Une dixième défaite – la 4e consécutive à domicile –, une place de relégable à la trêve avec 5 points de retard sur la ligne de flottaison, une défense (la pire de D1) continuant à faire n’importe quoi, et des joueuses confondant une fois de plus engagement de bon aloi et agressivité coupable, l’OM féminin poursuit sa descente vers l’enfer.
Buts : Maëva Salomon (76e) / Claire Lavogez (7e), Ouleymata Sarr (57e et 67e), Viviane Asseyi (79e).
Spectateurs : 207.
« Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail. On a essayé d’adopter un plan de jeu avec beaucoup d’ambition qui nécessitait du caractère. Dans les intentions, il y a eu de bonnes choses, mais les détails font la différence. On fait des offrandes. Nous devons être plus rigoureux, constants, faire moins d’erreurs techniques dans les transitions. C’est maigre en termes d’occasions, mais il faut être efficace. Comment lutter contre l’adversité ? Il faut toujours donner plus, travailler plus. On va travailler pour. » Christophe Parra, entraîneur de l’OM, à l’issue du match.
Des Olympiennes sans contrôle
Après la défaite la semaine précédente face à Soyaux (1-3), lors du « match le plus important de 2019 » selon les mots mêmes de Christophe Parra avant la rencontre, celle de ce samedi devant le 3e du championnat ne peut surprendre. À l’issue du match contre Soyaux, l’entraîneur avait reproché à ses joueuses d’avoir manqué de caractère. Sa remarque après Bordeaux (« On a essayé d’adopter un plan de jeu avec beaucoup d’ambition qui nécessitait du caractère ») sonne comme un nouveau désaveu envers son effectif. Et pas plus cette semaine que la précédente ne pointe dans son discours l’ombre d’un début de remise en question personnelle. Bis repetita, il se demande encore comment lutter contre l’adversité, comme si son équipe était maraboutée ou jouait d’une poisse tenace, alors que c’est bien son niveau de jeu qui est directement responsable de sa situation.
Le match contre Soyaux avait été fortement marqué par une nervosité permanente des joueuses olympiennes, qui avaient multiplié les fautes sur l’adversaire, certaines étant de véritables agressions, et l’OM avait été bien heureux de terminer à 11 et non à 10, voire à 9…
Face à Bordeaux, rebelote. Les joueuses confondent visiblement une fois de plus le « caractère » réclamé par le coach (dont il serait tout de même intéressant de connaître exactement sa propre définition), et un trop-plein d’engagement non maîtrisé. Plus que de manque de caractère, le manque dont souffre cruellement cette équipe est de maturité. Savoir contenir son engagement dans les duels à l’intérieur des limites autorisées par le jeu. Il faut ici regretter de voir la plus expérimentée, le phare de cette équipe, la capitaine Caroline Pizzala ne plus montrer l’exemple, en commettant elle-même des actes regrettables dès le début des matchs : 12e minute contre Soyaux (découpage d’Anissa Lahmari sanctionné par un jaune qui aurait très bien pu être rouge), 4e minute contre Bordeaux (« descente » de Claire Lavogez avec un nouveau jaune à la clé). Comme voie exemplaire à suivre, on peut trouver mieux… Résultat : nouveaux cartons pour Candice Gherbi dès la 10e, puis Tess Laplacette à la 36e contre Bordeaux, tandis qu’une semaine auparavant, Amandine Blanc aurait pu se faire expulser à la 35e (jaune), idem pour Maëva Sumo passée entre les gouttes, sans parler de Cindy Caputo avec un bon jaune oublié, et plus encore un rouge pour un coup de coude à la gorge d’une Sojaldicienne alors que le ballon était hors limite du terrain.
Caroline Pizzala et Tess Laplacette auront du mal à stopper Kadisha Shaw
Un chaos général et des cadeaux en veux-tu, en voilà !
Cette agressivité de mauvais aloi – qui finira par coûter cher tôt ou tard en suspensions – se double d’une totale implosion des principes défensifs les plus élémentaires. Les quatre buts encaissés samedi contre Bordeaux sont pathétiques. Ils découlent quatre fois de cadeaux olympiens. Noël avant l’heure…
Sur le premier but, Tess Laplacette, pressée par Asseyi, dégage des 20m… vers sa surface, dans l’axe. Pizzala dévie le ballon de la tête sur la Bordelaise Claire Lavogez qui, dans la surface et absolument seule reprend en demi-volée et ne laisse aucune chance à Blandine Joly (7e, 0-1).
