« Ma passion, j’ai maaaaaaaaaaaaaal à ma passion tu comprends ? ». Une défaite contre le PSG est toujours difficile à encaisser pour un supporter olympien, on le sait bien. D’autant plus lorsque cette défaite signe probablement l’arrêt de mort de tout espoir de titre en fin de saison.
Mais bon sang, le déferlement de monologues geignards et de lyrisme à deux balles qui inondent la sphère OM depuis quelques heures est totalement insupportable ! Plus agaçant encore qu’une saute de concentration de Jérémy Morel. Et pourtant, je vous jure que la perspective de voir ce type continuer à porter le maillot de mon club l’an prochain me donne envie de passer le reste de ma vie à m’éviscérer lentement et méthodiquement avec une épingle à nourrice.
Sauf que justement, il est de notoriété publique que Morel est davantage une expérience scientifique qu’un joueur de football. À l’instar de Dolly, la première brebis clonée, l’ancien merlu est selon toute vraisemblance un duplicata bête et méchant du triste clown Ronald Mac Zubar, qui a également brouté l’herbe du Stade Vélodrome il y a quelques années. Voilà qui en dit long sur la gueule de notre assise défensive : elle est conduite par une chèvre qui fait office de berger…
Alors oui, bien sûr qu’un club doté d’un budget cinq fois supérieur au nôtre est capable de nous battre en marquant trois buts. À quoi vous attendiez-vous, sérieusement ? On peut éprouver de la honte en s’inclinant contre des cadavres normands après avoir mené 2-0. On peut avoir envie de brûler des chatons — pas moi hein, c’est vous les tarés — en se faisant voler une victoire méritée contre Lyon, mais le principal enseignement de la confrontation autoproclamée « classique » qui vient d’avoir lieu entre le Paris Sidi Qatar et l’Olympique de Marcelo s’avère limpide : une équipe courageuse s’est inclinée contre meilleure qu’elle. Comme prévu par tout le monde en début d’exercice, pour dire les choses clairement.
Est-ce que cela vaut vraiment la peine d’en faire des caisses dans le registre de la passion bafouée de Pomponette ? La vérité, c’est que vivre des matches de cette trempe est un énorme plaisir en soi. C’est peut-être bien la perspective d’être durablement privés de ce genre d’émotions à l’avenir qui nous fait chialer à intervalles réguliers.
Parce que si l’OM est un bolide de course, le « duc ‘» d’Orléans qui est supposé tenir ses rênes, semble davantage taillé pour livrer des colis FedEx en vélo à pignon fixe. L’image a toutefois ses limites, puisque la grande majorité des livreurs sait, elle, faire preuve de professionnalisme. Ceux qui reprochent au patron présumé du club d’être un mauvais président se gourent lourdement. Pour être incompétent dans une fonction, encore faut-il essayer de l’exercer. L’homme qui murmurait à l’oreille des journalistes est un manager qui n’a jamais fait tourner une entreprise. Un gestionnaire qui fait exploser les déficits. Un directeur sportif qui n’a jamais acquis de légitimité dans le monde du football. La profession avérée de Vincent Labrune, la seule dans laquelle il a déjà pu démontrer un savoir-faire solide, c’est tout simplement d’être Vincent Labrune.
