Deuxième demi-finale de la 8e édition de la Coupe du monde féminine ce soir à Lyon (21h). Les Pays-Bas, champions d’Europe en titre et novices à ce stade de la compétition, défient la Suède, vice-championne olympique qui dispute la quatrième demi-finale de son histoire.
Mercredi 3 – 17h – Stade de Lyon
PAYS-BAS – SUÈDE
Les Oranje rêvent au doublé
Les Néerlandaises réussiront-elles l’exploit d’aller en finale de Coupe du Monde pour leur deuxième participation à une phase finale après une élimination en 8e il y a quatre ans, et deux ans après avoir remporté l’Euro chez elles (2017) ? Certains pensaient voir cette sélection rentrer dans le rang après ce succès continental. C’était oublier un peu vite que leur triomphe européen ne devait pas seulement à leur incroyable soutien populaire (que l’on retrouve « en déplacement » sur le territoire français lors de cette CdM), mais avant tout à la qualité de jeu de cette équipe qui avait enthousiasmé tous les spectateurs et observateurs. Certes, il y eut un petit coup de mou suite à ce succès, et l’équipe dut passer par les barrages de qualification pour venir en France. Mais la sélection batave semble revenir petit à petit à son niveau d’il y a deux ans. À preuve ses cinq succès d’affilée dans ce tournoi. Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Canada, Japon et Italie sont tous passés à la trappe orange. Si la défense donne toujours quelques inquiétudes en raison d’une certaine lourdeur – encore que la titularisation de Bloodworth (ex-Jensen) en lieu et place de la Montpelliéraine Dekker ait quelque peu réduit cette faiblesse –, le secteur offensif, atout majeur en 2017, est toujours d’attaque si l’on ose dire. Passer deux buts à chaque fois à des défenses aussi solides que celles du Canada, du Japon et de l’Italie le prouve aisément. Et si les magnifiques attaquantes que sont Viviane Miedema ou Lieke Martens brillent (on n’en dira pas autant de la Lyonnaise Shanice van de Sanden qui, jusqu’ici, est passée à côté de son tournoi, mais pourrait « ressusciter » en jouant « chez elle » ce soir), c’est aussi car les Oranje bénéficient d’un des meilleurs trios au monde en milieu de terrain : la marathonienne et future joueuse de Manchester United Jackie Groenen ; la patronne de l’équipe, redoutable dans l’impact et la récupération, ainsi que sur coups de pied arrêtés et actuelle meilleure passeuse de la compétition, Sherida Spitse ; et le joyau créatif de ce milieu, la toujours trop sous-estimée joueuse d’Arsenal Danielle van de Donck.
Les Néerlandaises ont eu beaucoup de chance de franchir les 8es de finale, surclassées toute une mi-temps par les Nadeshiko japonaises, mais n’ont pas tremblé en quart face à l’Italie sous la canicule. Elles se souviendront ce soir qu’il y a deux ans elles avaient éliminé en quart de finale de leur Euro… la Suède, 2-0 grâce à des buts de Martens et Miedema, un par période… sur leurs deux seuls tirs cadrés du match. Un tel taux de réussite à Lyon pourrait les envoyer en finale. À deux exceptions près de chaque côté, ce devrait être les mêmes onze qui débutent le match. De quoi espérer fort…
Debout de g à d: van Dongen, Miedema, Bloodworth, van der Gragt, Spitse, van Veneendaal. Accroupies: Martens, van de Donk, van de Sanden, van Lunteren, Groenen.
Joueuses à surveiller :
Martens (n°11, Barcelone), Van de Donk (n°10, Arsenal), Miedema (n°9, Arsenal), Spitse (n°8, Vålerenga).
Résultats précédents
Pays-Bas 1-0 Nelle Zélande
Pays-Bas 3-1 Cameroun
Pays-Bas 2-1 Canada
Pays-Bas 2-1 Japon – 8e F
Pays-Bas 2-0 Italie – 1/4 F
La Suède en finale seize ans plus tard ?
