Comme vous avez pu le constater lors de nos précédents avant-match, les rédacteurs de votre site préféré, sont en roue libre, à l’image de notre équipe, elle aussi, préférée. Mais je vous avoue qu’au lendemain de la énième fessée en bonne et due forme prise face au club rhodanien, l’envie de rire et de me moquer n’y est plus. Pour tout vous dire, lorsque je me suis positionné pour écrire cet avant-match face à l’ogre toulousain, je m’étais imaginé vous faisant faire un tour du monde de ma… euh pardon, de la saucisse.
Quitte à employer les clichés les plus éculés, je me voyais partir du match aller contre ce même adversaire méridional lors duquel une victoire 4-0 ne nous laissait pas présager que trente-six journées plus tard, nous en serions là, dans cet état quasi dépressif, consommant un cocktail d’anxiolytiques nous permettant d’oublier dans le meilleur des cas, ou de nous en contrefoutre dans le pire. Je me voyais vous faire passer par Francfort qui, dans un vélodrome à huis clos, nous en avait mis une belle… de saucisse. Puis par Strasbourg il y a peu où Adil Rami… et puis non.
OM saison 2018-19 :
attention, certains matchs peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ainsi que des personnes non averties.
J’ai décidé de ne pas tomber dans la morosité ambiante et de ne pas ouvrir de magasin d’objets en tous genres permettant de se suicider. Au contraire, à travers cet avant-match qui n’en est pas un, j’ai décidé d’exprimer enfin ma colère, parce que la moquerie et l’auto-dérision, ça va cinq minutes et notre illustrateur s’est plaint auprès de notre direction que nous lui faisions subir trop de sévices corporels. Et j’espère que cette colère sera partagée par beaucoup d’entre vous dans l’analyse que je vais vous livrer.
Cette analyse n’est pas un élan sanguin ultra lyrique après un soir de lourde défaite face à ce qui devrait être un rival dans la course au podium. Non, cette analyse est froide, la plus objective possible et à partir des informations que nous avons.
Bien entendu, il y a plusieurs raisons à cette débâcle. Je pense qu’objectivement le terme de débâcle est un peu fort, mais compte tenu de l’argent investi et des résultats de la saison précédente mis en parallèle de la communication initiale sur le fameux OM Champions Project, on peut se laisser aller à le dire malgré la place de sixièmes qui nous tend les bras d’ici à la fin de saison.
Orgueil et préjugés
En qué galera me metí…
La raison principale de cet échec est avant tout dû à l’un des sept péchés capitaux, à savoir l’orgueil. Tout d’abord celui de notre actionnaire qui a pensé qu’en mettant un pantin au pouvoir, il pourrait à 6000 bornes de Marseille, avoir un œil avisé sur tout ce qui se passe et sur comment sont utilisés ses dollars. L’histoire du football nous montre qu’un président délégué ne fera jamais aussi bien que lorsque c’est celui qui détient les cordons de la bourse qui est aux manettes. On pourra me rétorquer Pape Diouf, mais je vous répondrai conseil de surveillance. Et même sous l’ère Diouf, nous n’avons jamais rien gagné, bien que le titre de Dassier (à mon avis) soit en grande partie à attribuer à l’équipe précédente. Quoi qu’il en soit, comme le dit le proverbe : on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.
Dans une moindre mesure, Andoni Zubizarreta est aussi responsable de ce qui se passe. Vu de l’extérieur – peut-être est-ce une fausse impression – on a vraiment la sensation que l’Espagnol travaille notamment à la mise en place d’un centre de formation digne de ce nom et surtout à une cellule de recrutement structurée (enfin). Et j’ai tellement cette image de lui en tête, tentant de replacer les joueurs après qu’ils aient marqué un but, alors qu’il se trouvait en tribune présidentielle. Cette scène m’a donné la sensation qu’il était le seul dans ce club à avoir la tête froide et à avoir pris conscience qu’il était à l’OM et qu’il avait énormément de respect pour notre institution. Après, là ou je ne le dédouane pas, c’est qu’il aurait dû (peut-être) taper du poing sur la table et à un moment donné de la saison, imposer son point de vue, lors de la prolongation précoce de l’entraîneur, par exemple. Après tout, Directeur Sportif ce n’est pas qu’un intitulé sur une fiche de paie.
