L’Eintracht Francfort, premier adversaire de l’Olympique de Marseille pour cette saison d’Europa League 2018/19. L’historique entre les deux formations ? Vierge. Quoi donc de mieux qu’un supporteur olympien expatrié en Allemagne pour nous en apprendre un peu plus sur ce club…
Le jour J
Je suis assis dans un resto au bord du Rhin, il fait grand soleil, bon repas, sympa pour un évènement du boulot… Le problème, je suis aussi nerveux qu’un Suisse assis de l’autre côté de la table, tous deux en train de regarder en direct le tirage au sort de l’Europa League. Quelques mots sur le FC Zurich, Francfort, l’OM… nous attendons le tirage. Comme beaucoup de supporteurs de l’Eintracht qui attendent ce retour en Europe depuis 2013/2014.
Des bons souvenirs : 12 000 supporters de l’Eintracht à Bordeaux, sorti du groupe match contre Porto avec le déplacement de plus de 7 000 supporteurs pour 4 000 places dans le stade, de supers tifos, ambiance à frissons…
Prochaine équipe Francfort… dans le groupe de… l’OM !!!!!! Je n’en peux plus. Grand sourire sur le visage, je gu***e comme un con, tout le monde me regarde… incompréhension totale. Sauf pour le Suisse à qui j’avais raconté ma passion pour l’OM, ma mère étant du sud de la France, j’y passe deux à trois semaines chaque été, l’OM est, et reste, avec ma famille, ce qui dans ma vie me lie le plus au pays maternel. Malheureusement les occasions d’aller au Vél sont rares et le dernier match était un match de L1 contre Bordeaux il y a TRES longtemps (d’ailleurs merci Jester). L’occasion est idéale de prendre l’avion pour un match officiel, en Coupe d’Europe, rencontrer des potes et de passer une journée parfaite.
Un match de l’Eintracht contre l’OM ? C’est pour moi comme gagner au loto. Je suis en totale euphorie… Mais un petit truc me traverse le cerveau. La sanction de l’UEFA… c’était quoi déjà ? Match à huis clos pour le premier match ? Ok. Une chance sur trois de tomber dessus. Je n’y pense même pas. Pour rester dans la loterie c’est comme avoir gagné un gros lot et avoir perdu son billet. De toute façon le meeting continue, pas le temps de se prendre la tête.
Le reste de l’histoire est connu. Quelle déception ! J’enrage toujours. Mais puisque ce match reste pour moi LE match et qu’avant tout je pense que le football unis plutôt que de désunir je veux partager mes émotions, et infos concernant ces deux matchs.
Histoire d’une qualification européenne
La saison dernière a fini en trombe pour Francfort, longtemps à la bataille pour une place en Ligue des Champions, sur quelques résultats négatifs l’Eintracht risque de tout perdre. La dernière journée à oublier, Schalke bat l’Eintracht 1 à 0 pendant que Stuttgart gagne à Munich contre le Bayern (4 à 1), et Leipzig à Berlin (6 à 2). Francfort descend à la huitième place et rate la qualification pour la Ligue Europa. Un gros coup de massue sur la tête des supporteurs. Tout se jouera sur la finale de la Coupe d’Allemagne offrant une qualification directe mais personne n’y croit. Gagner contre le Bayern en finale… eux qui avait fait tourner contre Stuttgart, et qui avaient besoin d’un cadeau d’adieu pour Jupp Heynckes. Gagner contre l’équipe qui deux semaines avant avait fait passer l’info à la presse que l’entraîneur de l’Eintracht allait rejoindre le Bayern pour la saison suivante et avait déclenché une série de mauvais résultats de l’Eintracht… Impossible.
