OM financial Project : la saison 2 (2017-2018)

Les comptes de l’OM sont dans le rouge pour la deuxième saison consécutive et les pertes se sont aggravées. Quels enseignements peut-on tirer des résultats financiers de la deuxième année de l’ère McCourt (2017-2018) ? Frank McCourt a-t-il continué à mettre la main à la poche ? Quel impact aurait une non-qualification en Ligue des Champions en fin de saison ? Quel avenir pour le club ? MassaliaLive continue de vous apporter les réponses que vous ne trouverez pas dans la presse : les siennes !

MassaliaLive a aussi profité de la publication du rapport annuel, le 13 mars dernier par la Ligue Professionnelle de Football (LFP), pour mettre en perspective les derniers résultats financiers de l’ère McCourt par rapport à ses principaux concurrents en Ligue 1 : le Lyon de Jean-Michel Aulas, l’AS Monaco de Ryboloblev, le LOSC de Gerard Lopez et le PSG.
Nous vous avions révélé en exclusivité l’importance des apports de Frank McCourt face à la concurrence. Et pour la première fois nous allons comparer ces résultats à la lumière de l’ogre qatari, du serpent princier, de notre nouveau meilleur ennemi l’Olympique Lyonnais et du LOSC de notre ex-futur repreneur.


I. Analyse des comptes et résultats financiers 2017-2018

Comme l’an passé, nous comptions nous procurer en toute légalité une copie des comptes officiels de l’OM auprès d’Infogreffe . Mais cela n’a pas été possible.

Pourquoi ? Parce que l’OM a décidé de ne pas publier le détail de ses comptes pour le moment (en raison de pertes plus importantes que prévues ?). Néanmoins, c’était sans compter sur la LFP qui, elle, a décidé de publier une version allégée de tous les comptes des clubs professionnels pour la saison 2017-2018, y compris ceux de l’OM.

Voici donc un éclairage sur la situation du club et une lecture inédite des seconds résultats de l’OM version McCourt.

• Qu’en est-il ressorti ?

L’OM a cumulé 79 millions d’euros de pertes lors de l’exercice 2017-2018.

Quelle évolution par rapport aux années passées ?

L’OM avait déjà affiché une perte de 42 millions lors de la première année de l’ère McCourt. Mais la perte de 79 millions d’euros lors de la saison 2 de l’ère McCourt est désormais le plus mauvais chiffre depuis plus de 20 ans !

2014/15 2015/16 2016/17 2017/18
Pertes 2 286 000 1 186 000 42 422 000 78 584 000

 

• Qu’est-ce que cela signifie pour le club ?

Tout simplement que l’OM a eu beaucoup plus de charges entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018 que de recettes :

– 223 millions de charges, principalement les salaires des joueurs (masse salariale qui représente à elle seule 88% du total du budget de l’OM!).

– 144 millions de recettes sur l’année, notamment les droits TV, le parcours en Europa League, les sponsors et les recettes de la billetterie.

2016/2017 2017/2018
Total recettes 118 916 000 143 820 000
Total dépenses 161 338 000 222 405 000

 

• Au passage, pourquoi ces résultats financiers s’analysent-ils du 1er juillet au 30 juin ?

Eh bien parce que l’exercice comptable d’un club de football correspond à la saison sportive. Il débute ainsi le 1er juillet de chaque année pour se clôturer le 30 juin.

• Quelles sont les conséquences de ces pertes répétées année après année ? Franck McCourt a t’il comblé ces déficits et mis la main à la poche comme il l’avait promis ?

Nous avions été les premiers l’an dernier à la même époque à mettre en avant l’investissement spectaculaire de Frank McCourt pour faire face aux pertes de l’OM et le fait qu’il avait clairement commencé à « mettre les sous », et même beaucoup (pas vrai Jean-Claude Gaudin Skywalker ?).

En effet, à la suite notamment de 4 opérations capitalistiques significatives, l’actionnaire américain a investi près de 300 millions d’euros depuis son arrivée (voir notre dernier article sur le sujet) dans le but de financer divers postes.

1. les différents mercatos

2. les pertes d’exploitation

3. une partie des dettes passées

Grâce à ces apports majeurs de McCourt et malgré les dépenses importantes auxquelles l’OM a dû faire face sur les deux années passées (masse salariale en hausse, transferts…), le compte en banque du club était encore garni à hauteur de 31 millions à fin juin 2018.