Les Suédoises ne sont jamais là où on les attend. Après un brillant mondial 2011 où elles décrochent la 3e place (au détriment de la France), elles échouent l’année suivante aux J.O. de Londres, en quart de finale (face à… la France), après des matchs de poule sans saveur. En 2013, elles entament au mieux l’Euro disputé à la maison et deviennent vite favorites du tournoi, avant d’échouer en demie devant sa bête noire, l’Allemagne. À la coupe du monde canadienne 2015, elles s’extraient du groupe de la mort (USA, Australie, Nigeria, Suède) avec trois nuls, mais invaincues, avant d’exploser en 8e face à l’Allemagne (1-4. Le fiasco général des sélections européennes lors de ce tournoi leur donne le droit de disputer un inédit tournoi de barrage qualificatif aux Jeux olympiques de Rio. Peu croient en leurs chances. Et pourtant, elles terminent en tête de leur groupe et partent au Brésil… Là, elles affichent en poule un niveau de jeu d’une grande médiocrité, battant a minima l’Afrique du Sud, tenues en échec par la Chine et étrillées par le Brésil (1-5)… mais elles passent en quart de finale comme meilleure 3e… Personne, vraiment personne ne parie un kopeck sur elles avant leur match contre les quadruples médaillées d’or (et triples tenantes du titre), les USA… Elles réussissent pourtant l’impossible en se qualifiant aux tirs au but (1-1, 4 tab 3). Et, plus incroyable encore, elles remettent ça en demi-finale en sortant cette fois le Brésil de Marta, celui-là même qui les avait sévèrement corrigées dix jours avant (0-0, 4 tab 3) ! Mais en finale, elles doivent s’incliner contre l’Allemagne (1-2)… Du coup, l’Euro 2017 s’annonce sous les meilleurs augures. Mais une fois de plus, la Suède prend les pronostics à contre-pied. Un premier tour proche de l’indigence et une élimination logique en quart contre les Pays-Bas, on l’a vu… Résultat des courses : avec la même équipe, vieillissante, qui pouvait s’attendre raisonnablement à voir les Suédoises en demi-finale de cette coupe du monde ? Elles seules sans doute. Bénéficiant du groupe le plus facile du tournoi avec une qualification assurée par avance, elles surent économiser leurs forces pour les joutes à venir. Pas favorites en 8e contre le Canada de Christine Sinclair, elles surent user leurs adversaires et frapper quand il le fallut (2-1). Avant l’exploit : la victoire en quart contre la malédiction permanente que représentait jusqu’ici pour elles l’Allemagne qu’elles n’avaient plus vaincue en match officiel depuis la CdM 1995, soit 24 ans ! Et ce succès, déjà historique (2-1), leur permet de jouer la quatrième demi-finale mondiale de leur histoire. Une seule des trois précédentes fut victorieuse, en 2003, lorsqu’elles battirent le Canada (2-1). Cette année-là, les Suédoises perdirent leur seule finale jouée. Mais peut-être uniquement car c’était l’Allemagne en face (1-2, au but en or)… Une autre époque, désormais révolue. Cette année, l’Allemagne n’est plus là, et pour cause. Et les Blågult se disent que jouer en finale les USA qui leur réussissent en général plutôt bien ne serait pas une si mauvaise idée… On risque de beaucoup jouer bas et en contre avec les flèches Jakobsson et Blackstenius, ce soir…
Debout, de g à d: Jakobsson, Blackstenius, Sembrant, Rolfö, Lindahl, Fischer. Accroupies: Glas, Runensson, Seger, Asllani, Eriksson.
Joueuses à surveiller :
Asllani (n°9, Linköping), Jakobsson (n°10, Montpellier), Lindahl (n°1, future ex-Chelsea), Blackstenius (n°11, Linköping).
Résultats précédents
Suède 2-0 Chili
Suède 5-1 Thaïlande
Suède 0-2 Usa
Suède 1-0 Canada – 8e F
Suède 2-1 Allemagne – 1/4 F
Précédentes confrontations en CdM
Aucune
Prono : Suède aux tirs au but (ou bien les Pays-Bas…)
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Mardi 2 juillet – 21 h – Parc OL, Lyon
ANGLETERRE – USA
À la vue des quatre nations restant en course, une évidence s’impose : cette première des deux demi-finales en constitue la grande affiche. D’un côté les USA, tenants du titre et numéro un mondial au classement FIFA, de l’autre l’Angleterre, 3e il y a quatre ans au Canada, troisième également à ce même classement établi régulièrement par la Fédération internationale. L’Allemagne (2e) et la France (4e) ayant été sorties de la compétition au tour précédent, ce sont donc bien les deux meilleures nations encore en lice qui s’affrontent ce soir… On attend un combat titanesque. Les deux sélections arrivent en demi-finale après un parcours parfait au plan comptable : cinq matchs et autant de victoires, et des défenses particulièrement solides : un seul but concédé par Karen Bardsley, la gardienne anglaise, au tout premier match contre l’Écosse, puis quatre clean sheets. Deux dans les filets de Alyssa Naeher, son alter ego états-unien, mais ici pris sur les deux dernières rencontres, après trois premières confrontations sans buts.
Les USA favoris ?
