J 28 | LOSC-OM : Who let the Dogues out ?

Entre l’éviction d’un président honni, l’arrivée d’un nouvel entraîneur, la tournée des grands ducs d’un propriétaire dont la dernière visite remonte à la jeunesse de Michel Drucker, et la nomination d’un président qui n’était pas né quand ce même Michel Drucker était déjà vieux, on oublierait presque que le coeur de l’OM c’est de jouer au football. Et en plus contre le leader lillois. J’ai donc pris la décision de commencer par un titre au jeu de mots foireux pour vous mettre du baume au cœur.

Vous pouvez reprendre une activité normale !

Bon, c’est un peu abusif comme formule, puisque les récents événements ne suffisent pas à éteindre complètement l’incendie. Si les déclarations de Frank McCourt sont de nature à rassurer sur le rôle et la place des supporteurs dans le futur de l’OM, elles sont tout aussi inquiétantes quant à ce qu’il a compris au football européen depuis son rachat de l’OM voilà quatre ans et demi.

Alors que nous attendions de l’humilité, voici qu’il nous ressort des poncifs digne des premiers jets du « Champions Project » : il veut remporter la Ligue des Champions avec l’OM le bougre ! Il n’est pas question de condamner l’ambition, n’importe quel propriétaire dirait la même chose, mais après une telle mauvaise passe, beaucoup auraient l’intelligence de faire profil bas. Las, McCourt revient à la charge avec un manque d’humilité si typique qu’on en fait des caricatures dans les films américains !

Passé ce petit constat un tantinet acide, il faut bien avouer que sa venue et le récent ménage à la tête du club, la réouverture du dialogue avec les associations de supporteurs, la rencontre avec les officiels, ramènent un peu de calme.

Et ce calme, l’OM en a plus que besoin pour se remettre sur les rails. Car si l’OM n’a pas perdu depuis quatre matchs en Ligue 1, il n’y a qu’une seule victoire (certes face à Nice dans cet ersatz de derby) qui en soit ressortie. Six points en quatre matchs c’est peu, trop peu, surtout quand la course aux places européennes est si resserrée derrière le quatuor de tête qui mène un rythme effréné ! Le podium nous est aussi inaccessible désormais qu’il l’était pour les Lyonnais à la même période l’an dernier. C’est dire.

Finalement, la seule satisfaction qu’il peut nous rester c’est de jouer les troubles fêtes. Il faut nous y résoudre, nous ne serons, au mieux, que le chien dans le jeu de quilles du podium. Cela dit, rien ne nous interdit d’y prendre un peu de plaisir, et de montrer un visage plus séduisant que celui que l’on affiche depuis le début de la saison.

Parce que oui, même à l’époque où nous étions potentiellement en lutte pour la première place (avec des matchs en retard qui plus est) l’OM était juego mochito. Moche dans son jeu, moche dans son engagement, moche dans son impact physique. Mais il avait de la chance. La chance d’affronter des équipes aussi moches que lui, mais à qui la bonne fortune souriait moins souvent.

Et puis… les autres ont retrouvé leurs ambitions, elles ont retrouvé leur impact physique, alors que l’OM, avec un calendrier surchargé tout à la fois par un grand nombre de matches reportés pour cause de COVID, que par les six matchs de Champions League qui, quand on en connaît le résultat étaient largement dispensables, ne sortait plus la tête de l’eau. Incapable de répondre au défi physique, l’OM sombrait, entrainant avec lui nos espoirs, l’entraîneur, puis, finalement, son président mégalomane !

Rien Nasser de courir !

Pour cette fois encore, c’est Nasser Larguet, pompier de service, tout aussi sympathique que son coaching et ses compositions peuvent apparaître déroutants qui officiera sur le banc marseillais. Certes Jorge Sampaoli est bien arrivé ce matin, mais il sa prise de fonctions ne pourra se faire qu’après un certain nombre de formalités (dont, théoriquement une septaine d’isolement, que les relations des uns et des autres devrait bien permettre d’effacer…) et le catapulter sur le banc avec son décalage horaire dans les pattes et le fait de devoir prendre contact avec l’effectif, ne serait surement pas lui rendre service.