Pour ceux qui douteraient toujours de la solidité financière du bonhomme, voilà de quoi les rassurer !

Nous avons résumé l’ensemble des investissements/actes forts de Frank McCourt ci-dessous pour mieux illustrer les efforts du propriétaire américain :

Rachat du club Augmentation de capital juin 2017 Augmentation de capital décembre 2017 Augmentation de capital septembre 2018 Augmentation de capital décembre 2018 Total investissements
Opérations réalisées entre octobre 2016 et décembre 2018 45 000 000 97 960 607 48 980 304 76 309 614 31 089 102  299 339 627

Au vu des éléments apportés ci-dessus, il apparaît même clairement que sans les apports de McCourt, l’OM serait déjà en National vu la popularité du club auprès des dirigeants de la LFP.

 

II. Horizon du club à court et moyen terme

• Recettes

Ces détails précisés, tentons maintenant de comprendre de quoi ont été constituées les recettes du club entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018 afin de mieux appréhender ses perspectives.

1. Majoritairement des droits TV de Ligue 1

L’OM a ainsi récupéré 52 millions d’euros de droits audiovisuels en Ligue 1 grâce à sa quatrième place (contre 50 millions d’euros l’année précédente où l’OM avait terminé cinquième du classement). Ce montant devrait faiblement bouger l’an prochain, et ce malgré une hausse de l’enveloppe globale des droits de la Ligue 1 de 25 millions d’euros prévue en 2018-2019 en raison de la hausse des droits internationaux (les droits télé à l’international rapportent 45 M€ aux clubs de Ligue 1, dont 32,5 versés par beIN Sport. En mai 2014, beIN avait accepté d’acquérir les droits internationaux pour un montant revu à la hausse à 80 millions minimum garantis par an sur la période 2018-2024).

L’impact de l’acquisition des droits domestiques de la Ligue 1 par Mediapro n’aura lieu qu’à partir de 2020. On y reviendra ci-dessous.

2. Du parcours européen jusqu’en finale de l’Europa League

Même si on est loin de la lucrative Ligue des Champions, l’Europa League a permis aux Olympiens de toucher environ 25 millions d’euros de revenus supplémentaires. Ce furent 25 millions de plus que la saison précédente vu que l’OM n’avait pas joué de compétition européenne en 2016-2017.

On peut s’attendre à un vrai retour de bâton cette saison vu l’élimination au 1er tour. Les revenus européens du club devraient ainsi être divisés par deux. Un vrai coup dur sportif ET financier.

3. Du sponsoring

L’OM a enregistré 29 millions d’euros de contrat, notamment avec l’entrée en vigueur des nouveaux accords avec Puma (estimé entre 14 et 15 millions par an contre 10 millions annuels pour le précédent contrat Adidas selon RMC en mars 2017) et Orange. Les recettes sponsoring ont ainsi augmenté de + 24% par rapport à 2016/2017. C’est à mettre au crédit de la nouvelle direction.

A noter que le contrat avec Orange expire en fin de saison 2018-2019. La compagnie aérienne Fly Emirates, sponsor actuel du PSG, est évoquée pour remplacer Orange. La Tribune du 21 novembre 2018 parle même d’un montant potentiellement inférieur à 10 millions d’euros pour ce contrat. La dernière valeur connue du contrat sponsoring maillot est celle du partenariat avec Intersport (6 millions par an). Si ces chiffres se vérifiaient, cela serait une vraie bonne nouvelle pour le club.

4. La billetterie du stade

Elle a généré 22 millions d’euros (hors prestations VIP), soit une hausse de 7% par rapport à la saison précédente (les revenus billetterie étaient alors de 20 millions d’euros). On peut quand même s’étonner de la faible augmentation étant donné le gros parcours olympien en coupe d’Europe. Le Vélodrome est sans doute l’enjeu numéro un du futur financier du club et cela va de pair avec la reprise de l’exploitation du club obtenue fin 2018 par la direction olympienne. Nous y reviendrons plus en détail ci-dessous.