Impossible is nothing comme disait l’autre :
Le reste de l’histoire ne sera pas oublié à Francfort pendant longtemps…
De l’extase à la dépression (ou presque)
Ce qui suit à l’euphorie est le choix du nouvel entraîneur, complètement inconnu en Allemagne (ce qui n’est pas si grave en soi) et la dissolution du groupe qui a si bien fonctionné deux années de suite. Le départ de l’entraineur Kovac, visage du succèsv et qui a formé un groupe soudé, entraîne les départs des titulaires Boateng (milieu offensif, le cœur et batailleur de ce groupe, libre), Omar Mascarell (milieu défensif, clause de rachat pour le real, 4 m€), Marius Wolf (ailier, clause libératoire de 5 m€), Lukas Hradcky (Gardien, libre) et d’autres un peu moins importants. En même temps pas de renouvellement du contrat du chouchou des supporteurs : Alexander Meier, au club depuis 2004, et meilleur buteur du championnat en 2014/15. Blessé pendant un an complet, il avait fait sa réapparition pour l’avant dernier match de la saison contre Hambourg. Entré en match a la 87e après de longues minutes d’attentes et des ovations du public il avait mis quatre minutes pour inscrire un but qui avait fait exploser le stade.
Du coté des arrivées beaucoup de joueurs inconnus avec Evan N’Dicka (18 ans, défenseur, Auxerre), Lucas Torro (MD, Real, était prêté à Osasuna avant), Goncalo Paciencia (attaquant, FC Porto), Frederik Rönnow (Gardien, Brondby), Filip Kostic (ailier gauche, Hambourg), Nicolai Müller (ailier droit, Hambourg) et Chico Geraldes (MO, Sporting Lisabon en prêt).
Donc un renouveau presque complet avec un nouvel entraîneur, nouvelle tactique et un noyau d’équipe complétement remodelé. De quoi être sceptique en tant que supporteur.
La saison 2018/19
La saison commence par un match contre le Bayern. La Supercoupe d’Allemagne entre les vainqueurs de la Bundesliga et de la Coupe d’Allemagne, un match de gala. Francfort perd ce match 5 à 0. Bien que cela n’intéresse pas grand monde à Francfort, il y a quand même quelques trucs qui font tache. Le nouveau système n’a pas encore l’air de fonctionner et le gardien a fait quelques fautes de main qui ne passent pas très bien. Sans compter sa forme physique.
Le deuxième match est le premier match en Coupe nationale (dans laquelle l’Eintracht avait réussi à accéder en finale deux années de suite), un match contre Ulm, une équipe de 4e division. Comme dans le match précédent l’équipe a beaucoup de problèmes pour développer du jeu et est mené 1 à 0 à la pause. Un nouveau but de Ulm et un but de l’Eintracht a la 90e ne changent rien au scenario cauchemardesque et l’élimination à ce stade de la compétition. Pas de quoi paniquer, mais pas un scenario rêvé pour ce début de saison.
Le dernier jour de la période de transferts : l’arrivée surprise de Trapp qui avait laissé un très bon souvenir à Francfort. Plutôt une bonne nouvelle mais peu compréhensible après l’arrivée de Rönnow quelques semaines avant…
Les trois premiers matchs sont vites racontés. Premier match déjà avec une grande pression gagnée 2 à 0 à Fribourg. Un match plutôt équilibré dans lequel l’adversaire a manqué pas mal d’occasions. Match en 4-2-3-1 avec quatre nouveaux venus à l’intersaison. Puis entrée d’un cinquième en cours de match (Kostic).
S’ensuit le match à domicile contre le Werder pour la deuxième journée. Salcedo (défenseur central) gravement blessé par une action d’un joueur du Werder, à la 11e, but du Werder à la 20e, carton rouge pour Willems (Eintracht) à la 32e. Le match était bien lancé. Contre le court du jeu l’Eintracht fait une très bonne deuxième période, égalise à la 54e et se crée encore pas mal d’occasions à la suite. Sortie sur blessure de Gacinovic à la 68e, puis coup de massue, le but du 2 à 1 pour le Werder à la 96e sur coup-franc (d’ailleurs Trapp n’avait pas fait la meilleure impression).