Qu’on se le dise, cette saison est déjà un échec quant aux ambitions affichées en aout dernier. Le chantier qui se présente face à notre futur nouvel entraîneur est plus que conséquent :

  • Des fins de contrat en pagaille : Thauvin, Pelé, Amavi, Khaoui, Nagatomo, Germain
  • Des joueurs prêtés dont il faudra, ou pas, choisir de lever les options d’achat : Cuisance, Lirola, Balerdi, Ntcham
  • Le cas Milik : Même si au premier point pris par l’OM la saison prochaine, son option d’achat sera automatiquement levée, sauf si, d’après l’accord oral lui permettant de quitter l’OM en fin de saison pour un club italien (de préférence la Juventus) une proposition en ce sens venait à lui être faite. (même si Longoria a démenti hier sur RMC)
  • Mettre en place un nouveau schéma tactique plus conforme, tout à la fois aux attentes des supporteurs et à la devise du club.

Tout ceci nous conduit à une seule conclusion : à l’heure actuelle, les seuls joueurs du onze actuel qui seront présents la saison prochaine sont Mandanda, Sakai, Alvaro, Caleta-Car, Gueye, Kamara (qu’il faudrait rapidement songer à renouveler sous peine de voir l’un des plus grands talents jamais sorti du centre de formation voler vers d’autres cieux gratuitement), Strootman qui reviendra cet été, Rongier, Luis Henrique, Payet et Benedetto… dire que c’est court, même pour une saison sans Europe, est un doux euphémisme.

Et encore, cela ne s’entend que dans l’optique ou les joueurs cités ne soient pas transférés. Mais toute médaille à deux faces : si cette désertification peut faire peur, elle permettra aussi à Jorge Sampaoli de modeler une bonne partie de l’effectif selon ses désirs, et donc, d’avoir une équipe qui réponde à ses exigences. Sans compter que ces départs vont considérablement alléger la masse salariale. La fin de cycle annoncée, la fameuse « année zéro » n’est peut-être pas qu’un coup de com’ finalement.

Toutefois, c’est bien l’effectif actuel, privé de Jordan Amavi (encore et toujours blessé) de Sakai et Alvaro, suspendu, qui devra affronter un leader lillois qui marche sur l’eau depuis des mois. Autant dire que les options ne sont pas légion  : le secteur défensif est littéralement décimé et il y a fort à parier que l’on retrouve Boubacar Kamara, si rayonnant au milieu de terrain, aux côtés de DCC en défense centrale.

À moins que Nasser Larguet, préférant garder son milieu intact, choisisse de faire appel à Perrin ou Balerdi pour suppléer Alvaro Gonzalez. Il pourra cependnat compter sur le retour de suspension de Valentin Rongier pour étoffer un peu son milieu de terrain. Si Milik et Payet devraient être reconduits à leur poste, quid des ailes ? Khaoui, et à plus forte raison Florian Thauvin, ont souffert de la pauvreté de leurs prestations respectives contre les Lyonnais, mais les options sont limitées : Luis Henrique et Valère Germain !

Si le premier a donné des signes encourageants lors de son match contre Nice avec notamment une belle capacité de débordement et un jeu tête levée (ne riez pas, beaucoup de joueurs sensément plus expérimentés semblent avoir du mal à faire de même, n’est-ce pas Florian ?), le second ne semble plus à sa place nulle part.

Il ne suffit plus d’être impliqué sur les replis défensifs, car, quand on a la prétention d’être un élément offensif, une certaine présence dans la zone de vérité est requise, et la bonne volonté de Valère ne suffit plus à faire oublier à quel point son impact dans les trente mètres adverses est famélique ! Huit cent seize minutes disputées depuis le début de la saison en Ligue 1, et trois pauvres buts, aucune passe décisive. Il serait milieu défensif, on ne lui en voudrait pas… mais il est avant-centre.

Arkadiusz Milik, avec cent quatre-vingt-une minutes de jeu compte seulement un but de moins. Voilà le terrible constat de la dernière année de contrat de Valère Germain avec l’OM, et avec lui le terrible constat de l’animation offensive de l’OM.

Voilà avec quoi doit composer Nasser Larguet pour imaginer un onze avant d’affronter le leader du championnat : des absents, des joueurs démotivés ou loin de leur niveau réel, et surtout une pauvreté technique et tactique qui fait peur à voir. Le cocktail idéal pour se mettre soudainement au whisky-xanax à outrance.