Premier cadeau olympien de la journée pour Claire Lavogez
Après que l’arbitre ait invalidé un but d’Inès Jauréna pour un hors-jeu très discutable (action sur laquelle l’Olympienne Coudon avait laissé son couloir désert pour ne pas changer), Bordeaux fait le break peu avant l’heure de jeu, suite à un nouveau cadeau.
Passe mal ajustée de Laplacette vers Gherbi qui glisse et laisse filer le ballon dans son dos. La Jamaïcaine Kadisha Shaw le récupère à l’entrée de la surface, libre de tout marquage. Elle frappe plutôt mollement et à ras de terre sur Joly qui, comme souvent, est bien placée et qui, comme d’habitude, ne bloque pas son ballon. Lequel revient sur Ouleymata Sarr au point de pénalty. Celle-ci frappe dans le but vide avant l’intervention de Pizzala (57e, 0-2).
Pas moins de 4 Bordelaises dans la surface olympienne…
Dix minutes plus tard, opération porte ouverte pour Asseyi à droite dans la surface de réparation par la grâce de Pizzala et Gherbi qui la laisse filer entre elles deux, et centrer tranquillement en retrait pour Sarr. Celle-ci pivote et élimine une Laplacette d’une naïveté confondante, avant d’ajuster Joly (67e, 0-3).
Cette fois les Marseillaises sont là… mais pas où il faut.
L’OM réduit cependant la marque, profitant d’un petit relâchement bordelais. Un bon centre de Coudon au point de pénalty trouve la tête de Maëva Salomon tout juste entrée en jeu. L’ex-Girondine surprend Romane Bruneau qui reste figée sur ses appuis (76e, 1-3).
Fausse embellie, puisque nouveau cadeau trois minutes plus tard… Caputo perd le ballon au centre du terrain au profit de Ghoutia Karchouni plus déterminée, laquelle lance Viviane Asseyi. L’ancienne Olympienne – déjà auteure d’un doublé à l’aller – dépose Blanc avant d’ajuster Joly (79e, 1-4).
Le fond du trou n’est plus très loin
Toujours relégable bien sûr, l’OM (11e, 6 points) voit l’écart se creuser encore un peu plus avec la ligne de flottaison, incarnée par Dijon et Reims (9e et 10e, 11 points). Cinq longueurs qui pourraient se creuser dramatiquement et irrémédiablement dès la reprise en janvier. En effet, la 13e journée (18 janvier) verra les Olympiennes effectuer un déplacement au PSG dont il ne faudra rien attendre (0-5 à l’aller), avant de se rendre à Guingamp, puis de recevoir Lyon… Au mieux, ce seront 3 points supplémentaires, 1 ne serait déjà pas si mal, 0 est tout à fait envisageable.
Pendant ce temps, Dijon recevra Soyaux et le PFC, et ira à Bordeaux, tandis que Reims accueillera le dernier Metz et le MHSC, et ira à Lyon. Ces deux équipes peuvent légitimement espérer prendre 3 points sur ces 3 matchs. On l’a compris : si l’OM perd à Guingamp le 25 janvier, il pourrait se retrouver avec 8 longueurs de retard à sept journées de la fin. Un retard qui ne se rattraperait pas.
Les Olympiennes peuvent-elles encore s’en sortir ? Aussi pénible que ce soit de le penser et de le dire, non, pas dans les conditions actuelles. Pas avec l’effectif tel qu’il est, pas avec ce staff, usé par 8 longues années au club et dont les idées semblent au point mort. Il y a 3 ans, lors de la première redescente, alors que l’équipe était dernière avec 4 points de retard sur le premier non relégable, il aurait sans doute suffi de trois bons renforts à la trêve (demandés par la capitaine Pizzala et refusés par le coach et le club) pour se sauver. L’OM termina 10 longueurs sous la ligne rouge… Aujourd’hui, le sentiment est que même avec 3 bonnes arrivées, ça ne suffirait pas…
Joly
Coudon
Pizzala (c)
Blanc
Laplacette
Gherbi
Sumo
Zahot
Cardia
Huchet
Caputo