Troisième match, le match contre Dortmund, pas un mauvais match, mais défaite 3 à 1 avec surtout l’impression que l’attaque avait peu d’idées, la défense pas encore au point et les défenseurs excentrés trop lents pour retourner assez vite pendant les phases défensives.
A tout ça s’additionne Rebic (LE joueur phare de la deuxième partie de saison), rentré blessé de la Coupe du monde, et ne peut donc pas jouer à la pointe de l’attaque. Salcedo, l’un des deux défenseurs centraux es longuement blessé, l’autre (Abraham) pas encore en forme. Chandler, défenseur droit blessé, comme les deux nouveaux Geraldes et Paciencia (qui avait fait un bon match avant de se blesser à l’entrainement).
D’ailleurs parlons tactique (un peu, je ne suis pas un pro). Sous Kovac c’était une très bonne défense, un football très rugueux avec beaucoup de pressing très haut. Le système pour la plupart des matchs était un 3-4-3, 3-4-1-2 ou 3-1-4-2 mais toujours avec trois défenseurs avec des latéraux qui descendaient très bas pour les possessions de balles adverses. Un jeu très centré sur le milieu et les contre attaques sans être un jeu purement défensif. Quelques stats : 45 buts marqués (8e attaque) pour 45 buts encaissés (6e défense), 15e pour le nombre de touches de balles, au milieu du tableau pour la possession de balle, 77,5 % pour les passes réussies, et première place… pour les avertissements ! En première moitié de saison, Haller qui mettait des buts, en deuxième Rebic.
Pour le nouvel entraîneur personne ne sait encore où il veut en venir. Il a l’air de préférer jouer sur les ailes et de presser un peu plus tard. Un jeu plus offensif et plus excentré. Un système qui ressemble plus à un 4-4-2 ou un 4-2-3-1.
Le match contre l’OM
Je pense que pour le match contre l’OM ça pourrait donner quelque chose comme ça :
Pour la défense en principe ce n’est pas trop mal. Trapp est un bon gardien (je le crois encore), qui PEUT donner de la stabilité, Abraham, de même, s’il retrouve sa forme. N’Dicka est jeune mais fait une bonne impression en ce début de saison (il joue plus que ce qu’il le devrait malgré les blessures), Da Costa et Willems, moyens, sans plus. Hasebe qui la saison dernière avait fait bonne impression un peu moins fort en ce début de saison. Je n’ai actuellement pas d’avis sur Torro, Müller et Kostic que j’ai trop peu vus. Gacinovic fait un bon début de Saison comme Haller qui a marqué trois buts en autant de matchs de Bundesliga (mais en fait je trouve que c’est plus un attaquant qui fixe les défenses qu’un vrai buteur). Je pense que le retour de Rebic pourrait faire du bien à l’équipe (un attaquant bien plus mobile, plutôt buteur qui avec un deuxième attaquant en point de fixation peut faire beaucoup de mal à une défense adverse) mais ce ne sera pas pour ce match.
Ce match ne sera pas particulièrement fermé, car ce n’est ni la tactique de l’entraîneur, ni le point fort de l’Eintracht. Je suis à peu près sûr que Francfort essaiera d’entrer dans le match avec un grand engagement, ça pourrait être physique… L’Eintracht, le club, la ville et les supporteurs ont l’Europe dans leur ADN. Ça a toujours été un club qui jouait ses matchs européens à fond même en tant que petit poucet. Au lieu d’être resignés après le tirage, tout de même assez difficile pour Francfort, c’était l’euphorie totale dans toute la ville. Rencontrer des gros clubs et des villes intéressantes pour pouvoir se montrer en Europe, c’est ce qu’ils attendaient. C’est d’ailleurs exactement cela qui fait le plus de mal aux supporteurs : ne pas pouvoir se déplacer à Marseille. Comme disait un club de supporteurs : il faut l’accepter, et on ira à Rome à 20 000.