Mars a succédé à février avec presque autant de matchs. À peine le dernier en date est-il achevé qu’un autre se présente à nous avec la promesse de vivre une soirée plus heureuse sans même que nous ayons le temps de débattre des maladresses arbitrales. Cela étant, tandis que les esprits les plus prévoyants songent déjà la réception prochaine de l’Olympique Lyonnais, les joueurs marseillais se rendent au Stadium de Toulouse ce dimanche avec le même objectif hebdomadaire en tête : les trois points.
Tempus fugit
Avant d’évoquer la situation de Toulouse, prenons le temps de savourer l’instant présent.
Tout est allé vite en ce début d’année pour l’Olympique de Marseille. Les rencontres se sont enchaînées à un tel rythme que nous n’avons pas vraiment eu le luxe de savourer les victoires prometteuses pendant que les rivaux rhodaniens se cassaient les dents sur toutes les défenses françaises se dressant sur leur route.
« Ce n’est qu’à la fin de l’acte que l’on atteint l’orgasme, pas avant. Surtout pas avant ! »
La cadence était infernale et la dynamique euphorisante jusqu’à un certain déplacement à Braga.
La qualification pour les huitièmes de finale de l’Europa League a été acquise certes, mais la prestation n’a guère convaincu et la double confrontation qui s’en est suivie au Parc des Princes face aux ambassadeurs internationaux du Qatar nous a interdit de jouir de toute forme de plaisir, à moins d’avoir un penchant avéré pour le cuir, le martinet et la soumission… à l’image de Stéphane Guy !
Seule notre avance sur la bande à Jean-Michel Aulas nous permet encore de jubiler. Quoique, la victoire toute fraîche face à l’Athlétic Bilbao peut rassurer les plus sceptiques d’entre nous sur le mental de l’équipe (3-1)…
Les plaisirs du camping
Le Championnat de France de Ligue 1 a repris ses droits le week-end dernier et nos espoirs de vibrer de nouveau avec l’OM ont été éteints pendant quatre-vingt-dix minutes par des Nantais aussi ambitieux que l’AS Nancy Lorraine dans ses grandes heures.
Vous connaissez le camping ? Les Canaris de Claudio Raneri, oui.
Ils ont planté leur tente dans leur moitié de terrain et ce n’est pas le fait d’avoir ouvert prématurément le score qui les a dissuadés d’en sortir ! Rien d’étonnant du reste, puisqu’avec Montpellier, Nantes est la formation qui s’illustre le plus par la rigueur défensive cette saison…
« À mes joueurs, je dis toujours :
“Oubliez que vous n’avez aucune chance, sur un malentendu, on ne sait jamais, ça peut rentrer !” »
De surcroît, c’est un schéma qui semble se répandre chez les adversaires de l’OM.
En effet, les Girondins de Bordeaux qui surfaient sur une vague positive depuis l’intronisation de Gustavo Poyet avait adopté le même genre d’attitude lors de leur déplacement dans les Bouches-du-Rhône. Heureusement, une tête salvatrice de Florian Thauvin sur un coup de pied de coin de Dimitri Payet avait permis aux Phocéens de ne pas s’engluer dans leur toile d’araignée.
Pour expliquer ce comportement, on peut évoquer deux raisons :
– les performances solides des Marseillais à domicile depuis l’arrivée de Rudi Garcia incitent les entraîneurs de Ligue 1 à faire preuve de prudence au stade Vélodrome.
– l’approche du printemps rappelle à tous les coachs l’imminence du dénouement et l’urgence de collecter un maximum de points.
Par conséquent, plutôt que de prendre des risques pour en récolter trois, certains d’entre eux choisissent un plan afin d’en prendre au moins un, en espérant secrètement réaliser un coup. Comme Jean-Claude Dusse en somme.
Tenir le rythme
Obligés de s’illustrer sur les pelouses françaises et européennes tous les trois ou quatre jours depuis début janvier, les joueurs marseillais sont sans cesse sollicités, aussi bien physiquement que mentalement.
