Samedi soir, 23h30, l’équipe de rédaction se morfond après une énième prestation indigente de l’OM face au promu rémois. Un match marqué par les errements tactiques de l’entraîneur Olympien. Qui d’un Kamara arrière gauche, qui d’un Gustavo déprimé (et dépassé) en défense centrale ou d’un Morgan Sanson… STOP ! Aussi, quand le téléphone de la rédaction a sonné, Frank McCourt à l’autre bout du fil, nous annonçant qu’il débarquait tout le staff, et que séduit par notre pertinence éditoriale, il nous confiait son acquisition. Nous ne nous sommes pas fait prier !
Révolution !
Des étoiles dans les yeux, mais conscients de l’ampleur de la tâche qui l’attend voici que l’équipe de votre média favori se réunit devant les grilles de la Commanderie avant même que le soleil ne se soit levé. Frank McCourt, aidé de deux hommes tout de noir vêtus fini de fourrer trois tapis enroulés (curieusement volumineux et agités de soubresauts) à l’arrière de son énorme 4X4 Chevrolet avant de venir à notre rencontre ! D’un geste il nous invite à entrer et juste avant de disparaître à l’arrière de son véhicule nous assène une phrase : « Do whatever you want but win, or I should buy some new carpets… » Au moins ça a le mérite d’être clair. Le Bostonien a vu son crédit de patience épuisé par nos prédécesseurs, inutile donc, de dire que la tâche qui nous attend est immense !
Bye bye Rudi !
Faisant confiance aux amis Tacle Glacé et Baccalhao qui ont récemment visité le site déguisés en cônes de chantier (ce qui leur vaut désormais toutes sortes de surnoms désobligeants comme les VLC, Sertic et Amavi…) nous entrons dans le bâtiment de direction pendant que l’ami Bacca furète dans tous les coins à la recherche, vraisemblablement, du testicule qu’il a perdu lors de sa précédente visite. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’impression de professionnalisme que nous dégageons semble faire sensation au sein d’un club ou tout va à vau-l’eau depuis des mois !
C’est ainsi que nantis de cette confiance (très relative encore à cet instant) nous pénétrons dans ce qui fut, il y a peu encore, le bureau d’un homme à lunettes au charisme douteux. Le bien nommé Jester, qui a sorti son plus bel exosquelette pour l’occasion, s’assoie alors dans l’épais fauteuil de cuir, et avant que la moindre plainte ne s’élève, nous annonce que c’est à lui que revient le poste de président du club ! Par la même il nous fait part de nos nouvelles attributions : Dragan, si pertinent dans ses analyses économiques reçoit la gestion financière du club, Louis Gustave devient directeur sportif, Tacle Glacé se voit confier le pôle communication, tâche qui semble lui plaire puisqu’il prend d’office le contrôle du compte Twitter du club et y signe une entrée fracassante par ces mots « MassaliaLive est dans la place mother fucka !».
Quoiqu’assez occupé par ses obligations, notre encyclopédie footballistique, Fayçaldinho, accepte de bon gré de prendre en charge le centre de formation et le pôle de détection, tandis que FlorentB s’étant vu attribuer la préparation physique, s’en va tout sourire (un sourire assez sadique et un peu inquiétant il est vrai) réveiller à coup de corne de brume un Steve Mandanda pour lequel il a, selon ses propres mots « de grands projets… ». Tout le reste de l’équipe passe au conseil de surveillance du club, afin de veiller à tout ce beau monde.
Next level !
Alors que chacun commence à vaquer à ses occupations, Jester plonge ses yeux à LED dans les miens, me faisant penser au futur éclairage du Vélodrome, et m’annonce que lui aussi à de grands projets… pour moi ! Ma tension monte encore lorsqu’il m’annonce qu’il m’a choisi pour entraîner l’équipe première ! Alors que je fini de me décomposer, Baccalhao arrive en hurlant « Je l’ai, je l’ai !!! » en brandissant fièrement sa gonade droite vraisemblablement retrouvée derrière un pot de fleur… « Tu tombes bien toi, vu que je te trouves des faux airs de Frank Passi, tu seras l’adjoint de Ragnarok sur le banc » lui lance alors Jester ! Toujours sur son nuage, contemplant son… enfin voilà quoi… Bacca hoche la tête sans vraiment prendre conscience de ce qui nous attend !
Remettre les points sur les I
Alors que nous réfléchissons à nos premières actions concrètes sans vraiment trouver d’angle d’attaque, Jester (toujours lui, il ordonne nous exécutons !) repère, sur le parking, la DeLorean de Tacle Glacé, qu’il ne sort que pour les grandes occasions. Alors que nous continuons à débattre il branche son mégaphone intégré et de sa voix métallique (mais fort mélodieuse) nous impose le silence : « Y’a pas trente six solutions, tous à l’aéroport ! ».
