Rennes était a priori la plus forte équipe proposée au menu de l’OM depuis le début du championnat. Un effectif intéressant, talentueux devant et expérimenté derrière, un entraîneur compétent, qui connaît Bielsa pour l’avoir affronté en Liga et qui, pour sa deuxième année de présence au club, doit commencer à viser le premier tiers du tableau. Au bilan, nouvelle large victoire marseillaise, davantage marquée du sceau du réalisme offensif et défensif que de celui de l’emprise technique et tactique sur le match.
Le CR en une phrase pour ceux qui sont pressés :
Rennes a eu autant d’occasions que nous. La différence, comme souvent au football, est venue du gardien et du numéro 9, qui ont été décisifs. @Bielsa
La première période
L’OM commence le match avec Fanni sur le banc, Nkoulou et Morel forment la charnière centrale d’une défense à quatre avec Dja Djédjé et Mendy sur les côtés. Romao joue dans un positionnement variable pouvant descendre très bas en couverture. Comme on en a pris l’habitude, les intentions sont offensives. À la deuxième minute, Payet offre une jolie ouverture pour Gignac, mais celle-là est interceptée. Habitude toujours, moins agréable, la défense olympienne se fait balader dans la minute suivante, mais – ça, par contre, c’était plus trop l’habitude – Mandanda repousse à bout portant le tir croisé de Ntep. Quatrième minute, Thauvin, étonnamment lent, s’enferme et gâche une action qui aurait pu s’avérer intéressante. On avait vu en gros la première période.
En mode geek :
On peut noter une nouvelle occasion de l’intenable Ntep qui perfore tout seul la défense olympienne, quelques jaillissements d’Imbula dans son style caractéristique et, trop peu souvent, la patte bielsienne avec le ballet efficace sans ballon des joueurs olympiens à 30 mètres des buts adverses anticipant la relance rennaise et permettant de récupérer de bons ballons, malheureusement mal exploités.
La deuxième période
Resté stoïque sur sa glacière pendant toute la première période, on peut imaginer que Bielsa a recadré les joueurs. La deuxième période commence assez mal par un raté monumental de Gignac à deux mètres des buts. Mais APG a le moral et cette péripétie ne l’empêche pas de bénéficier d’une erreur de Costil et d’un marquage discutable de la défense rennaise dans la minute suivante pour rentabiliser ses entraînements au tennis-ballon et marquer d’un ciseau horizontal. Mendy semble reparti avec de meilleures intentions qu’en première période et récupère davantage de ballons. Mandanda confirme sa bonne forme du jour pour gagner son deuxième face-à-face (52’) puis donne des sueurs froides à tout le stade en se prenant pour Neuer, sortant à 25 mètres de ses buts pour s’entraîner au dribble.
Fanni remplace Dja Djédjé et ne fait rien de bon, mais Gignac s’offre un doublé qui tue le match. Conformément à la doctrine de Bielsa, l’OM continue à pousser et ne s’arrête vraiment de jouer qu’à cinq minutes de la fin après les deux derniers remplacements – un peu tardifs – de Morel pour Sparagna et de Thauvin pour Alessandrini. Mandanda effectue un troisième arrêt, sur un tir des vingt mètres. Dans les arrêts de jeu, bon coup franc pour l’OM. Payet et Alessandrini se disputent le ballon. C’est ce dernier qui tire et qui trouve une lucarne. On n’avait pas vu ça depuis longtemps au Vélodrome. Je me suis souvenu d’Heinze…
Du nouveau du côté de la pastorale
Deux joueurs très critiqués ces dernières années à l’OM font un très bon début de saison. Gignac, que l’on avait déjà vu à son avantage l’an dernier et surtout Morel, replacé en défense centrale. La bête noire des supporteurs marseillais sort bon match après bon match. Tout n’est pas parfait dans son jeu et il perd encore quelques rares ballons, mais il est absolument à fond. Il n’a pas lâché son adversaire direct d’une semelle, s’est trouvé au bon endroit au bon moment, et a même apporté à l’occasion offensivement. Son moment de doute, à la 67e. Il déboule tout seul sur l’aile gauche, se retrouve sans soutien face à deux adversaires et là, on a senti le doute : mais putain, je fais quoi du ballon, maintenant ? Bah non, Jérémy, t’es pas devenu Cristiano Ronaldo, mais je pense que tu as trouvé avec Bielsa l’homme qui peut gommer les défauts d’inconstance qui gâchaient tes prestations auparavant.
Quant à Gignac, sa déclaration d’après match montre qu’il sait où il est et qu’il a envie. Renvoyé de manière inepte par un journaliste à Ibrahimovic, puis à Papin, APG repousse la comparaison avec simplicité. Il dit ensuite qu’ils en bavent toute la semaine aux entraînements et qu’ils sont contents de se retrouver le week-end pour pouvoir appliquer ce qu’ils ont fait et se lâcher sur le terrain. Ils se lâchent et ne lâchent rien. Un oxymore breveté Bielsa.
Le match d’El Loco
L’entraîneur charismatique de l’OM a commencé le match dans sa position de prédilection, assis sur la glacière. Au retour sur le terrain après la pause, il a su provoquer le premier but de Gignac en sirotant un petit café, une technique relevant quelque peu de la sorcellerie, mais qui a déjà prouvé son efficacité.
Puis il a fait évoluer son positionnement en alternant les phases accroupies et la station debout, visiblement nerveusement éprouvé par la tactique de la douche écossaise mise en place par les joueurs, faite d’alternance hyper rapide entre approximations dans le replacement défensif et vista offensive. À 2-0, on l’a vu dire quelques mots à Gignac, sans doute quelque chose comme « c’est bien, minot, plus que deux buts pour le quadruplé et tu auras sorti un bon match ». Un coaching gagnant pour Bielsa, dont le nom a été régulièrement scandé par le virage sud. Change rien, Marcelo, tout Marseille est derrière toi.
La suite
On l’attend avec impatience, sans s’enflammer. Car l’OM, selon un commentaire lu sur un forum rennais, donne parfois l’impression d’être plus faible défensivement que forte offensivement. Il y a peu de doutes que face à une équipe comme Dortmund, le match se finirait sur un gros score en faveur des Allemands. Toutefois, on peut faire confiance à Bielsa, qui semble avoir soudé son groupe autour de lui, pour répéter à l’infini à l’entraînement les gestes nécessaires qui devraient amener cette équipe en haut du classement de L1.