L’OM c’est nous : l’interview du Massilia Socios Club (première partie)

C’est dans l’ambiance chaleureuse d’un café du centre-ville de Marseille que nous avons rencontré Julien, cofondateur du projet Massilia Socios Club. Il a bien voulu se prêter au jeu des questions et réponses de MassaliaLive. Avenant, disponible, mais aussi déterminé et parfois piquant, il nous livre sans détour sa vision de l’OM de demain. 

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« Julien, bonjour ! Tout d’abord, nous allons vous laisser vous présenter à la communauté MassaliaLive : 

– Bonjour à tous ! Donc, comme dit précédemment, je m’appelle Julien, j’ai 34 ans, je suis originaire d’Aix-en-Provence, et comme toute personne qui naît aux alentours de Marseille, je suis supporteur de l’OM depuis mon plus jeune âge. J’ai encore en mémoire mon premier match au vélodrome, un OM-Monaco en 1987 qui finit à 3-1 je crois [le 5 Août 1986, NDLR]… j’avais cinq ans !

J’ai été abonné en virage pendant de nombreuses années, mais pour des raisons professionnelles j’ai dû m’installer sur Paris pendant six ans. À mon retour dans le sud, j’ai repris une carte… jusqu’à cette année, où je n’ai pas renouvelé mon abonnement, étant en total désaccord avec la politique et la gestion de l’ancienne direction. Mais je compte y remédier prochainement (il sourit).

Six années sur Paris… pas d’infidélités à l’OM au moins ?

– L’idée ne m’a jamais traversé l’esprit ! On m’a déjà proposé d’aller voir des matchs au Parc des princes, mais je n’y ai jamais mis les pieds. Je n’en ai même jamais eu envie en fait.

Comment est née l’idée d’un  Massilia Socios Club, et qui en est à l’origine ?

– Au départ, le Massilia Socios Club est la résultante de deux initiatives bien distinctes.

De mon côté, avec Arnaud qui est un ami, et avec lequel je travaillais sur le sujet depuis le mois de janvier, nous avions entamé une démarche de terrain en allant rencontrer les groupes de supporteurs ainsi que d’anciens présidents de l’OM qui étaient appréciés en leur temps. L’idée était d’avoir un maximum de contacts pour mener à bien ce projet.

De leur côté, indépendamment, Erwann, Ghislain et Adrien ont mis en place le  pot commun * au mois d’avril, qui a rencontré un franc succès. Le projet a vraiment été mis en lumière grâce à leur initiative, car en quinze jours, ils avaient déjà obtenu trois millions d’euros de promesses de dons !

L’idée d’associer notre travail – structuré depuis plusieurs mois – et le leur, avec ce formidable outil qu’est le pot commun, est rapidement devenue une évidence. Nous avons donc pris contact, afin d’unir nos forces et optimiser les chances de voir ce projet aboutir.

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Le projet initial s’intitulait ‘Nous sommes L’OM !’ Au mois de juin, nous avons proposé un vote afin que le public puisse choisir le nom le plus évocateur pour eux de ce que symbolisait notre action, et c’est le Massilia Socios Club qui a remporté les suffrages. Début juillet, via la plate-forme du  pot commun, nous avons lancé la collecte, avec cette fois-ci de réelles adhésions et des fonds à réunir.

 ‘L’OM compte 10 millions de supporteurs à travers le monde’

Pourriez-vous expliquer à ceux  qui ne connaissent pas votre projet, en quoi il consiste et quels sont vos objectifs ?

– L’idée de départ, c’est de regrouper au sein d’une association, le maximum de supporteur de l’OM, avec l’objectif d’entrer dans le capital du club à hauteur de 5 à 10 % et en y apportant une contribution financière.

Le système d’adhésion date du mois de juillet. Le tarif est de 80 euros, mais actuellement, nous avons une offre de préadhésion à 30 euros, auxquels s’ajouteront 50 euros dès que le club aura donné son accord pour le projet. Ensuite, une cotisation annuelle sera versée par les Socios (allant de 7 à 10 euros mensuels, selon que l’on soit abonné à l’OM ou non).