Sur le tarmac de Marignane, il nous annonce que nous allons faire un voyage en terre inconnue, plus précisément au 116 Rue Léo Délibes à Paris. L’adresse claque comme un coup de fouet, le coeur de la matrice du football français : la LFP ! Alors que le jet laissé à disposition par notre patron décolle, le président nous expose son plan: mettre fin au dumping financier et oligarchique au sein de la direction du football français… à notre manière ! Quelques heures plus tard nous pénétrons, sous les protestations, dans les bureaux de l’affreuse institution, avec pour objectif de rencontrer sa présidente.
Tout en délicatesse, notre président enfonce la porte, et comme première action, coupe la ligne du téléphone rouge offrant une liaison directe avec Jean-Michel Aulas avec lequel elle était justement en communication, appelant à l’aide ! Par égard pour les âmes sensibles, je vous épargne le contenu exact de la discussion (mouvementée) qui à suivi mais l’idée fut que grâce à la DeLorean, nous avons d’une certaine manière, remonté le temps ! Ainsi, puisque le match à venir est un match en retard, auxquels des conditions iniques semblaient s’appliquer notamment en ce qui concerne les suspensions de joueurs, la qualification de notre nouvel attaquant en CDD et les conditions du huis-clos, nous avons axés notre première action concrète sur la réparation de ces préjudices.
covfefe
Après d’âpres discussions (qui a dit menaces ?!) nous avons donc obtenu que les suspensions en cours soient levées pour ce match (ainsi que l’annulation du carton rouge injuste de Florian Thauvin), la qualification de Balotelli, et l’annulation du huis-clos, de même qu’une fessée déculottée en place publique pour Clément Turpin, mais ceci est une autre histoire…
Fort de cette première sortie réussie, nous avons donc repris le chemin de la Commanderie où chacun est allé se consacrer à ses nouvelles tâches ! Ne pouvant vous dire avec certitude à quoi se sont occupés mes collègues dans les heures et jours qui ont suivi, je vais vous conter le récit de la préparation du match face aux cuistres Girondins !
Secouer le cocotier !
Alors que la nuit commence à tomber sur Marseille, je convoque les joueurs pour leur expliquer ce qui les attends… autant vous dire que je n’ai pas été déçu du voyage ! Ils se tiennent face à moi, dans la salle de réunion, et dans une ambiance de fin du monde : Dimitri Payet et Morgan Sanson se disputent la chaise au coeur de la pièce, Gustavo sur une des chaises du fond me supplie de le rapprocher d’un rang alors que Lucas Ocampos ne parvient pas trouver une technique correcte pour s’asseoir sur la chaise et, de dépit, fini par en attaquer les pieds avec ses dents. Alors que je recompte mes ouailles, je vois Jordan Amavi arriver en retard dans le couloir… blasé j’entends Maxime Lopez me dire « Faut pas vous inquieter coach, il est toujours en retard… ».
Sentant un début de migraine poindre, je réclame le silence pour leur annoncer que désormais, on va se remettre au travail, et dans un discours aussi enflammé que ceux de Winston Churchill, je ne leur promet que du sang, de la sueur, et des larmes !
Tu vois Aymen que t’es capable de courir !
Inutile de vous dire que la discipline a été au coeur des discussions, et que quelques baffes ont rougi les joues des geignards de l’effectif ! Fini les querelles sur les salaires (Dragan ayant par ailleurs décidé, dans une logique communiste que peu lui connaissaient, de lisser les salaires de tous les joueurs en incluant des bonus de performances) ou les passes droit malsains ! Pour jouer, dorénavant, il allait falloir le mériter ! Leur ayant bien fait comprendre que désormais ils ne pourraient plus bouger une oreille sans que je donne mon aval, je leur indiquais qu’ils pouvaient disposer… et se rendre dans les chambres prévues à cet effet à la Commanderie ! Mise au vert en isolement complet jusqu’au match !
Le lendemain, alors que Dimitri et Steve se battaient pour un morceau de beurre au petit déjeuner, Baccalhao a débarqué dans le réfectoire un tableau sous le bras, et des feutres à la main ! Il était quand même temps de parler tactique. Après des analyses de séquences des matchs précédents (et à nouveau quelques claques derrières les têtes des plus récalcitrants…) une nouvelle mise en place fut décidée, et immédiatement travaillée, en compagnie de FlorentB sur les terrains du centre !
Pendant toute la journée du lundi, et la matinée du mardi, j’ai vu mes joueurs courir, cracher, certains vomir, eux qui n’étaient plus habitués à se battre pour avoir le droit de paraître devant les supporteurs, portant le maillot qu’ils auraient toujours du défendre avec passion, et dont ils avaient fait un paillasson depuis des mois.
