Dauphin de l’OL, l’OM se déplaçait ce vendredi au stade de l’Allianz Riviera à Nice, dans l’espoir de surfer sur la bonne vague entrevue face à Guingamp le week-end dernier avec une victoire deux buts à un à l’issue d’un match maîtrisé. Malheureusement, quand on néglige le pain sur la planche, on boit la tasse…
Vortex
En cas de victoire, Marseille pouvait reprendre les rênes du championnat en attendant le match de Lyon le dimanche suivant. La pression était donc sur les épaules des Olympiens, incapables de gagner à l’extérieur depuis le mois d’octobre (un point pris sur dix-huit possibles).
De toute évidence, la confrontation s’annonçait difficile, car l’effectif de l’OM était privé de nombreux joueurs du fait des blessures, des suspensions, et de la Coupe Africaine des Nations (pour A. Ayew et N. N’Koulou).
Contraint de remanier son onze de départ (notamment en défense), Marcelo Bielsa décidait d’aligner de gauche à droite, Brice Dja Djédjé (« ThreeD » pour les intimes), Morel, Aloé et Lemina. Imbula et Romao prenaient place au milieu et étaient chargés de faire la « leash » entre le secteur défensif et le quatuor d’attaque suivant : Thauvin, Payet, Gignac et Batshuayi seul en front side .
Au sortir d’un insoutenable suspense, Dória était également aligné, mais uniquement sur… ses skis ! En cut back quoi !
« J’te fascine hein ? Allez viens on parle de moi ! »
Le Set, ou la série habituelle d’occasions manquées
Dès le coup d’envoi sifflé par Monsieur Gauthier, les supporters ont une désagréable impression de déjà-vu. Ce premier acte ressemble, en effet, aux dernières entames depuis la reprise : des joueurs entreprenants et volontaires par moments, mais des insuffisances dans tous les compartiments du jeu et un incroyable manque réalisme devant le but…
Après dix minutes à l’avantage des niçois et une grosse alerte sur une frappe de de Pléa (qui passe près du poteau de Mandanda), les Marseillais prennent le jeu à leur compte et se procurent plusieurs d’occasions sans toutefois parvenir à ouvrir la marque. À la réception d’un centre de Thauvin, Batshuayi se retrouve seul dans les six mètres et tente de porter une première estocade, mais son tir façon fly out passe au-dessus de la cage gardée par Hassen…
Surnommé amicalement « Mushy » par son partenaire Brice Dja Djédjé, le jeune attaquant belge est bien à l’image du chaos marin que les surfeurs désignent par ce vocable : totalement désordonné ! Il a beaucoup d’aisance, il en veut, il tente, mais sa maladresse et son inconstance gâchent ses efforts.
Malheureusement, il n’est pas le seul à bégayer son football.
« C’est le casse de Brice… Nice. »
Vient le tour de Payet, l’intermittent du spectacle, aussi talentueux, qu’irrégulier comme en atteste l’occasion qu’il rate à la vingt-cinquième minute. Il est seul au point de penalty tandis que Lemina déborde côté droit et lui adresse une passe parfaite . Le stade retient son souffle, car le but semble imminent, mais le Réunionnais joue la prudence et son plat du pied s’échappe sur la droite des filets niçois… Kick out et stupeur. Comment un joueur techniquement aussi fin a-t-il pu manquer une telle opportunité ?
Quand on sait son impact sur la qualité du jeu de l’OM, on imagine bien la frustration des supporters d’avoir un numéro dix avec autant de nose, mais parfois si peu de curl…
Deux nouvelles phases de jeu offrent pourtant aux Marseillais la possibilité d’ouvrir le score par l’intermédiaire de « Mushy », idéalement servi par Payet (toujours les mêmes). Rien n’y fait. Il faut croire que les joueurs n’ont pas envie d’enfoncer la tête des Niçois dans l’eau. De son côté (droit donc), en bon layback, Gignac attend le mascaret pour tomber à pic. Il attend encore.
Globalement, l’OM mène les débats, mais les aiglons se battent sur chaque ballon et ne reculent pas, tandis que les Marseillais manquent d’efficacité et de rigueur.
Et Brice dans tout ça ? On le voit se démener comme à son habitude. Sauf que cette fois, il est en goofy-foot. Auteur de quelques peaks sur son côté gauche, il rame de temps en temps face à Eysseric et Bauthéac, mais c’est un des joueurs les plus en vue.
À la mi-temps, le tableau d’affichage est toujours vierge.
Wipe out
Brice ne pense pas si bien dire quand il demande à Romao, avant le coup d’envoi de la seconde période : « T’as bouffé une méduse ? C’est pour ça que t’es transparent ? »
Hélas ! À peine deux minutes plus tard, Eysseric, parvient à devancer Imbula sur un énième coup franc niçois. Il récupère la balle et adresse un centre devant les buts de Steve Mandanda. L’action est confuse, mais Genevois fait plier l’OM. Un à zéro pour les hommes de Claude Puel.
Désabusé, Marcelo Bielsa se demande si son équipe est bien sortie des vestiaires ou si elle continue de discuter au sujet du célèbre spot : J-Bay / J-Baypa !
« Je t’ai cassé ! »
À la cinquantième minute de jeu, l’arbitre expulse sévèrement Gomis en le sanctionnant d’’un deuxième carton jaune pour une faute – inexistante – sur Payet… On pense alors que les Marseillais vont pouvoir revenir au score. Aloha Monsieur Gauthier pour ce coup de pouce (c’est la fête) !