L’étude est basée sur le modèle de l’Atlético Madrid où 85 000 socios participent à la vie économique du club, en y apportant chaque année 20 à 25 millions d’euros d’investissement pur grâce à leur contribution. Faites le calcul sur dix ans, vous verrez que c’est énorme !

On pense que ce modèle est applicable à l’OM, car en plus de la passion et de la fidélité dont font preuve les supporteurs, ils sont dix millions à travers le monde. Si on parvenait à en rassembler ne serait-ce que 2 %, nous deviendrions une force collective et financière très intéressante pour l’Olympique de Marseille !

Football Soccer - Olympique Marseille v Paris St Germain - French Ligue 1 - Velodrome stadium, 07/02/2016Olympique Marseille's supporters cheer before their match against Paris St Germain REUTERS/Jean-Paul Pelissier

L’idée, c’est que peu importe l’endroit où vous vivez sur la planète, USA, Afrique, Asie, Marseille ou Paris, vous possédez ces droits de regard et de consultation sur les décisions stratégiques prises par  le club. Ces droits, seule une entrée significative dans le capital du club peut nous les donner.

‘Nous voulons revoir le club au premier plan et y faire prospérer l’esprit olympien parce que l’OM c’est nous !’

 

C’est intéressant, mais Franck McCourt est milliardaire ! Quel intérêt peut-il avoir à faire entrer les supporteurs dans le capital du club ?

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Déjà, il faut savoir que pour obtenir les résultats qu’il nous a ‘vendus’, il faut atteindre un budget équivalent à environ 250 millions d’euros, dont le premier poste de dépense sera  la rémunération des joueurs.

Pour être compétitif, il faut de grands joueurs et il faut surtout les payer. Tous les clubs qui arrivent en ¼ de finale de C1 ont au minimum ces budgets-là. Sous l’ère Dreyfus, et on parle ici des meilleures années avec quart de finale de C1 et titre de champion, les recettes ont péniblement atteint 150 millions d’Euros.

J’insiste sur les ‘recettes’ et non sur le budget de fonctionnement. La problématique consiste à passer de 150 à 250 millions de recette ! Le fair-play financier est une composante que beaucoup ont tendance à oublier et dont  l’équilibre recettes/dépenses est la clé.

La subtilité, c’est qu’un club ne peut dépenser plus que ce qu’il ne gagne – sauf si l’actionnaire couvre le déficit occasionné – et la limite autorisée est de 30 millions d’euros maximum.

Franck McCourt va donc devoir trouver de nouvelles ressources financières afin de se conformer au fair-play financier et garder un OM compétitif. Le Massilia Socios Club peut être une composante essentielle dans l’apport de recettes nouvelles, et en fonction du nombre de socios, apporter à l’avenir 5, 10, 15, voire 25 millions d’euros annuels.

Obtenir une telle somme sans retour sur investissement demandé par les actionnaires, c’est une aubaine pour tout entrepreneur.

Ensuite, il est évident que 150 ou 200 000 Socios représentent une base ‘client’ en contact direct avec le chef d’entreprise, avec possibilité de fidéliser et de créer des initiatives marketing qui créeront des recettes supplémentaires. La direction en est consciente et c’est aussi un des intérêts de la démarche, à savoir consolider ce lien direct entre les supporteurs et le club.

Franck McCourt n’est pas un philanthrope…

Il n’y en pas dans le Football et nous c’est l’OM qui nous intéresse ! Nous voulons revoir le club au premier plan après des années de disette, mais aussi être impliqués dans son fonctionnement et y faire prospérer l’esprit olympien, parce que l’OM c’est nous ! Il faut qu’on ait notre mot à dire et le seul moyen d’y parvenir, c’est d’apporter une contribution financière pour entrer dans l’actionnariat.

C’est un deal gagnant-gagnant !

Que pense la direction de l’OM de votre initiative, vous a-t-elle imposé des conditions  afin que le projet soit réalisable ?