Bouge-toi Dimitri !!!
Laissant enfin ceux dont j’avais l’ambition de faire ou de refaire des guerriers, j’allais m’enfermer avec Baccalhao dans mon bureau, pour définir la tactique du match ! Ce dernier, jamais avare d’un bon mot m’adressa cette petite phrase lourde de sens : « Ce soir il va falloir porter sa coui…! ». Ce à quoi je répondis que son idée d’utiliser des mitrailleuses à balles réelles pour faire travailler les changements d’appuis aux joueurs me paraissait un brin extrême tout de même, Sertic ayant perdu un genou deux heures plus tôt ! « Est ce que ça fait une vraie différence pour lui ? » répondit-il avec malice ! Il est vrai que vu sous cet angle, j’avais du mal à lui donner tort…
Après une intense réflexion, nous avons donc validé la composition : faute de mieux, Mandanda garderait les cages, devant lui une ligne composé de Bouna, Caleta-Car, Kamara, et Ocampos à qui nous avions imposé une séance de travail tactique sous hypnose. Au milieu, Strootman et Gustavo (lequel ne cesse depuis de m’envoyer des cadeaux et de me remercier avec les larmes aux yeux), devant eux, Radonjic, Lopez et Thauvin et enfin Balotelli en pointe ! Un bon vieux 4-2-3-1. Dit comme ça, c’est pas franchement ambitieux, mais des joueurs positionnés à la bonne place allaient tout changer !
Le grand soir !
Aussi grisé qu’inquiet, et alors que le stade est encore vide, je décide d’aller m’imprégner de son atmosphère au niveau de la pelouse ! Il est magnifique, je vais devoir lui faire honneur ! Fébrilement, je m’assoies sur le banc, et laisse passer de longues minutes, jusqu’à ce que la main de titane de mon président se pose sur mon épaule, et qu’il me dise « Il est temps ! » Je me lève donc et je vais retrouver mes joueurs, dans le vestiaire, l’ambiance est pesante, la peur les tient, et c’est alors que Baccalhao arrive, déguisé en clown (en fait en joueur bordelais mais c’est pareil…) sur lequel Lucas Ocampos, que nous n’avons pas nourri depuis dimanche, se jette instantanément !
Pourquoi il me regarde la bave aux lèvres ?
Subissant avec une étonnante dignité les assauts et les morsure de l’argentin, mon fidèle adjoint lance, entre deux plaintes déchirantes, aux autres joueurs : « Voilà, c’est ça qu’on veut! BOUFFEZ LES !!! » et c’est ainsi que suivants l’exemple de notre pitbull, tous les autres joueurs s’en sont donné à coeur joie, dépiautant allègrement le costume et son porteur ! Ramassant les pelures du maillot au scapulaire, j’en confiais un morceau à chacun des titulaires et des remplaçants, à mettre dans leur poche, comme un talisman. Puis après les avoir envoyés dans le tunnel, j’allais relever mon valeureux adjoint meurtri qui bredouilla en sanglotant ces quelques mots : « Ils ont intérêt à gagner… parce que j’ai perdu la deuxième… ».
Dont acte, puisque le match fut magnifique, Gustavo dominant avec maestria le milieu de terrain, Strootman méritant enfin son surnom de « lavatrice » récupérant un nombre phénoménal de ballons, devant une défense enfin fiable, il est vrai bien aidée par un Ocampos bien plus alerte que Jordan. Ce dernier, qui, de toutes façons, n’était même pas au stade, non pas par choix, mais simplement car, comme d’habitude, il était arrivé en retard pour prendre le bus…
La ligne offensive ne fut pas en reste, l’entente entre Lopez, Thauvin et Radonjic fut un sublime mélange de technique et de vitesse alimentant un Balotelli hargneux à la pointe de l’attaque. Le tout eut pour résultat un très joli 6-0 qui ne devait rien à la chance ou au hasard. Le tout devant des supporteurs qui, bien que sceptiques, comprirent vite que le Champions Project était parti à la corbeille, remplacé, à nouveau par la devise ornant le maillot « Droit Au But » !
Six ans plus tard, je repense avec émotion à ces trois journées capitales, en contemplant le trophée de notre première Ligue des Champions, car oui elle a eu deux petites soeurs ! Et mon fidèle Baccalhao me direz vous… et bien, disons que les progrès de la médecine lui ont permis de retrouver une certaine dignité et une voix moins ridicule !
Même si l’on rêve un peu… c’est utile en ces temps difficiles, n’oublions pas notre devise : allez l’OM !