CDM féminine : présentation des 8es de finale (1/2)

Voici le temps des éliminations directes et des peurs qui les accompagnent ! 8es de finale, donc huit matchs, huit affiches qui verront déjà certains outsiders – et peut-être même des favoris – au tapis. Présentation des quatre premiers chocs qui se dérouleront les 22 et 23 juin.

Les Bleues n’auront pas la tâche facile face au Brésil de Marta, Cristiane et Formiga. Allemagne et Angleterre – deux clairs candidats à la victoire finale – feront face au double défi des « miraculées » Africaines du Nigeria et du Cameroun, tandis que Norvège et Australie s’affronteront dans une joute bien indécise…

Samedi 22   –  17h30  – Grenoble
ALLEMAGNE   –   NIGERIA

L’Allemagne sort des poules sans grand bruit, mais avec un sans faute, trois victoires sur trois, et pas le moindre but encaissé. Pour une formation traditionnellement en mode diesel et dont les plus grandes inquiétudes portaient sur une défense très remaniée depuis l’Euro raté de 2017, avouons que c’est plutôt pas mal… Même sans génie dans son jeu, l’équipe a affiché beaucoup de sérénité et de force tranquille, semblant avoir gardé toutes ses forces pour les grosses luttes qui s’annoncent (Canada ou Suède en 1/4). Notons en passant que depuis la prise de fonctions de Martina Voss-Tecklenburg à la tête de l’équipe en janvier dernier, l’Allemagne a aligné 6 victoires et 1 nul et, plus globalement, 15 matchs sans défaite…

Le Nigeria ne peut en dire autant, rescapé miraculeux de la dernière heure, pour ne pas dire de la dernière minute, qui ne doit sa présence à ce stade de la compétition qu’à un incroyable concours de circonstances 100% sud-américain : pénalty argentin réussi à la 90+4’ (éliminant l’Écosse), et pénalty chilien raté à la 85’ (empêchant la qualification de la Roja), tout ça au dernier jour des matchs de poules… Ce qui s’appelle revenir de très loin ! L’inamovible champion d’Afrique a donc fait déjà mieux que lors de ses quatre précédentes participations qui l’avaient vu rester bloqué en poule. Et maintenant, les Super Falcons rêvent d’imiter leurs devancières de 1999 : atteindre les quarts de finale.  Ce serait même mieux, puisqu’à l’époque il n’existait pas de 8e… Mais y parvenir serait d’autant plus un exploit qu’il faudra sortir les championnes olympiques en titre, la redoutable Frauen NationalMannschaft. Pour réussir une telle performance, elles compteront sur des exploits individuels de leurs attaquantes Oshoala, Ordega et Oparanozie…

Plusieurs joueuses dans les deux camps se souviendront s’être affrontées précédemment dans une finale de Coupe du Monde. C’était en U20, il  y a cinq ans (2014) au Canada. L’Allemagne s’était difficilement imposée 1-0 après prolongation. De quoi mettre en confiance les vainqueurs de l’époque, Däbritz, Magull, Dallmann et Frohms, et donner un goût de revanche aux vaincues d’alors, Oshoala, Ayinde, Kanu et Ihezuo…
Question : la stratège allemande (et de l’OL), Dzsenifer Marozsan sera-t-elle rétablie de sa fracture d’un orteil subie au premier match et qui l’avait privée des deux rencontres suivantes ?

Attention à Alex « Tête d’Or » Popp (n°11), la capitaine allemande !

Joueuses à surveiller :

Allemagne : Däbritz (n°13, future PSG), Popp (n°11, Wolfsburg), Gwinn (n°15, future Bayern Munich), Marozsan (n°10, Lyon, si elle joue), Huth (n°9, future Wolfsburg).
Nigeria : Oshoala (n°8, Barcelone), Ordega (n°17, Shanghai Shenhua), Oparanozie (n°9, Guingamp), Ebere (n°4, Arna-Björnar, Norvège).

Résultats en poule :

Allemagne 1-0 Chine
Allemagne 1-0 Espagne
Allemagne 4-0 Afrique du Sud

Nigeria 0-3 Norvège
Nigeria 2-0 Corée du Sud
Nigeria 0-1 France

Prono : Allemagne

————————–

Samedi 22  –   21h   –  Nice
NORVÈGE   –   AUSTRALIE  

Parcours identique pour les deux protagonistes avec deux victoires et une défaite (face à la France pour les Scandinaves, et contre l’Italie pour les joueuses des Antipodes). Un 8e qui s’annonce indécis, même si l’Australie part avec un léger pronostic favorable.

