Nous vivons une période politiquement trouble. Alors, pour ne pas exacerber les tensions entre Français, voici un compte-rendu de match sans blague diffamatoire sur les Ch’tis, les attaquants trop lourds, ni les arrières droits complètement stupides.
L’avant-Match
Lens est une ville magnifique à cette époque de l’année. Le froid polaire de l’hiver rigoureux du Nord s’en va, et le printemps humide et glacial n’est pas encore arrivé. Le ciel au matin a cette couleur blanc laiteux de la brume anglaise, et au soir, quand le soleil se couche, on a la chance de ne pas être aveuglé par ses derniers rayons, grâce au brouillard matinal qui s’est attardé toute la sainte journée tel un téléspectateur de TF1 un dimanche d’élections locales. C’est pourquoi le match se joue à Paris. À Saint-Denis plus exactement, avec ses quartiers pleins de vies souterraines, de nuages de particules fines (mais heureusement pas humide).
Antoine Kombouaré, le Kanak sans aiR, a composé un 4-4-2, ou un 4-3-3, selon qu’on s’y connaisse en foot ou qu’on travaille pour le service des sports de Canal+.
Marcelo Bielsa a lui opté pour son 3-3-3-1, génial ou inadapté, selon qu’on s’y connaisse en foot ou qu’on travaille au service des sports de Canal+.
La première période
Mandanda remporte le toss, et choisit le côté du terrain. Les Lensois gagnent donc le droit de donner le coup d’envoi. Enfin, « gagnent»… Ils réussissent la première passe de l’engagement, mais pas la deuxième et envoient le ballon directement en touche. Vu comme ça, on se dit « c’est pas trop grave, ils vont avoir tout le match pour se rattraper ». Eh bien non, ils sont tellement mauvais que c’est là le plus grand nombre de passes d’affilée qu’ils réussissent de la soirée.
Après ce gag lensois, l’OM attaque pied au plancher. Gignac tente une première frappe, qui est contrée, puis il remet le couvert sur le corner qui suit. Encore contré. Une minute plus tard, Payet prend sa première dose de Prozac : il fait une passe décisive à notre avant-centre, lequel place une jolie reprise de volée de l’intérieur du pied à un bon mètre des cages de Riou. Et cette frappe n’est qu’un hors-d’oeuvre pour lui : il ne sera plus aussi dangereux de tout le match.
L’OM domine les dix premières minutes de la rencontre. On se dit qu’on va avoir un festival de buts si nos joueurs continuent comme ça. Cependant, vous devez maintenant connaitre l’OM version Bielsa : on attaque à fond, quitte à laisser des boulevards en contre. Le boulevard Brice notamment. Car plus généreux que le bonnet 90DD d’une femme de joie du Nord, il y a le bonnet d’âne DDD. Toutes les attaques nordistes passent de son côté, mais je suis sport et ne lui ferai pas l’affront de comparer les tarifs…
Après cette entame réjouissante, l’OM se met à tousser. D’abord sur un coup franc mal tiré par Thauvin (seul un rugbyman pourrait apprécier sa précision de frappe), puis, avec Dja Djédjé qui fait des fautes bêtes et reçoit son carton jaune hebdomadaire, tandis que ses centres vont régulièrement dans les bras affectueux de Riou. On ne peut cependant pas lui en vouloir particulièrement pour les centres, vu les corners et autres coups francs tirés par Payet : tous trop bas ! En revanche, les passes de ce dernier – lorsqu’elles sont faites dans le jeu – sont toujours lumineuses.
Malheureusement pour le Réunionnais, l’attaquant qui doit réceptionner ses passes n’est pas dans son assiette ce soir. Gignac est une fois hors-jeu, et quand il ne l’est pas, il tente une frappe de loin écrasée. Et ces deux actions sont, à la louche, à peu près tout ce que notre numéro neuf a fait ce soir. Et quand ce n’est pas Gignac, c’est Ayew ou Dja Djédjé qui ratent le but sur ses ouvertures…
Malgré tout, même si l’OM a été mauvais pendant trente-cinq minutes, il y a eu pire : Lens.
Pour décrire le niveau des hommes de « Casque d’or », il suffit de dire que le seul Marseillais qu’ils arrivent à passer est le minot Aloé. Ce qui serait un problème s’il n’y avait Mandanda, Fanni, voire par moments, un retour en trombe de Romao ou d’Imbula.
La deuxième période
Le plat de résistance arrive : Gignac laisse d’entrée la place à Batshuayi. Et là, c’est le drame. Enfin, pour les Lensois, et pour l’attaquant qui veut toujours jouer les sauveurs du club en tentant des courses rentrantes pour placer une frappe enroulée de l’intérieur. Ayew tente un lob, mais il tire trop bas ce qui est ennuyeux pour un lob. Riou capte le ballon et le relance de la main… sur Thauvin, qui est seul, sans aucun Lensois à moins de dix mètres de lui.