5. Les ventes de joueurs

Pas la plus grande réussite de la saison dernière. En effet l’OM n’a dégagé qu’1 million d’euros de plus-value entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018, contre 10 millions d’euros sur la saison précédente. Pour quelle raison ? Car l’OM n’a que peu vendu l’an passé. Uniquement Karim Rekik et Doria sans dégager de vraie plus-value sur ces transferts, alors que la saison précédente l’OM avait réussi à faire une belle plus-value sur la vente de Nkoudou. A noter que le transfert de Zambo Anguissa à Fulham (en août 2018) sera pris en compte sur la saison 2018-2019 et devrait combler, un peu, les lourdes pertes à venir.

2016/2017 2017/2018
Droits TV 49 728 000 77 489 000
Sponsors 23 150 000 28 750 000
Billetterie 20 402 000 21 913 000
Plus-value transferts joueurs 10 434 000 853 000
Autres produits 7 579 000 6 063 000

• Dépenses

Du côté des charges importantes auxquelles le club a dû faire face lors de la seconde saison de l’ère McCourt, la répartition est assez claire, avec des hausses significatives par rapport à la saison précédente.

1. Salaires

C’est le poste le plus important. La masse salariale du club s’est élevée à 125 millions d’euros au 30 juin 2018 (charges sociales comprises), soit une hausse de 43 millions (+ 52%) par rapport la 1ère saison de l’ère McCourt. À titre d’exemple, les salaires de Gustavo et Payet représentent à eux deux environ 16 millions d’euros dans ce total (soit environ 13 %). A noter que les deux plus gros salaires du club sur la saison en cours (Mario Balotelli et Kevin Strootman) n’impacteront les comptes du club que sur la saison 2018-2019 (qui pourrait donc voir la masse salariale continuer à fortement augmenter).

La masse salariale chargée est le principal poste de dépense des clubs de Ligue 1 (53 % des charges d’exploitation en moyenne selon le dernier rapport d’activité de la LFP). La masse salariale de l’OM représente à elle seule 57% du total des charges d’exploitation du club.

Pour mieux évaluer ce que représentent les salaires du vestiaire olympien, voici la dernière infographie publiée le 23 janvier dernier par le quotidien l’Equipe :

A noter que parmi les 10 plus gros salaires actuels du club, seul deux joueurs sont en fin de contrat fin juin : Balotelli et Abdennour. Niveau degraissage, un certain Andoni Z. rique d’avoir du pain sur la planche cet été si l’OM devait se serrer la ceinture.

2. Dépenses notables

On décompte les commissions aux agents (6 millions d’euros), en diminution d’1 million par rapport à l’année précédente. L’agent d’un joueur est rémunéré par des commissions, en principe calculées en fonction des rémunérations brutes perçues par le joueur tout au long du contrat négocié. Le pourcentage varie de 3 à 10 % (10 % est le maximum autorisé). Dans le football, la commission moyenne tourne autour de 7 % dans la majorité des cas.

On y retrouve aussi le loyer du Stade Vélodrome (5 millions d’euros), en hausse d’1 million par rapport à l’année précédente suite à la nouvelle convention entre la Ville de Marseille et l’OM signée en Octobre 2017.

Enfin et surtout la charge d’amortissements (32 millions d’euros), relative aux sommes engagées en transferts de joueurs depuis la reprise du club. Cette dernière est en forte hausse (de 19 millions) par rapport a 2016-2017 en raison des fortes sommes engagées à l’été 2017 pour les transferts de Mitroglou, Gustavo, Germain, etc. Charge d’amortissement qui ne tient pas encore compte des dépenses engagées pour Caleta-Car, Strootman et Radonjic (qui viendront donc s’ajouter sur la saison 2018-2019).

Comment se calcule cette charge d’amortissement ? Tout simplement en étalant le montant du transfert sur la durée du contrat du joueur. Ainsi la charge de 32 millions d’euros sur 2017-2018 inclut à la fois la première année d’amortissement des transferts de l’été 2017 cités plus haut mais aussi une des cinq années du transfert de Dimitri Payet. Ce qui explique que la charge 2017-2018 soit aussi lourde. Et celle de 2018-2019 le sera encore plus…

2016/2017 2017/2018
Salaires 82 485 000 125 121 000
Amortissements transferts 12 626 000 31 373 000
Loyer du Vélodrome 4 000 000 5 000 000
Commissions d’agents et honoraires 7 526 000 5 924 000
Autres charges 53 701 000 55 627 000

 

III. Les finances de l’OM à la lumière de la concurrence en Ligue 1

L’OM se situe bon dernier du « Big 4 » de la Ligue 1 : avec seulement 144 millions de recettes cumulées, l’OM version McCourt saison 2 était encore loin de Lyon (282 millions), Monaco (439 millions) et du PSG, hors catégorie, avec 675 millions de revenus annuels sur 2017-2018. Seul Lille est encore derrière avec ses 98 millions d’euros de revenus sur 2017-2018. Qu’en sera-t’il la saison prochaine si le LOSC est en Ligue des Champions ?

a. Où se situe l’OM au niveau des recettes ? 