Et pourtant le débonnaire Nasser ne s’en laisse pas compter : souriant, positif, il aura au moins eu le mérite avec cet effectif aussi instable que potentiellement talentueux, de renouer un dialogue et d’apaiser les égos, en témoignent des joueurs qui semblent mieux communiquer sur le terrain, même si ce n’est pas encore de la 5G (ça ira sans doute mieux quand ils seront tous vaccinés).

Lille au trésor ?

Et si, finalement, l’OM, profitait de cette occasion qui lui est offerte pour, après celui du PSG, s’offrir un scalp, et tant qu’à faire, celui du leader. Quand on se rappelle de la première période face à Lyon, il est permis d’en douter, mais après tout, la succession d’événements récents, et surtout l’envie de bien faire sous les yeux d’un Jorge Sampaoli qui sera sans doute attentif à leur prestation pourrait bien donner un élan (mâle ou femelle c’est vous qui voyez) nouveau à certains.

S’il est dommage de devoir attendre un changement d’entraîneur pour que les joueurs daignent se bouger, il faut aussi savoir en profiter… À toute chose malheur est bon comme il est de coutume de dire.

Dès lors, qu’attendre de cette confrontation à vingt point de décalage ? Peut-être beaucoup justement. Souvent, l’OM est dans la position de celui qui a beaucoup à perdre, pour une fois, il est dans celle de celui qui n’a rien à perdre. Septième, autant dire nulle part quand on est sous la férule d’un actionnaire qui a posé plus de trois cent millions sur la table, c’est l’occasion de tenter de se faire plaisir, surtout quand la plupart des supporteurs n’attendent plus rien !

Mais c’est aussi ça le problème de l’OM, même quand personne n’attend plus rien, la défaite reste interdite, l’abandon reste proscrit ! Alors il faudra que ceux qui veulent se montrer le fassent collectivement, parce que le peuple attend ! Le peuple veut ! Le peuple exige qu’on lui rende les honneurs, ils veut voir des joueurs qui s’effondrent de fatigue, il attend cette jambe tendue jusqu’au delà des limites pour que le bout du pied détourne le ballon dans les filets sous l’oeil désolé du gardien adverse.

Comme sous les tribunes grondantes et tremblantes des hurlements, des vivas, il attend… Une tête rageuse, un crochet, une transversale, tout ce qu’il leur plaira, pourvu que ce soit beau, pourvu que l’on bondisse sur nos canapés, à défaut de pouvoir le faire dans les travées !

4-4-2, 4-3-3, 4-2-3-1, 3-5-2, cela m’importe peu,  je veux juste être heureux ! Je veux juste que nos joueurs nous montrent qu’ils valent mieux que ça. Je veux juste qu’ils donnent une bonne raison à leur futur entraîneur de vouloir les prolonger, de vouloir les garder, contre vents et marées ! Le football de ces derniers mois m’a tellement dégouté qu’il a failli me faire le désaimer !

Mais la vérité est que je suis si viscéralement attaché à l’élégante simplicité de ce jeu, surtout quand il est pratiqué sous un maillot ciel et blanc, que j’ai désespérément envie de l’aimer et de voir ceux qui y jouent l’aimer autant que moi !

Alors, messieurs Mandanda, Lirola, Balerdi (parce que je crois que tu vaux mieux que ça), DCC, Nagatomo (oui, même toi), Kamara, Gueye, Henrique, Payet, Thauvin, et Milik, gonflez-moi d’orgueil ! Faites mal au leader ! Comme pour rappeler que nous affronter n’est jamais une promenade de santé ! Faites briller nos couleurs, faites les frémir d’horreur !

Allez l’OM, parce que vous me manquez trop, allez l’OM parce que je veux voir sourire Jorge !

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A propos de Ragnarok


Juriste de raison, confiseur de métier, ancien habitant du bassin parisien repenti en Marseillais pur sucre qui n'a toujours vibré que pour l'OM. Joueur occasionnel au Z5 (option « pieds carrés et contrôles aléatoires » incluse), et désormais fier rédacteur de MassaliaLive !
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Une Réponse pour J 28 | LOSC-OM : Who let the Dogues out ?

  1. Ouah, ouah, on va le bouffer, le lion des Flandres . Merci