Il n’est pas rare que les différents sites spécialisés s’adonnent aux petits jeux des bilans lors de la trêve hivernale et, à l’instar de nos collègues, nous avons décidé de ne pas échapper à la règle. Cependant, dans toutes les analyses bâties sur des ressentis et des émotions, il existe forcément une part de subjectivité. L’un verra ce que l’autre ne voit pas, et inversement. L’avantage d’un bilan qui s’appuie sur des chiffres et des statistiques est qu’on peut analyser à partir d’éléments factuels.
L’aspect assez « étrange » du championnat de France cette saison renforce l’idée que pour faire une analyse la plus juste possible il faut regarder les chiffres*. La phase aller de la saison olympienne se découpe en trois parties bien distinctes, que nous allons détailler.
Début poussif et équipe en rodage
Après mercato un peu agité avec quatre recrues, dont l’entraineur, les pronostics donnant un OM à nouveau conquérant ne se bousculaient pas dans les prédictions des habituels spécialistes. Il faut avouer que les matches de préparation d’avant saison, qui virent l’effectif s’alléger suite à la blessure de Florian Thauvin notamment, ne poussaient pas à l’optimisme, malgré une EA Ligue Un Games remportée outre-Atlantique.
🔵Communiqué Médical :
Suite à sa blessure survenue il y a 5 mois, le club et @FlorianThauvin ont décidé de procéder à une opération dans les jours qui viennent.
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— Olympique de Marseille (@OM_Officiel) September 11, 2019
Les trois premiers matches furent couronnés d’une défaite sans discussion possible face à Reims, d’un nul assez chanceux contre Nantes, et d’une victoire probante à Nice. C’est ce résultat positif à l’extérieur qui lança vraiment la saison olympienne. Les hommes de Villas-Boas enchaînèrent par la suite deux victoires contre des concurrents directs : Saint-Étienne et Monaco.
Paradoxalement, le match nul contre Montpellier au Vélodrome fut sans doute le plus abouti de ce début de saison dans le jeu proposé, et aussi celui qui coupa l’élan de la première partie de saison. C’est lors de ce match que Dimitri Payet et Bouba Kamara furent exclus, écopant par la suite respectivement de quatre et deux matches de suspension. Álvaro González, quant à lui, se blessa pour cinq semaines.
À l’issue de cette sixième journée, les Olympiens comptabilisaient onze points sur dix-huit possibles et se plaçaient à la cinquième place, à seulement un point du deuxième, Angers. Malgré ce classement, il était clair que les réglages défensifs n’étaient pas encore au point, avec sept buts encaissés en six rencontres. L’attaque, elle, était encore en rodage avec seulement huit buts marqués. Et à la suite du match catastrophique contre les Héraultais, on ne donnait pas cher de la peau des Olympiens.
Blessures et suspensions
C’est considérablement amoindris par les absences conjuguées d’Álvaro González, auteur d’un début de saison très rassurant au sein de la défense centrale olympienne, de Bouba Kamara, qui commençait à monter en puissance, et surtout de Dimitri Payet, véritable maître à jouer et monsieur plus offensif de cet effectif, que les Phocéens s’apprêtaient à rencontrer successivement : Dijon, Rennes, Amiens, Strasbourg et Paris.
Beaucoup pensaient alors que Rennes n’allait faire qu’une bouchée de notre défense expérimentale Caleta-Car/Perrin. Il n’en fut rien, et nous fumes mêmes agréablement surpris par l’état d’esprit et le sérieux du jeune Marseillais. Malgré toute cette bonne volonté, l’OM ne réussit à décrocher que cinq points sur quinze possible avec, en point d’orgue de cette période, une cinglante défaite au Parc 4-0 en quarante-cinq minutes.
Les absences ont clairement pesé dans la balance, et la défense a continué d’encaisser beaucoup trop de buts, puisque Steve Mandanda alla chercher le ballon pas moins de huit fois au fond de ses filets.
Mais c’est du côté du coach que la différence s’est faite. Dans ses discours, toujours positifs, André Villas-Boas s’est montré empli de certitudes et assez rassurant en conférence de presse d’avant et d’après-match. Enfin, il a très intelligemment intégré Valentin Rongier en lui donnant du temps de jeu, petit à petit, pour en faire finalement un titulaire indiscutable.
Autre fait notable – et pas des moindres –, malgré une défense encore trop perméable, ces onze premiers matches de la saison ont confirmé que nous avions retrouvé un grand Steve Mandanda, décisif à de nombreuses reprises.
Après le classico, l’OM compte seize points et pointe à la septième place, à trois points de Nantes, dauphin du PSG, et deux de Lille sur la troisième marche du podium. Et comme par un heureux hasard, ce sont les Lillois qui viennent en visite au Vélodrome lors de la douzième journée.
Aussi étonnant que cela puisse sembler, ce début de championnat – Paris mis à part – est surtout marqué par une grande irrégularité de tous les clubs et, pour preuve, on peut constater un écart de seulement dix points entre Lyon, quatrième, et Amiens, premier relégable.