Ils ne sont pas les seuls.
Les supporters débattent en permanence de la faculté de cet OM-là à atteindre les objectifs fixés par les dirigeants en début de saison.
Il y a encore quelques mois, tout le monde voyait l’équipe phocéenne terminer à la quatrième place. Un classement satisfaisant et en accord avec la politique interne du club.
Rudi Garcia ayant réussi à maintenir son groupe en apnée et, à quelques exceptions près, à impliquer chacun de ses poulains, les Olympiens ont entre-temps surpris leur monde par leur progression collective, leur état d’esprit et leur solidarité.
Or au moment de la saison où l’on s’inquiétait de leur capacité à rivaliser avec Monaco et l’Olympique Lyonnais, voilà que l’équipe de Bruno Génesio s’effondre sur le plan sportif !
Dans l’attente d’un affrontement avec des deux Olympiques à une dizaine de rencontres de la fin, le suspense reste entier : qui montera sur la troisième place du podium au mois de mai ?
L’OM a un avantage de cinq points ; un avantage net, mais pas encore définitif.
De fait, il est difficile pour le technicien de l’OM de procéder à une rotation conséquente et de mettre au repos certains joueurs dont la présence paraît indispensable.
Deux noms viennent en particulier sur toutes les lèvres, ceux de Luiz Gustavo et de Florian Thauvin.
Véritable métronome du groupe et gardien de l’entrejeu, le premier donne des signes d’usure. Quant au second, il est en délicatesse avec sa cheville gauche depuis des semaines. Ce qui est ennuyeux pour le joueur le plus décisif…
« Un seul être vous manque et tout peut s’écrouler… »
Autre crainte majeure : voir le scénario du match de Nantes se reproduire.
En rendant visite au TFC qui a récemment changé d’entraîneur, n’est pas réputé pour son « football champagne » et lutte pour le maintien, les nerfs des joueurs vont être mis à rude épreuve.
Le sprint final s’annonce difficile et il faudra parvenir à faire la différence, quel que soit le contexte. L’heure n’est plus à l’élaboration d’un fonds de jeu ou la recherche d’un équilibre, mais au gain des points permettant à l’OM de grandir !
Personne n’ignore encore le fossé qui sépare actuellement l’OM du PSG ou, qui pis est, des grands clubs européens, ceux-là mêmes qui franchissent régulièrement les phases de poules de la Ligue des Champions, jadis remportée par les Olympiens…
Il y a encore beaucoup de travail à effectuer pour combler ce retard qui s’accroît d’année en année et il serait préjudiciable de se prendre les pieds dans les tapis alors que l’Olympique Lyonnais connaît ses premiers vrais revers depuis longtemps !
Emmenez-nous loin de la misère offensive !
L’an dernier, approximativement à la même époque, les Marseillais n’étaient pas parvenus à arracher mieux qu’un match nul au Stadium. L’osmose collective n’était pas franchement enthousiasmante et Bafetimbi Gomis était hors de forme, car il revenait de blessure.
Un scénario classique au pays des Rugbymen…
Quand on pense au stade où évolue le TFC, on a parfois l’impression que les joueurs pourraient s’affronter pendant des jours entiers sans qu’aucun d’entre eux ne parvienne à inscrire le moindre but…
Il faudra donc mettre un grain de folie dans ce match.
Pour ce faire, Rudi Garcia bénéficiera d’un groupe presque au complet.
Kostas Mitroglou est d’ailleurs sur le chemin du retour, mais ses prestations ne plaidant pas en sa faveur, il n’y a aucune raison d’accélérer son retour.
Il n’empêche que ni Clinton Njie ni Valère Germain n’ont profité de son absence pour lui montrer comment marquer des buts !
Pour autant, si les difficultés marseillaises à ce poste-là sont plus criantes lorsque le niveau de l’adversité s’élève, face à Toulouse, les clés du jeu reposeront peut-être sur un autre secteur : celui du milieu de terrain.