Une superstar de chaque côté : Caroline Graham-Hansen pour la Norvège, Sam Kerr pour l’Australie. La première peut faire basculer un match par ses perforations en dribbles chaloupées et ses passes décisives (quand elle ne marque pas elle-même), la seconde est une « tueuse » impitoyable. Pour preuve son quadruplé réussi contre la Jamaïque en poule, faisant d’elle la meilleure buteuse de la compétition avec Morgan (5 buts). Kerr, c’est 36 buts en 79 sélections, et surtout 29 inscrits pour ses 30 derniers match sous la tunique des Matildas ! Le match dans le match qui opposera la serial buteuse des Chicago Red stars à l’expérimentée et très solide paire de défenseures centrales de Chelsea formée par la capitaine Maren Mjelde et Maria Thorisdottir, sera à n’en pas douter l’une des principales clés du match. De même que la résistance d’une défense australienne que l’on a souvent vue en difficulté (5 buts encaissés) face à Hansen, mais aussi laux puissantes Herlovsen, Reiten ou Utland…

Avec Caroline Graham-Hansen (à g.) et Sam Kerr (à dr.), les Niçois devraient se régaler…

Joueuses à surveiller :

Norvège : Hansen (n°10, future Barcelone), Herlovsen (n°9, Kolbotn), Mjelde (n°6, Chelsea), Reiten (n°16, Lilleström).
Australie : Kerr (n° 20, Chicago), Carpenter (n°21, Portland), De Vanna (n°11, Sidney), Foord (n°9, Portland).

Résultats en poule :

Norvège 3-0 Nigeria
Norvège 1-2 France
Norvège 2-1 Corée du Sud

Prono : Australie

————————–

 Dimanche 23  –  17h30  – Valenciennes
ANGLETERRE   –   CAMEROUN

Opposition des extrêmes. Pas seulement due à leur classement FIFA (3e pour l’Angleterre, 46e pour le Cameroun), mais aussi en termes d’ambition et de parcours dans cette coupe du monde.

Les Three Lionesses avancent à visage découvert et cartes sur table : après leur 3e place en 2015, et leur demi-finale à l’Euro 2017, les joueuses de Phil Neville sont en France pour remporter le titre.
Les Lionnes indomptables, elles, ont déjà rempli leur contrat : faire aussi bien que lors de leur toute première participation en 2015, à savoir sortir des poules. Il y a quatre ans, le Cameroun avait été une belle et grande surprise, éliminée par la plus petite des marges en 8e par la Chine (0-1).

Le parcours de qualifications en poules oppose également les deux nations : l’Angleterre a fait le plein (3 victoires), se qualifiant dès son 2e match, tandis que les représentantes africaines n’ont obtenu leur billet qu’à la… 90+5’ de leur dernier match ! Si la qualification du Nigeria est miraculeuse (voir ci-dessus), celle du Cameroun ne l’est pas moins, et porte un nom à sanctifier au pays des éléphants : Ajara Nchout, auteure du doublé lors de cette ultime partie contre la Nouvelle-Zélande…

Ne nous leurrons pas… Malgré l’euphorie et le manque totale de pression sur les épaules camerounaises, on imagine très difficilement une Angleterre très confiante en elle-même, très homogène et à la puissance offensive impressionnante (ainsi qu’à l’excellent banc dans toutes ses lignes) pouvoir échouer à ce stade, et lors de cette confrontation…


Ellen White, déjà 3 buts au compteur, et ce n’est peut-être pas fini…

Joueuses à surveiller :

Angleterre : White (n°18, future Manchester City), Kirby (n°10, Chelsea), Stanway (n°19, Manchester City), Bronze (n°2, Lyon).
Cameroun : Onguené (n°7, CSKA Moscou), Nchout (n°3, Vålerenga, Norvège), Enganamouit (n°17, sans club), Awona (n°11, Dijon).