Les aiglons accroissent néanmoins leur emprise sur le jeu, et en conclusion d’un contre rondement mené, l’incroyable Hult pourfend la défense marseillaise. Deux à zéro, le stade exulte et la série de défaites à l’extérieur continue pour l’OM, malgré la belle réduction du score par Thauvin quelques minutes plus tard (77e), ainsi que le coaching très offensif de Marcelo Bielsa, qui, refusant le stall, n’hésite pas à faire évoluer six joueurs à vocation offensive dans la dernière demi-heure de la rencontre (chose rarissime en L1) !
L’OM a certes joué avec un onze inédit, une défense expérimentale(dans laquelle seul Aloé évoluait à son poste), Thauvin et Gignac respectivement ailier gauche et ailier droit et un attaquant en manque de confiance, mais cela ne suffit pas à expliquer une spirale aussi négative.
En réalité, le collectif marseillais a coulé de lui-même et contrairement aux craintes initiales, c’est surtout en attaque qu’il a échoué. Preuve qu’en dépit des circonstances difficiles et des commentaires acides de la presse ou des supporters, les choix de l’entraîneur argentin étaient viables et auraient dû permettre de gagner le match si certains joueurs avaient fait leur boulot…
Cette équipe est capable de se créer une kyrielle d’occasions, mais sans en concrétiser une seule, et finalement, c’est un peu comme le « H » d’Hawaï : ça ne sert à rien (Brice ©®).
Après la rencontre, seul Brice était en mesure de répondre à la question posée par un supporter :
« Victoire ?
– Pas ce soir, y’a pas le swell. Le vent souffle offshore, c’est dead….»
Il nous avait bien prévenus avant le coup d’envoi pourtant…
Alors, ça farte?
Pas vraiment et on est en droit de s’inquiéter pour l’OM qui un mois plus tôt célébrait son titre de « champion d’automne » grâce à un excellent niveau de jeu et une évidente cohésion. À tel point que le titre semblait accessible…
L’ambiance était alors glassy…
Aujourd’hui, les joueurs sont loin de proposer le jeu fluide – peut-être qu’avec un peu de « wax », ça irait mieux – la solidité, la volonté et l’abnégation qu’on leur connaissait depuis le début de la saison. Cette envie commune qui scelle les destins et permet de se transcender a clairement disparu avec la reprise. Or cet ingrédient est indispensable pour accrocher une place sur le podium, et ce rythme-là, ne rêvons pas : ce sera difficile !
Pourquoi faut-il s’inquiéter ?
- Parce que même en supériorité numérique, l’équipe n’arrive pas à gagner, et pire, encaisse des buts !
- Parce qu’à force d’aligner des contre-performances régulièrement, la solidarité dans le groupe risque de s’effriter et d’enfoncer le club dans les bas-fonds du classement.
- Parce qu’en prenant un point sur dix-huit possibles à l’extérieur depuis le mois d’octobre, on ne voit pas comment les Marseillais pourraient accrocher une place sur le podium.
- Parce que Marseille inquiète dans le jeu et l’état d’esprit.
- Parce que la comparaison fait mal entre les six premiers mois de la saison et le spectacle minable qui est proposé aujourd’hui.
Pourquoi ne faut-il pas s’inquiéter ?
- Parce que Marcelo trouvera la solution pour permettre à l’équipe de se reprendre, d’enchaîner à nouveau les victoires et atteindre l’objectif fixé.
- Parce que bon nombre de joueurs essentiels à l’équilibre du groupe sont absents et que leur retour fera du bien.
- Parce que Labrune va renforcer l’équipe pendant le mercato d’hiver en menaçant Margarita avec une Kalachnikov.
- Parce que certains joueurs vont devoir briller et se donner à fond dans l’espoir de trouver un nouveau contrat d’ici six mois (Morel et Gignac si vous nous lisez)…
- Parce qu’on oublie très vite d’où vient l’OM par rapport à l’année dernière.
Et puis, comme le dit Eric Carrière : « Il faut savoir prendre des photographies à l’instant T. Là, l’OM est deuxième de L1. Où était l’OM l’an dernier ? Quels étaient les objectifs en début de saison ? Il ne faut pas être inquiet pour l’OM, même si on ne peut pas dire que la saison est gagnée. Ils sont tout simplement dans une phase plus difficile, mais ils ont déjà redoré leur blason. »
Ce match était l’un des tournants de la saison et la défaite fait très mal. D’abord, parce que Lyon après sa victoire face à Metz prend de l’avance au classement avec plus quatre points d’écart, ensuite, parce que l’équipe avait l’occasion de se rassurer dans le jeu face à des Niçois réduits à dix.
Malgré ce début d’année catastrophique ponctué de trois défaites indigestes – dont l’une face à un club de CFA – et d’un seul succès en quatre matches, l’OM reste second de Ligue 1. Ce rang ne tient cependant plus qu’à un seul but d’avance sur le PSG au goal average.
La rencontre qui opposera l’OM à Evian TG le week-end prochain devait permettre à l’équipe olympienne de se rassurer à condition qu’elle parvienne à conserver son invincibilité à domicile. En effet, le club est invaincu dans son antre depuis le 17 août et une défaite face à Montpellier.
Si Marseille retrouve la shape, le reef ne fera plus peur et le slide slip ne sera plus qu’une formalité, alors croisons les fingers ! Thanks Brice !