Accusés ! Levez-vous…
Celui qui à mon sens porte la plus grande part de responsabilité, notre président délégué, Jacques-Henri Eyraud dont l’orgueil dépasse sans aucun doute, la plus haute tour du château de la belle au bois dormant. Tout auréolé par ce qu’il a pensé être une bonne saison, il s’est cru invincible et il a pris la grosse tête. Ce monsieur, sans doute très intelligent au demeurant s’est dit, en toute humilité bien sûr, qu’il allait réinventer le football, qu’un club se gérait comme n’importe quelle autre entreprise et que perdre une finale et terminer au pied du podium c’était très bien. Le problème c’est que lorsqu’on est un chef d’entreprise digne de ce nom, on ne s’en tient pas qu’aux résultats bruts, on se doit de les analyser dans le détail sans se mentir et sans concession. Et là, il a certainement pêché par orgueil.
Croire que faire une finale d’Europa League c’est très bien sans se demander pourquoi nous avons perdu cette finale et accessoirement perdu également tous les matches face à une adversité relevée, c’est de l’orgueil. Ne pas analyser réellement le contenu de chaque match sous prétexte qu’une victoire, c’est forcément positif, c’est de l’orgueil. Croire stupidement, que des supporteurs de football sont faciles à manipuler, juste parce qu’ils sont des supporteurs de foot, c’est de l’orgueil, en plus d’être de la condescendance.
Penser que les supporteurs ne sont que des pompes à fric et non une des composantes essentielles de ce club, c’est de l’orgueil. Croire que parce qu’un stade était en fusion un soir de demi-finale d’Europa League et ne pas comprendre que cette fusion était due à une attente si longue, à un passé glorieux, à une envie telle de retrouver ou connaitre enfin ces sensations d’être au sommet de l’Europe, c’est de l’orgueil. Penser à développer l’économie du club avant de développer et stabiliser le sportif, c’est de l’orgueil et une méconnaissance évidente de ce milieu. Ne pas préparer et anticiper correctement les mercato et croire que cela va bien se passer juste parce qu’on est le président de l’OM, c’est de l’orgueil. Et le pire, venir devant les caméras de télévision et dire que pourtant le groupe vit bien et donc décider de ne rien faire pensant que la stabilité coûte que coûte est la solution, c’est le comble de l’orgueil.
Si je crée ma propre marque de tisane, je fais fortune et j’achète l’OM.
« Dire c’est faire rire et faire, c’est faire taire ». Vous ne nous faites ni rire et vous ne nous ferez pas taire M. Eyraud et permettez-moi de vous dire que vous n’avez strictement rien compris à ce qu’était ce club, ce qu’était cette ville et surtout vous n’avez strictement rien compris à qui étaient ses habitants. Encore une fois, je ne remets absolument pas en doute vos capacités de gestion, d’élocution, votre intelligence manifeste, mais sur ce coup, vous êtes à côté de la plaque. Pire, nous avons beau vous expliquer, vous persistez à ne rien comprendre ou croire que vous êtes dans le vrai. J’en reste là avec vous, car je pourrai écrire un article rien que sur votre personne et ça serait bien trop long. Si jamais vous tombez sur ces lignes, par pitié stoppez cette communication inaudible et surtout, arrêtez de planquer quand ça ne va pas. C’est quand le bateau dérive qu’on a besoin de voir que le capitaine tient le gouvernail. S’attribuer les réussites, c’est bien mais assumer les échecs, c’est encore mieux.
Évidemment le second au rang des responsabilités, c’est l’entraîneur du club, à savoir Rudi Garcia. Il a fait preuve du même orgueil que le président. Mais dans son cas, pour l’aspect sportif, c’est encore moins pardonnable, car normalement, c’est son boulot d’analyser les victoires comme les défaites et d’y trouver des solutions. Il me semble que consultant sur une grande chaîne de télé française pendant la Coupe du monde de football n’est absolument pas la place d’un coach d’un club de Ligue 1 qui affiche pour prétentions de jouer une des trois premières places.
