Konstantinos Mitroglou : quitte ou double ?

Konstantinos Mitroglou, l’attaquant international grec du SL Benfica a signé un contrat de quatre ans dans les dernières heures du mercato pour un montant estimé à quinze millions d’euros. Ainsi se termine la quête du buteur qui a alimenté les débats, nourri les inquiétudes des anxieux et fasciné les plus rêveurs… Par un drôle de coup de poker !



Des critères très précis, on vous dit !

Jacques-Henri : « Je comprends mieux le sens de certaines expressions. »
Andoni : « S’il est aussi précis avec ses pieds qu’avec ses mains, Roudi sera content. »

De nombreux noms avaient été évoqués avant que Mitroglou ne vienne remporter la mise. Jacques-Henri Eyraud, le président de l’Olympique de Marseille, avait d’ailleurs rappelé que l’attaquant convoité devrait remplir certaines conditions :

« Bien sûr qu’il [Frank McCourt] peut acheter un joueur cinquante millions d’euros. Les critères n’ont pas été tous réunis. Giroud a une valeur sur le marché.

On s’est intéressé. On était prêt à faire une transaction impliquant Olivier Giroud. Il y a des critères très précis.

Il faut que toutes les cases soient cochées. Si ce n’est pas le cas, on ne le fait pas. »

Au cours de l’été, Jacques-Henri Eyraud a joué au poker menteur et a utilisé le bluff en de nombreuses circonstances. Quand il n’incitait pas son audience à consommer de la tisane. Aussi, risque-t-il d’être lui-même jugé au pro rata du rendement de son avant-centre.


« JHE : Une grille de sudoku, Andoni ?
– Pour les cases, il faut voir avec Roudi… »

Compagnon de Valère

Par ailleurs, Rudi Garcia paraissait moins se prendre au jeu des devinettes et avait donné quelques indices aux journalistes les plus curieux sur le profil souhaité. Un avant-centre puissant participant à la construction du jeu, un pivot de préférence, complémentaire de Valère Germain et susceptible d’évoluer seul en pointe afin de permettre à ce dernier de souffler.

Les fameuses cases à cocher n’ayant pas été divulguées, on peut se méfier du syndrome de la langue de bois. Toutefois, nous pouvons aussi nous demander si Konstantinos Mitroglou, dit Kostas, correspond réellement au profil désiré par les dirigeants – et en particulier par l’entraîneur – ou s’il s’agit d’un choix fait par défaut, au vu de la difficulté de conclure le transfert d’un buteur de renom.

Il est vraisemblable qu’ils aient attendu le dernier moment pour tenter de décrocher une quinte flush royale, mais qu’en définitive, ils se soient contentés d’un brelan : « Alors, tu bluffes, Martoni ? ».

Objectivement, le départ de Bafétimbi Gomis a laissé un grand vide, Valère Germain s’occupant depuis d’endosser un rôle parfois ingrat et solitaire, alors que ses qualités sont principalement celles d’un joueur de complément.

De fait, le profil de l’attaquant grec se justifie. Grand, longiligne, costaud, doté d’un excellent jeu de tête, gaucher (bien qu’en réalité il soit bon des deux pieds), tout porte à croire qu’il possède un style différent de Germain, mais pas forcément très éloigné du nouveau lion de Galatasaray.

« Valère, toi et moi, on va être copains ! »

Mitroglou, le prolifique

Mitroglou n’appartient pas exactement à la même catégorie que certains cadors dont les noms été régulièrement relatés pendant le mercato, comme Stevan Jovetic qui était encore annoncé à Marseille quelques heures avant qu’il ne s’engage officiellement avec l’AS Monaco.

Pour autant, l’essentiel n’est-il pas de marquer des buts lorsqu’on est attaquant ? Et à ce petit jeu-là, Kostas Mitroglou est plutôt bon.

Certes, il n’a pas évolué dans une ligue majeure – si l’on fait abstraction des trois rencontres qu’il a disputées pour Fulham – mais, en examinant ses statistiques, on s’aperçoit que du haut de ses 29 ans, il s’est montré constant depuis le début de sa carrière.