Résultats en poule :

Angleterre 2-1 Écosse
Angleterre 1-0 Argentine
Angleterre 2-0 Japon

Cameroun 0-1 Canada
Cameroun 1-3 Pays-Bas
Cameroun 2-1 Nouvelle Zélande

Prono : Angleterre

————————–

Dimanche 23  –  21h  –  Le Havre
FRANCE   –   BRÉSIL

On l’attendait  et on l’a ! Un France-Brésil en football a forcément, toujours, quelque chose de magique, et sa simple évocation renvoie – chez les garçons – aux souvenirs toujours épiques de 1958 (le génie de Pelé, Kopa, Fontaine), 1986 (Platini, Zico, le TaB de Fernandez), 1998 (et 1, et 2, et 3-0 !) et 2006 (Zizou-le-Brésilien)…

En foot féminin, une seule référence, pas forcément top : l’affrontement aux Usa en CdM 2003 en poule. Première participation de la France à une phase finale. Les deux formations s’étaient séparées sur un nul (1-1, but de Marinette Pichon). La capitaine tricolore s’appelait Corinne Diacre… Dans l’équipe brésilienne, il y avait évidemment déjà Formiga (elle jouait sa 3e CdM, elle en est à sa 7e, record mondial !), mais aussi deux petites jeunettes du nom de Marta (17 ans) et Cristiane (18 ans)…
Ces trois là, toujours présentes, ne manqueront sans doute pas de venir saluer l’ex-capitaine et désormais sélectionneuse française. Mais avec l’idée bien arrêtée de jouer un vilain tour à son équipe. Pour les trois génies de la Selaçao, il s’agit du dernier tour de piste mondial (encore que j’imagine bien Formiga être encore là à 45 ans en 2023…). Une victoire du Brésil serait une première (il n’a jamais battu la France en huit matchs), et une façon de « venger » toutes les humiliations infligées au pays du fùtebol par Platini et Zidane..

Si le Brésil regorge de joueuses allant de très douées à génies avérées, nos Bleues ne doivent pas pour autant en avoir peur. La Selaçao brille aussi par des aberrations défensives répétées, que cache le talent de sa gardienne Barbara. Le milieu – pourtant brillant avec Formiga, Alvès, Andressinha ou Thaisa – a du mal à tenir les matchs avec cohésion, tandis que ses attaquantes ne font pas toujours preuve de la plus grande efficacité. Bien sûr, Marta ou Cristiane, sur un simple coup de génie – et dieu sait si elles en ont ! – peuvent changer le cours d’un match. Mais l’équipe est globalement vieillissante. Les jeunes pousses prometteuses (Leticia Santos, Kathellen, Geyse, Ludmila) ont du mal à s’imposer.

La France doit oublier sa victoire sur le Brésil en novembre dernier à Nice (3-1). Si les Bleues étaient privées ce jour là  de Le Sommer, le Brésil évoluait pour sa part sans Marta, Cristiane, Barbara, Tamires. Mais, plus essentiel, elles doivent impérativement hausser leur niveau de jeu. Très satisfaisantes contre une faible Corée, résistantes et solidaires contre une solide Norvège, elles ont perdu en grande partie leur football contre le Nigeria, offrant un spectacle assez affligeant. On peut espérer que, soutenues par le public du Havre, elles se remettent en ordre de marche et retrouvent les qualités exposées lors des matchs de préparation. Si elles y parviennent, alors la porte des quarts de finale leur sera grande ouverte… Sinon….


Qui, des deux capitaines emblématiques Amandine Henry ou Marta, sera triomphante dimanche soir ?

Joueuses à surveiller :

France : Le Sommer (n°9, Lyon), Henry (n°8, Lyon), Diani (n°11, PSG), M’Bock (n°19, Lyon).
Brésil : Marta (n°10, Orlando), Cristiane (n°11, Sao Paulo), Formiga (n°8, PSG), Barbara (n°1, Kindermann Avai).

Résultats en poule :

France 4 – 0 Corée du Sud
France 2 – 1 Norvège
France 1 – 0 Nigeria

Brésil 3 – 0 Jamaïque
Brésil 2 – 3 Australie
Brésil 1 – 0 Italie

Prono : France

Vous avez apprécié l'article ? Partagez-le...
avatar

A propos de Philippe Serve


Supporter de l'OM depuis sa finale victorieuse en Coupe de France en 1969. Tombé amoureux du foot féminin, un peu d'abord en 2007 et 2008, définitivement en 2011. Ai suivi pendant 4 ans au plus près l'OM féminin via mon site Olympiennes et Marseillaises. Assume complètement d'être supporter à la fois de l'OM ET de l'OGCN, club de ma ville natale ! Informe au quotidien sur tout le foot féminin, mais aussi sur l'actualité la plus diverse via mon compte perso Twitter @Olympiennes
Article lu 1187 fois, écrit le par Philippe Serve Cet article a été posté dans Avant-match et taggé , , , . Sauvegarder le lien.

Les commentaires sont clos.