• Des droits télés optimisés mais l’absence de Ligue des Champions fait mal

En l’absence de Ligue des Champions, l’OM a réussi à optimiser ses recettes liées aux droits TV en touchant presque 78 millions d’euros, là où Lyon ou le LOSC n’ont touché l’an dernier respectivement que 65 et 28 millions d’euros.

Pourquoi l’OM, moins bien classé que Lyon en Ligue 1, arrive aussi à toucher plus que le club de Jean-Michel Aulas ? Comment est redistribué l’argent actuellement ? La répartition des droits télévisés s’établit ainsi : 30 % au titre de la solidarité (part fixe) ; 20 % au titre de la licence clubs ; 30 % au titre du classement sportif (25 % pour la saison en cours et 5 % pour les 5 saisons révolues) ; 20 % au titre de la notoriété calculée sur le nombre de diffusions TV en match premium sur les 5 dernières saisons, dont la saison en cours. Pour le dernier critère, on peut résumer ainsi : plus un club est diffusé à la télévision, plus il gagne d’argent (critère donc très favorable à l’OM). Cette répartition avait été obtenue de haute lutte par Christophe Bouchet, l’ancien Président de l’OM, soucieux à l’époque que l’OM récupère une part maximale des droits TV dont il était l’un des contributeurs principaux.

Par contre la non qualification en Ligue des Champions place l’OM loin derrière Monaco (94 millions d’euros) et le PSG (128 millions d’euros). Et ceci avant la mise en place de la reforme de la Ligue des Champions cette saison qui devrait encore creuser l’écart. Au vu des pertes olympiennes, comme déjà évoqué l’an dernier, c’est une nécessité pour l’OM d’accrocher la C1.

• En retard au niveau du sponsoring

L’OM a refait une partie de son retard sur Lyon au niveau des recettes sponsoring grâce aux nouveaux contrats Puma (14 à 15 millions par saison) et Orange (5 millions annuels selon l’Equipe du 7 février 2019) et pourtant l’OM est encore derrière Lyon (29 millions d’euros pour l’OM, contre plus de 30 millions pour l’OL qui bénéficie d’un contrat annuel avec Hyundai évalué à 9 millions par an selon l’Equipe du 7 février 2019, mais aussi des produits de partenariats complémentaires liés à la commercialisation de visibilité dans l’enceinte du Groupama Stadium).

L’OM est aussi très loin des revenus sponsoring du PSG (154 millions d’euros sur 2017-2018) qui compte sur les apports de 4 partenaires principaux à hauteur de 25 millions d’euros annuels pour Nike et Fly Emirates, mais aussi l’opérateur de télécommunication qatari Ooredoo (15 millions d’euros par an) et la Qatar National Bank (QNB) pour 10 millions d’euros par an, qui sont les deux autres commanditaires premiums ; Ooredoo s’affiche sur la manche du maillot et des supports du Parc des Princes. QNB associe son nom au Camp des Loges. A noter que les revenus du PSG devraient encore s’envoler l’an prochain avec l’entrée en vigueur du contrat Accor (environ 60 millions par an) pour remplacer Fly Emirates (annoncé à l’OM – voir plus haut).

Seule bonne nouvelle au petit jeu des comparaisons. L’OM est loin devant Monaco (18 millions d’euros) et le LOSC (11 millions d’euros).

• Des recettes billetterie encore insuffisantes

L’OM a retiré moins de 22 millions d’euros de revenus liés à la billetterie du Vélodrome, ce qui est très et trop loin de l’OL qui a bénéficié de 53 millions de recettes de son Groupama Stadium. Lyon engrange plus de 37 millions d’euros de ventes de places au match (soit près du double de l’OM avec un stade de capacité plus petite) et près de 16 millions d’euros des autres événements organisés dans son stade (dont 4 millions liés à l’organisation de séminaires dans son stade et plus de 11 millions d’euros de recettes liées à l’organisation de différents événements (comme la finale de l’Europa League ou les demie-finales du top 14).

