L’Europe, c’est un peu ce bonbon, cette parenthèse, dans la banalité du Championnat… enfin, la banalité c’est beaucoup dire ! Parce que oui, depuis le début de saison, la Ligue 1 a indubitablement un côté réjouissant, des matchs enlevés, du spectacle, des tribunes en folie… après je dis ça, c’est surtout vu de notre fenêtre !
L’OM est ce qu’on attend de lui : spectaculaire ! Seulement, si l’Europe est un bonbon, cette année il est un peu acide ! Un peu comme les têtes brulées que je gobais quand j’étais minot ! La faute à deux matchs nuls rageants, car complètement immérités sur le fond, mais le foot reste le foot, et parfois, il est cruel ! C’est pour cela que ce soir, il va falloir mettre un peu de douceur dans tout ça !
Ressemblants…
Il faut bien l’avouer, cette année, l’OM et la Lazio se ressemblent : ça joue bien, coachés tous deux par des entraineurs qui ont un vrai projet de jeu. Et celui prôné par Jorge Sampaoli, que j’ai finalement bien plus envie d’appeler El Loco que Marcelo Bielsa, tant ce dernier avait l’air plus calme sur notre banc que le natif de Casilda, est réjouissant.
D’ailleurs, on peine à imaginer que le Bielsa déjà grisonnant qui nous a fait rêver n’a en définitive que cinq ans de plus que le Leprechaun sous PCP qui a le verbe si haut que chacune de ses réactions est interprétée par les arbitres comme une insulte à leur endroit ! Le contraste est saisissant !
En face Maurizio Sarri n’est pas exactement un garenne de trois semaines. Lui aussi il aime prendre du plaisir à voir jouer son équipe, et il aime en donner. Lui aussi se fait régulièrement apprécier des arbitres au point de se faire exclure. Bref, avant d’être un match de football, c’est un match d’entraîneur. Une de ces parties qui devraient (en théorie) ravir les amateurs de beau jeu.
Après tout, c’est sans doute une bonne chose, pour qui ne se sent pas concerné par le gagnant ou le perdant, parce que sur le plan comptable, c’est une autre paire de manches : ce groupe E, après deux journées, commence à ressembler à un bien vilain piège.
Personne, n’a vraiment tiré les marrons du feu, et personne ne s’est vraiment mis en grande difficulté avant cette troisième journée. Au gré des résultats de cette journée cela pourrait bien se décanter. Imaginons une victoire de l’OM face à la Lazio, et une victoire de Galatasaray face au Lokomotiv, les Turcs garderaient la tête avec 7 points, l’OM serait second avec 5 points, la Lazio troisième avec 4 points, et le Lokomotiv serait en bien mauvaise posture avec un petit point.
Mais inversons les vainqueurs, on aurait alors la Lazio en tête avec 7 points, Galatasaray et le Lokomotiv seconds avec 4 points, et l’OM dernier avec 2 points et des chances de finir en tête du groupe bien amoindries.
Ainsi, même si rien ne serait perdu en cas de défaite, la situation deviendrait notoirement complexe. Raison de plus pour prendre les choses par le bon bout et vaincre enfin cette agaçante propension à ne pas confirmer par le score la domination de l’OM dans le jeu.
… Mais si différents !
Pour autant, s’il existe des similarités entre les deux adversaires du soir, elles ne sauraient aussi fortes que leurs différences. Dans les tribunes déjà ! Comment aborder ce sujet sans en faire trop ? C’est compliqué en vérité, mais il n’est pas contestable que les publics des deux équipes sont dans une sorte d’opposition parfaite !
Là où à Marseille nous revendiquons l’anti-racisme presque comme un mode de vie, les supporteurs Laziale revendiquent précisément l’inverse ! Et quand j’utilise le verbe revendiquer, ce n’est pas une exagération ! Il n’y a qu’à les entendre scander « Duce ! » (Guide, surnom donné à Benito Mussolini par les fascistes italiens) pour savoir que l’amour de son prochain ne peut s’entendre chez eux, que si le prochain est un miroir racial.
C’est moche mais c’est comme ça. Il va donc sans dire que vue l’interdiction de déplacement opposée aux supporteurs olympiens, l’ambiance risque d’être on ne peut plus hostile à nos hommes, pour des raisons sportives d’une part, et c’est normal, mais aussi pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le sport.
Nombre de nos joueurs risquent malheureusement d’entendre des cris de singes ou autres délicatesses descendre des tribunes du Stadio Olimpico. À eux de s’en nourrir pour gagner sur le terrain !
Mais les différences ne s’arrêtent pas là… sur le plan de jeu aussi ! Jorge Sampaoli laisse souvent perplexe quand on regarde ses compositions, mais c’est parce qu’une composition, c’est figé sur un écran, alors que le football de Sampaoli bouge, vit, change d’allure au gré des besoins.
Maurizio Sarri, lui, pose souvent un 4-3-3 assez classique, mais là encore c’est une réalité d’écran ou de papier, parce que dans son onze, le dépassement de fonction et les compensations sont légions, particulièrement sur les ailes.
Néanmoins, son système est plus rigide que celui de notre trublion Argentin. Deux philosophies s’opposent : un système vivant bien qu’assez lisible, mais d’une grande stabilité à Rome, face à un système protéiforme, souvent surprenant pour l’adversaire, mais facile à renverser si le pressing, les compensations, et le dépassement de fonction ne sont pas au diapason. Deux mécaniques bien huilées, mais très dissemblables. Toutes les composantes d’un vrai choc !
Là où l’OM peut vraiment prendre l’ascendant, c’est peut-être bien au physique. Pas tellement parce que notre bonne vieille Ligain est connue pour être un championnat de bûcherons mais surtout parce que l’âge moyen de l’effectif de la Lazio est de 27,5 ans, là ou celui de l’OM est de 23,9 ans, selon les données du site Transfermarkt.
Ces trois années et demies peuvent paraître anecdotiques, mais elles ne le sont pas. L’OM fait souvent la différence dans le money time et ce n’est pas pour rien, parce que quand la fatigue l’emporte sur la lucidité chez nos adversaires, il reste à la plupart de nos joueurs, encore assez d’énergie sous la semelle pour appuyer là ou ça fait mal. Sauront-ils en profiter ? Là est toute la question, mais après s’être brillamment rassurés face à Lorient dimanche soir, il est temps que nos Olympiens en fassent de même sur la scène Européenne, en disposant des Romains !
Marathon men !
Le problème de ce match, c’est qu’étant donnée la série qui attend notre OM dans les jours à venir, nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’une défaite. Pas tellement sur le plan comptable, mais surtout parce que quand les adversaires suivants, dans un espace-temps de dix jours se nomment Paris, Nice, et le surprenant Clermont, se mettre en selle sans chuter est presque impératif d’un point de vue psychologique. La série va être usante, mais elle peut créer une dynamique formidable… ou un marasme…
Alors, non, comme je l’ai lu, Sampaoli ne doit pas faire tourner, non il ne doit pas la jouer « petits bras » pour préserver ses joueurs. À quoi bon les préserver physiquement si psychologiquement ils sont dans le dur ? Ce soir il faut monter pour gagner, montrer que le football fou que l’on voit depuis le début de la saison a droit, lui aussi, à sa récompense ! La fatigue, on verra après, quand on aura le temps !
Allez l’OM, allez les gars, et n’oubliez pas, désormais, de là-haut, le Boss vous regarde !
J’addooooooooooore