur forme optimale allez savoir…), non vraiment rien ne saura nous enlever le sourire béat qui nous accompagne depuis jeudi dernier et la perspective de plus en plus palpable d’une cinquième finale européenne pour notre OM !
La pression… quelle pression ?
C’est vrai, pourquoi donc se triturer les nerfs ? Après tout, cela semble une évidence : les Olympiens n’ont pas survécu à une saison pareille pour rater l’avant dernière marche vers la gloire, tel le premier pilier de comptoir venu ! La sobriété des troupes ne saurait être remise en cause, tant les rares écarts ont été sévèrement sanctionnés. Mais si ce n’est pas un équilibre défaillant qui risque de nous porter préjudice, quelques petits malins ont décidés de garnir les marches de quelques vices et autres chausse-trappes, comme si notre parcours n’en présentait pas déjà assez.
En effet, un contrôle ubuesque de l’AFLD* s’est déroulé mardi à la Commanderie. Vu le climat actuel, beaucoup –y compris le rédacteur– se sont questionnés sur la pertinence de ce contrôle et surtout de l’éventuelle collusion entre les événements médiatiques ayant opposé l’OM à Lyon cette semaine, et ces prélèvements.
Difficile donc, d’affirmer que les phocéens et leurs supporteurs abordent ce dernier virage avant la ligne droite menant à la finale avec l’esprit apaisé. Et pourtant, d’une certaine manière, c’est une chose qui nous plaît : vaincre l’adversité quand les éléments, les vents contraires, veulent nous entraîner dans la tourmente. Une conception assez marseillaise des choses veut que rien ne soit facile, comme pour donner plus de saveur encore aux succès !
Alors, nul doute qu’avec l’état d’esprit guerrier qu’ils étalent avec classe depuis plusieurs mois, nos joueurs sauront relever ce défi, comme la première épreuve d’un rite initiatique vers une nouvelle ère de gloire. En effet, si certains se plaignent de nous voir faire des gorges chaudes d’une victoire si légendaire qu’elle en à déjà bientôt vingt-cinq ans, gare à eux, il se pourrait bien que d’ici à quatorze jours, nous puissions repartir pour un autre quart de siècle !
Non, rien de rien… non, ne regrettez rien !
Si pour l’heure, le bilan de nos confrontations avec l’ogre de l’Österreichische Fußball-Bundesliga est équilibré (une victoire, un nul, et une défaite) ce dernier affrontement livrera enfin le verdict entre les deux ex-fortes têtes du groupe I. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’à l’heure où la valeur d’une équipe est souvent mesurée au glamour de son casting (syndrome d’une starification des joueurs dont l’image importe souvent plus que les qualités déployées sur le terrain) bien peu auraient misé sur une finale avec l’OM ou Salzbourg en tête d’affiche !
Et pourtant, la magie du football – et peut-être une certaine logique aussi – ont fait que ce sont bien deux outsiders qui vont truster une place que l’on croyait promise à Naples, Dortmund, la Lazio ou d’autres encore. Si leur présence à ce stade de la compétition est pour le moins inattendue, elle n’en demeure pas moins méritée, tant les deux équipes ont su à plusieurs reprises renverser des situation qui semblaient très mal embarquées. Le Lieutenant-colonel Jimmy Doolittle, héros de la guerre du pacifique (1941-1945), l’a d’ailleurs magnifiquement illustré en disant que « la victoire appartient à celui qui y croit le plus, mais surtout à celui qui y croit le plus longtemps ! »
Côté grinta et persévérance, les Olympiens ont su nous faire honneur en ne lâchant jamais, comme face à Leipzig, alors qu’au bout d’une minute et demie, une sortie peu glorieuse nous était déjà promise par tous nos détracteurs. Le message envoyé ce soir-là au monde du football fut limpide : l’OM ne lâche jamais rien, sur le terrain, dans les tribunes ou en dehors. Nanti d’un douzième homme propre à faire frissonner même les plus blasés, les joueurs savent se transcender, oublier, l’espace de quatre-vingt-dix minutes, que la saison dure depuis une éternité et que les organismes ont déjà dépassé leurs propres limites.
Ce soir encore, il faudra oublier pour continuer à rêver, pour continuer à profiter de cet exceptionnel soutien populaire qui nous amènera à «tout casser» à Lyon**.
Sortons les crocs !
Inutile de le nier : nos joueurs sont fatigués ! La piètre prestation face à Angers n’est pas tant le résultat d’un manque d’engagement que de la fatigue inhérente au parcours d’un groupe très restreint, et qui a déjà pris part à cinquante-sept rencontres depuis la fin du mois juillet 2017.
D’ailleurs, si les joueurs – Florian Thauvin en tête – ont regretté le niveau de jeu affiché dimanche à Angers, peu chez les supporteurs se sont montré véhéments, dans la mesure où l’état de fatigue de l’équipe était palpable. Sans compter qu’au delà de cet écueil, une énième décision empreinte de pédagogie et de passion de la LFP avait privé l’OM de la présence de son public lors de ce déplacement.