Il est aussi à noter que le Stade Velodrome ne compte « que » 5 000 places VIP là où Lyon peut compter sur 6 000 places VIP au Groupama Stadium.

Autre point de comparaison, le PSG, malgré un stade encore plus petit que celui de Lyon, a réalisé plus de 48 millions de recettes au Parc des Princes l’an passé (hors places VIP).  Le constat est donc simple. Pour revenir de manière constante aux deux premières places de la Ligue 1, l’OM va devoir augmenter ses revenus stade. Jacques-Henri Eyraud et Frank McCourt l’ont très bien compris en faisant de la reprise de l’exploitation du stade leur cheval de bataille. Nous pourrons mesurer dans quelques mois quels en sont les premiers effets sur les finances du club et si l’OM arrive de concert à d’une part organiser un maximum de grands événements (foot, rugby, concerts) au Vélodrome et d’autre part à maximiser les recettes liées aux ventes de places VIP.

Enfin, à titre d’exemple, voici une infographie réalisée fin juillet 2017 par le Figaro sur le prix des abonnements en Ligue 1 ou l’on voit l’écart entre le PSG et l’OM :

Si on veut se rassurer un peu, Monaco et Lille n’ont retiré que 3 et 9 millions de revenus de leurs stades respectifs.

• Des revenus transferts quasi nuls. 

L’OM n’a quasiment rien vendu sur la saison 2017-2018 quand ses principaux concurrents faisaient feu de tout bois sur le marché des transferts : 111 millions d’euros de plus-value sur la vente de joueurs pour Lyon (Lacazette pour 50 millions, Geubbels et Mammana notamment), 145 millions d’euros pour le PSG (Matuidi, Aurier, Lucas Moura notamment), 316 millions d’euros pour Monaco (Mendy, Bernado Silva, Bakayoko et le prêt de Mbappé) et 44 millions d’euros pour le LOSC (Terrier, de Preville, Meite, Corchia).

Un domaine où les dirigeants vont devoir obligatoirement faire mieux.

OM OL PSG Monaco LOSC
Droits TV 77 489 000 65 300 000 127 900 000 83 800 000 27 700 000
Sponsors 28 750 000 30 100 000 141 800 000 17 750 000 11 300 000
Revenus Stade 21 913 000 52 900 000 48 400 000 2 700 000 8 800 000
Plus-value transferts joueurs 853 000 110 600 000 145 400 000 315 500 000 43 500 000

b. Les dépenses de l’OM par rapport à la concurrence ?

• Une masse salariale pharaonique

S’il y a bien un domaine où l’OM dépasse Lyon c’est celui de la masse salariale. Suite aux arrivées de Payet, Gustavo, Rami, Mandanda et la revalorisation de Thauvin, la masse salariale de l’OM (charges comprises) s’élève à plus de 125 millions d’euros. Celle de l’OL n’est que de 115 millions en comparaison. Celle du LOSC est moitié moindre que celle de l’OM.

Seuls Monaco (133 millions d’euros dont le salaire de Falcao) et le PSG (332 millions d’euros – cela inclue les salaires de Neymar et Mbappé) font pire que l’OM à ce niveau là.

OM OL PSG Monaco LOSC
Masse Salariale 125 121 000 115 000 000 332 100 000 132 800 000 68 300 000

IV. Quel avenir ? Les hypothèses de MassaliaLive

• Quelle est la réaction des dirigeants marseillais face à ces pertes récurrentes ? 

Baptiste Viprey, le directeur administratif et financier du club olympien, a réagi au micro de la Provence la semaine dernière. Extrait :