« Vas-y Frankie, c’est bon comme ça ! »
Comme chaque week-end, le coach marseillais va devoir se poser les mêmes questions et s’interroger notamment sur le profil de l’homme à aligner aux côtés de Luiz Gustavo ainsi que sur le positionnement de Dimitri Payet.
De ses choix dépendra peut-être l’issue de la rencontre.
Choisira-t-il un travailleur de l’ombre comme Frank Zambo Anguissa ? Un milieu qui aime toucher le ballon et se promener sur toute la largeur du terrain comme Maxime Lopez ? Ou bien un Morgan Sanson qui aime se porter plus franchement vers l’avant ?
Si le Camerounais est régulièrement titularisé, Rudi Garcia change souvent la disposition de ses hommes.
Dès lors que Sanson recule d’un cran, Payet glisse dans l’axe et Ocampos vient se situer sur l’aile gauche. En revanche, si Anguissa ou Lopez venaient à être préférés à l’ancien Montpelliérain, ce serait certainement au détriment de l’Argentin.
Face à Nantes, l’heureux élu était Frank Zambo-Anguissa. Toutefois, au vu de la physionomie de la rencontre, le bon choix aurait peut-être été de donner sa chance à Maxime Lopez…
Qu’en sera-t-il dimanche ? Il est difficile de le savoir tant l’identité de l’équipe toulousaine demeure floue et tant les formations de L1 ont tendance à s’éloigner de leurs habitudes lorsqu’elles affrontent l’OM.
Néanmoins, lorsque l’équipe marseillaise veut jouer haut – et ce pourrait être le cas à Toulouse – Maxime Lopez semble être le meilleur élément à adjoindre à Luiz Gustavo, même s’il est régulièrement titularisé lors des matchs de milieu de semaine.
Forcer le coffre-fort
Reste que l’OM doit retrouver le chemin de la victoire.
Le moment n’est pas venu de flancher et si certaines lacunes subsistent, elles ne doivent pas empêcher ce groupe qui vit bien ensemble d’être récompensé en fin de saison.
Ça passe par une prestation de qualité au Stadium de Toulouse, un adversaire qui connaît une saison marquée par la difficulté.
L’attaque du dix-septième de L1 n’est guère reluisante puisque les Toulousains n’ont inscrit que vingt-six buts en vingt-huit rencontres… Leur meilleur buteur est Max-Alain Gradel et plafonne à six buts.
En cumulant leurs statistiques, les cinq meilleurs buteurs du Téfécé comptent dix-huit buts, à peine deux de plus que Florian Thauvin, le meilleur buteur marseillais ! En outre, ils seront privés de leur second atout, auteur de cinq réalisations, à savoir Andy Delort, car l’attaquant toulousain est suspendu.
« Dieu du foot qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié,
Que ta volonté soit faite à Toulouse comme au ciel,
Et préserve notre cage inviolée,
Comme nous le faisons avec celle de nos adversaires.
Amen. »
Le piège ne réside donc pas dans l’allant offensif des Toulousains, mais plutôt dans l’hermétisme dépressif dont il sont coutumiers.
À défaut de faire souvent hurler de bonheur le speaker du Stadium, les Violets encaissent peu de buts malgré leur position au classement : trente-sept, soit quatre de plus que l’OM.
Mais rassurons-nous, nous sommes encore très loin de la solidité effrayante de Montpellier (vingt-deux buts encaissés), ou de Nantes (vingt-neuf buts encaissés). Et puis, je suis d’un naturel optimiste. Ainsi, comme vous, j’espère assister à une vraie déferlante sur le but d’Alban Laffont !
Rudi, Dimitri et les autres, dites-le vous bien : droit au but est notre devise !
Composition probable de l’OM :
Mandanda – Sarr, Rami, Rolando, Amavi – Lopez, Gustavo – Ocampos, Sanson, Payet – Germain
Très bon @ChrisRedAuteur et @aieToti ! 👍