Une série et onze titulaires
Beaucoup de mes compagnons de stade pourraient en témoigner, mais le jour de la rencontre face au LOSC de Galtier, je ne donnais pas cher de notre peau. Nombre d’entre nous étions très pessimistes à l’idée de voir des Lillois vaillants en Ligue des Champions – et capables d’adopter le rythme élevé de cette compétition – venir affronter des Marseillais sans doute traumatisés par les quatre buts en une période au Parc des Princes.
Contre toute attente, ce fut sans doute ce match remporté sur un but assez chanceux, il faut le dire, qui débloqua les têtes olympiennes. Enfin une victoire contre un « gros » de Ligue 1 ! Une semaine après ce fut Lyon, autre participant à la Ligue des Champions, qui venait nous rendre visite dans l’antre du boulevard Michelet pour fêter les 120 ans du club lors d’une soirée mémorable. Ce match fut marqué par les déclarations d’avant-match parfaitement assumées de Dimitri Payet, qui rendit une copie parfaite, auteur d’un doublé donnant la victoire aux siens dans un stade en feu, au propre comme au figuré.
Par la suite, l’OM enchaîna quatre autres victoires malgré un coup d’arrêt en terres messines, avant de terminer sur une victoire probante au Vélodrome contre des crocodiles nîmois à la dérive, mais vendant tout de même cher leur peau.
Au soir de la dix-neuvième journée les Marseillais comptabilisaient trente huit points, occupant depuis la treizième journée la seconde place du classement, synonyme de qualification directe en Ligue des Champions. Villas-Boas et ses hommes ont pris vingt-deux points sur vingt-quatre possibles en huit matches. La moyenne depuis le début de saison est de deux points par match, et ils comptabilisent trois défaites, soit autant que le PSG, leader et épouvantail de ce championnat. Par ailleurs nos joueurs possèdent une différence de but positive de +8.
Sur cette troisième partie de la phase aller, l’entraineur portugais a réussi quelques petits exploits :
– redonner un niveau acceptable à Jordan Amavi, buteur providentiel contre Metz, permettant de revenir de Lorraine avec le point du nul,
– retrouver une solidité défensive qui faisait défaut depuis bien longtemps,
– dégager onze titulaires, malgré un groupe assez restreint.
Les poursuivants rennais sont à cinq points de l’OM, mais comptent un match en retard face à Nîmes et ils restent sur cinq victoires consécutives. Potentiellement, ils peuvent donc revenir à trois points, et devinez par qui on attaquera l’année lors de la vingtième journée : le Stade Rennais bien entendu ! En Bretagne qui plus est…
Projections
Au terme d’une phase aller surprenante par plusieurs aspects, due notamment à l’imprévisibilité des résultats, l’OM est solidement ancré à cette deuxième place. On peut même dire qu’elle est méritée, tant le jeu proposé a été agréable à regarder. Le club pointe en troisième position aussi bien au classement à domicile que celui à l’extérieur, et possède la troisième attaque (29 buts). Seule ombre au tableau : Marseille est seulement septième au classement des défenses (21 buts encaissés).
Enfin, le nombre de cartons pris par nos joueurs : pas moins de 44 jaunes et 3 rouges ont été distribués par les arbitres de Ligue 1 à nos représentants. En nombre de cartons jaunes, c’est même le pire total du championnat, et de loin, puisque nos poursuivants dans ce triste classement en ont pris « seulement » 37. Et on a vu combien les suspensions de certains joueurs clefs ont posé un véritable problème à notre entraineur, compte tenu du manque de profondeur de notre effectif.
© Maxppp – Frederic SPEICH
Il est important de noter que la phase retour nous imposera des déplacements difficiles chez nos concurrents directs, tels que Lille, Lyon, Saint-Étienne, Rennes ou encore Bordeaux. Mais nous avons pu constater que nous étions relativement à l’aise en déplacement. Reste à savoir qui sont vraiment nos concurrents directs dans ce championnat décousu. Par exemple, lorsque l’OM a affronté Angers, puis Bordeaux, ces clubs nous talonnaient au classement. Aujourd’hui, ils sont respectivement huitièmes et douzièmes, à dix et douze points de la seconde place.
Quoi qu’il advienne, le club s’est mis contre toute attente dans la meilleure position possible avant d’attaquer cette deuxième partie de saison. Comme cela a été dit en conférence de presse à plusieurs reprises, le mercato olympien devrait être très calme, pour ne pas dire inexistant. Cela étant, Villas-Boas enregistrera le retour très attendu de Florian Thauvin qui a repris l’entrainement depuis peu à la Commanderie, et dont l’entente avec Hiroki Sakai sur ce côté droit n’est plus à démontrer. Et je vous avoue que j’ai hâte de voir évoluer le trio offensif Payet-Thauvin-Benedetto, soutenu par le duo Sanson-Rongier.
Rendez-vous le 10 janvier pour un début de réponse, et allez l’OM !