Jeudi, même si les jambes seront encore lourdes, l’enjeu et la présence d’un douzième homme bien décidé à prouver qu’il est partout chez lui, apporteront sans doute la dose d’adrénaline nécessaire afin que les Phocéens se subliment encore une fois, et fassent rugir de plaisir toute une cité qui n’attend qu’une seule chose : pouvoir raconter une nouvelle histoire et transmettre sa passion aux nouvelles générations.
Car finalement, quand on parle de « l’ADN européen » d’une équipe, c’est aussi souvent de son public dont il est question. Rares sont les joueurs qui passent plus de quelques saisons dans un club, en revanche, de génération en génération, les supporteurs se transmettent les éléments qui font la légende du club (chants, symboles, anecdotes) pour continuer à les faire vivre dans l’esprit des plus jeunes qui en deviendront un jour les garants, afin que l’esprit subsiste !
Certains sont là depuis des lustres, d’autres sont nés en 1991, 1993, 1999 voire en 2004, mais tous sont conscients de partager actuellement des émotions qui resteront gravées à vie.
Alors, pour que cette soirée les gonfle d’orgueil, ils attendent que leurs héros achèvent ce qu’ils ont commencé la semaine dernière et montrent à la jeunesse autrichienne que l’histoire, ça ne s’achète pas à coup de canette !
Un scénario haletant ?
Sur le terrain, on sait que l’opposition sera intense. Les supporteurs Laziales peuvent en témoigner, eux qui, ayant battu Salzbourg (4-2) au match aller des quarts de finales, se croyaient engagés sur une voie, sinon royale, du moins paisible. La cinglante défaite (4-1) au match retour a dû être bien amère pour les italiens, mais elle aura eu le mérite de pousser les Olympiens à ne pas sous-estimer leur adversaire du soir et à réaliser le match parfait à l’aller : pas de flamboyance, mais de l’efficacité et de la solidité, le tout agrémenté d’un brin de baraka que d’aucuns disent propre aux équipes qui gagnent à la fin !
Le score de 2-0 est pour ainsi dire le score parfait dans la mesure où il offre une certaine marge de manœuvre, sans pour autant pousser l’équipe à se vituler dans le confort. D’autant que n’ayant pas marqué à l’extérieur, les Salzbourgeois vont être contraints de se ruer vers l’attaque s’ils espèrent arracher la qualification.
Ce schéma, justement Rudi Garcia le connaît bien, et il y a déjà apporté une réponse : son utilisation du 4-2-3-1 voire du 5-3-2 a fait merveille et démontré un bel équilibre dans ce genre de situations. Les problématiques réelles sont donc, une nouvelle fois, à chercher du côté de l’effectif : Hiroki Sakai toujours sur le flanc, Bouna Sarr occupera donc l’aile droite, ce qui ne constitue plus un motif d’inquiétude depuis quelques temps déjà. En revanche, la nouvelle blessure de Kostas Mitroglou face à Angers, après seulement quelques minutes passées sur le pré, commence vraiment à ressembler à une tragédie rendant les honneurs aux origines hellènes du garçon.
Le côté tragi-comique de la chose concerne le choix de celui qui le remplacera lors de ce match retour. Comme évoqué plus haut, c’est soit à Clinton «off-side» Njie, soit à Valère «Casper» Germain, que reviendra la lourde de tâche d’occuper la pointe de l’attaque. Autant les motifs d’espoir sont nombreux chez les supporteurs, autant cet état de fait sonne pour nombre d’entre eux comme une plaisanterie de fort mauvais goût.
Heureusement, l’efficacité terrifiante de Florian Thauvin ces derniers temps laisse tout de même espérer que l’OM saura faire franchir la ligne de but au cuir. Ce dernier devrait normalement se voir associer un Dimitri Payet (bien décidé à récupérer sa place chez les bleus) pour faire craquer une défense autrichienne qui nous aura paru tout de même assez facile à déséquilibrer.
Le jeu offensif des Autrichiens, fait d’un pressing tout terrain, laisse des espace parfois béants dans le dos de leur arrière garde. Ces espaces, il faudra que notre milieu de terrain (aux dernières nouvelles Maxime Lopez ou Morgan Sanson, associé à André Franck Zambo Anguissa) les perçoivent et les exploitent pour mettre au plus vite, toute l’équipe, toute une ville sur le chemin de la finale.
Alors Messieurs, faites nous vibrer, continuez ce beau parcours pour que nous puissions encore, jusque dans l’antre de l’ennemi Rhodanien, nous époumoner et briser nos voix en chantant à la gloire du seul Olympique !
Allez l’OM !
* Agence Française de Lutte contre le Dopage
** Le rédacteur tient une nouvelle fois à signaler aux esprits chafouins que l’expression « tout casser » doit s’entendre au sens métaphorique et qu’elle n’incite en aucun cas les supporteurs olympiens à se rendre au Groupama Stadium équipés de pelles, pioches, et autres marteaux-piqueurs dans le but de dégrader quelques installations que ce soit…