Debout, de g à d: Daelkamper, Rapinoe, Naeher, Horan, Sauerbrunn, Lavelle. Accroupies: Hertz, Dunn, Morgan, Heath, O’Hara.
Les USA partent favoris pour beaucoup, et pour maintes raisons :
– Tenants du titre et n°1 mondiaux.
– Une attaque de feu (avec son trio Heath-Morgan-Rapinoe) et 22 buts inscrits en 5 rencontres. Il est néanmoins nécessaire de relativiser quelque peu, puisque plus de la moitié (13 buts) fut marqué contre une seule équipe (Thaïlande) au premier match de poule. Si l’on oublie ce match inaugural, il reste 9 buts en 4 matchs.
– Un effectif de premier plan, mais surtout un banc impressionnant, notamment au milieu et en attaque où les remplaçantes se nomment Lloyd, Horan, Press, Pugh, McDonald…
– Un fort mental et une confiance en soi inébranlable, pouvant affleurer à une certaine arrogance, que la victoire en 1/4 de finale face au pays hôte, la France (2-1) ne peut que renforcer.
– Une grande expérience de ce genre de matchs, certaines disputeront une demi-finale mondiale pour la 3e fois consécutive après avoir remporté les deux premières.
– Un soutien massif et bruyant de leurs très nombreux supporters.
Mais sous le clinquant apparent des nombreux atouts, la réalité oblige à tempérer les propos. Une comparaison avec 2015, année de leur 3e sacre n’est pas inintéressante. Les USA étaient alors tombés dans le « groupe de la mort » du tournoi avec l’Australie, la Suède et le Nigeria. Ils s’en étaient sortis sans dommage, invaincus, mais avec trois matchs d’une grande médiocrité. Cette absence de qualité de jeu s’était poursuivie en 8e de finale avec une qualification sans relief sur la Colombie (2-0, et un bon coup de main de l’arbitre française Stéphanie Frappart), puis en 1/4 contre la Chine (1-0). En demi-finale, le niveau s’améliora, mais face à une Allemagne épuisée par son match précédent contre la France qui l’avait amenée jusqu’aux tirs au but (2-0). Dans les trois cas, les USA devaient leur survie à Carli Lloyd (trois buts, un à chaque match, dont deux pénaltys). Enfin, comment juger leur performance en finale, vu le tour surréaliste de celle-ci (doublé de Lloyd dans les cinq premières minutes, et 4-0 après 20 minutes de jeu) ?
Cette année, les USA sont au contraire tombés dans le groupe le plus facile – et de loin ! – du tournoi, avec la Suède comme unique opposant « sérieux », les deux autres étant la très modeste Thaïlande et le Chili débutant. Les deux premiers matchs menés en forme de rouleau compresseur rendirent une grande partie des observateurs et éditorialistes sportifs découvrant pour la plupart le football féminin, ainsi qu’un public là aussi souvent néophyte en la matière, complètement énamourés. Sans réaliser que passer 13-0 à cette Thaïlande arrêtant de jouer en début de deuxième période après avoir pris 4 buts en six minutes (et alors que le score était déjà de 3-0) avait un effet de loupe peut-être trompeur. De même face à un Chili inexistant (3-0). Même le 2-0 contre la Suède ne pouvait apporter beaucoup d’enseignements, les Suédoises ayant fait tourner dans la perspective de leur 8e de finale et n’ayant pris aucun risque, afin d’éviter toute blessure et tout carton malencontreux… On allait donc pouvoir juger les USA à l’aune de leurs matchs couperets. En 8e, face à l’Espagne, ils souffrirent et ne s’imposèrent que par la grâce de deux pénaltys de Rapinoe, dont un second totalement imaginaire et cadeau de l’arbitre (2-1). Peu concluant… En 1/4, face à la France, l’équipe bénéficia d’un but d’entrée, puis fut largement dominée toute la deuxième période, « mettant le bus » devant sa cage où la défense joua à cinq (deux choses jamais vues avec les USA !), ne l’emportant que grâce à une énorme double erreur défensive adverse et un pénalty oublié pour les Bleues, et cela contre une équipe de France loin, très loin d’être transcendante. Il n’est sans doute pas innocent que la sélectionneuse Jill Ellis, ainsi que plusieurs de ses joueuses aient tant insisté après le match sur le jeu « fantastique » des Françaises qu’elles auront été les seules au monde à voir, mais qui permettait ainsi de cacher leur propre médiocrité…
Alors, bien sûr, les USA sont sans doute capables de hausser leur niveau de jeu à tout moment crucial. Heath et Morgan, aux abonnées absentes depuis deux matchs, peuvent se réveiller face à l’Angleterre. Mais cette dernière – si elle se doit de rester hyper attentive, notamment en début de match – n’a aucune raison d’être effrayée au point de s’en retrouver paralysée avant le coup d’envoi…
… où bien l’Angleterre ?