« Nous sommes aux commandes de l’OM depuis 2 ans et demi. À notre arrivée nous avons hérité d’une situation financière très compliquée. Le club était exsangue et il était nécessaire d’y investir de manière importante et d’y entreprendre un travail important pour rétablir une gestion saine des finances. C’est ce que nous avons fait grâce à notre actionnaire Frank McCourt qui finance tous les investissements sur ses fonds propres, ce qui est unique en France. Nous avons beaucoup investi dans le management, dans l’encadrement, dans le marketing, dans le centre de formation, et aussi et surtout dans l’effectif sportif professionnel qui était à l’époque limité et peu compétitif. Nous avons par ailleurs souhaité garder les meilleurs éléments plutôt que de les vendre. Au global, chacun s’apercevra que les deux dernières années n’ont pas été marquées par des ventes importantes de joueurs afin d’équilibrer les comptes, ce qui est le modèle économique du football professionnel français. Bien au contraire. Nous avons investi pour bâtir une équipe compétitive et renforcer le groupe professionnel. Les résultats de ces 2 dernières années (4e place et une finale de Ligue Europa) en attestent. Et comme vous l’avez constaté ces derniers mois nous entendons poursuivre ce travail de réorganisation et d’investissement. Notre situation financière est aujourd’hui beaucoup plus saine. Le club n’a pas la moindre dette bancaire contractée par exemple auprès de fonds d’investissement cherchant des rendements financiers à court terme. Et nous entendons poursuivre dans cette voie car une situation financière saine et équilibrée est, à côté de nos ambitions sportives, un des piliers de notre projet. Nous travaillons d’ailleurs sur cette question en étroite collaboration avec les autorités du football européenne et française, et nous mettons en place des initiatives visant à diversifier nos sources de revenus, telles que par exemple le développement de l’expérience des supporters et les activités de diversification, un levier que la DNCG encourage fortement de développer. Au-delà, nous entendons donner au club les moyens de sa pérennité financière en l’affranchissant au maximum des recettes de trading de joueurs qui ne peut constituer un modèle unique de génération de revenus pour le club même si les transferts font partie de l’économie du football moderne. »

• L’OM court-il des risques opérationnels à court terme, comme par exemple ne plus être en mesure de payer ses transferts ou ses dettes vis-à-vis des tiers ?

Là encore, la réponse est non. On l’a noté malgré les déficits répétés, le compte en banque de l’OM était encore bien garni à fin juin 2018 et il le sera sans doute encore en fin de saison grâce aux différents apports de Frank McCourt.

Néanmoins, on imagine mal McCourt combler 80 millions de pertes tous les ans (au des éléments détaillés ci-dessus, la perte 2018-2019 devrait encore tourner autour de ce chiffre là malgré le transfert de Zambo Anguissa) pendant des décennies. L’OM va donc devoir assainir sa situation en agissant simultanément ou alternativement sur deux dynamiques.

1. trouver d’autres ressources

2. diminuer ses dépenses

Les ressources disponibles étant rares (et on le voit sur 2017-2018 n’ont pas augmenté aussi rapidement que les dépenses), le club doit absolument participer chaque saison à la Ligue des Champions et si possible, dès l’an prochain. Ce qui sous-entend évidemment de terminer systématiquement sur le podium de Ligue 1…

Jacques-Henri Eyraud avait rappelé en juin 2018 au magazine Challenges :

« La saison 2020 doit nous permettre d’atteindre un équilibre financier pérenne »

• Hors la participation récurrente à la ligue des champions, quelles sont les autres pistes pour atteindre l’équilibre financier?

1. Les droits TV

Les dirigeants marseillais comptent notamment sur l’augmentation significative des droits TV de la Ligue 1 (+ 60%) suite au dernier appel d’offres gagné par Mediapro. Ces nouvelles ressource seront disponibles à partir de la saison 2020-2021.

Néanmoins entre ce qu’en attend Jean-Michel Aulas (50 millions supplémentaires) et ce qu’en pensent d’autres présidents de club comme celui de l’AS St-Etienne qui s’attend à une meilleure répartition entre clubs et à la diminution des écarts entre gros et petits clubs, la répartition exacte de cette nouvelle manne financière entre les clubs de Ligue 1 pèsera sur le budget de l’OM. À Jacques-Henri Eyraud de reprendre le flambeau de Christophe Bouchet sur le cheval de bataille de la répartition des droits audiovisuels. Surtout quand on sait que l’OM est de loin le club le plus diffusé en prime time cette saison (et devant le PSG !).

Si vous souhaitez mieux comprendre l’enjeu de la hausse des Droits TV et l’importance de leur répartition, nous vous recommandons de vous plonger dans notre article dédié sur le sujet « OM Financial Project : que signifie la hausse des droits TV ? ».