Ne pas avoir vu que beaucoup de joueurs avaient été en surrégime la saison dernière et que du sang neuf pour faire remonter le degré de motivation de l’ensemble d’un groupe éreinté par une saison interminable est un pêché d’orgueil et une faute professionnelle.
Ne pas combler les postes non doublés au moins par des jeunes qui viennent de signer pro est un pêché d’orgueil. Avoir une communication qui se plaint constamment de l’arbitrage, de la malchance, du VAR ou de l’âge du capitaine, c’est juste inaudible. Ne jamais se remettre en question sur ses propres choix ou capacités à prendre les bonnes décisions, c’est de l’orgueil. Ne jamais aligner une fois le même onze en ayant comme communication « on ne change pas quelque chose qui marche » c’est de l’orgueil et là aussi une faute professionnelle.
Le VAR déjà fait, la faute du mercato aussi, les joueurs qui sont mauvais, la pelouse qui glisse,… merde vite une idée.
M.Garcia, dès votre arrivée, j’étais sceptique. Je me suis fait avoir par les résultats de l’an passé et en début de saison, je vous avais accordé ma confiance. Mais comme beaucoup de supporteurs je me suis trompé. Il ne vous reste plus qu’une chose à faire, prendre votre chèque, vos affaires et on vous souhaite bonne chance dans vos futures fonctions, ailleurs… loin… très loin !
Mais merci tout de même, car je n’ai pas une mémoire de poisson rouge et même si la saison dernière n’a pas été parfaite, nous avons eu de bons moments. Je ne fais pas partie de ces gens qui jettent le bébé avec l’eau du bain. Je réclame un minimum d’objectivité de conscience, je me l’applique donc à moi-même.
Cette analyse est incomplète et nous aurons le temps durant la trêve estivale de revenir sur ce qui n’a pas été. C’est relativement long, je préfère donc ne pas tout mettre volontairement.
… et maintenant… Cassez-vous !
Enfin les derniers responsables sont forcément les joueurs. Leurs états d’âme nous ont plombé la saison. Ils sont en première ligne, ils sont donc forcément coupables. Je ne vais pas commenter les on-dit des journalistes, car ils me parait si insensés que des gens qui gagnent « que » 120 000 euros par mois pour jouer au football toute la journée puissent être envieux du voisin qui en gagnerait 180 000.
Si nos dirigeants avaient vraiment analysé les matches de l’an passé, ils auraient vu que nos joueurs ont gagné beaucoup de matches à l’envie, la motivation, la volonté collective de réussir. Cette saison tous ces ingrédients ont disparu et cela a fait que nos joueurs moyens plus sont redevenus des joueurs moyens tout court pour ne pas dire carrément mauvais pour certains.
Quelles sont les causes réelles de cette métamorphose ? Étaient-ils tous au dessus de leur niveau ? Jouaient-ils tous à leur vrai niveau ? Difficile de répondre à ces questions sans faire une revue individuelle de l’effectif, mais ce qui est certain, c’est que la volonté collective de se battre pour soi et donc pour les autres a totalement disparu de ce groupe, qui est quasiment le même. Et le premier qui doit insuffler cette volonté, c’est le manager. Là où les joueurs ont quand même leur part de responsabilité, c’est qu’ils sont des professionnels et que pour nombre d’entre eux, ils sont des joueurs expérimentés. Ils auraient dû, à un moment donné, passer dans l’auto-gestion pour respecter leur employeur qui les paye grassement et respecter les supporteurs qui font des sacrifices énormes saisons après saison pour les suivre et les encourager. Et surtout, ils se doivent de respecter l’institution OM qui est au-dessus de tout le reste.
Voilà, je vais arrêter là, il nous reste deux matches à subir pour terminer cette horrible saison. Le premier des deux nous amène à Toulouse, modeste quinzième avec 38 points, et qui, sauf accident dramatique, va rester dans l’élite. Une rencontre entre deux clubs qui n’ont plus rien à jouer. Autant vous dire qu’on devrait bien s’ennuyer. Mais ainsi va la vie d’un supporteur de l’OM et quoi qu’il arrive nous serons toujours derrière notre club, mais sans nous empêcher d’avoir un regard critique.
Allez l’OM !
Voilà, tout est dit et fort bien dit, un grand merci