Et le pire, c’est que cela pourrait ne pas être un problème ! Conjuguée avec une intelligence minimale, l’ambition personnelle peut être profitable à l’OM ! Mais comment, en regardant Paris s’envoler vers un titre qui était à notre portée, ne pas penser à ce qu’aurait pu réaliser un effectif construit avec une réelle expertise ? Pas besoin de fustiger Morel pour penser, très fort, aux garanties supplémentaires qu’aurait apporté Lucas Mendes dans le sprint final. Inutile d’accabler Lemina, qui a rendu contre Paris, une copie plus effroyable que sa coupe de cheveux, pour songer que l’OM a mis cet été dans un puceau brésilien les moyens qu’il a refusé d’investir sur un vrai patron dans l’entrejeu ! Ce n’est pas faute, pourtant, d’avoir recruté un technicien reconnu en hurlant sur tous les toits que ce dernier dirigerait la politique sportive du club…
Pour l’heure, Marseille est sur le podium. Il ne sera pas simple d’y rester, mais rien n’indique l’imminence d’une fin de saison abominable. Vaincre Lens ne signifiait pas une victoire en Ligue des Champions l’an prochain. Perdre contre le grandissime favori de la Ligue 1 n’annonce pas davantage une inexorable agonie. On pourra tirer des plans sur la comète cet été, ça nous amuse tous au moins autant que la compétition. Mais quoiqu’il arrive, Bielsa est aux commandes jusqu’à fin mai, et ça veut dire que d’ici là, on n’a pas fini de voir des buts et du spectacle. Exactement comme face à Paris, en somme. Et les lendemains de défaite, ce genre de constat donne vraiment la pêche.
L’OM est plein de choses. Une tradition, voire une religion commune à ses adeptes disséminés un peu partout. Certains ne dorment pas de la nuit avant ou après un gros match, quand d’autres trouvent dans leur passion une aide à s’endormir ou une raison de se bouger le matin. Bien sûr qu’il ne s’agit pas que de foot ! Mais il s’agit, en premier lieu, de foot. Si vous lisez ces lignes, c’est qu’un jour, quelque part, vous avez vu un but d’une équipe de football qui s’appelle l’Olympique de Marseille. Et ça vous a fait vous sentir bien. Il y a de quoi faire en la matière, bon sang ! Sous les ordres d’El Loco même un empoté comme André-Pierre Gignac est capable de claquer des doublés qui lui feront dépasser la barre des cent buts en L1 avant la fin de son périple mouvementé sous les couleurs phocéennes.
Pourquoi chouiner maintenant à propos du départ annoncé d’André Ayew ? Pourquoi s’arracher les cheveux en essayant de deviner quel défenseur de Lorient viendra succéder à N’koulou ? Il paraît quelque peu paradoxal de reprocher à la direction du club de passer à côté des enjeux sportifs si l’on finit par s’y désintéresser en tant que supporter !
Si faillite il y a, elle concerne d’abord le rectangle vert. Peu importent les gesticulations médiatiques affligeantes des protagonistes ou des observateurs si le terrain fonctionne. Pierre Mènès n’est jamais qu’un piller de bar haut de gamme – bien qu’à sa différence, certains habitués des bars sont estimables d’un point de vue humain. Le « Projet Dortmund » n’est ni une bonne ni une mauvaise idée, mais ne reste qu’une idée justement. À affiner en fonction des faits.
L’heure de vérité pour Thauvin, ce n’est pas le moment de sa signature, c’est sa capacité à réussir un dribble, à faire la bonne passe, à planter des buts. Le reste, c’est juste bon à se provoquer des hématomes au niveau des parties génitales. Seule la performance parlera. Qu’importe l’entraîneur ou les joueurs, au bout du compte, on verra toujours le résultat sportif. C’est ce qui différencie un passionné d’un opportuniste, se bornant à répéter au contraire que « le résultat sportif, on verra ». Ce qu’il ne pige pas, c’est que des joueurs qui perdent auront toujours du mal à se vendre. À défaut de s’entourer de compétences en matière de recrutement, ce cher Vince peut tapisser les murs de sa chambre de posters de Dalmat, Luccin ou Ben Arfa s’il le veut. Qu’il s’amuse bien à se rêver courtier. On a peut-être perdu contre le PSG, mais le match était chouette. À condition d’aimer le foot, évidemment !
Excellent article, factuel, complet et percutant.
Tu as livré le sentiment que beaucoup partage.
Merci.
C’est beau ce que tu dis. Sniiiif.