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Depuis juillet, nous suivons l’actualité de l’OM et chaque fois qu’il y a eu un candidat sérieux au rachat, on a tout fait pour le rencontrer. Nous avons donc contacté l’équipe de Franck McCourt et leur avons transmis le projet sous forme de dossier.

Il faut garder à l’esprit que le projet est pensé sur du moyen et du long terme. Il n’y a pas d’urgence à le monter immédiatement même si le plus tôt sera le mieux. Le seuil de socios nécessaire afin de peser dans les négociations ne sera pas atteint du jour au lendemain.

La direction avait de son côté des chantiers plus urgents à mener à ce moment-là : prendre la température du club, refondre un organigramme, redresser le sportif…

Nous devrions pouvoir discuter de tout cela avec eux prochainement. Il y a des volets juridiques et financiers qui nécessitent la plus grande rigueur. Nous ne sommes qu’au début du projet et le temps joue pour nous vu que nous ne travaillons pas dans l’urgence.

L’idée les intéresse fortement, et c’est Jacques-Henri Eyraud lui-même qui le dit ! Comme nous le répétons depuis le début, le projet ne devient gagnant-gagnant qu’à partir du moment où il y a du monde qui nous rejoint ! C’est aussi à nous, les porteurs du projet, de faire comprendre au public que l’initiative est sérieuse, sécurisée, et que l’OM ne se lancera jamais dans des négociations pour une aventure qui ne lui offre pas toutes les garanties nécessaires de solidité et de faisabilité.

C’est aussi un moyen d’envoyer un message fort à la direction en lui faisant part du désir de chacun de s’investir – à son échelle – dans la vie du club.

‘Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de poids dans les décisions  prises par l’institution !’

Concrètement, quelle influence pourraient avoir les Socios sur les décisions prises par l’institution ?

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Concernant l’influence sur les décisions du club, encore une fois le nombre conditionne tout. Plus nous serons nombreux, plus nous serons entendus et plus nous aurons de poids dans les décisions.

Être actionnaire signifie avoir un droit de regard sur les comptes du club et c’est un élément déterminant !

L’apport financier des socios peut avoir plusieurs utilités : on fixe des objectifs en assemblée générale, et on peut par exemple décider d’investir l’argent sur la formation, sur les liens avec divers clubs régionaux et/ou la création d’une école de Football OM à l’étranger afin de dénicher les futurs talents.

Tout est envisageable et il faut voir plus loin que le simple transfert de joueurs. Ces objectifs une fois votés et acceptés seraient établis de façon contractuelle avec le club. C’est vraiment un moyen de participer activement à la vie et au développement de l’institution en étant les garants de cet esprit olympien, je le répète encore, puis en s’assurant que nos valeurs soient transmises et surtout respectées… »

Deuxième partie de l’interview à suivre…

Propos recueillis par Fayçaldinho

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*Ghislain et Adrien sont également les cofondateurs du site : le pot commun

Et mobilisez-vous ! Rien de plus simple, pour devenir socio c’est ici

 

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A propos de fayçaldinho


Manchot- analphabète - susceptible. Le spécialiste de l'aigreur et de la mauvaise foi. Supporter de l'OM de 1986 à 1999 et depuis je subissais, jusqu'à ce que JHE m'achève, puis soit éjecté du poste de président.
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9 Réponses pour L’OM c’est nous : l’interview du Massilia Socios Club (première partie)

  1. avatar De selfmade footix le 29 novembre 2016 à 9h46

    Excellente ITW de notre petit reporter. 😉

    • Merci, mais sans la Team et Jester en particulier, l’ITW se fait jamais 😉
      On a bien bossé

      • T’as fait tout le taff quand même 😉

        • Quand UN avant-centre mets deux crochets et expédie un boulet dans la lucarne, il faut toujours regarder en amont le positionnement défensif et la récupération de son équipe, qui lui ont permis de se retrouver face au but ! C’est ma philosophie 😉

  2. Bravo !
    Au top, comme d’hab

    • Merci l’ami, heureux de voir que t’es là derrière nous, j’espère que beaucoup suivront dans ton sillage 👍

  3. Superbe article !