Debout, de g à d: Bright, Houghton, Bardsley, Scott, White, Bronze. Accroupies: Duggan, Parris, Kirby, Stokes, Walsh.
Pour d’autres observateurs, tout aussi nombreux, l’Angleterre bénéficie du pronostic favorable. Ici aussi, les arguments ne manquent pas, et… sont souvent très proches :
– On l’a vu, une défense de fer qui ne s’est plus laissée surprendre depuis le but de l’Écossaise Emslie, soit plus de 400 minutes avec les filets vierges pour Bardsley.
– Une attaque régulièrement efficace (11 buts en 5 matchs), et qui reste sur deux 3-0 secs lors des deux matchs couperets (Cameroun, Norvège).
– Une équipe portée par une vraie dynamique depuis sa demi-finale et 3e place au mondial 2015. Suivirent pour rappel une autre place de demi-finaliste à l’Euro 2017, et une victoire à la SheBelieves Cup, en territoire US, en mars dernier.
– Un effectif très équilibré, complet dans toutes ses lignes, sans aucun secteur affichant une quelconque faiblesse, et là aussi un banc de qualité (Mead, Stanway, Taylor, Carney, Daly, Moore).
– Un sélectionneur, Phil Neville, ambitieux et très proche de ses joueuses.
– Un mental traditionnellement solide et peu enclin à renoncer.
– Une absence de complexe face aux ogresses états-uniennes, due aux confrontations sur les quatre dernières SheBelieves Cup disputées aux États-Unis : deux courtes défaites 0-1 en 2016 et 2018 (un csc de la gardienne Karen Bardsley), un nul en 2019 (2-2), et une victoire en 2017 (1-0, but de White 89’).
À l’inverse des USA, l’Angleterre s’est montrée très convaincante depuis le début du tournoi, pas toujours sur 90 minutes, fléchissant un peu en deuxième période lors de ses matchs de poule (Écosse 2-1, Argentine 1-0, Japon 2-0), mais plus constante en 8e (Cameroun 3-0) et quart (Norvège 3-0). À vrai dire, il est difficile de trouver des motifs d’inquiétude concernant cette Angleterre. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’elle ne peut pas craquer au moment décisif. Mais un autre atout joue en sa faveur : un formidable désir de revanche. Il y a quatre ans, au Canada, l’Angleterre fut éliminée à ce stade de la compétition par le Japon sur un terrible but contre son camp de sa défenseure Laura Bassett dans le temps additionnel (90+2’, 1-2). Un sentiment de terrible injustice pour des Anglaises dont la moitié de l’effectif prêt à jouer ce soir était déjà là…
Compositions d’équipes probables
Angleterre : Bardsley – Bronze, Bright, Houghton (c), Stokes – Scott, Kirby, Walsh – Parris, White, Duggan.
USA : Naeher – O’Hara, Daelkamper, Sauerbrunn, Dunn – Mewis, Hertz, Lavelle – Heath, Morgan, Rapinoe.
Joueuses à surveiller :
Angleterre : White (n°18, future Manchester City), Bronze (n°2, Lyon), Houghton (n°5, Manchester City), KIrby (n°10, Chelsea).
USA : Rapinoe (n°15, Seattle), Morgan (n°13, Orlando), Mewis (n°3, NC Courage), Naeher (n°1, Chicago).
Résultats précédents
Angleterre 2-1 Écosse
Angleterre 1-0 Argentine
Angleterre 2-0 Japon
Angleterre 3-0 Cameroun – 8e F
Angleterre 3-0 Norvège – 1/4 F
5 M, 5 V, 0 N, 0 D, 11 bp, 1 bc, +10
Meilleure buteuse : White 5 buts.
Meilleure passeuse : Bronze, Duggan et Mead – 2 passes décisives.
Usa 13-0 Thaïlande
Usa 3-0 Chili
Usa 2-0 Suède
Usa 2-1 Espagne – 8e F
Usa 2-1 France – 1/4 F
5 M, 5 V, 0 N, 0 D, 22 bp, 2 bc, +20
Meilleure buteuse : Morgan et Rapinoe – 5 buts
Meilleure passeuse : Morgan et Rapinoe – 3 passes décisives.
Précédentes confrontations en CdM
2007 – 1/4 F : Usa 3-0 Angleterre
Prono : Angleterre