Il a d’ailleurs inscrit plus de quinze buts par saison en championnat sur les trois derniers exercices qu’il a complétés avec l’Olympiakos puis avec le Benfica Lisbonne. En outre, sa dernière saison à moins de dix buts remonte à 2010/2011 et il a inscrit dix-sept buts en quarante-un matchs de Ligue des Champions !

Une expérience qui pourrait se révéler précieuse en Europa League…



En dépit de son gabarit, Mitroglou est relativement habile de ses deux pieds et s’avère redoutable dans la surface de réparation adverse. Doté d’un bon sens du placement et de la faculté de se faire oublier au marquage, il excelle dans l’art de toujours se trouver au bon endroit au bon moment.

Reste à voir s’il pourra endosser le rôle de pivot sur lesquels ses compagnons de l’armada offensive aimeraient s’appuyer, comme c’était le cas la saison dernière avec la fameuse panthère noire, chère aux Ultras.

Mitroglou, le conquérant

On peut émettre des doutes quant à son intégration au onze olympien, néanmoins sa personnalité semble taillée pour l’environnement marseillais.

En effet, le joueur est habitué aux enceintes incandescentes pour avoir longtemps côtoyé les supporters exubérants de l’Olympiakos Le Pirée puis s’être fait apprécier des fans du Benfica Lisbonne, des clubs historiques dans leurs pays respectifs, suscitant autant de passion que celle des Marseillais pour leur équipe.

Il l’a d’ailleurs très clairement signifié :

« Je sais que l’ambiance est bouillante au stade Vélodrome avec les supporters. Et moi, j’aime ça ! »

Si l’attaquant grec au look atypique, ne redoute pas la pression, son transfert coïncide avec les récentes déconvenues de l’OM Champion’s Project, ou du moins de ce qu’il en reste. Ses prestations seront donc le baromètre des critiques ou des compliments qui pleuvront sur les dirigeants.

Un chat noir ou un porte-bonheur, en somme, mais, que Messieurs Eyraud, Zubizarreta et Garcia se rassurent : même s’il est arrivé blessé et risque d’être indisponible pour le mois de septembre, le nouvel avant-centre de l’OM a une bonne étoile.

Et j’en veux pour preuve, son palmarès : champion de Grèce (2008, 2009, 2011, 2013, 204 et 2015), vainqueur de la Coupe de Grèce (2008, 2009, 2013 et 2015), champion du Portugal (2016, 2017), et vainqueur de la Coupe de la Ligue portugaise en 2016. Pas mal pour un sans-grade !

Kostas Mitroglou a ainsi remporté des titres dans les deux clubs majeurs pour lesquels il s’est battus, et si la concurrence ne valait pas celle des meilleurs championnats (ne soyons pas naïfs), il est toujours agréable de compter dans son effectif des joueurs qui connaissent le goût de la victoire et veulent certainement le préserver.

« Président, vous voyez Rod et Henri ? Je vais vous montrer comment on dégraisse chez moi. »

Mieux vaut tard que jamais

À défaut de « cocher des cases » ou de jouer aux mots croisés sur le banc, il faut espérer que Konstantinos Mitroglou fasse trembler les filets des gardiens de Ligue 1, et ce, dès le mois d’octobre…

D’autant plus qu’en recrutant un joueur blessé le dernier jour du mercato, un mois après le début du championnat et à quinze jours du démarrage de l’Europa League, l’équipe dirigeante a fait montre d’un incroyable manque de maîtrise dans la conduite des affaires d’un club de haut niveau.

Ironie du sort, si elle avait voulu mettre à l’épreuve les nerfs des supporters marseillais réputés pour leur impatience, elle n’aurait pas pu mieux s’y prendre ! Surtout avec l’enchaînement des deux derniers rencontres cauchemardesques au Vélodrome…

Désormais, c’est à Kostas Mitroglou d’écrire l’histoire. La balle est dans son camp. Enfin, le ballon est dans ses pieds, plus exactement. À lui de prouver qu’il est bien le carré d’as que nous attendons tous, car en football, seule la réalité du terrain compte !

Messieurs, faites vos jeux, rien ne va plus (hélas) !


 

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A propos de Chris Red


Rédacteur pour le plaisir et passionné de l'OM, je suis également auteur de romans et de nouvelles SF/Fantastique et traducteur novice dans le même domaine.
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