Riou est juste génétiquement mauvais. Il a quand même réussi en première période à envoyer un six mètres directement en touche dans son camp…
Reprenons : suite à cette passe presque décisive de Riou, Thauvin a le ballon et le transmet à Payet. Ce dernier cherche un substitut au Prozac après la caisse qu’il vient de vider pendant l’entracte. Il le trouve sous la forme d’un attaquant belge : sur la passe de Payet, Michy, bien que mal placé, parvient à pousser le ballon dans les cages du bout de la semelle, tout en effectuant un grand pont sur Landre… La classe quoi.
0-1
Bielsa, qui aime les challenges, mais aussi gagner des matches des fois, décide de sortir Dja Djédjé pour Lemina à la 51e minute.
Lens se procure deux occasions, mais Mandanda est vigilant. Plus que Le Moigne, qui fait une faute à l’entrée de sa surface sur Payet. Ce dernier tire un coup franc qui contourne le mur et vient se loger … sur le poteau gauche des buts Lensois ! Simple contretemps, car Romao a suivi et reprend victorieusement pendant que Riou est parti vérifier dans son contrat s’il est bien spécifié qu’il doive jouer gardien de but.
0-2
Caen reste dans toutes nos têtes et le match n’est pas encore gagné. On ne voit pas comment Lens pourrait marquer bien sûr, mais nos joueurs sont, par moments, capables de tout, de rien, et même de creuser le sol à la recherche du dernier gisement de pétrole. Ou de « gaz de shit », vu la localisation du match.
On se dit qu’il en faut un troisième pour être tranquille. Et le troisième arrive.
Batshuayi a la balle, il passe à Mendy qui depuis son côté, centre mal à ras du sol. Mais, grâce en soit rendue à Saint Abedi Pelé : c’est Ayew à la réception ! Ce dernier se jette rageusement pour tacler de l’extérieur du pied le ballon dans les buts pendant que Riou cherche dans le dictionnaire la définition des termes « inviolé » et « cages ».
0-3
Avec ce but, la victoire est assurée !
Ocampos peut alors remplacer Thauvin. Imbula peut prendre un jaune idiot, Payet peut rater un geste sur un contre : ce n’est pas grave. On a gagné et on revient à un point de Lyon et deux de Paris.
On attend donc sagement que l’arbitre siffle la fin du match pour aller se coucher, le sourire aux lèvres, en pensant à la bonne semaine qu’on va passer, mais Ayew en décide autrement. Il part dans une chevauchée fantastique au milieu de plots en rouge et or et déclenche une frappe vers Riou, qui la repousse (!). Évidemment, celui-ci ne comprend pas comment ses mains sont allées se balader toutes seules vers cette belle boule aux jolie courbes. Tout à son étonnement, il ne comprend pas non plus la joie des Marseillais, parce qu’il n’a pas vu Batshuayi reprendre la balle et marquer.
0-4
La messe est dite, chantez l’Ave Maria et on rentre à la sacristie. Enfin, au vestiaire.
Le concours Stéphane Guy
Voici quelques extraits naturels du journaliste de Canal + pendant le match (faites attention aux toxines) :
A • « Quelle ambiance ! C’est grâce aux Lensois qui, une nouvelle fois, donnent une leçon de supporters ! », alors que le stade est en majorité rempli de Marseillais et que, justement, on entend ces derniers chanter…
A’ • « Des dizaines de milliers de supporters lensois et les quatre milles supporters marseillais… »
B • « L’OM au bord de la rupture… », tandis qu’on joue Lens, une des plus faibles équipes de Ligue 1…
C • « Notre révélateur à Canal+ n’est pas toujours fiable et, en plus, l’arbitre a toujours raison ! », juste après que le fameux « révélateur » a montré qu’Ayew n’était pas hors-jeu…
D • « Franck Dja Djédjé… ».
Soyez attentifs, car la question est difficile : selon vous, laquelle de ces déclarations est la plus risible ? *
On a aimé :
– les quatre buts
– Payet
– Ayew
– l’ambiance du stade
On n’a pas aimé :
– le fait que les journalistes et Marc Libbra n’aient pas lu les travaux fondateurs du Messager du Hokuto et de Gaby sur le forum d’OMlive concernant le 3-3-3-1 bielsesque
– avoir besoin d’un match de foot pour oublier un instant la médiocrité cantonale du pays
– 0-4 seulement… Bielsa démission !
L’ironie savoureuse du jour
La mauvaise foi digne d’un vrai Marseillais de tous les Parisiens du plateau de Canal+ (pléonasme).
* la réponse « toutes » est admise