2. Le Stade Vélodrome

On a aussi évoqué l’enjeu fondamental de la reprise de l’exploitation du Stade Vélodrome et des recettes à en retirer. Selon un article de Challenges du 13 juillet 2018, le but du club serait d’atteindre les 60 ou 80 millions d’euros de recettes liées au stade. Cela représenterait entre le double et le triple des recettes de la saison passée (avant la reprise de l’exploitation du Vélodrome). La marche semble très (trop ?) élevée.

À noter que le contrat de naming entre Orange et le stade Vélodrome est d’une valeur estimée à 2,45 millions d’euros par an selon les Echos du 8 octobre 2018 (contre un contrat naming de 5 à 7 millions par an pour le Groupama Stadium avec Lyon).

Néanmoins, comme l’explique Arema, le challenge est de taille. L’OM, comme Arema avant lui, devra assurer / verser 12,5 millions par an à la Ville de Marseille et tenir compte de nouvelles dépenses de personnel (pour assurer l’exploitation et la gestion des événements du stade).

Et, malgré plusieurs concerts organisés récemment, en tenant compte de toutes ces dépenses, Arema n’était pas encore à l’équilibre sur l’exploitation du stade (1,5 million d’euros de déficit sur le dernier exercice selon l’AFP, dans un article du 6 avril 2018). Pourtant, selon l’Equipe du 23 décembre 2018, Jacques-Henri Eyraud espère dégager 10 à 15 millions de profits (nets de ces dépenses) de l’exploitation du stade dans les années a venir. Optimiste ?

  • Le trading joueurs

C’est la dernière piste potentielle pour le club. Mais l’OM est-il un club pour faire du trading ? Au-delà de la pure question philosophique, on peut aussi se poser le question de la valeur de l’actif joueurs au sein de l’effectif olympien actuel.

Beaucoup des meilleurs joueurs du club sont plutôt agés (Gustavo, Rami, Payet ou Mandanda ont tous plus de 30 ans), ont de très gros salaires (y compris les plus jeunes comme Thauvin). Seuls les joueurs formés au club comme Kamara ou Lopez seraient finalement « faciles » à transférer, entre leur forte valeur marchande, leur potentiel et leur relatif « faible » salaire. Mais on peut douter que cela soit la volonté du club à court terme.

Enfin, les premiers résultats de la nouvelle politique de formation post rachat du club ne devraient pas avoir d’effet avant plusieurs années.

• Le club doit-il réellement craindre des sanctions de la part de l’Union des Associations Européennes de Football pour non-respect des règles établies ?

Malheureusement la réponse est oui, les seuils autorisés par l’UEFA ayant été dépassés dès la première année McCourt et le sont donc encore plus aujourd’hui.

Jean-Michel Aulas sonnait déjà l’alarme sur la situation phocéenne en mai dernier dans le quotidien L’Equipe:

 « Il y a un moment où un couac pourra survenir, mais on a des épaules solides. On a formé des joueurs de grande qualité et, si on n’est pas en Ligue des champions, j’aurai la ressource, même le coeur à l’envers, de vendre pour ne pas tomber. Ça fait deux ans de rang que nous faisons des bénéfices. Si on n’est pas en Coupe d’Europe, on a donc un levier. Que va faire Marseille avec 60 ou 70 M€ de déficit ? Le modèle de Ceferin (Aleksander, président de l’UEFA) est celui qu’on a conçu. Vous verrez…»

L’OM franchit en effet la barre de 30 millions d’euros de déficit cumulé sur les trois dernières saisons (déficits qui ont grimpé en flèche), soit le maximum autorisé. Le dépassement sur la base des pertes cumulées est de 92 millions d’euros au total au 30 juin 2018 contre 16 millions la saison précédente, dépassement qui avait alerté pour la première fois le gendarme européen (et engendré une première amende de seulement 100 000 euros). De ces montants, il faut néanmoins déduire les frais engagés par le club pour le centre de formation ou la section feminine qui ne sont pas pris en compte par l’UEFA dans son calcul. Ainsi, fin juin 2017, l’UEFA avait « limité » le dépassement à 8 millions d’euros dans son mode de calcul selon l’Equipe du 7 février dernier et non 16 millions. Qu’en sera-t’il cette année ?

À court terme, c’est toujours le risque numéro 1 encouru par le club.

Que l’UEFA inflige une amende beaucoup plus importante ou prenne de plus lourdes sanctions avec obligation pour l’OM de ne pas dépasser le déficit autorisé constituent une véritable épée de Damoclès !

Dans les faits, et si les choses tournaient mal, cela se traduirait par des ventes de joueurs importants (que ce soit pour leur vente éventuelle ou la diminution de la masse salariale) et surtout par une incapacité à investir de manière significative lors des prochains mercati (scénario catastrophe).

Les dirigeants l’ont bien compris puisqu’ils ont d’eux même publié un communiqué en février dernier (lire ici), indiquant notamment tenter de trouver un accord de règlement avec l’UEFA :

« Nous sommes sur la bonne voie pour trouver un accord sur une trajectoire financière à moyen terme afin de nous conformer durablement aux critères du fair play financier comme c’est notre volonté depuis le début de nos discussions. »

Néanmoins les conséquences financières d’un accord de règlement peuvent être lourdes et contraignantes. Les exemples récents de l’Inter Milan et du Besiktas en attestent : amendes pouvant aller jusqu’à 20 millions d’euros (pour l’Inter) et contraintes de retour forcé à l’équilibre financier (voir le détail fourni par l’UEFA ici).

• Quelle conclusion peut-on en tirer ?

Nous ne sommes pas devins, mais du fait des pertes prévues en fin d’année (et de l’éventuel manque à gagner à nouveau lié à une non-participation à la Ligue des Champions), Frank McCourt devra encore remettre la main à la poche.

On a tenté d’évoquer les différentes pistes que la direction marseillaise explore pour développer ses recettes. Mais beaucoup d’incertitudes les entourent encore.

Que ce soit pour l’exploitation du Stade (qui va demander un effort considérable pour en dégager des bénéfices), ou pour retirer le maximum de la hausse des droits TV (sans un JHE montant au créneau pour favoriser au mieux les droits de l’OM dans la nouvelle clé de répartition des droits entre clubs de Ligue 1, l’OM risque de ne pas en profiter autant qu’il le devrait), et enfin dans le trading de joueurs (où hormis Thauvin voire Sanson on ne voit pas dans l’immédiat énormément de plus-values potentielles dans l’effectif olympien).

Au vu de ces incertitudes, on peut donc être raisonnablement inquiets pour l’avenir de l’OM si le club n’arrive pas rapidement à accrocher le wagon de la Ligue des Champions. C’est tout simplement le seul moyen pour le club de se développer rapidement et de tenir le train de vie actuel.

L’Olympique Lyonnais a publié le 15 février dernier son rapport semestriel sur les comptes 2018/2019 et évoque pour la première fois l’impact de la réforme de la Ligue des Champions. L’OL devrait ainsi toucher environ 60 millions d’euros rien que pour sa participation aux phases de poules cette saison. Et cela n’inclut pas les recettes de billetterie ou le fait de se qualifier pour les huitièmes de finale. De quoi laisser rêveur Frank McCourt qui déclarait le 12 Août dernier :

« Mon but est de gagner le championnat chaque saison. Nous annonçons avec plus de modestie que le réel objectif de cette saison est de finir sur le podium. Cela serait très décevant de ne pas atteindre cet objectif. »

Reste qu’à 6 points du podium après la défaite au Parc des Princes, l’été s’annonce agité, surtout si la situation sportive ne s’améliore pas sur la fin de saison. Car, ni l’UEFA, pour le fair-play financier, ni l’actionnaire de l’OM ne vont rester les bras croisés en voyant les pertes, se chiffrant en dizaines de millions d’euros, continuer à s’accumuler année après année… Dire c’est faire rire, faire c’est faire taire ? 2020 arrive très bientôt et il sera bientôt temps d’arrêter de faire rire. Y compris sur le plan financier.

Vous avez apprécié l'article ? Partagez-le...
avatar

A propos de Dragan


Rédacteur et dénicheur d'infos pour @MassaliaLive, analyste financier à ses heures perdues
Article lu 9437 fois, écrit le par Dragan Cet article a été posté dans Dossier et taggé , , , . Sauvegarder le lien.

4 Réponses pour OM financial Project : la saison 2 (2017-2018)

  1. Passionnant, clair, très documenté, sacré boulot, félicitations .
    Il y a un sacré paquet de soi-disant journalistes sportifs qui devraient venir corriger les saucisses qu’ ils balancent !

  2. Super article, bravo les gars et merci !

  3. Toujours très intéressant, merci !

  4. Très informatif, comme d’habitude. Bravo!